Il oscille et hésite ; il est des heures où les dernières ondes de son sang, les regards profonds de celle qui passe dans sa vie, lui font pressentir l’éclosion d’une forte et douloureuse passion ; puis ce qui tressaille en lui s’apaise, il se dissèque, il analyse en lui les derniers frémissements de son âme et la voit se calmer sous son introspection ; puis des paroles ordinaires de Cécile N…, un geste disgracieux le repoussent et, se souvenant de l’ancienne théorie de Schopenhauer sur l’amour, il pénètre à cette vue profonde et clairement conçue que c’est l’hostilité et non l’attrait qui règne entre les sexes.
Mon cœur frémissait de crainte qu’un étranger ne vînt surprendre ma foi par des paroles trompeuses…… Mais à présent j’ai une preuve manifeste de toi-même, par ce que tu viens de dire de notre couche : aucun autre homme que toi ne l’a visitée : elle n’est connue que de nous deux et d’une seule esclave, Actoris, que mon père me donna lorsque je vins en Ithaque, et qui garde les portes de notre chambre nuptiale.
sont pleines de chaleur ; autant elles remuent le cœur, autant elles rendent déchirantes les paroles qui suivent.
Les poëtes qui veulent nous émouvoir, c’est Platon qui réprend la parole, présentent des objets bien differens : ils introduisent dans leurs poëmes des hommes livrez à des desirs violens, des hommes en proïe à toutes les agitations des passions, ou qui lutent du moins contre leurs secousses.
… Non, l’orgueil, l’entêtement d’une parole dite… Eh bien, je n’ai pas cédé, et elle est morte, morte de moi qui l’aimais pourtant. […] Tous leurs sens se faussaient, surtout ceux de Catherine, agitée de fièvre, tourmentée à présent d’un besoin de paroles et de gestes. […] répéta Mornas comme arrachant une à une les paroles des lèvres de Lucie. […] à gauche lorsque j’ai passé à droite ; et ma dernière parole, mon dernier râle sera pour vouloir tout refaire. […] Bentzon est trop connu par ses œuvres personnelles et ses très remarquables traductions pour que nous ayons à le recommander autrement qu’en lui laissant la parole.
Allons plus loin ; il a une manière, et même, comme dans les Paroles d’un croyant, une manière dont on peut aisément démêler l’artifice ; et cependant… sa prose, en vérité, n’est pas signée. […] L’Église, qui s’était assez naturellement émue du troisième et du quatrième volume de l’Essai sur l’Indifférence, pouvait-elle en 1833 accepter pour siennes les Paroles d’un croyant ? […] Si c’est un livre de colère, c’est un livre aussi de pitié que les Paroles d’un croyant. […] Et le succès des Paroles d’un croyant n’était-il pas ainsi comme le signe ou la révélation d’un sourd travail qui commençait de se faire dans les profondeurs mêmes du sentiment religieux ? […] Combien ici je préfère, aux brillantes variations de l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg, la parole toute simple de celui de la Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte !
Toute parole est un préjugé ». […] Le Christianisme avait dit : « Sauvez-vous par la foi », et sur cette parole le « dogme » avait été fondé ; mais il avait dit aussi : « Aimez-vous les uns les autres, aimez votre prochain comme vous-même ; aimez votre « ennemi » ; et, sur ces paroles, la « morale » chrétienne avait été fondée. […] Aussi, lorsque l’effet est usé de ces belles paroles trompeuses et lénitives sur la dignité de l’homme et la dignité du travail, elle s’achemine peu à peu vers un épouvantable anéantissement. […] Moi, je le remis sur pied et j’attendis auprès de lui que la parole lui revînt. […] que ne comprenez-vous ma parole ?
Dès qu’il a pris la parole, ç’a été pour énoncer cette idée. […] Ce qui est de De Bonald, c’est tout ce qui concerne l’origine de la parole humaine, l’objet, comme l’on sait, de discussions interminables à cette époque. […] Car, revenant à la question de la parole humaine, après avoir reconnu que la parole est d’invention céleste, on le voit s’efforcer de prouver que cette origine ne constitue pas pour l’homme un asservissement indéfini au verbe éternel, que l’homme, après avoir bien longtemps pensé en Dieu s’est « émancipé des liens de la parole », a fini par penser personnellement, à ses risques et périls, s’est affranchi de la pensée traditionnelle, et que cela constitue une nouvelle période dans l’histoire de l’humanité. […] Cependant il avait en lui, à la condition encore que Dieu voulût l’aider en cela, de quoi de conquérir une liberté relative de pensée, de parole et d’acte. […] Il y voit une parole de Dieu au inonde.
On y voit qu’à un certain moment M. de Ferriol fut jaloux de quelqu’un dont on commençait à jaser auprès d’Aïssé ; qu’à cette occasion il signifia à celle-ci ses intentions, jusque-là obscures, et sa volonté, dont elle avait pu douter, se considérant plutôt comme sa fille : Le même destin veut que vous soyez l’une et l’autre… Cette parole, remarquez-le bien, s’applique à l’avenir bien plus naturellement qu’au passé. […] Souvent il en devient plus affecté, à mesure qu’il parle ; souvent il est embarrassé au choix du mot le plus propre à rendre sa pensée, et l’effort qu’il fait alors donne plus de ressort et d’énergie à ses paroles. […] Toute cette justesse, cet à-propos de raison, cette netteté d’imagination qu’elle n’avait pas su garder dans sa conduite, elle l’eut dans sa parole ; et du moment qu’elle ne quitta guère son fauteuil, tout fut bien87. […] Sa grâce était incomparable ; à soixante-dix ans, elle en mettait encore dans ses moindres actions, dans ses moindres paroles. […] Ces admirables paroles d’Homère devraient s’inscrire comme devise en tête de toutes les généalogies.
