Les uns sont des gestes naturels, et les autres sont des gestes artificiels. […] Mais il est rare que le geste naturel signifie quelque chose distinctement quand on le fait sans parler. […] Mais le geste naturel ne suffit pas même alors pour donner à connoître les circonstances de cette affection. […] Mais ces gestes naturels n’ont encore qu’une signification toujours imparfaite, et même équivoque le plus souvent. […] Ainsi l’homme qui se bat la poitrine fait un geste naturel qui marque un saisissement.
Telle est la destination naturelle des conceptions métaphysiques : elles n’ont pas d’autre utilité réelle. […] Il est superflu, je pense, d’avertir qu’il ne saurait être question ici d’une suite de cours spéciaux sur chacune des branches principales de la philosophie naturelle. […] De l’aveu de tous, les divisions, établies pour la plus grande perfection de nos travaux entre les diverses branches de la philosophie naturelle, sont finalement artificielles. […] Et néanmoins celle-ci exige absolument un ensemble de conceptions positives sur toutes les grandes classes de phénomènes naturels. […] On en peut citer aisément des exemples très marquants, que je signalerai soigneusement, à mesure que le développement naturel de ce cours nous les présentera.
Le sixième aspect est un système du droit naturel des gens. […] Aussi toutes ses attaques contre les jurisconsultes romains portent à faux, puisqu’ils ont pris pour principe la Providence divine, et qu’ils ont voulu traiter du droit naturel des gens, et non point du droit naturel des philosophes, et des théologiens moralistes. — Ensuite vient Selden, dont le système suppose la Providence. […] Comment peut-il prouver que les Hébreux ont transmis aux Gentils leur droit naturel, contre l’aveu magnanime de Josèphe, contre la réflexion de Lactance cité plus haut ? […] D’abord ils croient que leur droit naturel, fondé sur les théories des philosophes, des théologiens, et sur quelques-unes de celles des jurisconsultes, et qui est éternel dans son idée abstraite, a dû être aussi éternel dans l’usage et dans la pratique des nations. […] Leurs systèmes n’embrassent pas la moitié du droit naturel des gens.
Un sujet grotesque ne veut pas être traité avec des figures aussi grandes que le naturel. […] Personne n’ignore qu’on entend en poësie par scelerat un homme qui viole volontairement les préceptes de la loi naturelle, à moins qu’il ne soit excusé par une loi particuliere à son païs. Le respect pour les loix de la societé dont on est membre est une si grande vertu, qu’elle excuse sur la scene l’erreur qui nous fait violer la loi naturelle. […] On plaint la misere des hommes de ce tems-là qui ne pouvoient plus discerner la loi naturelle à travers les nuages dont les fausses religions l’enveloppoient. […] Une erreur excusable peut donc réhabiliter, pour ainsi dire, le personnage qui commet un grand crime contre la loi naturelle, mais je me donnerai bien de garde de donner aux emportemens et aux premiers mouvemens le droit d’excuser les grands crimes, même sur le théatre.
On vous recommande d’être naturels, et on a raison. […] On pense que ce négligé volontaire donnera l’air naturel au style. […] De même l’attention et l’effort dans les productions de l’esprit ne détruisent pas plus le naturel, que l’irréflexion et la négligence ne le manifestent. Si l’on connaît sa nature, et si l’on s’applique à n’en pas altérer la pure et franche expression, on n’en a que plus de naturel. […] Il en de si peu naturel aussi que de vouloir mettre toute son âme, tout son esprit dans chaque mot.
La religion n’est que la sanction de la volonté de Dieu, révélée et apposée à la morale naturelle. […] Il faudrait resserrer et analyser le système social et la politique naturelle. […] (La morale particulière, ou le droit naturel et celui des gens.) […] Les Devoirs de l’Homme et du Citoyen, tels qu’ils lui sont prescrits par la loi naturelle, traduits par Barbeyrac. […] Éléments du Droit naturel.
