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1386. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Augier ce soir chez la princesse nous disait la phrase inqualifiable, et sournoisement diplomatique que le maréchal Vaillant laissait tomber sur le malheureux, cherchant une règle de conduite : « Monsieur, je vous regarde et je vous juge ! 

1387. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il s’agit donc en pareille matière, sans qu’il puisse y avoir de règles précises, de ne se tromper ni sur soi-même, ni sur son temps. […] Le monde captif, sans lois et sans règles, Est aux oppresseurs ; Volez dans les cieux, ailes des grands aigles, Esprits des penseurs !

1388. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Paul Bourget ont donné la psychologie (les dix écrivains des Essais de Psychologie contemporaine sont nés de 1820 à 1830, sauf Stendhal, exception qui confirme la règle, puisqu’il a dit : Je serai compris vers 1880). […] Le peu qu’il en dit, dans les Maîtres d’autrefois, est vague et faible : il ne manque point à la règle qui veut qu’un grand critique apprécie gauchement ses contemporains.

1389. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il fut exécuté le même jour, comme il était presque de règle alors. […] Je veux bien ; mais il n’y a pas de règle sûre, et l’inspiration pourrait bien être aussi de laisser, pendant certains laps de temps, un nouvel être intellectuel se former lentement en soi, pour le déployer et le produire plus tard. […] Où leur embarras n’est pas moindre, et peut-être est plus grand, c’est sur la question des règles.

1390. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

— Si un roman doit être écrit uniquement pour la société dans laquelle on vit, s’il doit se conformer à ses règles, ne blesser aucune des convenances admises, j’ai tort. […] Règle les closiers. […] L’auteur croit à l’âme, comme tous les hauts esprits français, comme Michelet, Cuvier, Victor Hugo, etc. ; à ceux qui se sont fait la règle facile de ne croire qu’à ce qu’ils voient, Mme Adam dédie ces lignes : Expliquez l’élément psychique, disent les savants.

1391. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Un chef de l’État dont l’impuissance est l’unique vertu et qui devient criminel dès qu’on suppose qu’il agit ou seulement qu’il pense ; des ministres soumis à un Parlement inepte ; un fonctionnarisme sans cesse accru, immense, avide, malfaisant, en qui la République croit s’assurer une clientèle et qu’elle nourrit pour sa ruine ; une magistrature recrutée sans règle ni équité ; une armée que pénètre sans cesse, avec la nation tout entière, l’esprit funeste d’indépendance et d’égalité, pour rejeter ensuite dans les villes et les campagnes la nation tout entière, gâtée par la caserne ; un corps enseignant qui a mission d’enseigner l’athéisme et l’immoralité ; une diplomatie à qui manquent le temps et l’autorité ; enfin, tous les pouvoirs, le législatif et l’exécutif, le judiciaire, le militaire et le civil, mêlés, confondus, détruits l’un par l’autre ; un règne dérisoire qui, dans sa faiblesse destructive, a donné à la société les deux plus puissants instruments de mort que l’impiété ait jamais fabriqués : le divorce et le malthusianisme. […] La règle de beauté, qui fut le principal secret de sa maîtrise en l’art d’écrire, lui a permis, malgré le scepticisme profond dont il était atteint, d’établir une distinction entre les actions humaines. […] Bien qu’il touche au midi de son âge, et qu’il soit précisément occupé à louvoyer autour du cap de la quarantaine — peut-être même à cause de — il est plus disposé que jamais à aimer une femme d’un amour ingénu et cependant illégitime, selon les règles de l’antique courtoisie, tout ainsi que Thibaut de Champagne aima La reine Blanche comme un lys Qui chantait à voix de sereine.

1392. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

À ceux chez qui une scène de théâtre, une phrase musicale, ou un tableau éveille de certaines sensations, je tâche de les leur expliquer, de leur en donner la raison, de doubler leur jouissance en leur en ouvrant les causes, en leur montrant comme elle est conforme aux éternelles règles du bon sens. […] Regnard ne s’embarrassait guère de toutes ces règles ; l’habitude était en ce temps-là d’écrire des pièces en cinq actes et en vers quelle que fût la donnée ; il écrivait ses cinq actes sans débrider et ne s’inquiétait point trop de ce qu’il y verserait, il se sauvait par la bonne humeur du dialogue et par le style surtout ; il n’en est pas de plus aisé, de plus vif, de plus français que celui de Regnard.

