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289. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

En tout de même : ces belles et illustres études de Goethe, de Schiller, de Shakspeare, de Dante, de Galderon, dont tant de plumes brillantes, dont tant de chaires sonores nous parlaient magnifiquement, mais un peu superficiellement, lui, il ne croyait jamais les posséder assez, il les faisait et les recommençait sans cesse dans une lecture assidue, les yeux collés sur les difficultés du texte autant que sur les beautés. […] » Les Viguier, qui étaient de bons bourgeois de Paris, possédaient dans le prolongement de la rue de Rivoli une maison à laquelle ils avaient fait mettre sur la rue un cadran solaire avec une devise.

290. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Elle se disperse, elle court toutes les voies, et, moins ornée souvent qu’encombrée des talents nombreux qu’elle possède, elle en est à chercher encore son ordonnance et son unité. […] Facile jusqu’à un certain point, plus facile assurément que presque tout ce qui est dans l’intervalle, complet en lui-même, ayant sa langue à lui, son vocabulaire et ses formes d’expression, comme il a son Olympe et son monde, il promet d’entières et sûres jouissances à quiconque aura la volonté de l’aborder et de le posséder.

291. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Les anciens habitaient un monde trop nouveau, possédaient encore trop peu d’histoires, étaient trop avides d’avenir, pour que le malheur qu’ils peignaient fût jamais aussi déchirant que dans les pièces anglaises. […] Son livre est un des meilleurs que possède l’Angleterre ; mais il a été composé pour les jeunes gens, et ne devait contenir que des idées analogues à ce dessein.

292. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Ils sont naturellement égoïstes et tout naturellement aussi le frein volontaire, le pouvoir de self-control, dans la mesure où ils le possèdent, est mis par eux au service de leurs désirs ambitieux. […] « Les grèves, dit-il, ont engendré dans le prolétariat les sentiments les plus nobles, les plus profonds, et les plus moteurs qu’il possède. » Les vertus chevaleresques du prolétariat sont sans doute fort exagérées par M. 

293. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Car nous ne sommes pas seulement destinés à reproduire des sites humides, à cadencer l’élocution des strophes mobiles, à tirer hors des blocs de marbre des groupes héroïques et parfaits : il nous reste à donner un équilibre interne à un monde qui n’en possède plus. […] Quiconque les possède est propre à chanter.

294. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Il y a une certaine sagesse qu’il n’est donné qu’à peu de gens de posséder et de sentir. […] C’est n’avoir aucune idée de la fierté avec laquelle certains chrétiens fanatiques se sont présentés au pied des tribunaux des préteurs, de la majesté prétoriale, de la férocité froide et tranquille des prêtres, et de la leçon que je reçois de ces compositions qui m’instruisent bien mieux que tous les philosophes du monde de ce que peut l’homme possédé de cette sorte de démon.

295. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Un certain nombre, qui ne possèdent ces hautes facultés qu’inégalement ou selon une mesure assez moyenne, sont favorisés dans leur honorable ténacité, par le peu de tentation que leur donnent à droite ou à gauche les facultés mobiles et divertissantes, presque nulles chez eux.

296. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Haraucourt, Edmond (1857-1941) »

Leconte de Lisle L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art.

297. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

Klingsor possède un métier très personnel qui n’est ni la soierie irisée de M. 

298. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

Les Poëtes tragiques de nos jours, qui ne manquent certainement pas de se préférer à M. de Morand, sont bien éloignés de posséder un semblable talent.

299. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

XXVII Léopold s’achemina donc vers Paris à l’appel de ces amis, mais déjà triste ; la gloire a ses mélancolies comme la religion, comme l’amour : plus on monte, plus l’on voit de profondeur sous ses pieds ; plus on possède, plus on sent le néant de ce qu’on atteint. D’ailleurs, ce qu’il aimait au fond, sans peut-être se l’avouer, il ne le possédait pas, il ne pouvait se flatter de le posséder jamais. […] Qu’est-ce qui le décida cette fois à se détacher d’un séjour et d’une société intime qui le possédaient par tous les liens mystérieux de l’âme ? […] … Tant que j’ai conservé l’espoir de la revoir, je croyais mes sentiments pour elle très naturels ; à présent ils me possèdent trop.

300. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Le fait qu’on ne peut posséder en même temps l’Amour et l’Or, et le conflit qui en naît dans l’âme consciente de ce fait (l’âme de Wotan) : voilà maintenant l’unique sujet du drame. […] Il fallait dès le début nous rendre visible, palpable, ce fait qu’on ne peut posséder l’Amour et l’Or en même temps ; il fallait nous faire voir de nos yeux le conflit intérieur entre le désir de l’Or et la soif de l’Amour ; et il fallait nous montrer la Mort, que ce conflit entraîne inévitablement. […] (Nous n’en possédons malheureusement pas le texte, qu’il donna, je crois, à Liszt.) […] — En été 1853, donc pendant qu’il écrivait le poème de la Walküre, et deux ans avant qu’il ne commençât à en esquisser la partition, il donna déjà à un ami qui lui avait demandé de lui copier les paroles du chant d’amour de Siegmund la mélodie de ce chant. — Ces dates sont intéressantes, mais elles serviront, je l’espère, à faire comprendre combien il est impossible de suivre cette genèse musicale avec les très rares documents que nous possédons. […] C’est le plus beau document que nous possédions sur l’auteur de l’Anneau du Niebelung.

301. (1909) De la poésie scientifique

Kahn revint d’Algérie à Paris, d’où il était parti pour quatre années il ne rapportait que quelques vers alexandrins, très classiques et de cette monotonie qu’il garda malgré tout, et il possédait plusieurs poèmes inédits de son ami Jules Laforgue. […] Car, si elle éclate à un cri éperdu de possession, elle ne peut ainsi posséder la vérité essentielle de l’univers que par Fragments, seulement. […] Donc, en élection (qui sera spontanée) par le poète possédé de l’Emotion, en élection des mots au mieux d’expression idéographique et phonique concordante : les timbres vocaux (sons-Voyelles complétés ou modalisés par les Consonnes), ou sonnent leur pure et distincte valeur, ou agissent les uns sur les autres à donner toutes nuances de tonalités  alors, cependant, qu’une tonalité générale du poème existera. […] De la double loi, selon cette double évocation géométrique, sont possédés les astres du ciel, qui ont irradié et qui se minéralisent  et dont le cours elliptique se raccourcit. En sont possédées les vies des peuples et des empires  et nos propres vies, naturelles et intellectuelles, et nos énergies quotidiennes elles-mêmes.

302. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Et voilà une semaine, que nous possédions en idée cette maison, que nous l’habitions en imagination, que nous l’arrangions, et que sur le sable du jardin des Célestins nous tracions le plan d’un atelier que nous voulions bâtir dans le jardin. […] Il a osé des choses monstrueuses, mais en les sauvant, avec ces atténuations de la voix, cette grâce légère de la langue, que possède ce gros homme, si délicat causeur. […] il possède l’épithète du grand écrivain et la vie du style ; il a fait deux ou trois chefs-d’œuvre d’articles. […] Après l’achat de cette maison de près de cent mille francs, cette maison, si déraisonnable au point de vue de la raison bourgeoise devant notre petite fortune, nous offrons deux mille francs, un prix dépassant le prix d’un caprice de l’Empereur ou de Rothschild, pour un monstre japonais, un bronze fascinatoire, que je ne sais quoi nous dit que nous devons posséder. […] * * * — L’homme ne possède vraiment que dans l’état sauvage.

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