Sans ambition, sans passion violente, entremêlant une libre étude, souvent opiniâtre, à des distractions de société, à des lectures en commun, à de petits concerts, négligé et oublié de son évêque, il vivait ordinairement à Aubagne au sein de sa famille et faisait de temps en temps à Marseille ou à Aix des voyages qui entretenaient ses relations avec les savants du pays. […] Le premier effet qu’il éprouve, en arrivant surtout à Rome et en voyant les immenses richesses d’antiquités qui y sont accumulées, c’est l’étonnement et presque le découragement : N’espérons plus, s’écrie-t-il, de former de pareilles collections ; nous vivons dans un pays de fer pour les antiquaires. […] Ce désir du retour finit par l’emporter sur celui qu’il avait eu d’abord de rester, et qui lui faisait dire énergiquement : « J’abandonnerai ce pays avec les regrets de Pyrrhus quand il fut contraint d’abandonner la Sicile. » Durant ce voyage d’Italie, il me semble voir deux instincts aux prises et en lutte au sein de l’abbé Barthélemy : il y a l’instinct pur de l’antiquaire, de l’amateur des vieux débris et du zélé collectionneur de médailles, qui se dit d’épuiser la matière et de rester ; et il y a l’écrivain, l’homme d’art moderne et de style, qui, à la vue de ces monuments épars et de cette ruine immense couronnée d’une Renaissance brillante, sent à son tour le besoin de se recueillir, de rentrer dans sa ruche industrieuse, et de composer une œuvre qui soit à lui.
À mesure qu’elle avance dans le pays, elle s’aperçoit pourtant de l’absence du maître ; ce royaume est « comme un corps sans chef, vivant pour vous recouvrer, et mourant pour vous sentir loin ». […] Un frère de Brantôme, le capitaine Bourdeilles, avait connu à Ferrare, chez la duchesse du pays (fille de Louis XII), une dame française, Mlle de La Roche, dont il s’était fait aimer ; il l’avait ramenée en France, et elle était allée en la cour de la reine de Navarre, où elle était morte : il n’y pensait plus. […] Car il est bien entendu qu’on ne dira que des histoires vraies et non inventées à plaisir : on se contentera, quand il le faudra, de déguiser les noms des pays et des gens.
Elle arlequine son style de petites phrases allemandes, comme sa pensée de petites idées du même pays. […] Et encore les hommes de ce pays-ci, s’écrie-t-elle avec une voix pleine de rancune, ne veulent pas qu’une femme soit docte. […] [I à IV : article original paru dans Le Pays, 23 mars 1858.]
Mais nous sommes au temps et au pays d’Hildegarde, de Mechtilde et d’une autre Christine, aussi énervée, aussi languissante d’amour et de douleur ; et nous sommes au pays de Catherine Emerich, la créature miraculeuse. […] Les pays aujourd’hui protestants ont toujours été chrétiens ; les pays aujourd’hui catholiques ont toujours été romains ou gréco-romains ; un atlas historique rend très sensible cette vérité méconnue. […] Tout pays où le christianisme s’est enté sur la barbarie a une tendance au protestantisme ; Tout pays où le christianisme s’est enté sur le romanisme a une tendance au catholicisme. […] Un homme est un homme, un pays est un pays. […] Nos écrivains, les romanciers spécialement, se sont créé dans ce pays une excellente clientèle.
Lacaussade, qui sent profondément cette nature tropicale, a mis sa muse tout entière au service et à la disposition de son pays bien-aimé.
Paul Pionis Je viens de lire ce livre de poésie, Le Sol sacré, de poésie qui chante et qui claironne, qui chante avec les cloches l’amour du pays natal, qui claironne avec les fanfares la charge pour la défense du sol sacré.
Les grandes agglomérations d’hommes à la façon de la Chine, de l’Égypte, de la plus ancienne Babylonie ; — la tribu à la façon des Hébreux, des Arabes ; — la cité à la façon d’Athènes et de Sparte ; — les réunions de pays divers à la manière de l’Empire carlovingien ; — les communautés sans patrie, maintenues par le lien religieux, comme sont celles des israélites, des parsis ; — les nations comme la France, l’Angleterre et la plupart des modernes autonomies européennes ; — les confédérations à la façon de la Suisse, de l’Amérique ; — des parentés comme celles que la race, ou plutôt la langue, établit entre les différentes branches de Germains, les différentes branches de Slaves ; — voilà des modes de groupements qui tous existent, ou bien ont existé, et qu’on ne saurait confondre les uns avec les autres sans les plus sérieux inconvénients.
— c’est à M. de Lamartine, au premier poëte de son pays et de son siècle, qu’on apporte, non pas un abonnement, mais un tribut. […] Ils ne se préoccupent jamais que de la liberté de penser, et ils dénoncent ceux qui ont tenté de l’entraver ou de l’amoindrir aux anathèmes de tous les pays et de tous les siècles. […] Un grand événement trace une ligne rouge ou noire entre ce qui le précède et ce qui le suit, comme une frontière, un fleuve, une chaîne de montagnes, séparent deux pays limitrophes. […] Le pays lui appartenait d’avance par l’annulation des provinces, l’effacement des caractères, la centralisation des idées, le nivellement des mœurs et l’égalité des intelligences, ainsi que par l’organisation administrative et politique. […] Il faut lire, dans l’ouvrage de M. de Tocqueville, le chapitre sur l’influence des gens de lettres, devenus, dès le milieu du dix-huitième siècle, les véritables hommes politiques du pays.
