Morris lui-même soit parfaite. […] Sapho était, sans contredit, une artiste plus impeccable, plus parfaite. […] Swinburne mit jadis en feu ses contemporains par un volume de très parfaite et très vénéneuse poésie. […] Quel est donc, selon Chuang-Tzù, l’homme parfait ? […] L’homme parfait ne fait pas autre chose que de contempler l’univers.
René Ghil de si cocasses théories, et l’ardent Faune, c’est parfait de fauves, — en liberté ! […] À cause, je le présume et je m’y tiens, de l’indulgence que j’ai, dans le cas qui m’occupait, professée envers une mémoire légère et gracieuse, quoi qu’en aient dit ces incompétents censeurs, et, l’indulgence, ces messieurs n’en veulent plus, étant, eux, tout d’une pièce, parfaits et ne souffrant que des gens parfaits… Il est vrai que si on les scrutait, eux, enfin ! […] vous ne trouverez ici qu’émotion réelle dans une langue parfaite, langue formée aux fortes études classiques, puis d’ensuite, les plus décisives peut-être, du moins dans les cinq sixièmes des cas. […] Cela suffit pour être ou devenir de parfaits artistes ; d’incontestables poètes, peut-être, non, quelque apparemment dur que puisse être ce doute. […] Un artiste parfait ?
Nous n’avons rien eu de bien parfait en ce genre, que lorsque M. […] Il ne sera peut-être pas aisé de s’appercevoir dans les traductions, que les georgiques sont les plus parfaits des ouvrages de Virgile, comme tous les connoisseurs en conviennent. […] L’Enéide passe auprès des gens de goût pour le plus parfait des poëmes épiques. […] C’est en le lisant sans cesse qu’on peut se former un goût parfait & se préserver de la contagion du faux esprit qui regne dans tant d’écrits modernes. […] Il semble avoir ignoré qu’un ouvrage n’est jamais plus parfait, que quand on ne peut rien y retrancher, sans en altérer la perfection.
L’Homme contre la Société, voilà le vrai titre de cet ouvrage, ouvrage d’autant plus funeste qu’en faisant de l’homme individu un être parfait, il fait de la société humaine, composée pour l’homme et par l’homme, le résumé de toutes les iniquités humaines ; livre qui ne peut inspirer qu’une passion, la passion de trouver en faute la société, de la renouveler et de la renverser, pour la refondre sur le type des rêves d’un écrivain de génie. […] « Selon moi, le voici. » XI Alors, usant largement de l’attention passionnée qu’ils accordaient à ma personne et à mes paroles, je leur démontrai, avec une énergique sincérité, que personne n’avait le secret de l’organisation du travail, ni d’une organisation de fond en comble, d’une organisation parfaite de la société, dite socialisme, où il n’y aurait plus ni inégalité, ni injustice, ni luxe, ni misère ; qu’une telle société ne serait plus la terre, mais le paradis ; que tout le monde s’y reposerait dans un repos si parfait et si doux que le mouvement même y cesserait à l’instant, car personne n’aurait le désir de respirer seulement un peu plus d’air que son voisin ; que ce ne serait plus la vie, mais la mort ; que l’égalité des biens était un rêve tellement absurde dans notre condition humaine que, lors même qu’on viendrait à partager à parts égales le matin, il faudrait recommencer le partage le soir, car les conditions auraient changé dans la journée par la vertu ou le vice, la maladie ou la santé, le nombre des vieillards ou des enfants survenus dans la famille, le talent ou l’ignorance, la diligence ou la paresse de chaque partageur dans la communauté, à moins qu’on n’adoptât l’égalité des salaires pour tous les salariés, laborieux ou paresseux, méritant ou ne méritant pas leur pain ; que le repos et la débauche vivraient aux dépens du travail et de la vertu, formule révoltante, quoique évangélique, de M. […] Prendre les ordres de Valjean contre le vol, de Thénardier contre le maraudage, des étudiants contre la débauche, des gamins héroïques de Paris et des jeunes émeutiers de la barricade sur l’organisation savante du travail et de la société parfaite, contre le luxe des riches et contre la misère du chômage du peuple, est une homéopathie par le vice, l’ignorance et le sang, qui nous laisse quelque doute sur la guérison du corps social.
