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224. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

On voit bien qu’il a pris parti dans la Fronde, et qu’il n’a pas été amoureux d’Anne d’Autriche, il ne paraît pas soupçonner un défaut essentiel qu’avait Mme de Longueville, et qu’il serait peu poli de rappeler en toutes lettres, mais dont Bussy et Brienne ont fait sentir quelque chose17. […] C’est lui qui est l’ambitieux, c’est lui qui est l’intrigant ; c’est lui qui erre de parti en parti à tort et à travers… » À lui donc tout le mal et tous les torts, à elle tout le bien et surtout le mérite du retour chrétien et du repentir ; car le philosophe éclectique, tant accusé, se montre simplement chrétien et sans aucune malignité d’analyse dans ces études toutes littéraires. […] Ce sont là des mots napoléoniens ; mais il me paraît très douteux qu’il ait ajouté, en parlant du soin qu’il mit à rallier les chefs de file de tous les partis : « Sauf deux ou trois opiniâtres, je ne laissai rien de considérable en dehors, et j’enveloppai tout dans ma toge consulaire. » Toge consulaire, il n’a pas dit cela.

225. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville Lorsque M. de Tocqueville aborda la science politique, un très-grand nombre d’écoles ou plutôt de partis contraires et hostiles se partageaient, comme nous venons de le voir, l’empire des esprits. […] C’est à cause de ce malentendu que le parti de la révolution s’est toujours attaché si énergiquement à la centralisation et à l’omnipotence de l’État. […] Parmi les écrivains qui depuis une vingtaine d’années ont conquis l’attention publique, la plupart et les plus hardis ont pris parti pour l’individu contre la toute-puissance de l’État et même contre la toute-puissance des masses, si chère à l’école humanitaire. […] Dupont-White, a senti fléchir la thèse favorite de son parti.

226. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Le parti du sentiment devint celui de tout le monde. […] Ailleurs il déduisait de ses théories morales le gouvernement constitutionnel et la charte : tactique excellente, qui faisait du système un parti, reportait sur lui la faveur et l’intérêt mérités par les opinions libérales, et devait au jour du triomphe le changer en philosophie de l’État. […] La révolution de 1830 survint, et le parti de M.  […] Et lorsqu’à tant de variations utiles on ajoute l’alliance d’un parti politique, le crédit prêté par la rénovation de l’histoire, le talent des maîtres, le silence des adversaires, et par-dessus tout l’irrésistible sympathie de l’esprit poétique et nuageux du siècle, on comprend la nécessité de cette longue fortune et de cette solide domination.

227. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

On comprend que Sainte-Beuve ait toujours été du parti politique opposé à celui où figurait Cousin. […] Critique de salon, critique de cercle, tendent à devenir des critiques de parti. […] Elle vous est donnée par des hommes de parti, par des fanatiques, parfois par des fous. […] Sa vision littéraire a ses partis pris, mais il n’y a pas plus de critique que d’art sans des partis pris, les partis pris d’un critique rectifient ceux d’un autre critique, et la critique de Brunetière (toujours dans ces limites de Malherbe à Lamartine) est généralement vraie en ce qu’elle affirme et fausse en ce qu’elle nie. […] Seulement le parti est encore plus franc.

228. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

D’un autre côté, le parti de l’amitié n’est point pris nettement ; tant de beauté encore et tant d’orgueil se réduisent difficilement à la seconde place. […] Il y avait du bon esprit à prendre ce parti.

229. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Mais, comme il étoit du parti opposé à celui que M. […] L’enthousiasme, l’emportement, l’esprit de parti, dit M. de Querlon, rendent l’usage de ce Dictionnaire assez dangereux ou peu sûr.

230. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Aussi arrivait-il encore qu’on voulait tourner les opinions en sentiments, et cela dans tous les partis : alors c’était tout ce qu’il pouvait y avoir de plus discordant. […] Encore de telles invasions n’auraient point eu lieu, si les Français n’eussent pas été divisés entre eux ; et leur division n’existait que parce qu’il y avait des questions indécises, car la fidélité se trouvait également dans les deux partis.

231. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Ce n’est que le 13 août, à l’annonce des promotions pour le 15, et en se voyant exclu, qu’il prit le parti suprême, le parti désespéré de changer d’aigles et de passer son Rubicon. […] Lié avec le parti réactionnaire, il en était simplement l’écho. […] Il était resté le même à travers toutes les vicissitudes, les ingratitudes des partis qui, en dernier lieu, l’avaient réduit à l’expatriation et à l’exil, — inflexible et immuable sous ses cheveux blancs. […] Le bon droit eut à combattre pied à pied jusqu’au bout ; le parti réactionnaire de Berne y avait son représentant et cherchait un dernier appui auprès de l’Angleterre et de lord Castlereagh.

232. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Un des grands oracles d’alors, et que consulta avec le plus de fruit l’abbé de Rancé, fut l’évêque d’Aleth, Nicolas Pavillon ; comme ce digne prélat devint plus tard une des autorités et des colonnes extérieures de Port-Royal, on chercha à en tirer parti contre Rancé et à insinuer qu’il y avait du venin janséniste dans sa conversion. Nous ne croyons en général à ce venin qu’après y avoir regardé de très-près ; mais, dans le cas présent, il n’y a pas lieu même au doute : M. d’Aleth, à l’époque où Rancé le consulta, n’avait pas encore pris parti dans les querelles du temps ; il conseilla à Rancé la soumission pure et simple : celui-ci n’eut pas de peine à obéir. […] Le Roi trouvait excessive et que Rancé favorisait ; la seconde au sujet des études monastiques que Rancé voulait trop restreindre, et dans laquelle Nicole prit naturellement parti pour Mabillon ; la troisième enfin avec l’humble M. de Tillemont au sujet de diverses circonstances et paroles qui semblaient également empreintes de quelque dureté. […] Sa pensée principale était que chaque parti chercherait à tirer le saint abbé à soi, et qu’il fallait au contraire l’imiter, en se tenant, comme il avait fait, dans l’éloignement de tous les partis.

