Après avoir analysé l’œuvre littéraire en tant que produit du tempérament personnel de l’auteur (prédispositions héréditaires, genre de talent, etc.), et du milieu où ce tempérament s’est développé (époque, classe sociale, circonstances particulières de la vie), il reste toujours à considérer l’œuvre en elle-même, à évaluer approximativement la quantité de vie qui est en elle38. […] Une œuvre d’art est d’autant plus admirable qu’elle éveille en nous plus d’idées et d’émotions personnelles, qu’elle est plus suggestive. […] Pour qui serait également capable de faire œuvre personnelle en éclairant une qualité ou un vice, lequel vaudrait-il mieux mettre en lumière ? […] Taine, nous avons fait d’effort pour comprendre les littératures étrangères, pour nous replacer dans le milieu où tel chef-d’œuvre a pris naissance, pour nous dépouiller de notre propre esprit et de nos préjugés personnels. […] Une langue étrangère a ceci de bon qu’elle nous avertit constamment, par la nature même de sa syntaxe, de ses expressions, de sa démarche pour ainsi dire, qu’il faut nous accommoder à elle et nous arracher à nos préjugés personnels pour bien comprendre l’œuvre écrite dans cette langue.
Or, la seule unité rationnelle est la strophe et le seul guide pour le poète est le rythme, non pas un rythme appris, garrotté par mille règles que d’autres inventèrent, mais un rythme personnel, qu’il doit trouver en lui-même, après avoir écarté les préjugés métaphysiques et culbuté les barrières que lui opposaient les Dictionnaires de Rimes et les Traités de Versification, les Arts poétiques et l’Autorité des Maîtres. […] En tout cas, vous vous serez fait une opinion personnelle — libre. […] Ils t’expliqueront qu’un poème doit avoir trois sens superposés, chaque sens étant représenté par l’unique symbole élu ; comme si tout vrai poète, de tout temps, n’avait pas érigé, par le fait même qu’il produisait une œuvre d’art, des symboles personnels sans s’inquiéter s’ils avaient trois sens ou vingt-quatre ! […] Tu seras un esprit libre usant librement d’un moyen personnel d’expression, hormis toute Éducation et toute Tradition — tu feras ce que tu voudras. »
Ce sont les mémoires diplomatiques plus que les mémoires intimes et personnels du cardinal. […] Crétineau-Joly et par nos notions personnelles, aux commencements de la vie du cardinal, omis ou trop légèrement relatés dans ce livre, dont l’objet était plus vaste. […] Du reste, des considérations personnelles interdisaient aux cardinaux de le rappeler ; ces mêmes considérations l’empêchaient de s’offrir de lui-même. […] Ces réflexions, dit-il, l’avaient déterminé à passer à pieds joints sur les difficultés extrinsèques compensées bien certainement par les mérites personnels du sujet. […] « Il n’y eut qu’un seul cardinal de ce parti qui, tout en rendant justice au mérite personnel de Chiaramonti, montra plus de résistance que tout autre à passer sur les obstacles extérieurs.
. — Une objection personnelle. […] Qu’on ne s’attende donc point ici à une apologie personnelle : l’auteur de ces lignes tâchera de se dissimuler le plus qu’il pourra et n’a pas d’autre but que de formuler une conclusion de doctrine. […] Albalat fit-il paraître son Art d’écrire enseigné en vingt leçons que plus d’un s’offusqua de son livre, comme d’une injure personnelle à lui adressée. […] Opinion toute personnelle et qui risque de ne pas suffire à me convaincre. […] Ce que je propose, évidemment, ce sont mes jugements, mes idées, mon goût personnel.
A la rigueur, Taine pourra déterminer la tragédie du XVIIe siècle, mais comme individus, il atteindra tout au plus Pradon ou Quinault, échantillons du lot des médiocres, jamais Racine, la combinaison de génie personnel une seule fois réalisée. […] Cette survivance indéfinie de leurs propriétés actives, les chefs-d’œuvre littéraires la doivent à la forme, personnelle et belle, dans laquelle l’originalité de l’écrivain s’est réalisée : disons, si vous voulez, au style. […] Mais alors, si notre objet nous impose l’emploi de l’impression subjective, et si le premier commandement de la méthode scientifique est la soumission de l’esprit à l’objet, pour organiser les moyens de connaître d’après la nature de la chose à connaître, ne sera-t-il pas plus scientifique de reconnaître et de régler le rôle de l’impressionnisme dans l’étude des œuvres littéraires que de le nier, et, comme on ne supprime pas une réalité en la niant, de laisser cet élément personnel rentrer sournoisement et agir sans règle dans nos travaux ? […] Notre but est de réduire au minimum indispensable et légitime la part du sentiment personnel dans notre connaissance, en lui donnant toute sa valeur. […] Sans renoncer à aucun idéal personnel, on se comprend, on s’entend, on coopère : cela mène à l’estime et à la sympathie réciproques.