» XI Enfin, cet être infini et mystérieux dans ses desseins me prête de siècle en siècle des lueurs pour m’approcher de lui par des spectacles rapprochés et plus sublimes ; je finis non par comprendre, car l’étincelle ne peut comprendre l’étoile, mais par conjecturer je ne sais quoi d’immense, de parfait, d’accompli, qui me contient moi et les univers, et qui, sous le nom de divinité ou de Providence, m’a donné, tout insecte invisible que je suis, la même place, le même rang, la même part d’importance, d’attention et d’amour qu’à ses soleils. […] » — Allons à lui par la contemplation, et rendons-nous compte de son œuvre complète, afin de l’adorer plus complètement dans son œuvre, qu’il me permet d’entrevoir, jusqu’au moment où des instruments intellectuels plus parfaits me rapprocheront encore davantage, et où la science fera tomber les voiles qui me dérobent la perfection et l’immensité de l’infini. […] Mille autres besoins de mes sens et de mon âme se partagent mon existence ; puis je meurs, c’est-à-dire que cette existence cesse ici-bas, que mon âme, mon souffle, mon principe d’être, s’évanouit dans la douleur, la douleur mortelle, preuve que l’immortalité est mon premier besoin, et que je vais chercher ma vie nouvelle et supérieure, avec des conditions parfaites ou meilleures, avec ceux ou celles que je quitte en pleurant et regrette dans ce monde. […] Un géomètre, un physicien plus avancé viendra, qui inventera une nouvelle puissance matérielle, et un télescope plus parfait nous montrera un Cosmos plus complet.
Ainsi Senancour s’est défini dans Obermann (1804), qui est déjà le roman parfait selon le type romantique : il n’y manque que le style, qui est celui des idéologues dont Senancour est le contemporain et le disciple. […] Le difficile problème de cette fusion est résolu — avec une facilité un peu naïve — par l’amour : un beau et génial jeune homme, ouvrier ou paysan, aime une belle et parfaite demoiselle, noble et riche ; ils se marient, et voilà les classes fondues. […] Ainsi se fait en vingt ans (1829-1850) la Comédie humaine : œuvre puissante, comme le siècle en offre peu ; non pas parfaite à coup sûr. […] Et il ne se rattache guère qu’au xviiie siècle sceptique et sec ; Mérimée est un homme du monde, de tenue parfaite, d’esprit aigu et mordant, sans illusion, sans élan, volontiers cynique, avec la plus exquise correction de langage.
Aujourd’hui la hiérarchie naturelle des esprits exige, dans les musiques, une hiérarchie pareille : aux simples âmes incultes la mélodie, la chanson ; à beaucoup la mélodie plus parfaite de la musique d’opéra : à quelques-unes les complexes langages des contrepoints, les nuances des accents et des timbres. […] Les œuvres de Joseph Haydn sont le plus parfait poème de l’émotion élégante, coquette et naïve. […] Mozart fut moins parfait : les exigences d’une vie misérable le contraignirent à d’incessantes improvisations, où les vertus de son génie purent seulement être devinés. […] Lamoureux nous avait donnée à Paris, a été aussi parfaite qu’on pouvait s’y attendre.
André Lemoyne, renferment des pièces parfaites de limpidité et de sentiment ; j’ai des raisons pour recommander celle qui a pour titre : L’Étoile du Berger.
N’avons-nous pas vu, de nos jours, en l’honorable M. de Sade, le plus parfait exemple de cette sorte de réhabilitation morale ? […] La porte donnait sur un péristyle élevé de douze marches au-dessus du sol de la cour, et au-dessus s’élançait un élégant clocher renfermant l’horloge et le carillon, qui, tous les quarts d’heure, se mettait en mouvement et sonnait des hymnes. » « Telle était, pour le dehors, cette somptueuse maison… » Cela, convenons-en, est d’une parfaite et sensible vérité, d’une sobre et magnifique description ; quoique sorti d’une plume conventionnelle. […] Le parfait chartreux était celui qui, interrogé à l’article de la mort sur ce qu’il avait fait pendant quarante années de silence, répondait par cette parole du Psaume : « Cogitavi dies antiquos, id annos æternos in mente habui.
C’est un bon esprit plus qu’un esprit supérieur, un écrivain laborieux autant qu’éclairé, d’une vaste lecture, d’une sincérité parfaite, sans un recoin obscur ni une arrière-pensée ; c’est surtout une riche nature morale, sympathique, communicative, qui se teint des milieux où elle vit, qui emprunte et qui rend aussitôt. […] Elle lui dit : « Qu’elle avait écrit, il est vrai, qu’il fallait se roidir contre l’opinion publique, mais non pas contre celle de ses parents ; que, d’après ce qu’on lui avait raconté, la demoiselle qu’il recherchait n’ajouterait par sa famille aucun lustre à la sienne, mais au contraire qu’elle ne lui apporterait aucune fortune et le mettrait dans la dépendance ; qu’elle regardait bien toutes ces distinctions de famille à Genève comme très-ridicules et de fort peu de poids ; mais que cependant elles en acquéraient davantage lorsque l’alliance que l’on contractait pouvait ouvrir ou fermer la porte de la meilleure compagnie et faire tourner la balance ; qu’il devait considérer la nature de son attachement et la personne qu’il aimait ; que si elle était telle qu’il crût réellement impossible de la remplacer, pour l’esprit et le caractère, par une autre qui lui fût égale, alors cette considération pouvait devenir la plus puissante de toutes ; mais, que s’il n’avait pas ce sentiment, il fallait peser toutes les autres convenances. » « J’ai répondu, poursuit Sismondi, que je jugeais en amant et que je ne pouvais éviter de voir cet accord parfait. — Elle a répliqué qu’un homme d’esprit, de quelque passion qu’il fût animé, conservait encore un sens interne qui jugeait sa conduite ; que toutes les fois qu’elle avait aimé, elle avait senti en elle deux êtres dont l’un se moquait de l’autre. — J’ai ri, mais j’ai senti que cela était vrai… » C’est là de la bonne foi, et c’est cette entière bonne foi, cette disposition naïve, italienne ou allemande comme on voudra l’appeler, mais à coup sûr peu française, qui, jointe à un grand sens et aux meilleurs sentiments, est faite pour charmer dans le Journal et dans la correspondance de Sismondi. — Et comment finit le roman d’amour ? […] Lorsque Constant s’avise un matin de se marier pour faire pièce à son orageuse amie, et en se flattant lui-même de trouver le repos dans le contraste, Sismondi en tire sujet à cette réflexion fort sage et digne d’un parfait moraliste (22 janvier 1810) : « Il est vrai que M.
