Pendant que j’y étais et que le prince était à mes pieds, mon cœur le regardait du haut en bas aussi bien que mes yeux ; j’avais alors dans l’esprit d’épouser l’empereur… Je ne regardais plus le prince de Galles que comme un objet de pitié. […] De l’éclat, une fraîcheur Qui conservait des Lis la candide innocence disaient les poètes, de beaux yeux, des cheveux blonds et d’un beau cendré, une belle taille, tout cela couvrait ce qui lui manquait du côté de la délicatesse et de la grâce ; « elle avait tout à fait en elle l’air de la grande beauté », reconnaît Mme de Motteville. […] Cette idée de mariage, qui jouait toujours en perspective devant ses yeux, lui montrait alors une union possible, soit avec le prince de Condé dans le cas où il deviendrait veuf (elle ne répugnait point à ces sortes de suppositions), soit même avec le roi, si elle se rendait nécessaire et redoutable.
Mes yeux, échauffés par l’absence continuelle du sommeil, succombent sous l’application d’un travail sans fin, pour lequel je n’ai presque aucunes ressources, et dont rien ne me distrait ; le droit est débilité jusqu’à me refuser service. […] Dans les pièces manuscrites que j’ai sous les yeux, et que M. […] J’ai aussi sous les yeux le manuscrit d’un essai sur la Tolérance qui l’occupa dans le même temps.
Pour le teint, elle ne l’a pas de la dernière blancheur ; il a toutefois un si bel éclat qu’on peut dire qu’elle l’a beau ; mais ce que Sapho a de souverainement agréable, c’est qu’elle a les yeux si beaux, si vifs, si amoureux et si pleins d’esprit, qu’on ne peut ni en soutenir l’éclat ni en détacher ses regards… Ce qui fait leur plus grand éclat, c’est que jamais il n’y a eu une opposition plus grande que celle du blanc et du noir de ses yeux. […] Telle la Sapho du Marais put paraître un moment à des yeux prévenus, dans le temps où Chapelain passait pour un grand poète épique et la comparait intrépidement à la Pucelle, et le jour où Pellisson, le plus laid des beaux esprits, lui fit sa déclaration passionnée.
Le préfet furieux, n’osant entamer le bataillon sacré, se contenta de regarder Marmontel d’un œil menaçant : « Il me prédit que je serais un chef de faction. […] Lui-même ou les personnages qu’il met en scène parlent volontiers de nature ; ils ont volontiers les yeux humides (« moi qui pleure facilement », dit-il), ils se jettent avec effusion dans les bras les uns des autres, ils arrosent leurs embrassements de larmes. […] Navarre, receveur des tailles à Soissons, était, nous dit un homme non amoureux (Grosley), la plus brillante partie de sa famille ; elle visait au grand, à l’extraordinaire, et se fit aimer du maréchal de Saxe : « La beauté, les grâces, les talents, un esprit délicat, un cœur tendre, l’appelaient à cette brillante conquête… Sa conversation était délicieuse70. » Marmontel nous la montre de plus imprévue, capricieuse, avec plus d’éclat encore que de beauté : « Vêtue en Polonaise, de la manière la plus galante, deux longues tresses flottaient sur ses épaules ; et sur sa tête des fleurs jonquille, mêlées parmi ses cheveux, relevaient merveilleusement l’éclat de ce beau teint de brune qu’animaient de leurs feux deux yeux étincelants. » C’est cette amazone, cette belle guerrière qui, sacrifiant l’illustre maréchal au jeune poète, enleva un matin Marmontel à ses sociétés de Paris et le transporta d’un coup de baguette dans sa solitude d’Avenay, où elle le garda plusieurs mois enfermé au milieu des vignes de Champagne comme dans une île de Calypso.
« Il est bon, avait-il dit, de ne pas donner trop de vêtements à sa pensée ; il faut, pour ainsi dire, voyager dans les langues, et, après avoir savouré le goût des plus célèbres, se renfermer dans la sienne. » Rivarol ne s’y renferma que pour l’approfondir, et, dès ce temps, il conçut le projet d’un Dictionnaire de la langue française, qu’il caressa toujours en secret à travers toutes les distractions du monde et de la politique, auquel il revint avec plus de suite dans l’exil, et dont le Discours préliminaire est resté son titre le plus recommandable aux yeux des lecteurs attentifs. […] si les provinces ouvrent jamais les yeux, si elles découvrent un jour combien leurs intérêts sont, je ne dis pas différents, mais opposés aux intérêts de Paris, comme cette ville sera abandonnée à elle-même ! […] Le ciel à ses yeux se déchire, et Dieu enfin lui apparaît : Il me faut, comme à l’univers, s’écrie-t-il, un Dieu qui me sauve du chaos et de l’anarchie de mes idées… Son idée délivre notre esprit de ses longs tourments, et notre cœur de sa vaste solitude.
Envoyé pendant l’été de 1826 à la cour de Russie pour y assister en qualité d’ambassadeur extraordinaire au couronnement de l’empereur Nicolas, il a laissé dans cette ambassade de quatre mois, tant à Moscou qu’à Pétersbourg, des souvenirs qui n’ont pas seulement ébloui les yeux, mais qui lui ont conquis une estime durable pour ses qualités personnelles. […] Sa physionomie était des plus expressives ; des sourcils noirs proéminents ombrageaient un œil bleu qui ne cachait jamais ses pensées. […] On a souvent écrit l’histoire des journées de Juillet au point de vue parisien et populaire ; au point de vue militaire, elle est encore à écrire, et j’ai sous les yeux des documents précieux où je ne puis que glaner5.
