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50. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Mallet, adressée à son vieil ami M. le comte Portalis, premier président de la Cour de cassation, sert de dédicace : c’est là commencer par de bons auspices. […] À travers ces premiers mécomptes et ces diverses écoles, son éducation s’achevait, il apprenait la vie et le monde réel. […] Je ne puis que courir sur cette première partie de la vie de Mallet du Pan. […] L’analyse des travaux de Mallet du Pan au Mercure serait celle des trois premières années de la Révolution. Il se prononce du premier jour contre les exagérations, de quelque part qu’elles viennent.

51. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

François-Just-Marie Raynouard qui, dans ses premiers essais, se désignait Raynouard (du Var), était né à Brignoles le 8 septembre 1761. […] S’il est vrai que Raynouard, comme on l’a dit, ait laissé des mémoires, on doit inviter ceux qui en sont possesseurs à les publier pour éclairer cette première moitié de sa vie, dont quelques points seulement sont connus. […] C’est là, ou tout au sortir de là, que, profitant des loisirs forcés que lui avait faits la Terreur, il composa son Caton d’Utique, sa première tragédie, qu’on dit tirée à très peu d’exemplaires. […] On y distingue dans la première scène du premier acte un morceau assez beau et sensé dans la bouche de Brutus, qui montre les Romains déchus de la liberté par leurs mœurs et méritant désormais la servitude. […] On sent trop dans ce premier discours académique, comme plus tard dans les rapports que fera Raynouard en qualité de secrétaire perpétuel, les anciennes habitudes d’avocat consultant et de palais.

52. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

C’est cet air de grandeur que Retz prisait le plus, qu’il ambitionna d’abord en tout, dans ses paroles, dans ses actions, et qu’il porta dans tous ses projets ; mais, s’il affectait la gloire, il avait en lui bien des qualités de premier ordre pour en former le fonds. […] Possédé de l’ardeur de faire parler de lui, et d’arriver au grand, à l’extraordinaire ; en même temps qu’il entrait dans le monde sous le règne d’un ministre despotique, il n’avait de ressource que dans l’idée de conspiration, et il tourna de ce côté ses prédilections premières, comme, en d’autres temps, il les eût peut-être inclinées autre part. […] Cette douceur et cette facilité des quatre premières années de la régence, suivies tout d’un coup et sans cause apparente d’un mécontentement subit et d’un souffle de tempête, sont décrites et traduites dans ces pages de manière à défier et à déjouer tous les historiens futurs. […] La manière élevée dont Retz apprécie à ce moment le prince de Condé et ses intentions premières, avant qu’elles eussent dévié et se fussent aigries dans la lutte, mérite qu’on la lui applique à lui-même. […] Mais, à cette date, la querelle était déjà engagée avec le Parlement : M. de Senneterre n’aurait pas dit cela au premier jour de l’an 1647.

53. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Sa première étude de poésie, ses premières pensées, étaient celles de ses contemporains. […] Sa première forme était celle de son temps. […] À cette originalité première du Dante, à cet amour, à ce deuil, à ce culte de Béatrix, craindrons-nous d’ajouter une autre inspiration, qui dément toute une théorie de la critique moderne ? […] Quelle mélodieuse douceur, quelle tendresse et quelle innocence dans ce premier chant prêté sans doute à Béatrix enfant : « Je suis jeune fille, belle et toute nouvelle ; et je suis descendue, pour me montrer à vous, des splendeurs du lieu d’où je viens. […] Mon maître ne dit rien, jusqu’au moment où ces premières blancheurs parurent des ailes.

54. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Ces premières fatigues, ces luttes premières portèrent une précoce atteinte à la santé de Vicq d’Azyr, qui était délicate sous son vernis brillant. […] Lassone, premier médecin du roi en survivance, avait à ce titre l’examen des remèdes secrets ; il avait l’administration des eaux minérales et médicinales. […] Vicq d’Azyr, premier correspondant, sous l’enveloppe de M. le contrôleur général. » C’était alors M. de Clugny, car Turgot était déjà remplacé. […] Premier degré de ma fortune. […] Dans son premier éloge, qui fut celui d’un honorable académicien de Béziers (M. 

55. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Il les avait adressées, les neuf premières, à un philosophe aux trois quarts convaincu, mais dont la raison, habituée au positif, reculait devant la transformation de l’école en temple, de la science en dogme, de l’industrie en culte, des beaux-arts et de la philanthropie en religion ; les cinq dernières, à un millénaire écossais, protestant qui aspirait à l’unité, mais qui méconnaissait dans le catholicisme la constitution sociale du christianisme, n’y voyait qu’une corruption de l’Église primitive, et croyait au rétablissement prochain, et au règne indéfini de l’antique société évangélique. A celui qui ajournait la religion, l’auteur de ces lettres avait à faire sentir et à démontrer que la science est sans vie, l’industrie sans réhabilitation, les beaux-arts sans rôle social, si un lien sacré d’amour ne les enserre pour les féconder ; il avait à révéler l’influence puissante, bien qu’incomplète, du dogme chrétien et de la théologie sur la politique d’alors et sur les progrès de la société ; il avait à prouver qu’aujourd’hui que cette théologie est reconnue arriérée, s’abstenir d’y substituer celle qui seule comprend l’humanité, la nature et Dieu ; rejeter ce travail glorieux et saint à un temps plus ou moins éloigné sous prétexte que le siècle n’est pas mûr ; s’obstiner à demeurer philosophe, quand l’ère religieuse est déjà pressentie, se rapetisser orgueilleusement dans le rôle de disciples d’un Socrate nouveau, quand la mission d’apôtres devrait soulever déjà tous nos désirs ; — que faire ainsi, c’était se barrer du premier pas la carrière, se poser une borne au seuil de l’avenir, s’ôter toute vaste chance de progrès et être véritablement impie. […] Aussi il a mérité que ces lettres, écrites d’abord dans un but tout à fait particulier, et sans vue de publicité extérieure, parussent aujourd’hui, lui mort, sous les auspices et pour l’édification de cette doctrine même qu’il servit si religieusement ; qu’elles fussent proposées au public comme l’expression avouée et une des premières manifestations écrites de ce dogme immense qui mûrit et se développe de jour en jour. […] Eugène est saint à nos yeux par le zèle avec lequel il franchit un des premiers les bornes de la famille individuelle. […] Tel fut Eugène ; il mérita d’être compté au nombre des premiers disciples du maître dont il embrassa la foi, et maintenant il reçoit au milieu de nous la récompense de ses mérites. » Eugène fut un théologien du premier ordre ; né dans la religion juive, il ne passa point ses premières années au milieu de cette indifférence convenue et de cette tiédeur morale qui est la plaie de tant de familles chrétiennes.

56. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Trente des premiers de Rome, souvent éclairés eux-mêmes, toujours accompagnés de ceux qui l’étaient, partaient tous les ans de la capitale pour gouverner les provinces, et, pour peu qu’ils eussent de curiosité, l’autorité aplanissait les routes de la science. […] J’ai déjà remarqué cela pour Volney : ceux à qui a manqué cette sollicitude d’une mère, ce premier duvet et cette fleur d’une affection tendre, ce charme confus et pénétrant des impressions naissantes, sont plus aisément que d’autres dénués du sentiment de la religion. […] J’insisterai peu sur ce premier et cet unique amour de Gibbon, passion qui n’était que naturelle en son moment et qui de loin peut sembler un ridicule. […] Cet Essai sur l’étude de la littérature par Gibbon n’a aujourd’hui d’intérêt pour nous que comme témoignage de ses réflexions précoces et de ses inclinations premières. […] Gibbon lui-même, qui avait qualité de premier capitaine, fut d’abord à la tête de sa propre compagnie et ensuite de celle des grenadiers ; puis, dans l’absence des deux officiers supérieurs, il se trouva de fait chargé par son père de donner des ordres et d’exercer le bataillon.

57. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi… Ma mère avait laissé des romans ; nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi. […] Rousseau n’a pas l’élévation première ; il n’est pas tout à fait, et tant s’en faut ! […] Son style, comme sa vie même, a contracté quelque chose des vices de sa première éducation et des mauvaises compagnies qu’il a hantées d’abord. […] Sa langue garda toujours quelque chose du mauvais ton de ses premières années. […] Rousseau n’a rien de comparable au premier abord, mais il est plus vrai au fond, plus réel, plus vivant.

58. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

En France, en 1759, pendant la guerre de Sept Ans, on eut l’idée d’imprimer les Œuvres du philosophe de Sans-Souci (c’était le titre qu’avait pris Frédéric dans ses poésies et ses premiers essais littéraires). […] Quant au texte, j’ai dit qu’il est pour la première fois exact et fidèle ; on a rétabli bien des traits fermes, bien des phrases énergiques et vives que la prudence ou la pruderie littéraire des premiers éditeurs avait effacées ou adoucies. […] Il n’a rien, de ce côté, de bien brillant à première vue, ni de séduisant. […] Il est à noter que Frédéric, plume en main, tout en restant sévère, est moins sobre que César et même que Napoléon ; il ne s’interdit pas le talent proprement dit, surtout dans cette première histoire dont Gibbon a pu dire qu’elle est bien écrite. […] [NdA] Ce recueil avait été imprimé en Prusse en 1750 et en 1752 ; mais ces deux premières éditions, toutes confidentielles, avaient été tirées à très peu d’exemplaires et destinées uniquement aux amis du roi.

59. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

ou portait-il en lui-même, dès ses premiers jours, le principe de la catastrophe qui le renversa après seize années de durée ? […] Ce que l’historien dit là des premiers jours de la lieutenance générale du comte d’Artois en 1814, il pourra le redire, avec de bien légères variantes, des derniers temps de son règne en 1829 : tant ce que j’appelle le principe d’incorrigibilité, du premier au dernier jour, et sauf de bien courtes trêves, a persisté et prévalu ! […] C’est dans le cours de cette première session que M.  […] [NdA] Les deux premiers volumes en vente chez Michel Lévy, rue Vivienne, 2 bis. […] M. de Barbé-Marbois n’a jamais été premier président de la Cour de cassation (t. 

60. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

. — Campagne première (1897). — Aspects, critiques (1897). — idylles diaboliques (1898). — Œuvres complètes, tome I. […] Aux cris de douleur, à l’amertume des souffrances premières, la saine et sainte joie succède, chantée par toutes les lyres d’une conscience droite et haute. […] On le sait, l’auteur de Campagne première n’a pas commencé par célébrer le soleil. […] Depuis l’apparition de son premier recueil, Cloches en la nuit (avril 1889) jusqu’à la réalisation de ses derniers poèmes — Campagne première — il paraît avoir accompli une lente évolution. […] D’aucuns préfèrent ses premiers vers, un peu dépourvus pourtant de la véritable angoisse humaine, aux chants plus larges, mais âpres et trop frustes, où il s’essaie à devenir le chantre de la Terre.

61. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Nous nous occuperons principalement des deux premières périodes. […] Voyez l’enfant ; les noms des premières personnes, des premières choses qu’il a vues, il les donne à toutes celles en qui il remarque quelqu’analogie. […] Vico est un des premiers qui aient considéré ces divinités comme autant de symboles d’idées abstraites. […] Me connaissant dès ma première jeunesse, ils se rappellent mes faiblesses et mes erreurs. […] Il n’est resté qu’un fragment très court du premier, et rien du second.

62. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Il a laissé peu d’écrits, et ces écrits, productions de première jeunesse, ne représentent que très imparfaitement sa forme intime et définitive, et cette supériorité qu’il faut bien lui reconnaître, puisque Montaigne l’a si hautement saluée en lui. […] Oui, tous bientôt vont passer devant cette ruine, devant cette chapelle et cet autel détourné, devant ce site sauvage et mystérieux dont on savait presque seul les sentiers et dont on avait, l’un des premiers, reconnu le caractère. […] Comme toute la jeunesse de son temps, et l’un des premiers, il prit feu au signal poétique donné par Du Bellay et par Ronsard, et il fit des sonnets dans leur genre. […] Baudrillart a publié sur Bodin, et je ne puis mieux faire que d’y renvoyer… J’ai hâte d’en venir chez La Boétie au jeune homme mûr, guéri de sa première fièvre, au bon citoyen, ami et gardien des lois de son pays, et au frère d’alliance de Montaigne. […] Nous nous embrassions par nos noms ; et à notre première rencontre qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fût si proche que l’un à l’autre.

63. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il fut un temps où, sous prétexte que l’esprit est au premier rang et que la matière ne vient qu’après, bien après, un homme qui lisait dans les livres et qui en faisait avait assez en dédain les artisans, si habiles qu’ils fassent : il se mettait sans façon au premier rang et dans une autre classe, naturellement supérieure. […] Cette géométrie première, qu’il poussera plus tard jusqu’à la science, lui servit de tout temps à mieux saisir les disproportions et les désaccords ; il eut de bonne heure, comme on dit, le compas dans l’œil. […] Voilà une image du premier Gavarni, dont le goût naturel eût été du côté de l’élégance et peut-être du sentiment. […] La manière dont Gavarni trouve le plus souvent ses légendes est à noter. il dessine sur la pierre couramment, du premier jet ; il a le sentiment du vrai, du vraisemblable, dans les physionomies, dans les poses. […] Le siècle avait deux ans… En ceci on suppose que le XIXe siècle commence au premier janvier 1800.

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