Tout titre doit faire rayonner l’idée du livre qu’il exprime, à moins que, comme Clarisse et tant d’autres chefs-d’œuvre, qui n’ont pour titre que le nom d’un personnage, il n’introduise dans la grande famille de l’observation humaine des types qu’on invoquera toujours.
Dans un roman d’observation humaine et sociale, vous ne pouvez pas faire abstraction de tout ce qui n’est pas l’objet même que vous devez peindre.
L’art le plus délicat, l’observation la plus juste et la plus fine, toute la conscience et tout le talent du style ne remplaceront pas les émotions, les surprises, les luttes des événements ou des passions contraires. […] Mais nos observations subsistent dans leur généralité et s’appliquent à toute une génération de poètes. […] Ne leur demandez pas davantage la curiosité poussée à bout, la hardiesse de l’observation, les conceptions gigantesques de Balzac, l’énergie tourmentée de ce style, violent et sinistre jusque dans ses gaietés, l’originalité à la fois puissante et déréglée de cette imagination, que toute réalité privée ou sociale, que toute science humaine et divine tente tour à tour, sans la contenir ni la satisfaire. […] Je ne cacherai pas que bien des observations critiques peuvent être faites sur la conduite générale et sur certains détails du roman. […] Là est le secret de ce talent qui se compose d’intuitions heureuses et de réflexion, d’observations vives et profondes, recueillies au cœur même de la vie moderne, et d’un art patient et délicat qui les met en œuvre dans des personnages vivants.
Elles ont abouti à un art d’observation plus que d’imagination, qui se flatte d’observer la vie telle qu’elle est, dans son ensemble et sa complexité, avec le moindre parti pris possible chez l’artiste. […] Je comprends et partage le plaisir qu’on trouve aujourd’hui à relire la Chartreuse ; j’admire la finesse de l’observation, le mordant de la satire, la désinvolture du badinage : sont-ce là des vertus en honneur dans le réalisme actuel ? […] Je note ici, le cœur chagrin et désirant me tromper, l’observation qui résume pour moi un long commerce avec l’étranger : les idées générales qui transforment l’Europe ne sortent plus de l’âme française. […] Dans ces études de caractères, un trait d’observation domine, et il est saisi sur le vif du tempérament national ; l’homme est irrésolu, la femme est décidée ; c’est elle qui force la destinée, sait et fait ce qu’elle veut. […] Jamais encore Tourguénef n’avait poussé aussi loin la puissance créatrice, le don de l’observation minutieuse.
Elle fait naître quelques réflexions et appelle quelques observations. […] va demander le lecteur, fatigué, je n’en doute pas, de toutes ces observations générales. […] On croira aisément que des observations de ce genre ne manquent pas dans le livre de M. […] Sainte-Beuve a été fidèle à sa méthode, et si la pensée (car qu’est-ce que l’observation sans la pensée ?) […] Toutefois, n’étendez pas trop cette observation.
Aussi fut-ce une observation banale que fit l’un des auditeurs pour marquer la jouissance que lui avait causée la déclamation du poète. […] J’ai risqué la timide observation qu’il pouvait employer plus utilement son temps, puisque son commentaire n’expliquerait rien qui ne fût déjà clair auparavant. […] Nous n’avons qu’à le suivre et à nous inspirer de lui. » Cette dernière observation ne me satisfait qu’à demi. […] Prenons notre point de départ dans une observation aussi terre à terre que possible. […] Combien devait lui coûter l’observation stricte de la veille du Sabbat !
J’appelle réel tout ce qui tombe sous l’observation. […] Nous pouvons donc affirmer que l’existence des principes universels et nécessaires repose sur le témoignage de l’observation, et même de l’observation la plus immédiate et la plus sûre, celle de la conscience. […] À ce titre seul que la substance fût un objet d’observation intime comme on le dit de la cause. […] Les formes de ce phénomène varient, mais le phénomène est attesté par l’observation la plus vulgaire et la plus certaine, et toutes les langues en portent témoignage. […] Il ne finit pas un grand effort d’observation ni de raisonnement pour se convaincre que l’utilité n’a rien à voir avec la beauté.
D’une part il y a une manière d’imiter qui n’est point un esclavage et qui admet une grande part d’observation directe de la nature. […] C’est une série de digressions brillantes sur les sujets que nous venons d’indiquer et sur beaucoup d’autres ; mais toutes les idées si nouvelles et hardies, que nous venons d’énumérer, y sont plus qu’en germe, à l’état soit de tendances, soit d’observations, soit de déclarations formelles. […] « L’enchanteur », comme disait Joubert avec la sûreté d’observation et d’expression qui lui est habituelle, a charmé le monde, et il n’a tenu au monde que par le goût qu’il avait de l’ensorceler. […] Or, comme a dit très bien Boileau, « c’est peu d’être poète, il faut être amoureux », et comme le fait remarquer très justement un critique contemporain58, « une grande passion est aussi rare qu’un grand génie. » Les observations qui précèdent feront comprendre pourquoi ia sensibilité d’Hugo semble si inégale.
Cette observation du docteur Armaingaud paraît extrêmement juste. […] Ce goût pour l’observation de la nature et pour la science expérimentale contrastait avec le fameux idéalisme de Schiller : Goethe n’y renonça nullement. […] Pierre Lasserre et l’on n’est pas fâché de trouver sous sa plume une observation qui paraissait élémentaire et n’en a pas moins été dénoncée par quelques-uns de ses amis comme un crime et un péril public. […] Ces observations sont d’un critique habituellement très clairvoyant et très fin, M. […] Mais ces observations ne diminuent point les mérites essentiels de sa notice, qui est exacte dans l’ensemble, frappante et persuasive pour tous les lecteurs, enfin d’une impartialité remarquable chez un esprit si original et si personnel.