Puisque la sensibilité plus aiguë de l’artiste lui procure, dans la vie vécue ou vue, des admirations plus délicates et de plus parfaites contemplations, que va-t-il peiner pour réfléchir sur la toile, sur le papier ou sur le marbre, un reflet plus ou moins pâle de l’émotion déjà passée ? […] Le théâtre étant l’expression parfaite de cette vie publique, il était logique d’y donner, à côté de l’exaltation de ses grandeurs, la dérision de ses mesquineries. […] Enfin, si l’on veut percevoir le contact parfait de cette société et de son théâtre, qu’on se rappelle ces solennités à la fois théâtrales et mondaines, dans le parc du château royal, où les intermèdes dramatiques, les danses, les festins et les musiques se fondaient dans une combinaison délicieuse de fête et de comédie, et dont Molière, dans Les Plaisirs de l’Isle enchantée, nous a laissé une relation qui tient (comme la vie de ce siècle) de l’histoire, du théâtre et du ballet.
Puisque la sensibilité plus aiguë de l’artiste lui procure, dans la vie vécue ou vue, des admirations plus délicates et de plus parfaites contemplations, que va-t-il peiner pour réfléchir sur la toile, sur le papier ou sur le marbre, un reflet plus ou moins pâle de l’émotion déjà passée ? […] Le théâtre étant l’expression parfaite de cette vie publique, il était logique d’y donner, à côté de l’exaltation de ses grandeurs, la dérision de ses mesquineries. […] Enfin, si l’on veut percevoir le contact parfait de cette société et son théâtre, qu’on se rappelle ces solennités à la fois théâtrales et mondaines, dans le parc du château royal, où les intermèdes dramatiques, les danses, les festins et les musiques se fondaient dans une combinaison délicieuse de fête et de comédie, et dont Molière, dans les Plaisirs de l’Isle enchantée, nous a laissé une relation qui tient (comme la vie de ce siècle) de l’histoire, du théâtre et du ballet.
Molière veut que, même dans la tragédie, on parle naturellement, humainement ; la difficulté est de concilier avec la parfaite dignité et la noblesse ce naturel qui ne peut être ici qu’un naturel très travaillé et très savant. […] Mlle Le Couvreur avait vu Baron lorsque, vieux et toujours excellent, il rentra au théâtre en 1720 ; mais elle ne l’avait pas attendu pour réaliser à sa façon la poétique de Molière et pour réunir en elle les qualités à la fois élevées, touchantes et naturelles de la parfaite actrice tragique. […] Bien certainement la grande actrice dans laquelle on a personnifié Mlle Le Couvreur, en récitant certains passages qui ont si peu leur application aujourd’hui, le sentait avec ce tact parfait qui la distingue, et se le disait bien mieux que moi.
— « C’était mon mari, il est mort. » Mme Geoffrin eut une fille, qui devint la marquise de La Ferté-Imbault, femme excellente, dit-on, mais qui n’avait pas la modération de sens et la parfaite mesure de sa mère, et de qui celle-ci disait en la montrant : « Quand je la considère, je suis comme une poule qui a couvé un œuf de cane. » Mme Geoffrin tenait donc de sa grand-mère, et elle nous apparaît d’ailleurs seule de sa race. […] On a dernièrement imprimé ce petit billet d’elle à David Hume, comme échantillon de sa façon de bourrer les gens quand elle en était contente ; je n’y supprime que les fautes d’orthographe, car Mme Geoffrin ne savait pas l’orthographe, et ne s’en cachait pas : Il ne vous manquait, mon gros drôle, pour être un parfait petit-maître, que de jouer le beau rigoureux, en ne faisant pas de réponse à un billet doux que je vous ai écrit par Gatti. […] Morellet lui-même, quand il parle d’elle, est non pas un excellent peintre, mais un parfait analyste ; la main qui écrit est bien un peu lourde, mais la plume est nette et fine.