L’Allemagne, si peu connue jusqu’alors, et à qui Voltaire souhaitait plus d’esprit et moins de consonnes, nous ouvrit sa forêt hercynienne. […] La France, qui, avec la Restauration, s’ouvrit aux idées comme aux armées étrangères, ne pouvait rester immobile sous cette double impulsion. […] ouvrez encore le Cours de 1818 ; demandez au professeur quel est le principe unique et fondamental de la beauté. […] Elle transporta dans l’art le fameux principe de l’Identité et ouvrit à la fantaisie indéterminée une trop libre carrière.
Et cependant, cette histoire, individuellement dramatique, pouvait s’ouvrir à plus larges battants, et l’action du premier Guise se produire sur un grand fond qui n’est pas ici, et qui devait être le tableau complet, moral et intellectuel de l’Europe. […] L’histoire de Forneron ne va pas même jusqu’à la dernière victoire de don Juan, qui mourut, non de celle-là, mais après la floraison de celle-là, en en laissant bien d’autres en boutons qui ne devaient jamais s’ouvrir sur la belle tige de sa jeunesse ! […] L’historien a pu trouver piquant d’ouvrir par le point de vue inattendu de l’Émigration cette vieille histoire révolutionnaire, labourée maintenant par tant de bœufs qui y tracent toujours le même sillon et y bavent toujours les mêmes idées. […] Alors, l’empereur d’Autriche, Léopold, le frère de Marie-Antoinette, disait cyniquement : « J’ai ma sœur en France, mais la France n’est pas ma sœur. » Catherine II de Russie — la seule tête qu’il y eût parmi toutes ces royales caboches — envoyait au siège d’Ismaïl des émigrés français, qui y entrèrent brillamment par la brèche, l’épée à la main et en souliers de bal, mais elle n’envoyait personne aux émigrés de Coblentz, et, dit Forneron, elle ne prenait même pas la peine de les tromper : « Quant à la jacobinière de Paris, — écrit-elle, — je la battrai en Pologne. » De son côté, Frédéric-Guillaume de Prusse n’ouvrait la gueule (écrit Grimm à cette même Catherine) que pour l’Alsace et la Lorraine.
Le métaphysicien Malebranche, dans sa jeunesse et avant d’avoir trouvé sa vocation, avait voulu s’appliquer à l’histoire ecclésiastique ; il commença par lire Eusèbe et d’autres chroniqueurs : « Mais les faits, dit Fontenelle, ne se liaient point dans sa tête les uns aux autres ; ils ne faisaient que s’effacer mutuellement. » Au contraire, prenez un pur historien, Tillemont : tout enfant, dès l’âge de douze ans, il ne peut se détacher de Tite-Live ; dès qu’il l’a ouvert, il ne peut se résoudre à le fermer qu’il n’en ait lu tout un livre. […] Elle commence à s’ébranler, à se dérompre et ouvrir, quand elle voit les maréchaux déconfits par-devant, et qu’elle se sent assaillie en arrière et sur ses flancs par le corps de chevaliers anglais et d’archers à cheval qui débusquent de la montagne. […] Bien avoit sentiment et connoissance le roi de France que ses gens étoient en péril, car il voyoit ses rangs ouvrir et s’ébranler, et bannières et étendards trébucher et reculer, et par la force de l’ennemi reboutés ; mais par fait d’armes il les pensa bien tous recouvrer.
Tout le reste de la vie de Rome est voué à l’avenir et au ciel qui semble s’y ouvrir dans toute sa splendeur : le présent seul n’existe pas dans la sainte cité. […] Les fenêtres de deux chambres, fort modestement meublées, s’ouvraient sur la terrasse de l’hôtel de ville, la treille classique qui domine toute la vallée de l’Arve, depuis les escarpements blanchâtres du Salève jusqu’aux pentes verdoyantes du mont de Sion. […] ses souvenirs étaient là ; il leur ouvrait la porte et repassait avec eux son bonheur d’autrefois, de manière à chasser le chagrin du moment.
Avant de rendre compte des moyens et des résultats de son travail, il importe toutefois (c’est justice) de caractériser une phase nouvelle qui semble s’ouvrir en France pour la critique littéraire, et dont M. […] , il entr’ouvrit ses volets fermés, il ouvrit ses poudreux tiroirs, et deux volumes, l’un de 950 pages environ, l’autre de 500, écrits tout entiers de la main du Père Guerrier, déroulèrent en lignes serrées à l’avide lecteur une foule de lettres d’Arnauld, de Saci, de Nicole, de Domat, etc., etc., surtout de Pascal et de sa famille. […] Ne deviez-vous pas surtout fermer quelques-unes de ces trappes qui s’ouvrent par endroits chez lui sous les pas des simples ?
Au bout de cinq mois, on lui ouvrit la Bastille : mais à condition qu’il ne chercherait pas le chevalier de Rohan, et qu’il irait habiter l’Angleterre. […] Enfin sa charge d’historiographe lui ouvrit les archives d’Etat. […] Toutes les pièces du règne de Louis XIV sont dans les tiroirs de l’historien : il ouvre chaque tiroir à son tour, et nous en détaille le contenu.