Je suppose que la seule règle de vos raisonnements, c’est le désir de voir clair dans vos idées : veuillez donc supposer la même chose de ceux qui ne pensent pas comme vous. » J’ajouterai une observation qui mériterait de longs développements. […] Suivant Condillac, l’esprit, une fois en possession des idées abstraites et les ayant représentées par des signes, peut opérer sur ces signes comme sur les choses mêmes, sans avoir besoin de recourir de nouveau à l’observation : il peut combiner ces signes, les transformer, les décomposer, exactement comme on fait en algèbre : le raisonnement n’est plus qu’un calcul. […] Ainsi, en même temps que la philosophie, empruntant le secours des sciences positives, essaierait de s’élever à une notion philosophique de la matière, elle n’abandonnerait pas pour cela son objet propre, qui est l’esprit, et elle persisterait à suivre la voie ouverte par Descartes, par Locke, par Kant, et qui consiste à chercher dans l’analyse de l’âme humaine, de ses idées fondamentales, de ses opérations, en un mot dans la critique de l’entendement humain et dans l’observation intérieure, le fondement de toute métaphysique. […] Je ne conclus point de ces observations qu’il faille décourager ceux qui voudraient essayer de telles entreprises ; mais il est bon qu’ils en aient devant les yeux les écueils et les difficultés. […] Dira-t-on que sur certains faits l’accord des témoignages est un argument qui équivaut pour l’exactitude à l’observation immédiate ?
Logé à la cour sans y vivre et placé là comme en observation, on le voit rire amèrement et quelquefois s’indigner d’un spectacle qui se passe sous ses yeux. […] Mais, la part faite à ces observations et préoccupations libérales, ce petit écrit se recommande encore, après bien des années, par quelques pages plus durables : des descriptions lumineuses et faciles annoncent, dans le voyageur, l’habitude précoce et la faculté de voir géographiquement des ensembles, de décrire de haut et sans effort la configuration des lieux et des bassins qui se dessinent devant lui. […] Au milieu des hommages de sympathie et d’admiration dont la jeunesse est prodigue et qui ne pouvaient être mieux placés qu’en cette rencontre, je me permettais quelques observations et restrictions sur le passage trop facile que l’historien se ménageait de la Gironde à la Montagne : « Ici, avait-il dit en concluant éloquemment son quatrième volume et la journée du 2 juin, ici commencent des scènes plus grandes et plus horribles cent fois que toutes celles qui ont indigné les girondins.
C’est que c’était un poste d’observation admirable. […] Ce grand apôtre de l’observation directe a vécu très retiré, a peu communiqué, je crois, avec les hommes d’une autre classe que la sienne ; et ce grand amasseur de faits les a surtout cherchés dans les livres. […] Ainsi l’alpinisme d’une part, la charcotisme de l’autre — sans compter certains exercices d’observation minutieuse et ironique (Deux Plaisanteries) — ont contribué à faire de M.
— que quelque chose du même ordre que ce que nous appelons un choc nerveux soit la dernière unité de conscience, et que toutes les différences entre nos états de conscience, résultent des modes différents d’intégration de cette dernière unité138. » Mais si, laissant toute spéculation sur la composition dernière de l’esprit, nous passons aux observations sur sa composition prochaine, nous trouverons qu’il est composé de deux catégories d’éléments : les feelings (ce qui est senti) et les rapports entre ces états. […] « La vie du corps et la vie mentale sont des espèces dont la vie proprement dite est le genre. » Et tandis que la psychologie ordinaire, fondée exclusivement sur l’observation intérieure et l’emploi de la méthode subjective, en vient à se restreindre à l’étude de l’homme, sans nul souci des formes inférieures de la vie intellectuelle, la psychologie expérimentale aspire à découvrir, décrire et classer les divers modes de la sensation et la pensée, à en suivre l’évolution lente et continue, depuis l’infusoire jusqu’à l’homme blanc et civilisé. […] L’astronome qui, par des raisonnements quantitatifs élaborés que nous appelons calculs, conclut que le passage de Vénus commencera tel jour, à telle heure, à telle minute, et qui au temps indiqué tourne son télescope vers le soleil et ne voit aucune tache noire entrant dans son disque, conclut à la fausseté de son calcul, — et non à la fausseté de ces actes de pensée relativement brefs et primitifs, par lesquels il a fait son observation.
II Cependant, avant de vous dérouler ces vers admirables qui semblent avoir conservé dans leur harmonie et dans leur couleur les ondulations sonores de la vague contre les flancs du vaisseau, le rythme des rames d’où dégoutte l’onde amère, les frémissements des brises du ciel dans les cyprès, les mugissements des troupeaux sur les montagnes de l’Ionie ou de l’Albanie, et les reflets des feux de bergers dans les anses du rivage, permettez-moi de vous faire une remarque qui appartient moins à la rhétorique qu’à l’observation du cœur humain : c’est que, pour bien comprendre et bien sentir Homère dans l’Odyssée, il faut être né et avoir vécu dans des conditions de vie rurale, patriarcale ou maritime, analogues à celles dans lesquelles le poète de la nature a puisé ses paysages, ses mœurs, ses aventures et ses sentiments. […] » C’est ainsi que chaque passage remarquable du poème servait de texte à une observation ou à une leçon indirecte pour nous. […] Peu d’observations interrompirent ces chants, moins faits pour des enfants que pour la populace crédule, jusqu’au passage où Nausicaa, la fille du roi Alcinoüs, sauve Ulysse dans l’île des Phéaciens.