Rappelons-nous l’enchantement de la dédicace à l’Enquête aux Pays du Levant ! […] Sur les routes de son pays, à travers la Grèce, la Turquie, la Syrie et jusqu’en Égypte, il a porté sa faim et sa fatigue. […] Dans quelle mesure l’œuvre exprime-t-elle le temps, le pays ; à quoi sert-elle ? […] Imaginons cette rencontre et ce qu’elle doit apporter à l’enfant le plus tendre et le plus intelligent de son pays. […] Jean-Christophe jugeait la France avec plus de lucidité que son propre pays.
Elle sut se résigner à ne pas recouvrer Calais, à ne pas conserver le Havre ; et tous ses désirs de grandeur, comme tous les soins de son gouvernement, se concentrèrent dans les intérêts directs du pays dont elle avait à rétablir le repos et la prospérité. […] Dans cette cour jeune encore et peu expérimentée, le langage de l’adulation dépassait de beaucoup la servilité des caractères ; et dans ce pays, où n’avaient point péri les anciennes institutions, le gouvernement était loin de pénétrer partout. […] Les ménestrels anglais ont traversé toute l’histoire de leur pays dans une condition plus ou moins brillante, mais toujours reconnue par la société, constatée par ses actes, déterminée par ses règlements. […] Le principe de la délibération commune sur les intérêts communs, fondement de toute liberté, prévalut dans les institutions de l’Angleterre et présida à toutes les coutumes du pays. […] On le voit achetant successivement dans son pays natal une maison et diverses portions de terre dont il forme bientôt une propriété suffisante pour assurer l’aisance de sa vie.
C’est le baron de je ne sais quoi, fils de je ne sais quelle autorité du pays, grand seigneur, à ce qu’on me dit. […] … Le baron…, celui du bal, est le plus grand fonctionnaire du pays, gouverneur ou autre chose, je ne sais au juste. […] Tous les peuples latins sont frères et il me serait doux de voir la France extirpant le dernier vestige de… dans le pays en question. […] chien de pays ! […] Délicieux pays !
Et à propos de cirque, il nous cite un original, un Américain, qui, aussitôt arrivé dans un pays qu’il ne connaissait pas, allait au cirque, payait un dîner à la troupe, s’assurant, au prix de ce dîner, un cornac, qui l’introduisait partout, et lui faisait voir tout ce qu’il y avait de curieux, là où il faisait séjour. […] Dimanche 17 mai Berendsen aurait révélé à Huysmans, l’espèce d’adoration littéraire, qu’on aurait pour moi, en Danemark, en Botnie et autres pays entourant la Baltique, des pays où tout homme frotté de littérature qui se respecte, ne se coucherait pas — toujours au dire de Berendsen — sans lire une page de La Faustin ou de Chérie. […] Daudet m’entretenait aujourd’hui de sa jeunesse dans ce pays de soleil, au milieu de ces belles filles lumineuses, se laissant rouler sur les bottes de paille et embrasser sur la bouche, et cela en compagnie d’Aubanel chantant sur les chemins : La Vénus d’Arles ; du grand et jamais enroué Mistral, haranguant les paysans avec une pointe de vin, drolatiquement éloquente ; du peintre Grivolas, ce ménechme du philosophe de Couture, dans son tableau de l’Orgie romaine, et qui avait pour mission de déshabiller et de coucher les ivrognes. […] Encore une ville abandonnée sur une cime rocheuse, une ville que l’on croit avoir été creusée dans la pierre, par des hommes venus après les hommes des cavernes, et dont les logis, ou plutôt les anfractuosités dans la roche, auraient été habitées plus tard, par les populations du pays, en fuite devant l’invasion des Sarrasins. […] Il conte les choses les plus stupéfiantes sur les élections de son pays, parlant d’un maire de la montagne, qui fait d’avance son travail de recensement des votes, et qui est venu s’excuser auprès de lui, d’avoir donné neuf voix à M***, qui est de la localité, par cette phrase : « Ça ne vous contrarie pas ?
Deuxième période : de 1840 à 1885 En politique : à l’entreprise insensée de la Restauration succède, en tous pays, une lente réalisation de la Révolution ; 1848, c’est un 1789 beaucoup plus modeste et plus sage, dans des milieux mieux préparés ; grâce à ce meilleur équilibre, c’est la marche en avant. […] Avant Taine, et surtout depuis lui, on a parlé des rapports intimes qu’il y a entre l’art d’un pays et ses conditions politiques et sociales ; je crois avoir ici démontré ces rapports avec une rigueur mathématique. […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents. […] Il y aurait en tous pays matière à des affaires Dreyfus ; la France seule a résolu l’Affaire jusqu’au bout ; elle a accompli la première la Séparation ; au prix de quels déchirements ! […] Peut-être même la liberté dont on a toujours joui en France (relativement à d’autres pays) et la modération générale sont-elles défavorables au développement de puissantes individualités.
Son nouveau poème dramatique (Priscilla) n’a pas démenti la promesse qu’il semblait s’être engage à prendre, et le livre est des plus intéressants, qu’il nous envoie, pareil, sous son titre frêle comme un gazouillis de luscignoles, à quelque évocation de pays imprécis où se dérouleraient, sur des terrasses de rêve, des scènes imprévues et admirables tapisseries, subitement étalées pour la joie de nos yeux.