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575. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

C’est le traquenard des titres intéressants, — mis effrontément ou cauteleusement à la tête des ouvrages les plus profondément dénués d’intérêt et de talent. […] S’il y a des titres, en effet, qui peuvent pousser comme des fleurs d’esprit dans les plus pauvres cervelles, il y en a d’autres qui ne sont que les fausses fleurs de la Spéculation ou de la Vanité… Je puis très bien pardonner à l’auteur d’un mauvais livre, quel qu’il soit, de m’avoir pipé avec le sien et de m’avoir fait avaler un méchant ouvrage caché sous un titre alliciant et qui s’adressait à ma friandise intellectuelle, mais il m’est impossible de pardonner à un éditeur — et par là je n’entends point le libraire — qui publie des Correspondances inédites et trompeuses sous des noms qu’on aime et auxquels la plus sympathique curiosité s’attache, et cela uniquement pour l’égoïste plaisir de camper son nom sous ces noms célèbres et d’avoir tripoté un livre de plus ! […] Voilà Sismondi en ses ouvrages, et dans sa vie ce fut à peu près la même chose. […] Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages.

576. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

L’esprit de Galiani, si à part et si personnel, est plus curieux à étudier que ses ouvrages, et cet esprit est surtout dans sa correspondance il y parle beaucoup des livres qu’il a faits, mais il y parle aussi des livres qu’il veut faire, et ses projets de travaux qu’il n’a pas accomplis donnent la mesure et la portée d’un esprit qui tranchait sur les esprits de son temps par la pétulante originalité du sien. […] il l’emporta dans Galiani, mais, au moins, il attesta aux yeux de ses contemporains qu’il y avait un Machiavel éparpillé dans ses ouvrages et dans ses conversations, qui furent ses plus brillants ouvrages, quand, un jour de sa vie, il voulut davantage : il voulut attester, par un livre spécial, comme il se sentait Machiavel dans la conscience de son esprit ! […] L’histoire de César Borgia ne fut pas écrite et reste à écrire, et de tous les ouvrages de Galiani c’est celui-là qui n’est pas fait dont l’imagination se souvient le plus.

577. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

La cendre de Descartes fut privée de cet honneur ; mais il resta à ce Français célèbre le mausolée qui fut élevé à Stockholm ; il lui resta son nom, sa gloire, l’admiration de l’Europe, et ce qui dans la suite l’honora encore plus, le silence de Newton, qui jamais ne prononça son nom dans un ouvrage. […] On connaît son poème sur la manière d’élever et de nourrir les enfants au berceau ; ouvrage où la plus douce poésie relève les idées les plus riantes. […] Des jurisconsultes comme Baudouin, Duaren et Hotman, commentateurs de ces lois romaines, si nécessaires à des peuples barbares qui commençaient à étudier des mots, et n’avaient point de lois ; d’Argentré, d’une des plus anciennes maisons de Bretagne, et auteur d’un excellent ouvrage sur la coutume de sa province ; Tiraqueau, qui eut près de trente enfants, et composa près de trente volumes ; Pierre Pithou, qui défendit contre Rome les libertés de l’église de France, qui devraient être celles de toutes les églises ; Bodin, auteur d’un livre que Montesquieu n’a pas fait oublier ; enfin, Cujas et Dumoulin, tous deux persécutés, et tous deux hommes de génie, dont l’un a saisi dans toute son étendue le véritable esprit des lois de Rome, et l’autre a trouvé un fil dans le labyrinthe immense de nos coutumes barbares. […] Il faut convenir de bonne foi que tous ces ouvrages en forme d’éloges ou autrement, offrent à ceux qui les lisent, beaucoup plus de recherches que d’intérêt.

578. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 463

Cette Histoire contient leurs Vies, le catalogue, la critique, le jugement, la chronologie, l’analyse & le dénombrement des différentes éditions de leurs Ouvrages. Les Savans pensent que Dom Ceillier est plus exact que du Pin, mais qu’il n’a pas le talent d’analyser & de s’exprimer comme lui, ce que nous croyons sans peine : il faudroit trop de temps pour vérifier les fondemens de cette assertion ; car son Ouvrage n’a pas moins de 23 volumes in-4°.

579. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 144

Ses Comédies, ses Tragédies, ses Poésies héroïques, tous ses Ouvrages en vers sont risibles, par les inepties qui y fourmillent d’un bout à l’autre. […] Ses Romans, ses Dissertations, ses Critiques, ses Traductions, ses Livres mystiques n’ont pas le sens commun, & on disoit très-bien d’un de ses Ouvrages, intitulé les Délices de l’esprit, qu’il falloit mettre à l’Errata : Délices, lisez Délires.

580. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

A en juger par ses Ouvrages, il devoit avoir la conversation plus agréable que le style, pour mériter cette réputation. […] On ne peut mieux comparer les Ouvrages de M. le Marquis de Méré, qu’à ceux de l’Abbé de Belle-garde, dont on disoit qu’ils ne contenoient rien de bon, que ce que tout le monde savoit.

581. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’ouvrage était dédié au comte de Maurepas, que l’auteur avait connu familièrement dans la société. […] L’argent qui pleut de toutes parts fait l’éloge de l’auteur, et, si l’on en croit son libraire Prault, l’ouvrage est décidément immortel. […] Mais chose singulière et qu’on n’a pas assez relevée, il n’a fait dans l’ensemble, et pour les trois quarts de l’ouvrage, qu’appliquer exactement le même procédé dont il avait usé dans l’Histoire de Louis XI, et qu’il avait trouvé apparemment commode : il n’a fait que suivre pas à pas et abréger Saint-Simon. […] Mais il est un chapitre intéressant et neuf de son ouvrage qui sans doute (je l’espère du moins) lui appartient plus en propre et auquel il faut rendre toute justice, c’est celui qui a pour titre Histoire des causes de la guerre de 1756. […] [NdA] Jugements sur quelques ouvrages nouveaux, t. 

582. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il lui envoie ses ouvrages en manuscrit, elle les lui renvoie avec notes, observations, avec admiration et conseils ; quand ils sont imprimés, elle l’avertit des critiques, elle lui propose des chapitres à ajouter ou de petites corrections à faire. […] Cet ouvrage n’a jamais été fait qu’en conversation et causée comme tant d’autres brillants projets de M. de Meilhan : il dépensait volontiers sa poudre en feux d’artifice. […] Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire. […] Sur Montesquieu il est d’un avis assez tranché et a l’air paradoxal, et peut-être n’a-t-il que raison : Montesquieu perdra moins qu’un autre dans cette révolution d’idées et de sentiments, parce que les objets dont il a parlé seront éternellement intéressants, et que sa manière de s’exprimer est simple et piquante ; mais, tout en admirant plusieurs parties de L’Esprit des lois, je crois que cet ouvrage lui donnera moins de droits que les Lettres persanes pour se maintenir au premier rang des hommes de génie. Toutes les idées politiques répandues et dans L’Esprit des lois, et dans l’ouvrage si bien fait, si sagement ordonné, sur la grandeur et la décadence des Romains, sont contenues en germe dans les Lettres Persanes, et le sujet y permet certaines idées qui déparent la dignité d’un ouvrage aussi grave que L’Esprit des lois.

583. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Mais je prierai le préopinant de déclarer si, dans cet ouvrage, médité par lui avec l’intention d’employer contre moi mes propres paroles, il y a un seul mot qui tende à proposer, ou seulement à excuser la censure. […] pourquoi n’avoir pas joint au recueil les Lettres de Benjamin Constant sur les Cent-Jours, de tous ses ouvrages politiques celui qui est resté le plus vivant, le seul vivant même, à cause de l’intérêt qui s’attache à des conversations immortelles ? […] Ce fameux ouvrage sur la Religion, préparé pendant vingt ans, fît long feu. […] C’est un ouvrage qui laisse une impression pénible, mais très en harmonie avec l’état où l’on est quand on n’aime plus, état peut-être le plus désagréable qu’il y ait au monde, excepté celui d’être amoureux. […] Laboulaye avait commencé dans la Revue nationale une série d’articles sur la Vie de Benjamin Constant, devant former un ouvrage à part.

584. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

On pourrait, à peu de chose près, les appliquer à d’autres écrivains distingués ; on en dit tous les jours à peu près autant des ouvrages du même genre qui paraissent. […] Magnin ne faisait que marquer son goût pour leurs ouvrages, sa familiarité dans leur commerce, et témoigner agréablement qu’il avait qualité comme critique des choses de théâtre. […] Qu’il achève sans doute et couronne son important ouvrage commencé sur les Origines du Théâtre moderne. […] Enfin de tels ouvrages ont toujours la seconde édition pour s’amender et se compléter ; visons d’abord à la première et à l’architecture de l’ensemble. […] Marmontel n’est compromis aujourd’hui, dans sa renommée littéraire, que par ses ouvrages de poésie, de théâtre, par ses contes et ses romans ; s’il n’avait laissé que sa critique, il serait un nom des plus respectés.

585. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Vous avez nommé Marmontel : mais quel ouvrage de Marmontel conseillez-vous ? […] Il faut lire dans l’ouvrage la série de tribulations qui suivit pour lui cette complaisance factieuse. […] En perdant le privilège du Mercure, Marmontel ressentit ce coup d’aiguillon qui de temps en temps nous est bon et nécessaire ; il retrouva sa liberté et son temps pour les longs ouvrages, et il se rapprocha de l’Académie. […] Trente-sept propositions dans tout l’ouvrage furent dénoncées et condamnées. […] Ses ouvrages ajoutaient beaucoup à ses revenus : ses grands opéras, ses opéras-comiques réussissaient ; ses Contes moraux avaient un débit prodigieux ; Les Incas, qui réussirent moins, furent payés par le libraire trente-six mille francs.

586. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

L’objet est de la plus grande importance, la tâche d’une étendue peut-être au-dessus de mes forces ; mais le zèle, qui quelquefois supplée au talent, a toujours excusé les défauts de l’ouvrage. […] Tout ce qui en avait existé autrefois était recelé dans des ouvrages anciens qu’on n’entendait pas. […] L’ouvrage de Voltaire est plein de choses ; leurs ouvrages sont vides. […] Différence de l’ordre des études dans un ouvrage ou dans une école. La distribution de l’ordre des études dans une école n’est point du tout celle qui conviendrait dans un ouvrage scientifique.

587. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, qui finit son ouvrage d’aujourd’hui par le bilan intellectuel de la Restauration, n’a pas donné cet autre bilan qui eût complété et précisé le premier, le bilan du gouvernement et des partis. […] un homme pareil, qui tient une si grande place dans l’histoire littéraire et politique d’un temps où la littérature et la politique confluaient comme elles n’ont peut-être jamais conflué, n’est pas jugé dans l’ouvrage de M.  […] Si le premier de ces ouvrages ne révélait, comme on l’a vu, aucune qualité forte et personnelle, telle qu’elle était, cependant, il avait été écrit sous l’influence de ces principes religieux qui importent plus, que l’originalité littéraire, et qui, si rare qu’elle soit dans notre temps, sont plus rares qu’elle. […] Il est ici, dans ce nouvel ouvrage, sinon debout et fièrement campé comme le Romulus des Sabines, au moins sur son séant ordinaire, dans l’attitude d’un esprit qui s’empâte chaque jour un peu davantage, mais assez lentement cependant pour qu’on puisse encore constater l’identité de l’écrivain. […] L’ouvrage de M. 

588. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 12

Ses Ouvrages de Biographie, ses Sermons, ses Panégyriques, écrits d’une maniere diffuse & dépourvus de goût, ne lui laissent qu’une place médiocre parmi les Littérateurs. […] M. l’Abbé Collet n’a pas le mérite d’écrire élégamment, ni en Latin, ni en François ; mais il a dans l’une & l’autre langue celui de la clarté, de la netteté, de la méthode, qui convient parfaitement aux Ouvrages d’instruction.

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