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619. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

D’ailleurs, le génie qui détermine un enfant aux lettres, ou bien à la peinture, lui donne une grande aversion pour les emplois mécaniques, ausquels on applique ses égaux.

620. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

Quoique l’art de la peinture renferme aujourd’hui une infinité d’observations et de connoissances qu’il ne renfermoit pas encore du temps de Raphaël, nous ne voïons pas cependant que nos peintres égalent cet aimable génie.

621. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Dans ses romans, comme dans ses autres livres, il ne s’oublie jamais, ni lui ni sa prêcherie… Peintre qui crevait sa peinture pour passer sa tête par le trou de sa toile, afin qu’on le vît bien et qu’on l’entendît bien toujours. […]   » Je ne crois point qu’on puisse dire plus bête et plus bas… Étourdi prodigieux, était-ce donc là l’idée qu’il avait de lui et de ce qu’il faisait quand il faisait de la critique sur les peintures et les livres de son temps ? […] Ce fut sa critique de peinture qui l’illustra, du reste, bien plus que sa critique littéraire, laquelle n’a guères d’accompli et d’enlevé que cet Essai sur les mœurs, c’est-à-dire sur les femmes, dont je viens de parler, et où il remanie si magistralement la glaise indécise de Thomas. Les expositions de peinture venaient de créer ce genre de critique qui a gardé son nom, — les Salons, — et Diderot écrivit les premiers pour le compte de la correspondance de Grimm, envoyée aux princes d’Allemagne. […] Les matérialistes, qui ont, en art, engendré le réalisme, oublieront ingratement l’athéisme qu’ils doivent à Diderot et riront avec mépris du bonhomme qui définit la peinture : « l’art d’aller à l’âme par l’entremise des sens », et qui, dans son Essai sur la peinture, pose en principe que « le but de l’art est de rendre la vertu aimable, le vice odieux et le ridicule saisissant ».

622. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Les sensations se sont traduites en sentiments, la peinture en poésie ; et cette traduction si exacte, si involontaire, si heureuse, indique et explique le besoin le plus intime et la faculté maîtresse de l’auteur. […] Platon mit ses syllogismes en conversations, et fit de ses théories une peinture de mœurs. […] Il ne ferait pas grâce aux barbares, s’il trouvait seulement un interprète. » Cette peinture est un mélange de raillerie et d’enthousiasme. […] De là cette peinture de la cour après la mort de Monseigneur, tableau d’agonie physique, sorte de comédie horrible, farce funèbre où nous contemplons en face la grimace de la Vérité et de la Mort. […] Ils se sentent en spectacle, ils redouteraient d’être troublés par des peintures trop véhémentes.

623. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Cette fois, je ne vous parlerai pas de la peinture. Sauf les vases, quelques mosaïques, et les petites décorations murales de Pompéi et d’Herculanum, les monuments de la peinture antique ont péri ; on ne peut pas en parler avec précision. […] Amour et culte de la vie présente, sentiment de la force humaine, besoin de sérénité et d’allégresse, voilà ce qui le porte à éviter la peinture de l’infirmité physique et de la maladie morale, à représenter la santé de l’âme et la perfection du corps, à compléter la beauté acquise de l’expression par la beauté foncière du sujet. […] Une statue est un grand morceau de marbre ou de bronze, et une gronde statue est le plus souvent isolée sur un piédestal ; on ne peut pas lui donner un geste trop véhément, ni une expression trop passionnée comme en comporte la peinture et comme en tolère le bas-relief ; car le personnage semblerait affecté, arrangé pour faire effet, et l’on courrait le risque de tomber dans le style du Bernin. […] Et cependant de loin en loin nous entendons un accent de ces voix vibrantes ; nous voyons comme en un éclair l’attitude grandiose du jeune homme couronné43 qui se détache du chœur pour dire les paroles de Jason ou le vœu d’Hercule ; nous devinons son geste court, ses bras tendus, les larges muscles qui s’enflent sur sa poitrine ; nous retrouvons ça et là un lambeau de la pourpre poétique, aussi vif qu’une peinture déterrée hier à Pompéi.

624. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Car il n’y a rien ici, ce qui s’appelle rien : ni intérêt engagé, ni étude de sentiments, ni peinture de mœurs, ni même, à vrai dire, d’action. […] Il y a enfin vingt façons de manquer la peinture des mœurs aristocratiques. […] Le point de vue moral n’est jamais absent des peintures que Feuillet a faites de l’amour. […] Daudet, la peinture des choses et des gens du Midi. […] Daudet a trouvé plus d’une fois la note juste, et qui convient à ce genre de peintures.

625. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Les uns croient que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même, ils disent qu’il est dangereux de mettre, de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins.

626. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Qu’il y ait eu de l’arrangement et de la symétrie jusque dans le désordonné des peintures ; que les paysages soient tout composites, et ne se retrouvent nulle part, avec tout cet assemblage imaginatif, dans la nature même et dans la réalité ; qu’à côté de ces impossibilités d’histoire naturelle, il y ait des anachronismes non moins visibles dans les sentiments ; qu’il y ait des effets forcés et voulus ; que, sous prétexte d’innovation, l’auteur moderne ait sans cesse des réminiscences de l’Antiquité ; qu’il parodie souvent Homère et Théocrite en les déguisant à la sauvage, tout cela est vrai ; et il est vrai encore que les caractères de ses deux personnages principaux ne sont pas consistants et qu’ils assemblent des qualités contraires, inconciliables, tenant à des âges de civilisation très différents.

627. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

Shakespeare, au fond, a procédé de même ; à la peinture extérieure des émotions il mêle des mots, des traits, des couplets qui nous font pénétrer au-delà du trouble grossier et confus des sens, qui organisent ce désordre, nous le débrouillent et nous font comprendre le jeu régulier de ces ressorts que le hasard seul semblait d’abord mettre en branle.

628. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

C’est une peinture qui n’a pas de dessous, ni de profondeur : c’est une route droite, dans un pays plat, sans soleil.

629. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

À propos de Delaroche, sa peinture est la meilleure idée approximative qu’on puisse donner de la poésie de M. 

630. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

On devait se plaire à la peinture d’amours dégagés d’un érotisme grossier, accueillir même l’exagération des plaisirs attachés à des communications purement intellectuelles et morales.

631. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Ces mots, et une quantité d’autres, appartiennent moins à la langue française qu’à des langues particulières qui ne se haussent que fort rarement jusqu’à la littérature, et si on ne peut traiter certaines questions sans leur secours, on peut se passer de la plupart d’entre eux dans l’art essentiel, qui est la peinture idéale de la vie.

632. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

Les tableaux de l’Arétin* sont, à certains égards, moins indécens que les peintures que cet abbé y présente à ses lecteurs.

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