Tant que Rollin n’écrivait qu’en latin, il imitait, il copiait les anciens, en répétait les centons, et presque dans les mêmes formes ; rien ne ressortait aux yeux. […] Son sujet n’est le plus souvent qu’un prétexte à de beaux extraits tirés de Cicéron, de Pline, d’Homère, dont il nous fait passer sous les yeux les beautés choisies. […] En les écrivant, Rollin, qui aimait à marcher et à penser toujours sur la trace d’un ancien, se rappelait certainement cette parole de Pline le Jeune sur la maison de campagne que voulait acheter Suétone : Il ne faut à ces messieurs les savants, absorbés comme lui dans l’étude, que le terrain nécessaire pour délasser leur esprit et réjouir leurs yeux.
Disons plus, l’amour de la science et le sentiment philosophique peuvent, en s’introduisant dans l’art, le transformer sans cesse, car nous ne voyons jamais du même œil et nous ne sentons jamais du même cœur lorsque notre intelligence est plus ouverte, notre science agrandie, et que nous voyons plus d’univers dans le moindre être individuel. » VII. — La part croissante des idées scientifiques dans les sociétés modernes produira, selon Guyau, une transformation de l’art dans le sens d’un réalisme bien entendu et conciliable avec le véritable idéalisme. […] Au fond, il demeure convaincu que tout ce qui, dans les choses et les êtres, nous laisse indifférents, ou même nous irrite, est simplement incompris, et qu’il suffirait de trouver la vraie raison des choses pour les regarder d’un œil affectueux ou indulgent. […] Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ; » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1.
Matériellement, c’est un confortable volume, délicieux de papier et de caractères, avec deux portraits à la Grévedon, l’un représentant Shelley, charmant de mollesse, de transparence et d’yeux mouillés, comme une jeune fille déguisée en adolescent, et l’autre ne représentant pas lord Byron, mais M. […] Tel est le coup de pied ferré à la glace qu’il détache dans les jambes, non de Byron mourant, mais de Byron mort. « Ne crève pas mes pauvres yeux, Hubert ! […] C’était bien et ce fut toujours le même homme, à qui on niait la faculté de poète, et qui, de colère et de contradiction, jeta par le cerveau des chefs-d’œuvre comme l’on jette par les yeux des éclairs.
ce n’est pas un pleurard du genre de Jules Favre, mais la larme monte et perle dans ces yeux pétillants du feu acéré de l’esprit pendant si longtemps… et que je croyais immortel ! […] Il y aura perdu les yeux, sans doute ; et c’est cela qui l’a rendu aveugle au catholicisme de Balzac ! […] Partout où il s’est mouché et essuyé les yeux, l’auteur de ce livre est jeune de couleur et d’accent.
L’harmonie n’était point encore née ; l’harmonie, qui est la musique du langage, qui, par le mélange heureux des nombres et des sons, exprime le caractère du sentiment et de la pensée, et sait peindre à l’oreille comme les couleurs peignent aux yeux ; l’harmonie qui établit une espèce de balancement et d’équilibre entre les différentes parties du discours, qui les lie ou les enchaîne, les suspend ou les précipite, et flatte continuellement l’oreille, qu’elle entraîne comme un fleuve qui coule sans s’arrêter jamais. […] On exposait aux yeux des juges les cicatrices et les blessures du guerrier qui avait combattu pour l’État. […] Les premières sont sous l’autorité immédiate du prince ; les secondes se discutent et s’approfondissent en secret sous l’œil calme et sévère de la justice.
combien de fois, au silencieux déclin d’une inerte journée, les foudres de ses yeux abaissés vers la terre, les bras croisés sur sa poitrine, il s’est arrêté, assailli du souvenir des jours qui ne sont plus ! […] Ce n’est pas en vain qu’il ramène toujours ses yeux vers l’astre éclatant, dont il s’est dit le Memnon. […] Brillante d’une beauté qui semblait le voile transparent de son génie, parée pour les yeux espagnols d’une grâce à la fois nationale et demi-étrangère, respirant surtout dans son talent la grandeur et la force, mais y mêlant ce goût de pureté, cette correction sévère trop rare en Espagne pour ne pas sembler originale, elle étonna, elle charma tous ceux qui l’entendirent.
Les poésies apocryphes de Clotilde de Surville viennent sous ses yeux. […] Au sortir d’une telle lecture jetez les yeux sur les pages tourmentées, surchargées d’empâtements des disciples de M. […] Ses yeux s’ouvrirent sur les choses en Allemagne où on l’emmena voir son père, alors commissaire des guerres à l’armée du Rhin. […] Elle n’était pour rien dans ses opprobres ; ils la rendaient cent fois plus touchante à nos yeux. […] À nos yeux, Quinet n’a pas de plus beau titre pour assurer sa gloire de professeur.
Le vertige de ces temps ne me gagna pas, leur fantasmagorie ne m’éblouit point, l’orageuse et brillante fée ne put me changer comme elle en a changé tant d’autres ; elle fit en vain passer devant mes yeux son iris aux cent couleurs… D'autres voyaient tout cela comme costumes et blasons, drapeaux, armes curieuses, coffres, armoires, faïences, que sais-je ?