Mais la preuve que j’ai raison, c’est qu’ils n’ont osé me contredire dans la démonstration géométrique et évidente que j’ai donnée de l’erreur qu’ils professent depuis si longtemps sur la foi d’autrui.
Taine, — du normalien, — du rédacteur du Journal des débats, — du libre penseur, — du matérialiste, — de l’athée, — de tout ce qui, dans cet heureux moment, fait la gloire et la haute position d’un homme, — ce livre sans précédent et sans analogue, ce livre terrible, et qui tombe tout à coup sur la Révolution, quand la Révolution triomphe… J’ose même dire qu’en aucun temps pareil livre ne s’était vu.
C’est ce qui peut faire comprendre, pourquoi tous les arts de nécessité, d’utilité, de commodité, et même la plupart des arts d’agrément, furent trouvés dans les siècles poétiques, avant qu’il se formât des philosophes : les arts ne sont qu’autant d’imitations de la nature, une poésie réelle, si je l’ose dire.
Le volume s’ouvre par deux ou trois portraits dans le genre de Dickens… J’ose prononcer ce nom. […] Elle ose en faire pour s’amuser. […] Elle avait maintenant un vague sentiment que le parfum du jardin n’osait pas pénétrer jusqu’à eux. […] Je dirai même, si j’ose m’exprimer ainsi, qu’il l’épouse. […] Maupassant, parce que Maupassant n’avait aucune préoccupation morale, ni immorale, dans son travail et ne s’attachait qu’à réaliser le réel, si j’ose m’exprimer ainsi, et je l’ose, parce que c’est parfaitement exact.
Si celui que l’on a pu appeler un « Whitman non morcelé » est assurément isolé en ces années vingt, si son influence s’exerce avant tout chez les futuristes russes et s’il faut attendre, en France, quelques dissidents du lettrisme — ainsi Francis Dufrêne — pour relancer ses hypothèses poétiques, n’en aura pas moins ouvert décisivement la voie à une poésie nouvelle, qui ose conjuguer l’Être et la lettre. […] Et cette dernière conception poétique, osait-elle vouloir Verbe et Idée participants des ondes scandées d’énergies de la Matière, en disant l’expression et la substance d’art valables seulement, si elles tâchaient — en sorte de polymorphe Symphonie — à évoquer ou suggérer l’Etre humain continuement en relation avec le trismégiste Univers et ses lois. […] J’osai te montrer des vers, le « Faucon et la Colombe, que tu trouvas convenables, et je pense parfois qu’une malicieuse critique, qu’un rire ou qu’une moquerie de toi aurait pu écraser à jamais en mon cœur la fleur de poésie qui, timidement, s’épanouissait. […] 58 En quoi d’ailleurs, nous l’avons vu, il était d’accord sous une directe et irrévérencieuse image avec l’auteur du Chemin de velours Rémy de Gourmont)… Le directeur de la « Plume » se montrait très osé de dire qu’en l’année 1890, sa Revue, « seule, tenait la Bannière littéraire » !
Personne n’oserait le soutenir. […] Pouchkine l’a rencontrée, cette balle que des admirateurs ont osé souhaiter à Lamartine. […] Delvig a osé se prononcer en faveur de la révolution de Juillet : la disgrâce impériale l’a frappé, et l’on en meurt, comme Racine mourait d’un regard de Louis XIV. […] Quand ces fragments furent réunis en volume, le public, indécis jusqu’alors, comprit la signification de l’œuvre ; quelqu’un était venu qui osait développer le sens caché dans la sinistre plaisanterie de Gogol sur les âmes mortes. […] une soif de bonheur me brûlait ; je n’osais pas encore l’appeler par son nom, mais le bonheur, le bonheur jusqu’à l’anéantissement, voilà ce que je voulais, voilà ce qui m’angoissait… La barque flottait toujours, le vieux passeur s’était assis et dormait, penché sur ses rames.
Il y a sous Édouard III des barons qui chevauchent avec de grandes escortes d’hommes d’armes et d’archers, « occupant les manoirs, enlevant les dames et les demoiselles, mutilant, tuant, rançonnant les gens jusque dans leurs maisons, comme si c’était en pays ennemi, et quelquefois venant devant les juges aux sessions, en telle façon, et en si grande force que les juges sont effrayés et n’osent faire justice151. » Lisez les lettres de la famille Paston, sous Henri VI et Édouard IV, et vous verrez comment la guerre privée est à chaque porte, comme il faut se munir d’hommes et d’armes, être debout pour défendre son bien, compter sur soi, sur sa vigueur et son courage. […] Ce qui les révolte contre la pompe et l’insolence ecclésiastique, ce n’est ni l’envie du plébéien pauvre, ni la colère de l’homme exploité, ni le besoin révolutionnaire d’appliquer la vérité abstraite, mais la conscience ; ils tremblent de ne point faire leur salut, s’ils restent dans une église corrompue ; ils ont peur des menaces de Dieu, et n’osent point s’embarquer avec des guides douteux pour le grand voyage
Il a donc fallu longtemps avant que l’ouvrage hardi et profond — que la reine Marie-Antoinette plaçait dans sa bibliothèque, relié à ses armes, mais sans qu’on eût osé indiquer au dos du volume son titre scabreux — reprît le rang littéraire auquel il avait droit et devint une des plus élégantes et solides merveilles du roman français. […] On n’a point osé toucher aux belles et fines ailes, diaprées de toutes les couleurs de la fantaisie, qui le portaient au-dessus de terre. […] Funck-Brentano a évoqué si curieusement cette curieuse figure si, né en d’autres temps et placé dans d’autres circonstances, Mandrin n’eût pas trouvé un meilleur emploi à ses qualités de bravoure, d’audace et d’ironie, et ne semble-t-il pas un peu que, comme ce cheval pommelé qu’il montait en ses « campagnes » pour dérouter les gâpians, son destin tragique et malencontreux ait été, si l’on ose dire, ferré à rebours !
Cet état, qui est celui de la plupart des esprits, qui, s’il n’est pas la non-croyance absolue, est un état d’examen plus ou moins libre, plus ou moins raisonné et approfondi, avec tous ses résultats et ses conséquences, cet état, je l’ose dire, est tout à fait légal depuis 1789 : il a droit à être reconnu, à être respecté.
. — Oserai-je vous demander, dis-je à la mère, à qui j’ai l’honneur de parler et le motif de votre visite ?
Il n’osa pas, ou il ne voulut pas se rapprocher de Paris.
Céladon, banni par Astrée qui le croit infidèle, peut se noyer de désespoir dans le Lignon : sauvé par des nymphes, il résiste à l’amour de Galatée, mais il n’ose se présenter devant sa belle tant qu’elle ne révoquera pas l’ordre de son bannissement ; il faudra cinq volumes pour qu’elle se décide, pendant lesquels aussi Silvandre soupirera pour Diane, Hylas se fera gloire d’être inconstant, le sage druide Adamas sera intarissable en bons conseils et bons offices : nymphes et bergères, bergers et chevaliers entre-croisent leurs histoires habilement suspendues, qui se dénoueront auprès de la merveilleuse fontaine d’Amour.
Oserai-je la comparer au premier épanouissement d’une fleur, plus belle quand elle s’est ouverte tout entière, plus charmante quand elle vient de s’entrouvrir ?
Au mari, il avait dit dans une ode : Si j’exécute ce que j’ose, Et que mon vol hardi puisse plaire à tes jeux, Ton suffrage pour moi vaut une apothéose ; J’ai déjà le front dans les cieux.