Charles Nodier Le ciel, qui lui avait donné le génie d’Anacréon, lui en devait peut-être aussi les cheveux blancs… Désaugiers, si heureusement inspiré par le plaisir, avait aussi des chants pour la sagesse. […] Alphonse de Lamartine Désaugiers, contemporain de Béranger, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris.
Il y trouvera maintes ressources, et je ne doute pas qu’il en use pour son plaisir et pour le nôtre. […] Il casse avec plaisir les ailes du vieil alexandrin, et il savoure je ne sais quelle volupté néronienne à voir sa victime panteler au ras du sol comme un oiseau blessé : Des voix confuses passent à travers la brume… ……………………………………………………… Ce pendant qu’au ciel tranquille un soleil pâlot Sommeillait, qui parfois laissait errer sa bouche À la cime fuyante et sonore du flot.
Les plaisirs du régent étaient des scandales, la cour une orgie ; Voltaire, tantôt caressé par les complaisances poétiques de cette cour, tantôt réprimé par quelques semaines de captivité pour ses insolences de favori, était le poëte de cette jeunesse. […] Cette fortune n’était point pour Voltaire une ostentation de luxe, mais une mesure de prudence ; il en dépensait une partie considérable en bienfaits plus qu’en plaisirs. […] Cet attachement, décent aux yeux du monde et autorisé par les mœurs du temps, était alors dans toute sa force : travail, plaisirs, sciences, amusement, société, maison même, tout était commun entre l’amie et l’ami. […] La mort presque soudaine de la marquise du Châtelet, qui mourut en couches à quarante-deux ans, changea en deuil ce bonheur, et dispersa ce cénacle de plaisirs et d’études. […] Il retournait à Ferney, au printemps, jouir d’autres plaisirs utiles dans la culture de ses champs, dans la surveillance de sa colonie, dans l’accueil des voyageurs illustres que sa renommée attirait de toutes parts en pèlerinage à Ferney.
La nouveauté était de réunir fréquemment les mêmes hommes et mêmes femmes, dans une égalité momentanée et dans une liberté parfaite, non point pour la cérémonie, mais pour le plaisir, non point pour un plaisir extérieur et précis, danse, souper, spectacle (quoique ces plaisirs naturellement ne fussent pas exclus), mais pour le simple et essentiel plaisir qui se pouvait tirer de la réunion des esprits, s’excitant mutuellement par le contact, et s’efforçant de produire ce qu’ils avaient de meilleur. […] La Grande Mademoiselle estimait « la conversation le plus grand plaisir de la vie, et presque le seul », et préférait les Tuileries à la vraie campagne parce que « l’on y est mieux pour causer » : de fait, les jardins ne seront en ce siècle que des salons et des galeries aux parois de feuillage, bien commodes pour se promener en causant. […] Comme la sociabilité a formé et lie toujours le monde, la distinction est un art de plaire ; tout ce qu’on a en soi et sur soi, réalité solide ou surface, il faut l’avoir pour les autres, ou s’en donner l’air : cette coquetterie de parure par laquelle la beauté semble faire don de soi au public, et prendre intérêt à son plaisir, quand il s’agit de la pensée et de l’expression de la pensée, c’est l’esprit. […] Comme la société est très intelligente et très avide du plaisir littéraire, on voit éclore alors une prodigieuse abondance de sonnets, de rondeaux, d’élégies, de chansons, de stances, dont la galanterie en général fait le fond, puisqu’il était établi qu’il ne pouvait y avoir d’honnête homme sans amour, ni d’honnête livre. […] Les dames, telles que la marquise de Rambouillet, furent les institutrices de la haute société : elles firent de la galanterie et de la politesse les freins du tempérament ; elles substituèrent peu à peu des plaisirs et des goûts intellectuels aux passions et aux jouissances brutales.
