/ 2092
2040. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Il y a bien, à notre connaissance, une douzaine de Souvenirs, Jugements, Observations, Mémoires, Annotations, des nommés Steinmann, Carpeles, Gadke, Hüpper, Bolsche, etc., etc., concernant le plus subtil et le plus aérien des poètes de la moderne Allemagne. […] André Maltère est aidé dans ces tentatives par l’excitation même qu’apportent à ses nerfs deux femmes dont les qualités opposites se complètent en lui : l’une, fille d’un professeur au Muséum, Mlle Claire Pichon Picard, représente l’honnêteté, la droiture, un jugement exquis, bien qu’un peu rigide, enfin la fleur de la raison contemporaine piquée à un gracieux corsage ; l’autre, une petite princesse russe nommée Marina, nous offre une image plus complète encore que Bérénice de ce type qu’a vraiment créé Barrès, la femme sensuelle et raffinée, perverse, au sens étroit d’un logicien, élégamment adaptée, au sens plus large d’un passionné, à l’harmonie mystérieuse des choses, à la délicatesse des jours d’automne, des aubes grêles, des vins répandus, des fleurs fanées, des êtres faibles devant le désir, le danger, la douleur et la honte, et dont tous les espoirs sont flétris. […] Il est nommé évêque ; il brille en Sorbonne. […] Nommé à l’évêché de Luçon, il administra avec habileté.

2041. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Le Menteur 650 fois nommé, quand Cinna ne l’est que 619 fois et Polyeucte 418 fois ! […] Il n’est histoire littéraire où il ne soit nommé en son lieu ; mais, à l’ordinaire, on n’en a pas lu une ligne, et l’on ne cite son nom que pour exprimer à son endroit cette répulsion accompagnée de scandale qui est un hommage délicat que les critiques aiment à se rendre à eux-mêmes. […] » Je sentis la rougeur me monter au visage ; Mais, contenu devant un si grand personnage, Mon orgueil descendit bientôt à le prier De me nommer du moins commis de ce greffier. […] Elle peint les mœurs ou elle en a la prétention ; elle fait rire ou sourire ; mais elle a beaucoup de moments tragiques, et elle se sert des ressorts que l’on nomme la terreur et la pitié.

2042. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Or, si des sophistes peuvent alléguer que la prostitution n’est pas un mal, puisque le mal est un mot vide de sens, tout le monde aura peur de la « petite vérole »  Voyez, en sens inverse, la gentille petite Denise, dans Au bonheur de dames : elle est honnête, celle-là, et, certes, elle n’y a aucun mérite : elle est honnête comme Nana ne l’est pas, comme Coupeau est ivrogne, et aussi un peu parce que le nommé Hutin n’a pas su profiter du moment psychologique, le seul où sa névrose de vertu aurait peut-être été faible. […] Je crois avec Darwin que la lutte violente est une loi de la nature qui régit tous les êtres ; je crois avec Joseph de Maistre que c’est une loi divine ; deux façons différentes de nommer la même chose. […] On peut se demander si ce mouvement est du à l’initiative et à l’effort des personnes que nous avons nommées et qui ne sont d’ailleurs que des chefs de file, entourés ou suivis d’un état-major dont le nombre et l’éclat augmentent d’année en année.

2043. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Elle raconte son histoire sans se nommer, laissant croire qu’il s’agit d’une amie. […] Ainsi transportés, notre enthousiasme pour le héros rejaillit sur le drame lui-même et sur l’auteur : on prononce le mot de chef-d’œuvre, on nomme Corneille. […] Et elle s’éloigne en étouffant ses sanglots sans s’être nommée, et elle pousse le dévouement jusqu’au sacrifice de la vie.

2044. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Par la rime s’introduit l’ordre et pour ainsi dire la lumière en cette harmonie encore obscure ; on entrevoit alors, dans la période poétique qui se développe, une correspondance et une dépendance mutuelle de parties ; une sorte de force attractive rapproche les vers les uns des autres et les fait désormais graviter ensemble dans la même orbite, avec une régularité de mouvements et un concert qui n’est pas sans rappeler par une lointaine analogie ce que les philosophes anciens nommaient la musique des sphères. […] La suite rythmée des voyelles, dont chacune est un accord sourd, forme une symphonie voilée, quelque chose comme la voix d’un orchestre entendue sur une plage de très loin, sans qu’on puisse nommer aucune des notes apportées par le vent. […] Les esthéticiens d’Allemagne ont montré que, dans l’architecture, les proportions diverses des lignes sont régies par une règle qu’on a nommée règle d’or, et qui établit entre les lignes un rapport simple.

2045. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Il écrit dans son Journal intime : « Les Français sont toujours les mêmes : fous et méchants. » Il ne comprend pas que les Français se fassent tuer sous la conduite de celui qui défend le sol de leur pays : « Nous verrons si les Français tiendront à cet enragé qu’ils nomment Empereur… Je n’aurais pas cru cette nation bête à ce point. » Il charge Mme de Staël de faire imprimer à Londres sa brochure sur l’Esprit de Conquête, où il flétrit la nation conquérante. […] Ce sont ces vers de la Bouche d’Ombre : Les mondes, dans la nuit que vous nommez l’azur, Par les brèches que fait la mort blême à leur mur, Se jettent en fuyant l’un à l’autre des âmes. […] C’est pour leur édification qu’il faut noter sur le cahier de Pasteur, nommé administrateur de l’École normale, des notes du genre de celle-ci : « Voir à l’École polytechnique quel est le poids de grammes de viande donné pour chaque élève… Cour qu’il faut sabler… Salle qu’il s’agit d’aérer.