Nous réunirons-nous en conciles pour rédiger les articles de la religion naturelle ? […] Mais, dira-t-on, en quoi une telle religion se distinguera-t-elle de ce qu’on appelle la religion naturelle, ou du déisme philosophique ? Et ne sait-on pas par l’expérience que la religion naturelle n’a jamais pu s’établir parmi les hommes, que le déisme est une opinion de cabinet, une doctrine d’école et non pas une religion ? […] Une religion naturelle peut paraître impossible, un christianisme naturel ne l’est pas. […] Quel centre plus naturel d’union que cette antique Église dont nous sommes sortis, et qu’aiment toujours du fond du cœur ceux qui en sont le plus séparés ?
Histoire naturelle de l’homme. […] Histoire naturelle des animaux. — Les dégoûts de Buffon. — § IV. […] Histoire naturelle de l’homme. […] Dirai-je même que l’impression de cette morale purement naturelle est plus forte ? […] Histoire naturelle des animaux.
De même que Manéthon, le grand prêtre d’Égypte, interpréta l’histoire fabuleuse des Égyptiens par une haute théologie naturelle, les philosophes grecs donnèrent à la leur une interprétation philosophique. […] D’après cela, nous distinguerons à plus juste titre que Varron, trois espèces de théologie : théologie poétique, propre aux poètes théologiens, et qui fut la théologie civile de toutes les nations païennes ; théologie naturelle, celle des métaphysiciens ; la troisième, qui dans la classification de Varron est la théologie poétique42, est pour nous la théologie chrétienne, mêlée de la théologie civile, de la naturelle, et de la révélée, la plus sublime des trois. Toutes se réunissent dans la contemplation de la Providence divine ; cette Providence qui conduit la marche de l’humanité, voulut qu’elle partît de la théologie poétique qui réglait les actions des hommes d’après certains signes sensibles, pris pour des avertissements du ciel ; et que la théologie naturelle, qui démontre la Providence par des raisons d’une nature immuable et au-dessus des sens, préparât les hommes à recevoir la théologie révélée, par l’effet d’une foi surnaturelle et supérieure aux sens et à tous les raisonnements. […] Nous ferons voir d’une manière claire et distincte comment les fondateurs de la civilisation païenne, guidés par leur théologie naturelle, ou métaphysique, imaginèrent les dieux ; comment par leur logique ils trouvèrent les langues, par leur morale produisirent les héros, par leur économie fondèrent les familles, par leur politique les cités ; comment par leur physique, ils donnèrent à chaque chose une origine divine, se créèrent eux-mêmes en quelque sorte par leur physiologie, se firent un univers tout de dieux par leur cosmographie, portèrent dans leur astronomie les planètes et les constellations de la terre au ciel, donnèrent commencement à la série des temps dans leur chronologie, enfin dans leur géographie placèrent tout le monde dans leur pays (les Grecs dans la Grèce, et de même des autres peuples). […] Si Varron la distingue de la théologie civile et de la théologie naturelle, c’est que, partageant l’erreur vulgaire qui place dans les fables les mystères d’une philosophie sublime, il l’a crue mêlée de l’une et de l’autre.
D’après tout ce qu’on vient de dire, le droit des Quirites ou Curètes dut être le droit naturel des gens ou nations héroïques de l’Italie. […] C’est une loi du droit naturel des gens, que le domaine suit la puissance. […] Maintenant recourons à ces preuves divines dont on a parlé dans le chapitre de la Méthode ; examinons combien sont naturels et simples les moyens par lesquels la Providence a dirigé la marche de l’humanité, rapprochons-en le nombre infini des phénomènes qui se rapportent aux quatre causes dans lesquelles nous verrons partout les éléments du monde social (les religions, les mariages, les asiles et la première loi agraire), et cherchons ensuite entre tous les cas humainement possibles, si des choses si nombreuses et si variées ont pu avoir des origines plus simples et plus naturelles. […] En faisant naître les républiques sous une forme aristocratique, elle transforma le droit naturel des familles, qui s’était observé dans l’état de nature, en droit naturel des gens, ou des peuples. […] La victoire leur ôtant tout droit civil, ainsi que nous le démontrerons, les vaincus conservaient seulement la puissance paternelle, donnée par la nature, les liens naturels du sang, cognationes, et d’un autre côté le domaine naturel ou bonitaire ; en tout cela leurs obligations étaient simplement naturelles, de jure naturali gentium, en ajoutant, avec Ulpien, humanarum.