Le seul plaisir qu’on y pût prendre, celui d’y retrouver l’imitation des formes du théâtre ancien, ne pouvait guère toucher le public. […] Au reste, avant de regretter ce qui a manqué à Corneille, donnons-nous le plaisir d’admirer tout ce qu’il a créé. […] Avant le Cid, le plaisir de la curiosité était le seul que l’on connût au théâtre. […] Corneille fit connaître le premier le plaisir de la raison, en présence de la vérité durable ; le plaisir du cœur, averti de ses propres passions par des personnages vivants ; le plaisir du goût, par la perfection de l’art d’écrire en vers. […] Il se mêle de l’étonnement au plaisir que nous prenons aux pièces de Corneille.
Je veux faire plaisir aux brunes. […] Il y goûtait, sans doute, au bruit des cascades, le plaisir délicat d’un optimisme mélancolique. […] Desportes était adonné au plaisir. […] Quoique bon catholique, il prenait plaisir en la compagnie d’un jeune huguenot, son voisin. […] Quel plaisir il eût goûté à exercer sa tyrannie sur leurs ouvrages !
IVETEAUX, [Nicolas Vauquelin des] Abbé, fils du Poëte la Fresnaye, né dans un Château près de Falaise, mort en 1649 ; est plus connu par son goût pour les plaisirs, que par ses Ouvrages, quoiqu’il écrivît dit-on, purement en Latin, en Italien & en François, soit en Prose, soit en Vers. […] L’amour du repos, celui des plaisirs, deux sources de Philosophie pour ceux qui n’en connoissent pas de meilleures, le consolerent de la perte de sa fortune & de son honneur.
Après que la pensée d’un tableau était trouvée et la composition bien arrêtée (ce qui lui avait causé bien des insomnies et des veilles), il éprouvait un vrai plaisir au détail de l’exécution ; et, à mesure que le tableau avançait, il avait des satisfactions d’artiste. Il disait de la gravure des Moissonneurs, par Mercuri : D’après tout ce que j’avais entendu dire de la planche de Mercuri, je la supposais bien, mais j’y ai trouvé surtout ce qu’on ne trouve pas toujours dans les productions des arts : je veux parler du sentiment d’amour et de plaisir que l’on devrait toujours avoir pour l’exécution : c’est le véritable charme des arts. […] J’éprouve un plaisir bien différent pour toutes les choses qui parlent à l’âme, à présent que mon frère est avec moi. […] il semble qu’on n’a plus rien à y mettre, et qu’il est fermé aux sentiments qui donnent tant de jouissances à la jeunesse. » Il résistait à l’égoïsme et à ce goût de jouissances positives qui prend certaines natures, même distinguées, dans la seconde partie de la vie : « Une vie matérielle qui peut convenir à beaucoup n’a jamais pu m’accommoder ; et, à présent que pour nous elle pourrait remplacer celle des illusions, il est impossible qu’elle me satisfasse assez pour me donner du plaisir d’être habitant de la terre. » C’est ainsi qu’il parlait à ses amis Schnetz ou Navez ; mais avec M. […] Ceux qui voudraient plus de détails les trouveront avec plaisir dans l’ouvrage de M.
Des sentiments de famille naturels et purs, une facilité de talent non combattue, bientôt l’émotion rapide, mobile, du plaisir et de la rêverie, c’est là le fonds entier de sa jeunesse, ce sont les caractères qui, en simples et légers délinéaments, pour ainsi dire, vont passer de l’âme de Millevoye dans sa poésie. […] Il avait d’ailleurs amassé en portefeuille un certain nombre de pièces légères ; il avait composé son Passage du mont Saint-Bernard, une Satire sur les Romans nouveaux, couronnée par l’Académie de Lyon, et sa pièce des Plaisirs du Poète. […] Millevoye, sans ambition, sans un ennemi, très-répandu, très-vif au plaisir, très-amoureux des vers, vivait ainsi. […] Le poëte de Millevoye meurt pour avoir trop goûté de cet arbre où le plaisir habite avec la mort ; l’extrême langueur s’exhale dans cette voix parfaitement distincte, mais affaiblie160 ; il n’a pas su dire à temps comme un élégiaque plus récent, qui s’écrie sous une inspiration semblable : Ôtez, ôtez bien loin toute grâce émouvante, Tous regards où le cœur se reprend et s’enchante ; Ôtez l’objet funeste au guerrier trop meurtri ! […] Dans la Décade de l’an XII (4e trimestre, page 561, n° du 30 fructidor), on lit sur les Plaisirs du Poëte et autres premiers opuscules de Millevoye un article de M.