2046. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Boileau est à peine nommé dans cette étude ; il semble pourtant que l’ombre de Boileau revienne se placer d’elle-même en face de nous, chagrine et irritée, dès que nous parlons de Herder. […] Mais quand il se demande naïvement à quoi l’on peut comparer Werther même, il ne s’avise pas de nommer la Nouvelle Héloïse. […] Ce qui n’atteste pas dans l’auteur d’Eritis sicut Deus une observation moins subtile et moins juste de la vie et de son train naturel, c’est la manière dont s’éclaircit peu à peu le malentendu spirituel qui existait entre Élisabeth et Robert, dès avant le mariage ; ce sont les petits accidents qui l’enveniment ou qui, du moins, en augmentent chaque jour la gravité, après qu’elle l’a suivi à l’Université de X***, où il est nommé professeur ordinaire.

2047. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Lui aussi, il chante quand il parle ; quand il nomme l’Arche, c’est par une profusion de noms poétiques, « la maison flottante, la plus grande des chambres flottantes, la forteresse de bois, le toit mouvant, la caverne, le grand coffre de mer », et dix autres.

2048. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Tout changeait autour de lui, Fritz Kobus seul ne changeait pas ; tous ses anciens camarades montaient en grade, et Kobus ne leur portait pas envie ; au contraire, lisait-il dans son journal que Yéri Hans venait d’être nommé capitaine de hussards, à cause de son courage ; que Frantz Sépel venait d’inventer une machine pour filer le chanvre à moitié prix ; que Pétrus venait d’obtenir une chaire de métaphysique à Munich ; que Nickel Bischof venait d’être décoré de l’ordre du Mérite pour ses belles poésies, aussitôt il se réjouissait et disait : « Voyez comme ces gaillards-là se donnent de la peine : les uns se font casser bras et jambes pour me garder mon bien ; les autres font des inventions pour m’obtenir les choses à bon marché ; les autres suent sang et eau pour écrire des poésies et me faire passer un bon quart d’heure quand je m’ennuie… Ah !

2049. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Jusque-là les lettres et l’art n’avaient vécu que de convention et de fantaisie. » « L’École réaliste, ainsi nommée pour faire opposition tranchée à l’idéalisme imaginaire, déclarait qu’elle voulait briser avec la tradition officielle.

2050. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Je ne saisis donc, dans cette hypothèse, ni pourquoi, à tel moment déterminé, une diminution d’intensité dans le phénomène lui confère un droit à l’extension et à une apparente indépendance, ni comment un accroissement d’intensité crée, à un moment plutôt qu’à un autre, cette propriété nouvelle, source d’action positive, qu’on nomme douleur.

2051. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

» Je crois, ma cousine, que vous serez assez forte, ici, pour nommer M.  […] Vous y jouerez des pièces d’académiciens et vous ne tarderez pas à être nommée sociétaire à demi-part.

2052. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Dans les Facultés, au contraire, le professeur, placé au point de vue dogmatique, se propose de réunir, dans un exposé synthétique, l’ensemble des notions positives que possède la science, en les rattachant au moyen de ces liens que l’on nomme des théories, destinées à dissimuler autant que possible les points obscurs et controversés qui troubleraient sans profit l’esprit de l’élève qui débute. […] En 1803, Nicolas et Gueudeville publièrent des recherches et des expériences sur le diabète qu’ils nommèrent la phtisurie sucrée. […] Quand on fait l’anatomie du foie, on trouve des groupes de cellules, qu’on nomme un lobule (fig. 7). […] L’un de ces modes de raisonnement constitue ce qu’on nomme la méthode à priori.

2053. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Tel est le fait de l’affirmation primitive, antérieure à toute réflexion et pure de toute négation ; cette affirmation est déjà un jugement, mais un jugement évident par lui-même, de cette évidence qu’on nomme intuitive pour la distinguer de celle qui s’obtient par les procédés laborieux de l’induction ou de la déduction67. […] En psychologie, nous avons reconnu dans la conscience le moi ou l’activité volontaire et libre, avec le cortège des faits qui en dépendent, et en même temps le phénomène de la sensation que le moi n’a point faite, qu’il ne peut se rapporter à lui-même, et qu’il est contraint de rapporter à quelque chose d’extérieur et étranger qu’on nomme le non-moi ; enfin au-dessus du non-moi et du moi, causes relatives et bornées, substances reliés, mais finies, la raison, qui est la lumière de la conscience, révèle à l’homme la substance et la cause absolue, nécessaire, infinie, etc., Dieu en un mot. […] Je vois à côté du trône une chambre des députés nommée directement par le peuple et intervenant dans la confection de toutes les lois qui fondent et autorisent toutes les mesures particulières, de telle sorte que rien ne se fait dans le dernier village de France où la chambre des députés n’ait la main.

/ 2092