233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Rien de plus opposé au génie politique, lequel, au contraire, cherche à tirer le meilleur parti des situations les plus compromises, et ne jette jamais, comme on dit, le manche après la cognée. […] Mais ce traité préliminaire ne fait que cacher l’arme du parti qui ressort dans la seconde moitié. […] Cet homme, qui s’est vanté depuis de n’avoir aucune affection pour les races royales, se déploya alors dans tout l’appareil de la sensibilité, se pavoisa de toutes les couleurs de l’oriflamme, pour exploiter politiquement, et au profit d’un parti, ce grand deuil monarchique. […] On ne peut gouverner avec lui ni sans lui , disait M. de Villèle ; on prit pourtant le dernier parti, celui de gouverner sans lui, et M. de Chateaubriand fut renvoyé sans égards, le 6 juin 182446. […] M. de Chateaubriand ne différait plus désormais des écrivains du parti libéral que par quelques phrases de pure courtoisie royaliste jetées çà et là, par quelques restes de panache blanc agités à la rencontre, et par l’éclat éblouissant du talent.

234. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il montre une foule de gens irréfléchis, passionnés, obéissant à leur fougue, à leurs intérêts de parti, au mot d’ordre des habiles ; semant des rumeurs vagues ou des imputations atroces ; inquiétant l’opinion, la fatiguant dans une « stagnante anarchie », et troublant les législateurs eux-mêmes dans l’œuvre des « nouveaux établissements » politiques. […] Il le dira et le redira sans cesse : « Il est beau, il est même doux d’être opprimé pour la vertu. » Environ deux ans après son Avis aux Français, dénonçant dans le Journal de Paris (nº du 29 mars 1792) la pompe factieuse et l’espèce de triomphe indigne décerné aux soldats suisses du régiment de Châteauvieux, il terminera en s’adressant à ceux qui demandent à quoi bon écrire si souvent contre des partis puissants et audacieux, car on s’y brise et on s’expose soi-même à leurs représailles, à leurs invectives : Je réponds, dit-il, qu’en effet une immense multitude d’hommes parlent et décident d’après des passions aveugles ; et croient juger, mais que ceux qui le savent ne mettent aucun prix à leurs louanges, et ne sont point blessés de leurs injures. […] Les témoins et les gens de parti tirent de leur mieux pour envenimer cette dissidence des deux frères, laquelle, du reste, n’eut jamais le caractère qu’on a voulu lui prêter. […] Dans un écrit daté de 91 et intitulé Réflexions sur l’esprit de parti, il se montre injuste et vraiment injurieux pour Burke, et le désir de venger son frère de ce que Burke avait dit sur la tragédie de Charles IX dans son fameux pamphlet, y entre pour quelque chose. […] Attaché à la Constitution de 91, la jugeant praticable malgré ses défauts, croyant que la question serait résolue si tous les honnêtes gens s’unissaient pour prêter main-forte à cette loi une fois promulguée, seul d’ailleurs, ne tenant à aucun parti, à aucune secte, ne connaissant pas même les rédacteurs du Journal de Paris, dans lequel il publie ses articles, se bornant à user de cette méthode commode des Suppléments, qui permettait alors à chacun de publier ses réflexions à ses frais, il répondait hardiment à ceux qui voulaient établir une solidarité entre lui et les personnes à côté de qui il écrivait : « Il n’existe entre nous d’association que du genre de celles qui arment vingt villages contre une bande de voleurs. » Sa politique, en quelque sorte isolée et solitaire, se dessine nettement à l’occasion de la hideuse journée du 20 juin.

235. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Quand une nation se repose après une révolution ou après de grandes dissensions, le parti victorieux s’applique encore quelque temps après la victoire à exercer une espèce de vengeance morale sur les opinions qui régnaient avant le combat ; il réprouve tout le système des anciennes idées, des anciens principes en morale, en littérature, en philosophie, même dans les arts. […] Quand l’esprit dominant est de rejeter sans examen et sans discernement tout ce qui appartenait au parti vaincu dans les sciences, dans les lettres, dans les arts même, l’ignorance présomptueuse, les doctrines surannées et réduites à l’absurde, les témérités mille fois réprimées des imaginations sans frein et sans guide, les extravagances les plus révoltantes, ont le champ libre, peuvent se donner carrière, faire ligue, se produire mutuellement, et se soutenir par leurs efforts combinés.

236. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Enfin lorsque les puissants dirigèrent le conseil public dans l’intérêt de leur puissance, lorsque le peuple corrompu par l’intérêt privé consentit à assujettir la liberté publique à l’ambition des puissants, et que du choc des partis résultèrent les guerres civiles, la monarchie s’éleva sur les ruines de la démocratie. […] Or comme dans les républiques, un puissant ne se fraie le chemin à la monarchie, qu’en se faisant un parti, il est naturel qu’un monarque gouverne d’une manière populaire.

237. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Bientôt Alice tire parti de ses talents, et donne des leçons de musique. […] Il est facile, en effet, de saisir la concordance parfaite du parti légal et du parti épiscopal. […] Enfin le parti républicain, dans l’ordre politique, avait derrière lui le parti républicain, dans l’ordre religieux. […] Il signale avec une froide impartialité les fautes du parti légal épiscopal, du parti révolutionnaire presbytérien, du parti républicain politique et religieux, et ne témoigne ni joie ni tristesse en présence des événements accomplis. […] Augier l’a bien prouvé par l’excellent parti qu’il en a su tirer.

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