Reste ainsi : l’ombre violette Se joue aux roses plis des hanches ; Ouvre tes grands yeux puérils Où rit l’orgueil de tes chairs blanches. […] car dans les vers que j’ai chantés, La prière se mêle au cri des voluptés : J’ai baisé tes pieds nus comme une chair de femme, Et posé sur ton cœur ouvert un cœur infâme. […] C’est le messager du mystère, l’Archange impénétrable et scellé, entrevu aux bords du ciel ouvert.
Mille circonstances désolantes que je ne soupçonnais pas sont venues compliquer ma situation et me prouver que le parti que ma conscience me conseillait ouvrait devant moi un abîme de peines. […] Un avenir favorable et déterminé s’ouvre devant vous ; vous voyez le but, vous n’avez qu’à marcher vers lui… Vous aurez un avantage immense, un dogme rigoureusement formulé… Vous conserverez de la largeur ; puissiez-vous ne jamais découvrir une désolante incompatibilité entre deux besoins de votre cœur et de votre esprit. […] Pas une âme humaine à qui je puisse ouvrir mon cœur, bien plus, avec qui je puisse avoir de ces conversations qui, pour être indifférentes, ne laissent pas de délasser l’esprit et de satisfaire au besoin de société.
Il a trouvé son Euréka funèbre, le « Nirvana » qui divinise le Néant, qui l’ouvre, comme un lieu d’asile, aux condamnés à perpétuité de la vie, et où quatre cents millions d’hommes se jettent à sa suite, pour échapper à la renaissance. […] Sa plaie saignait sous le cilice, comme sous la ceinture relâchée. — « Ce qui vous fait peine, Stagyre, — lui écrit le saint, — c’est de voir que beaucoup d’hommes qui étaient tourmentés par le démon de la tristesse, quand ils vivaient dans les plaisirs, s’en sont trouvés tout à fait guéris, une fois qu’ils ont été mariés et qu’ils ont eu des enfants, tandis que vous, ni vos veilles, ni vos jeûnes, ni toutes les austérités du monastère n’ont pu soulager votre mal. » Et il ajoute ce mot profond : « Le meilleur moyen de se délivrer de la tristesse, c’est de ne point l’aimer. » Le christianisme, en sanctifiant cette tristesse, ouvrit un refuge aux désabusés du vieux monde. […] Cependant la porte s’ouvre avec fracas.
La carrière publique de Malesherbes s’ouvrit donc en 1750, et, à partir de ce moment, il faudrait le diviser lui-même sous plusieurs aspects et sous plusieurs chefs pour le suivre et l’étudier convenablement. […] Ouvrons donc ensemble et parcourons quelques-uns des dossiers de la Librairie pendant l’administration de M. de Malesherbes. […] À cela, monsieur, voulez-vous que je vous réponde avec une confiance entière et que je vous ouvre mon cœur ?
Il est la première grande figure qui ouvre l’ère des révolutions, qui traduit en discours et en actes publics ce qu’avaient dit les livres ; la première qui se dessine, en la dominant encore, dans la tempête. […] Ils s’ouvrirent avec liberté sur M. de Saint-Mauris : « Vous me le dépeignîtes, disait dans la suite Mirabeau à Sophie en lui rappelant cette journée, tel que je le pressentais alors et que je l’ai connu depuis. […] On ajourne la réponse, et, en attendant, on se met à ouvrir son cœur.
Et, à tout moment, les carreaux tintent, et trois enfants joufflus, comme des derrières d’anges, collent leurs visages aux vitres, et, à tout moment, la porte s’ouvre et les trois enfants roulent dans les jambes de l’homme qui prépare la planche, et ressortent. […] Au fond de nous, la pensée de dépouiller notre qualité de Français, d’aller à l’étranger recommencer la Hollande libre parleuse des xviie et xviiie siècles, de faire un journal contre ce qui est, de s’ouvrir, de briser le sceau sur sa bouche, de répandre ses dégoûts dans un cri de colère… Il y a depuis un mois une veine de malheur sur nous. […] En nous promenant dans le bois de Bellevue, il cause, il s’ouvre, il s’expansionne.
Quand le pouvoir est un concours incessamment ouvert, il est assez naturel que les plus capables y prétendent. […] D’autres, viveurs joyeux et splendides, ouvrent à certaines heures leur atelier d’écrivains : alors, s’ils osent être sincères, ils restent vulgaires et grossiers ; s’ils cherchent à élever leurs livres au-dessus d’eux-mêmes, ils demandent à leur imagination seule des pensées nobles qu’une vie sensuelle leur refuse. […] J’ouvre après coup mon Mémorial de Sainte-Hélène, et je trouve que l’Empereur voulait faire de Corneille, non pas un ministre, mais un prince ; ce qui, au point de vue du travail imposé, n’est pas du tout la même chose.
Seulement n’ouvrez pas la boîte ! […] Psyché n’a pas été assagie par sa première et très cruelle mésaventure ; elle ouvre la boîte et elle s’endort. […] C’est avec celui-là qu’il est bon de veiller, Ouvrez-le sur votre oreiller, Vous verrez se lever l’aurore.