Depuis quelque temps, il ne peut plus écrire une page sans marquer son dédain et son antipathie pour ce qu’il appelle la littérature et la critique personnelles. (Au fait, est-ce que ce ne serait pas de la « littérature personnelle », l’expression si fréquente et si véhémente de cette antipathie ?) […] Or, il ne se trompe point, sans doute : mais enfin qui le jurerait Et ne dites pas non plus que la critique personnelle, la critique impressionniste, la critique voluptueuse, comme vous voudrez l’appeler, est bien pauvre vraiment et bien mesquine comparée à l’autre critique, à celle qui fait entrer le ressouvenir des siècles dans chacune de ses appréciations.
Sans doute la base de la liberté est l’attribution des actes au moi comme sujet, de telle sorte qu’ils aient l’empreinte personnelle. […] La résolution, enfin, ne peut pas ne point nous donner une impression de force personnelle portée au plus haut degré d’intensité. […] Sous tous les rapports, nous avons un sentiment de puissance active et personnelle, qui est la base du sentiment de liberté. […] Nous avons dit que le troisième élément de l’idée de liberté est l’idée de spontanéité, c’est-à-dire d’action ayant son origine dans le moi, d’initiative personnelle. […] Elle nous fournit, dans l’idée même de notre activité personnelle, un point d’appui pour l’action, un motif toujours présent et toujours capable de s’opposer aux sollicitations ou impulsions étrangères.
Sur quels genres s’est fait sentir pins particulièrement l’influence personnelle de Louis XIV […] De l’influence personnelle de Louis XIV sur le génie et les travaux de Bossuet. — § IX. […] Influence personnelle de Louis xiv. […] De l’influence personnelle de Louis XIV sur l’éloquence religieuse. […] De l’influence personnelle de Louis XIV sur le génie et les travaux de Bossuet.
Les actions personnelles (condictiones) durent être les représailles privées, qui au moyen âge durèrent jusqu’au temps de Barthole. […] En même temps on porta la même fiction de l’emploi de la force dans les revendications, et les représailles héroïques se transformèrent en actions personnelles ; on conserva l’usage de les dénoncer solennellement aux débiteurs. […] De ces personæ, de ces masques qu’employaient les fables dramatiques si vraies et si sévères du droit, dérivent les premières origines de la doctrine du droit personnel. […] On l’a dit souvent, les hommes, pris séparément, sont conduits par l’intérêt personnel ; pris en masse, ils veulent la justice.
Question wagnérienne et question personnelle Est-il convenu que, l’affaire de Lohengrin étant close aujourd’hui, il est permis de juger en toute impartialité les faits qui se sont accomplis ? […] Ce peu d’autorité qu’a pu acquérir la Revue, le droit qu’après ces deux ans et demi on m’accordera d’avoir et d’exprimer une opinion, la confiance personnelle que mes amis veulent bien me montrer, je demande aujourd’hui, en une très grave circonstance, d’y faire appel. […] Ce serait là une lourde accusation, que j’ignorerais cependant, si y répondre n’était, du même coup, éclairer bien des choses. « Question wagnérienne et question personnelle », ai-je mis en tête de cet article ; et mes lecteurs comprendront que ma propre sécurité doit être la garantie, pour eux, de ma franchise et de mon exactitude absolue. J’avais eu, jusqu’à ce dernier hiver, les rapports personnels les meilleurs avec M. […] Je défie qui que ce soit de nier que, depuis lors, la tenue de la Revue Wagnérienne après une telle provocation n’ait pas été d’une modération parfaite, que les sentiments personnels que dès-lors j’éprouvais à l’égard de M.