1393. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Elle avait coutume de raconter, dans sa vieillesse, que, pour procéder à cette opération, on lui plaçait un bourrelet de feutre sur la tête, on lui relevait tous les cheveux, puis on les frottait de suif et on les saupoudrait de farine, en y introduisant une masse d’épingles en fer ; si bien qu’ensuite elle avait toutes les peines du monde à se débarbouiller ; cependant pour ne pas enfreindre les règles de la bienséance et ne blesser personne, elle se résignait, à chaque visite qu’elle avait à faire, à endurer cet odieux martyre.

1394. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Toute règle imposée à l’invention est une gêne pour l’esprit ; mais, en l’acceptant, il s’affermit, et bientôt il se trouve plus fort pour triompher des difficultés objectives des problèmes qu’il aborde.

1395. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

On eût pu croire que, le champ étant immense, l’espace libre, le frein léger ou brisé, une vie bien pleine et bien longue suffirait à peine à dérouler, dans leur variété infinie, ces poëmes, ces hymnes, ces romans de la passion affranchie, du génie hors de tutelle, où les mille aspects de l’inspiration et de la fantaisie personnelle remplaçaient l’aride uniformité de la discipline et de la règle ? […] Tout ce qui l’entoure, à cette heure singulière et turbulente de la Fronde, participe à ces disparates de situation et de caractère où les vertus les plus hautes, les plus précieux avantages de la naissance et de la race, les plus beaux talents militaires, les plus riches dons de l’intelligence et du cœur s’usent, se gaspillent ou se dépravent, faute d’emploi, faute de règle, et en attendant la main puissante qui doit tout discipliner et assigner à chacun sa place, son rang, son utilité et sa gloire.

1396. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

On eût dit que Mme de Noailles connaissait la vie d’atelier comme un peintre, et elle poussa même la gentillesse avec Étienne, qu’elle avait surpris faisant le feu, jusqu’à lui dire que, dans les règles, c’était à elle, la dernière venue, à se charger de ce soin. […] L’esquisse dessinée est bien effectivement de la composition de David, qui a tracé de sa main les têtes et les extrémités de chaque figure ; mais la nature de ce sujet et le nombre des personnages exigeant une observation exacte des règles de la perspective que David ne savait pas, il fut obligé d’avoir recours à une main étrangère pour remplir ces conditions purement scientifiques. […] Dès l’an III (5 pluviôse) on avait essayé l’École normale, au sein de laquelle devaient se former des instituteurs chargés de poser des règles sûres et de propager en France, d’une manière uniforme, le meilleur mode d’enseignement ; en l’an IV (2 brumaire), on jetait les fondements de cette École polytechnique, qui a servi de modèle, dans toute l’Europe, à des établissements du même genre ; enfin, quelques mois après (germinal an IV) se tenait la première séance de cet Institut national de France, dont la constitution encyclopédique était le point de départ de toutes les brillantes espérances intellectuelles dont on se berçait alors.

1397. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

., voulait dire en parlant de n’importe qui : caractère un peu difficile ; et, en parlant d’un auteur : verve naturelle, capricieuse, non soumise à des règles. […] Je suis persuadé qu’en bien cherchant, je lui en trouverais une ; car on surprend toujours, même dans le plus impersonnel des dramatistes, au moins les tendances générales de son esprit relativement à la conduite des hommes et par conséquent relativement à la règle de conduite ; mais je suis persuadé aussi que j’arriverais à cette conclusion que Shakespeare, tout compte fait, est très indifférent à la morale. […] C’est comme de règle.

1398. (1925) Comment on devient écrivain

Bossuet écrivait toujours ses sermons. « Les manuscrits de Bossuet, dit l’abbé Vaillant, démontrent un travail pénible, tandis que le texte imprimé ferait croire à une improvisation où l’orateur, oubliant les règles de l’art, ne repousse aucun des termes, aucune des images qu’il croit propres à rendre sa pensée. […] Bossuet est entre les deux, se ressentant parfois des défauts de son temps, ne tombant jamais dans les excès du nôtre110… » Bossuet, en effet, a souvent employé, lui aussi, pour son royal élève et devant son auditoire de Versailles, des traductions banales en « style poli de la Cour » ; mais ce n’est pas son habitude et il revient vite à ses règles ordinaires, qui sont, dit La Broise : « Recherche de la précision, plus que de la correction, langue légèrement archaïque, respect des traductions anciennes et traditionnelles. » Bossuet va jusqu’à conserver le plus qu’il peut les hébraïsmes de son modèle.

1399. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

De peur qu’on ne s’y méprenne, Delphine, en lui répondant, lui parle de cette règle rigoureuse, nécessaire peut-être à un caractère moins doux ; choses qui ne se disent ni ne s’écrivent tout d’abord entre personnes façonnées au monde comme Delphine et Mathilde.

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