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1391. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

« Né de parents pieux, dit-il quelque part, et dans un pays où la foi catholique était encore pleine de vie au commencement du siècle, j’avais été accoutumé de bonne heure à considérer l’avenir de l’homme et le soin de son âme comme la grande affaire de ma vie52. » Cette préoccupation dura jusqu’au bout : hors du christianisme, il suivait la pente du christianisme ; devenu philosophe, c’est de l’avenir qu’il s’inquiétait encore ; en ramenant toute la philosophie au problème de la destinée humaine, il cherchait le salut sous un autre nom ; ses recherches étaient intéressées : ce n’est point une curiosité qu’il contentait, mais une inquiétude qu’il calmait. […] Ce moment fut affreux, et, quand vers le matin je me jetai épuisé sur mon lit, il me sembla sentir ma première vie, si riante et si pleine, s’éteindre, et derrière moi s’en ouvrir une autre sombre et dépeuplée, où désormais j’allais vivre seul, seul avec ma fatale pensée qui venait de m’y exiler et que j’étais tenté de maudire.

1392. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il a fini de lui donner son plein sens. […] Qu’il est plein de sens, ce terme que j’ai souligné ! […] S’il y a des chances pour qu’un écrivain donne sa pleine mesure, c’est dans cette sérénité d’atmosphère que procure l’aisance. […] Mais que faut-il entendre par le plein développement des facultés d’un homme ? […] Concluons-en que le plein développement d’une personnalité a d’autres facteurs que l’instruction.

1393. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Quel style facile, incisif, plein de recherches, et pourtant toujours clair ! […] comme il sème à pleines mains l’épigramme et la zizanie ! […] La coupe du triomphe s’est trouvée pleine de fiel, et plus d’un vainqueur a dû passer sous les fourches caudines. […] Si on ne nous offre pas une main bien pleine, nous ne la prenons pas. […] C’est un grand roman plein d’incidents émouvants qui s’enchevêtrent fort habilement et se mêlent au récit des amours d’un jeune artiste italien plein d’enthousiasme naïf, et d’une belle demoiselle anglaise, frivole, mondaine et un peu coquette.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

J’ai vu, j’ai reçu des lettres d’hommes, même les plus instruits d’ailleurs, des lettres pleines de sens ou de bonne information, et qui avaient de ces taches vraiment fâcheuses.

1395. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

La fascination des sombres harmonies Des forêts et des flots, de la foudre et des vents, Qui faisait déborder en notes infinies Mon sein tumultueux, plein aussi d’ouragans ; Cet éblouissement ne me verra plus, folle, Révéler mon angoisse au monde indifférent, Qui nous raille ou nous rit d’un rire bénévole : Rien à l’homme jamais, tout à Dieu qui comprend !

1396. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Chacun apportait sa portion de zèle et de lumières ; l’un était chargé de l’histoire des finances ; l’autre, de celle du commerce ; un troisième, d’une histoire des États-généraux et des Parlements ; mais le plus inépuisable lecteur était sans contredit le digne abbé de Saint-Pierre que notre auteur aime à nommer en toute occasion son bon ami ; il y épanchait ses rêves bienveillants, y enfantait ses projets pleins d’espérance, et puisait dans les regards et jusque dans les sourires de l’amitié ses croyances les plus fermes à un bienheureux avenir.

1397. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

En nous donnant, au lieu de Mémoires historiques un mémoire de barreau en bonne forme, l’auteur assoit en quelque sorte le vainqueur de l’Argonne sur la sellette ; et dès lors cette figure, si pleine de mouvement et de vie, prend un air d’apparat, comme devant les juges.

1398. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Une colombe a passé dans les airs, et soudain a prêté à cette douce messagère un babil plein de sentiment et d’ingénuité.

1399. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Enfin, mademoiselle Plessy, qui remplissait le rôle de la chanoinesse Amélie de Moldaw, a été pleine de réserve et de bon goût, et dans deux ou trois de ces longues tirades où excellait mademoiselle Mars avec ses inflexions si savantes, elle s’est souvenue très-heureusement du parfait modèle.

1400. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

(Meurtriers pleins de gentillesse et de fantaisie quelquefois : on m’en a signalé un qui invite de temps en temps une de ses faciles amies à venir le voir « opérer » dans sa clinique, et qui lui offre, pour divertissement, le spectacle des pauvres filles endormies dont il taille les chairs secrètes.)

1401. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIX. Réflexions morales sur la maladie du journal » pp. 232-240

Mais on leur composera d’ingénieux magazines, pleins jusqu’aux bords de gaudriole et d’obscénité, ces petits cahiers qu’à Bruxelles on appelle les prohibés.

1402. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Georges Rail et Léo Trézenik y écrivaient des chroniques pleines d’entrain, mais qui ne se piquaient point de renouveler la littérature.

1403. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

La renaissance scientifique de l’Europe ne s’est pas faite non plus avec le catholicisme, et, à l’heure qu’il est, sans qu’il faille beaucoup s’en étonner, le catholicisme lutte encore pour empêcher la pleine réalisation de ce qui résume le code rationnel de l’humanité, l’État neutre, en dehors des dogmes censés révélés.

1404. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Boileau, en parlant de Regnier, avait dit : Heureux si, moins hardi dans ses vers pleins de sel, Il n’eut jamais mené ses muses au bordel.

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