Partout elle agit, non seulement sur notre vie personnelle, mais sur la naissance, le développement, l’expression de nos idées sur le monde et de nos conceptions politiques et sociales. […] La systématisation de sa vie personnelle et de sa vie sociale en compagnie de l’homme n’a pas pu s’accomplir si parfaitement que tout trouble en ait disparu. […] Mais dans bien des circonstances, l’opposition s’élève entre l’intérêt, les désirs personnels du chien, et nos désirs à nous, le dieu qui lui dicte sa morale. […] L’hygiène personnelle la plus élémentaire interdit sévèrement de tels écarts. […] Comme les murs des églises gothiques sous la poussée de la voûte, les instincts altruistes et désintéressés incarnés dans l’homme, menacent constamment de céder sous le poids des désirs égoïstement personnels.
Antécédents personnels : eut une enfance « funèbre », menacée de scrofules, accablée par d’opiniâtres fièvres. […] Huysmans, le Horla n’est, pour Guy de Maupassant autobiographie faisant, en matière de diagnostic personnel, foi et lumière. […] Pour l’opium, Baudelaire avait un guide plutôt que de personnels souvenirs : Thomas de Quincey, helléniste distingué, écrivain supérieur, homme d’une respectabilité complète56, qui osa jeter à la face pudibonde de l’Angleterre l’aveu de sa passion pour la « Noire idole », « décrire cette passion, en représenter les phases, les intermittences, les rechutes, les combats, les enthousiasmes, les abattements, les extases et les fantasmagories suivies d’inexprimables angoisses. » 57 ⁂ De telles expériences ne valent que par les résultats artistiques qui peuvent en découler. […] L’on ne saurait reprocher à Zola de n’avoir pas couronné la documentation nécessaire à l’Assommoir — et en particulier à la scène magistrale de delirium qui la clôt — par une personnelle expérience d’éthylisme suraigu. […] Nous trouvons dans sa très consolante Introduction à la médecine de l’esprit, la même remarque appliquée à Victor Hugo : « Dans sa longue existence où il a vu périr tant d’êtres qui le tenaient de près, comptez combien sont rares les minutes d’accablement moral et comme il versa peu de larmes personnelles pour lui tout seul.
Ces écrivains, les hommes à système et les hommes à contradictions, ont l’avantage, étant très personnels et marquant toutes leurs pensées à leur empreinte, d’être rebelles au plagiat et de décourager les prodigieux efforts que la paresse de l’esprit impose à la mémoire : on s’en nourrit, on s’en assimile ce qu’on peut ; on ne les apprend pas par cœur, on ne les découpe pas en formules, on ne les plaque point sur ses compositions. […] Ils s’efforceraient de dégager la pensée, le sentiment de toutes les circonstances personnelles et locales. […] Mais ils se mettraient surtout en possession d’une idée générale, pour la soumettre au contrôle de leur expérience personnelle. […] Et s’il vous faut jamais en parler, vous ne le ferez point avec puérilité — Racine vous en sauvera — ni avec banalité — vous y échapperez par le sentiment personnel. […] Vous vous formerez ainsi un jugement personnel sur le Misanthrope, vous accorderez à Rousseau qu’Alceste est ridicule avec sa vertu, et par sa vertu.
Là même où domine l’idée, où la vérité plus que la beauté a été l’objet de l’écrivain, l’impression et l’interprétation personnelle sont à leur place : tout le monde ne voit pas tout ; les œuvres fortes ne se livrent qu’aux forts esprits ; et l’on se propose précisément, par l’exercice dont nous parlons, de former chez les jeunes gens une habitude d’aller au-delà du sens grossier que nul ne manque d’apercevoir, et un art de rassembler — dirai-je de mobiliser rapidement toutes leurs facultés, pour arracher au texte le plus possible de son secret. […] Tout ce travail se fait en faisant concourir sans cesse l’impression personnelle dont on ne peut se passer, et la connaissance érudite qui sert à préciser, interpréter, contrôler, élargir, rectifier l’impression personnelle. […] Au reste, dans les limites que tracent certaines conditions générales de méthode, chaque maître se fera, selon sa culture et son goût, une technique personnelle. […] Aderer, avait une méthode plus précise et plus fine : il s’appliquait au détail et montrait du doigt, ou d’un clin d’œil, les généralités ; il excellait à sous-entendre, à suggérer, à donner le désir d’ajouter par une recherche personnelle à ce qu’il avait fait entrevoir.