/ 2102
643. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Ainsi nul animal n’est et ne devient moral ni religieux, quelle que soit sa supériorité naturelle, quel que soit le progrès de son éducation ; tout homme est et reste moral et religieux, quelle que soit son infériorité native ou sa dégradation, voilà ce que l’expérience atteste partout et toujours, sans une seule exception. […] Il y a de l’ordre partout, comme disaient les stoïciens, dans la maison de Jupiter ; mais cet ordre a des caractères bien différents, selon les divers règnes de la vie universelle. […] C’est donc à cette psychologie que nous pourrions appeler intime, par opposition à cette autre psychologie qu’on nomme expérimentale, qu’il appartient de définir l’homme, de définir la nature, de définir en tout et partout l’être des choses, en rendant aux mots de force et de cause, de spontanéité, de liberté, le sens qui leur est propre et qu’ignoreront toujours les partisans exclusifs de la méthode inductive, qu’ils s’appellent physiciens, physiologistes, ou même psychologues.

644. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Ces noms patronymiques se perdirent ensuite dans la Grèce, lorsqu’elle eut partout des gouvernements démocratiques ; mais à Sparte, république aristocratique, ils furent conservés par les Héraclides. — Dans la langue de la jurisprudence romaine, nomen signifie droit ; et en grec, νόμος, qui en est à peu près l’homonyme, a le sens de loi. […] Nous trouvons partout des Sibylles chez les plus anciennes nations : or, on assure qu’elles chantaient leurs réponses en vers héroïques, et partout les oracles répondaient en vers de cette mesure.

645. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Il lui a semblé que partout où ces méthodes scientifiques avaient échoué, justement elles n’avaient pas été assez scientifiques. […] Il naît partout et toujours avec la même intelligence, les mêmes passions, les mêmes besoins, comme avec la même figure et les mêmes organes. […] Les sculptures s’y multiplient, comme si l’incantation d’un magicien avait partout animé la pierre et le marbre. […] La prose se reconnaît partout sous le rythme sans élan, — une prose minutieuse et analytique, exacte et nuancée. […] Les premières expériences du plaisir ont laissé des traces partout dans ces poèmes.

646. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Ce contraste entre la vie en général, et les formes où elle se manifeste, présente partout le même caractère. […] Les deux tendances de la plante et de l’animal se pénétraient si bien d’abord qu’il n’y a jamais eu rupture complète entre elles : l’une continue à hanter l’autre ; partout nous les trouvons mêlées ; c’est la proportion qui diffère. […] Sans doute, il y a intelligence partout où il y a inférence ; mais l’inférence, qui consiste en un fléchissement de l’expérience passée dans le sens de l’expérience présente, est déjà un commencement d’invention. […] En d’autres termes, l’instinct est partout complet, mais il est plus ou moins simplifié, et surtout il est simplifié diversement. […] Quant au thème originel, il est partout et il n’est nulle part.

647. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

L’idylle n’est pas un genre qui puisse indifféremment venir en tout temps et partout ; il y faut une part de naturel, même quand l’art doit s’en mêler. […] Ménalcas le premier jette ce ravissant couplet : « Partout le printemps, partout de frais pâturages, partout les mamelles se gonflent de lait, et les petits se nourrissent, là où la belle enfant porte ses pas.

648. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

L’Église, dans les Gaules, débute, comme presque partout ailleurs, par le martyre. […] A cette école, les paysans mêmes des Gaules apprirent presque partout à parler, à écorcher du moins le latin. […] — Il nous manque, pour savoir en quoi consistaient précisément les altérations que le peuple romain lui-même faisait subir à la langue de Cicéron, et pour nous faire une juste idée du latin vernaculaire, de posséder quelques-unes de ces petites comédies populaires que l’on désignait sous le nom d’Atellanes ; mais ce qu’on peut affirmer, c’est que, là comme partout, la multitude tronquait, altérait les formes des mots, les désinences caractéristiques destinées à en nuancer la valeur grammaticale17 ; ou plutôt elle continuait de faire comme avaient fait ses pères, elle suivait les habitudes commodes et la voie large de l’idiome vulgaire, lequel était probablement antérieur à la création du latin savant, qui s’était plus ou moins modelé sur le grec. […] Alterius sic Altera poscit opem res, et conjurat amice Il ne me reste plus qu’à mentionner un livre tout récent, produit direct de l’érudition française, celui de M. de Chevallet, qui, reprenant la question au point où l’avait laissée Fallot, l’a traitée avec une méthode tout expérimentale, n’a épargné ni recherches ni comparaisons de toutes sortes, pour discerner les éléments du vieux français, élément latin, celtique, germanique, pour en établir le compte autant que possible et en fixer les proportions, pour faire l’histoire et dresser comme l’état civil des mots provenant des trois races ; et l’auteur s’y est consacré avec une telle ardeur, il s’est tellement prodigué de sa personne dans des voyages et des séjours en divers pays, partout où il espérait recueillir des vestiges utiles, qu’il s’y est à la lettre consumé : la mort l’a saisi comme Fallot à la fleur de l’âge, mais du moins après qu’il avait pu voir ce premier et considérable résultat de son effort conduit à bonne fin et couronné.

649. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il se promenait dans la nature et dans l’histoire, sans parti pris, sans passion âpre, occupé à sentir, à goûter, à cueillir partout, dans les jardinières des salons comme sur la haie des cottages, les fleurs rares ou champêtres dont le parfum ou l’éclat pouvait le charmer ou l’amuser. […] Des deux côtés passent des maisons de campagne ; il y en a partout en Angleterre, au bord des lacs, sur le rivage des golfes, au sommet des collines, sur tous les points de vue pittoresques. […] Partout les beaux ormes, les ifs, les grands chênes, précieusement gardés, groupent leurs bouquets ou dressent leurs colonnes. […] Il monte à cheval, il fait à pied de longues promenades, il chasse, il vogue en mer sur son yacht, il suit de près et par lui-même tous les détails de l’élevage et de la culture, il vit en plein air, il résiste à l’envahissement de la vie sédentaire, qui partout ailleurs conduit l’homme moderne aux agitations du cerveau, à l’affaiblissement des muscles et à l’excitation des nerfs.

650. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Bonald, fût vraie, il fallait que Dieu eût créé les rois infaillibles, d’une autre chair que celle des peuples ; pour que la seconde de ces théories, celle de M. de Maistre, fût applicable, il fallait que Dieu, souverain visible et présent partout, gouvernât lui-même les sociétés civiles par des oracles surnaturels contre l’autorité desquels le doute fût un blasphème et la désobéissance un sacrilège. […] XXI Appelé par les souverains des royaumes voisins pour conseiller la politique des princes ou réformer les mœurs, il voyagea comme Platon, semant partout la piété et le bon ordre entre les hommes. […] Sa mission fut donc partout une mission de paix. […] Cette politique de Confucius, partout confondue avec la morale, se résume ainsi : Le tien, mot qui veut dire le ciel vivant ou le Dieu universel qui crée, recouvre, enveloppe et retire à soi toute chose ; le ciel est père de l’humanité.

651. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

« Ce dominateur des cieux est partout, et il accomplit tout ce qui se fait sur la terre, lui qui est à la fois le commencement, le milieu et la fin. […] Ces espaces irréguliers, coupés de sentiers qui s’entrecroisent pour aller chercher chaque porte, sont pleins d’ombre et resplendissants de soleil ; on y entend sur les sureaux, cet arbuste du pauvre, chanter les oiseaux qui découvrent partout une feuille pour se nicher, une tuile pour se chauffer, une miette pour se nourrir. […] Et notre Ève est partout, partout le mauvais ange, Un bel oiseau qui chante, un chien fou qui le mange,         Voilà le sort de la vertu.

652. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

Sur la cause première du mouvement, l’opinion de Platon est aussi arrêtée qu’il se peut, et il ne balance pas à rapporter à Dieu le mouvement qui se montre partout dans l’univers et qui le vivifie. […] Dieu est donc éternel, infini, parfait, vivant, tout-puissant ; il sait tout ; il est partout. Il n’est pas l’éternité et l’infinitude, mais il est éternel et infini ; il n’est pas la durée et l’espace, mais il dure et il est présent en tous lieux ; il est partout substantiellement ; car on n’agit pas là où l’on n’est pas. […] XI Si nous avions le talent, l’âge, le loisir et un pourvoyeur comme Alexandre, mettant des milliers d’hommes à notre disposition pour étudier partout les formes et les mœurs de tous les animaux dans l’univers connu, nous oserions entreprendre cette œuvre et chanter ainsi le cantique plus complet de la création, le spiritualisme de l’histoire naturelle.

653. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il a une conscience naïve de sa gloire qui ne peut déplaire parce qu’il est occupé de tous les autres talents, et si véritablement sensible à tout ce qui se fait de bon, partout et dans tous les genres. […] Krœuter, de vouloir bien me conduire partout. […] Vous aurez alors acquis de la solidité pour toute votre existence, vous vous sentirez à votre aise, et partout où vous irez, vous irez sans inquiétude. […] La soirée me plut ; partout régnaient l’aisance et la liberté : on se tenait debout, on s’asseyait, on plaisantait, on riait, on parlait avec l’un, avec l’autre, chacun suivant sa fantaisie.

654. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Partout c’est le Dieu caché, la force universelle, qui, agissant durant le sommeil ou en l’absence de l’âme individuelle, produit ces merveilleux effets, autant au-dessus de l’artifice humain que la puissance infinie dépasse les forces limitées. […] Il est temps définitivement que la critique s’habitue à prendre son bien partout où elle le trouve et à ne pas distinguer entre les œuvres de l’esprit humain, lorsqu’il s’agit d’induire et d’admirer. […] La recherche réfléchie, indépendante, sévère, courageuse, philosophique en un mot, de la vérité semble avoir été le partage de cette race indo-germanique qui, du fond de l’Inde jusqu’aux extrémités de l’Occident et du Nord, depuis les siècles les plus reculés jusqu’aux temps modernes, a cherché à expliquer Dieu, l’homme et le monde au sens rationaliste, et a laissé derrière elle comme échelonnés aux divers degrés de son histoire ces systèmes, ces créations philosophiques, toujours et partout soumis aux lois constantes et nécessaires d’un développement logique. […] Enfin Lowth, plus insipide que tous les autres, nous fait un traité de rhétorique aristotélicienne sur la Poésie des Hébreux, où l’on trouve un chapitre sur les métaphores de la Bible, un autre sur les comparaisons, un autre sur les prosopopées, un autre sur le sublime de diction, etc., sans soupçonner un instant ce qui fait la beauté de ces antiques poèmes, savoir l’inspiration spontanée, indépendante des formes artificielles et réfléchies de l’esprit humain jeune et neuf dans le monde, portant partout le Dieu dont il conserve encore la récente impression.

655. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

. — Pour faire voir comment Wagner — sans changer beaucoup le cours apparent de la fable — introduit partout ce conflit entre l’Or et l’Amour, je citerai le cas des Géants. […] Dans une lettre (inédite) du 2 septembre 1851, il écrit : « Je fais maintenant la musique ce mon Jeune Siegfried… les phrases musicales se font toutes seules sur ces vers, sans que je m’en occupe ; cela pousse de partout comme des plantes sauvages. […] Et lorsque nous le saurons, nous saurons que nous ne pouvons pas vouloir ce qui se passe partout sous prétexte de Wagnérisme, et que nous ne pouvons surtout pas vouloir ce qui s’est passé à Paris et à Bruxelles, ces dernières années, et ce qui s’y prépare pour les années suivantes. […] Le sillon de feu brillera d’un éclat de plus en plus vif ; sa lumière se propagera et exercera partout une influence bienfaisante sur le drame musical ; grâce à elle, les maîtres presque oubliés, mal compris ou méconnus seront remis en honneur et appréciés comme ils méritent de l’être.

656. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

Si, pour faire une hypothèse plus plausible, tout semble se ramener à la volonté de l’être et du bien-être, ou, pour parler comme Schopenhauer, au vouloir-vivre, la volonté sera le véritable radical et, en voulant, en désirant, nous aurons une conscience sourde de ce qui est en tout, de ce qui est partout. […] Dès que la pensée s’exerce et poursuit sa marche, elle suppose qu’il y a quelque chose de pensable, que le terrain de la réalité ne va pas tout d’un coup se dérober sous elle, que, par conséquent, il y aura partout une certaine identité sous les différences, qui lui permette à la fois de distinguer et d’unir, de combiner les ressemblances et les dissemblances de manière à passer logiquement des principes aux conclusions. […] Comme la volonté intelligente veut non seulement être, mais encore se développer et réagir sur son milieu, elle doit présupposer partout des raisons intelligibles. […] Enfin, avant à démontrer le principe des causes finales comme différent du mécanisme, on commence par supposer que le mécanisme même est impossible sans les causes finales ; de la dépendance réciproque des diverses parties de l’univers on tire immédiatement, sans démonstration, la conclusion suivante : « Il faut donc que, dans la nature, l’idée du tout ait précédé et déterminé l’existence des parties. » Cela revient à dire que la nécessité réciproque des parties dans un tout présuppose toujours l’idée de ce tout comme cause, conséquemment une cause idéale ou finale ; or, c’est précisément ce qui est en question : il s’agit de savoir si la soudure indestructible des parties d’un mécanisme suppose partout un ouvrier qui les ait soudées d’après une idée, ou si, au contraire, les lois du déterminisme et du mécanisme ne suffisent pas à expliquer cette détermination réciproque et mécanique des parties.

/ 2102