S’étonnant de n’être pas sensible, comme elle devait l’être, à l’arrivée prochaine d’un ami, elle dira de ses malheurs : « Ils m’ont rendu l’âme si noire, que je ne sens plus le plaisir, je ne fais que le penser. » — Et plus loin : « Le croiriez-vous ? Je pense le plaisir, je le sens presque, et je ne suis pas gaie ; je crois que je ne le serai jamais. » C’est cette personne encore inconnue dans les lettres, n’ayant rien écrit, rien publié, qui un jour, par suite de quoique circonstance tenant à ses persécutions domestiques, tombe brusquement au château de Cirey, aux portes de la Lorraine, et vient demander asile et hospitalité à Mme du Châtelet, à Voltaire. […] Il était de ceux à qui le plaisir de penser et d’écrire en liberté tient lieu de tout, et un moment il songea à se livrer sans réserve à cette passion dans un pays libre et en renonçant au sien. […] C’est, au fond, leur plus vif plaisir. […] La nature nous a donné si peu de portes par où le plaisir et l’instruction peuvent entrer dans nos âmes !
Le titre de légende indique assez que le jeune écrivain n’a pas prétendu tracer de Rabelais une biographie exacte, rigoureuse et critique, et qu’il ne s’est pas fait faute d’accueillir le Rabelais de la tradition, tel que l’a transformé à plaisir l’imagination populaire. […] Là prenoit le plus grand plaisir du monde. […] Michelet, qui lutte contre Dieu pour lui faire plaisir, est un peu celui de M. […] J’avais alors un souverain mépris pour Rabelais. » Dans ses Lettres philosophiques, il a parlé de lui très légèrement en effet, en le mettant au-dessous de Swift, ce qui n’est pas juste : « C’est un philosophe ivre, concluait-il, qui n’a écrit que dans le temps de son ivresse. » Mais, vingt-cinq ans plus tard, il lui a fait réparation en écrivant à Mme Du Deffand : J’ai relu, après Clarisse, quelques chapitres de Rabelais, comme le combat de frère Jean des Entommeures et la tenue du conseil de Picrochole ; je les sais pourtant presque par cœur, mais je les ai relus avec un très grand plaisir, parce que c’est la peinture du monde la plus vive. […] Pour nous, s’il nous est permis d’avoir un avis dans une question si solennelle, il nous semble que ce qu’on va ainsi goûter chez lui aux bons endroits et avec le plaisir d’un certain mystère de débauche, on le trouve de même qualité et tout ouvertement chez Molière.
Il n’a pas de méchanceté d’esprit, il ne prend pas de plaisir aux souffrances qu’il fait. […] Elle éprouve à se donner, dans le complet abandon et le parfait oubli de soi, un plaisir qui n’est qu’une forme pervertie du plaisir qu’on trouve dans le sentiment de l’abnégation. […] Jules Lemaître, un moyen pour lire les livres avec plus de plaisir. […] Ceux-ci ont plaisir à trouver dans les livres de M. […] Il chicane avec son plaisir, le mesure, le juge et le jauge.
j’admettrais parfaitement qu’elle prît, sans trop se l’avouer, un obscur plaisir à se sentir aimée du fils d’Achille. […] Une demi-douzaine de très belles et très rares exceptions morales s’y trouvent réunies pour notre plaisir. […] Et nous revoyons cette société un peu étourdie de plaisir, vive et spirituelle et qui avait inventé la « blague ». […] J’y ai pris un plaisir très délicat et très vif, gâté par un peu de trouble et d’incertitude. […] Bref, on me changeait trop soudainement mon plaisir.
quel plaisir pour nous ! […] Tous mes amis… sont venus me voir… J’ai éprouvé un grand plaisir à me retrouver là. […] Elle prend un amer plaisir à se ravaler, à justifier les pires insultes de Musset. […] « J’avoue que ces fêtes-là me font plaisir, à moi. […] Il me semble que ce ne sont que des mensonges, et que tout s’y invente à plaisir.