Une observation vient à l’appui de cette idée, c’est que les libertins qui vieillissent, et qui sentent les forces naturelles leur manquer, deviennent ordinairement religieux. […] Pour arriver à trouver cette nature des choses humaines, la Science nouvelle procède par une analyse sévère des pensées humaines relatives aux nécessités ou utilités de la vie sociale, qui sont les deux sources éternelles du droit naturel des gens (axiome 11). […] Les trois principaux auteurs qui ont écrit sur le droit naturel (Grotius, Selden et Pufendorf), auraient dû tenir compte de cette autorité, plutôt que de celles qu’ils tirent de tant de citations d’auteurs. […] Les preuves philologiques doivent venir en dernier lieu ; elles peuvent se ramener toutes aux sept classes suivantes : 1º Notre explication des fables se rapporte à notre système d’une manière naturelle, et qui n’a rien de pénible ou de forcé. […] Ces traditions ayant été suivies si longtemps, et par des peuples entiers, doivent avoir eu un motif commun de vérité (axiome 16). 6º Les grands débris qui nous restent de l’antiquité, jusqu’ici inutiles à la science, parce qu’ils étaient négligés, mutilés, dispersés, reprennent leur éclat, leur place et leur ordre naturels. 7º Enfin tous les faits que nous raconte l’histoire certaine viennent se rattacher à ces antiquités expliquées par nous, comme à leurs causes naturelles. — Ces preuves philologiques nous font voir dans la réalité les choses que nous avons aperçues dans la méditation du monde idéal.
Le naturel donc, le naturel dans un temps de rococo et de chinoiserie, dans un temps où Marivaux marivaudait et où Madame Necker écrivait que Diderot n’aurait pas été naturel s’il n’avait pas été exagéré. Le naturel ! […] Le naturel ! […] Cette touche adorable sur les esprits et sur les cœurs, le naturel, Madame de Sabran l’avait. […] Toujours, en voulant la mettre, elle la déchire, et c’est une lutte charmante dont le naturel sort vainqueur.
Les deux situations peuvent donc se balancer quant à l’intérêt naturel : voyons s’il en est ainsi de l’intérêt religieux. […] La pitié et la terreur s’appuient donc uniquement, dans cette situation, sur l’intérêt naturel ; et si vous pouviez retrancher la religion de la pièce, il est évident que l’effet théâtral resterait le même. […] Ce ne sont pas toujours les choses purement naturelles qui touchent : il est naturel de craindre la mort, et cependant une victime qui se lamente sèche les pleurs qu’on versait pour elle. […] Pour achever le cercle des caractères naturels, il faudrait parler de l’amitié fraternelle, mais ce que nous avons dit du fils et de la fille s’applique également à deux frères, ou à un frère et à une sœur. […] En un mot, le christianisme n’enlève rien au poète des caractères naturels, tels que pouvait les représenter l’antiquité, et il lui offre de plus son influence sur ces mêmes caractères.
Il est bon de connoître la source des plaisirs dont le goût est la mesure : la connoissance des plaisirs naturels & acquis pourra nous servir à rectifier notre goût naturel & notre goût acquis. […] Mais le goût naturel n’est pas une connoissance de théorie ; c’est une application prompte & exquise des regles même que l’on ne connoît pas. […] Ainsi ce que nous pourrions dire ici, & tous les préceptes que nous pourrions donner pour former le goût, ne peuvent regarder que le goût acquis, c’est-à-dire ne peuvent regarder directement que ce goût acquis, quoiqu’il regarde encore indirectement le goût naturel : car le goût acquis affecte, change, augmente & diminue le goût naturel, comme le goût naturel affecte, change, augmente & diminue le goût acquis. […] Il sembleroit que les manieres naturelles devroient être les plus aisées ; ce sont celles qui le sont le moins, car l’éducation qui nous gêne, nous fait toûjours perdre du naturel : or nous sommes charmés de le voir revenir. […] Virgile plus naturel frappe d’abord moins, pour frapper ensuite plus.