A quelles chances une figure dite historique n’est-elle pas soumise, sitôt qu’échappant aux premiers témoins, elle passe aux mains des commentateurs subtils, des érudits sans jugement, ou, qui pis est, des tribuns et des charlatans de place, des rhéteurs et sophistes de toutes sortes qui trafiquent indifféremment de la parole ? […] C’est que M. de Rémusat, par instinct comme par doctrine, croit que la stagnation est mortelle à la nature de l’homme ; il pense qu’elle corrompt autant qu’elle ennuie, et il prendrait volontiers pour sa devise cette parole du grand promoteur Lessing, laquelle peut se traduire ainsi : « Si l’Être tout-puissant, tenant dans une main la vérité, et de l’autre la recherche de la vérité, me disait : Choisis, je lui répondrais : Ô Tout-Puissant, garde pour toi la vérité, et laisse-moi la recherche de la vérité. »— Marcher vaillamment et toujours, dût-on même ne jamais arriver, c’est encore après tout une haute destination de l’homme201. […] Ou bien c’est un sentiment qui se prononce et qui bientôt demande et inspire une expression poétique et musicale ; peut-être un air connu, dans un secret accord avec sa disposition présente, vient comme par hasard errer sur ses lèvres et lui dicte un refrain qui semble traduire la note par la parole ; parfois enfin quelques mots fortuitement rassemblés, qui représentent une image, qui forment un vers, lui viennent à l’esprit, et bientôt rappellent un air qui les relève et les anime. […] Mignet un autre recueil périodique, et il vint trouver d’abord M. de Rémusat en lui disant : « Sachez que je ne ferai jamais rien sans vous demander d’en être. » Et il a tenu parole depuis en toute occasion. […] Le refrain de Béranger, au contraire, qui tombait presque dans les mêmes termes, allait en sens inverse du reste des paroles, et de ce contraste sortait l’amère ironie : Oui, ma mie, il faut vous croire, Faisons-nous d’obscurs loisirs : Sans plus songer à la gloire, 204.
Mais au bout d’un instant l’artiste reprend la parole : il vous conduit au clocher, et dans le cliquetis des mots qu’il entasse, il donne à vos nerfs la sensation de la tourmente aérienne. […] Alors, en paroles brisées, il lui raconte sa longue agonie. […] Et lorsqu’enfin il faudra montrer la beauté de ces devoirs, la grandeur de cette amitié conjugale, la profondeur du sentiment qu’ont creusé dix années de confiance, de soins et de dévouement réciproques, vous trouverez dans votre sensibilité, si longtemps contenue, des discours aussi pathétiques que les plus fortes paroles de l’amour1342. […] Miss Mercy rira à chaque parole ; Marc Tapley prononcera à chaque scène son mot : gaillardement ; mistress Gamp parlera incessamment de Mme Harris ; le docteur Chillip ne fera pas une seule action qui ne soit timide ; M. […] Le pauvre petit David est à chaque moment blessé par des paroles dures.
Je suis étonné des propos édifiants que je vous ai tenus, et j’en éprouve quelque pudeur, car mes paroles valent évidemment mieux que moi. […] Et toutefois il est une scène où la grâce de Paris, tout simplement incarnée dans une fille galante qui n’est pas bête, touche décidément le Yankee positif et péremptoire ; où il balbutie des paroles de désir qui jamais auparavant n’étaient montées à ses lèvres rases ; et où il abdique et se fait humble, ou presque, devant la volupté du vieux monde. […] Si Catherine redemandait simplement à Mantel sa parole, elle ne serait pas héroïque, mais du moins elle serait franche. […] Comment se piquer d’être auprès des autres l’interprète de la parole divine, d’être leur guide public et reconnu, quand on est embarrassé soi-même des nécessités où se débat le commun des hommes ? […] L’artifice consiste d’abord à mettre dans la bouche des personnages de hideuses paroles, conformes peut-être à leur hideuse pensée secrète, mais que jamais, dans la réalité, ils ne prononceraient.
nous oublions, comme l’air oublie les paroles. […] — Ce sont tes jumeaux, dis-je ; car le silence me pesait, et la paysanne russe jamais la première n’adresse la parole à personne. […] On lui donne la parole. […] Pas un murmure ne s’échappe de leurs bouches, pas une parole amère : « Que voulez-vous, mon Prince, me disent-ils, ne sommes-nous pas à l’armée ? […] » — Une immense acclamation suivit ces paroles, et la proposition, mise aux voix par le président, fut adoptée à la presque unanimité.
Je ne saurais mieux finir que par ces paroles qui sont presque les dernières du livre : « Mon Dieu ! […] Puis la parole fut donnée à un jeune homme doué d’une tête macaronique, dont la seule vue fit trépigner l’assistance. […] J’ai peur d’être bientôt sommé de tenir parole ; je vais m’arrêter. […] Renan a écrit ; rares sont ceux qui savent transcrire sa parole. […] Sa parole, forte et assurée, était relevée par un esprit vif et piquant.