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1185. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Ce que l’œuvre dramatique a, en effet, de caractéristique et de distinctif, c’est qu’étant faite pour être jouée — comme la peinture, par exemple, est faite, sans doute, pour réjouir les yeux, et la musique, d’abord et avant tout, pour charmer l’oreille, — on ne saurait vraiment la détacher ni des conditions matérielles de la représentation scénique, ni de la nature et de la composition du public auquel elle est destinée.

1186. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

La musique ne ressemble à rien de ce que j’ai entendu.

1187. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je voudrais qu’on pût empêcher mon sang de circuler avec tant de rapidité, et lui donner une marche plus cadencée ; j’ai essayé si la musique pouvait faire cet effet : je joue des adagio, des largo, qui endormiraient trente cardinaux.

1188. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

A seize ans, sa vie passionnelle se partage entre la musique, les psaumes de David, et ses lettres à sa mère, qui sont trop belles, trop bien écrites pour cet âge. […] Et il alla à l’Allemagne modeste, douce et humble, non pas à l’Allemagne des grandes villes, mais à l’Allemagne exclusivement scolaire, familiale et patriarcale, et très tendre et pieuse, à Heidelberg, le joli village savant, la grande université dans la petite ville pittoresque, le μουσειον discret et calme, où l’on fait de l’érudition toute la journée, et le soir, selon la saison, de si bonne musique ou de si fraîches promenades. […] L’un traduit en beaux vers des tableaux peints ; l’autre, ou le même, des pages de musique ; l’autre de vieilles légendes déjà rédigées par quelque naïf chroniqueur ancien ; l’autre des livres de zoologie.

1189. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Elle est même quelquefois très lente, comme l’éducation de l’oreille en musique. […] Lacépède suit le même procédé : Une montagne voisine, s’entr’ouvrant avec effort, lance au plus haut des airs une colonne ardente, qui répand au milieu de l’obscurité une lumière rougeâtre et lugubre ; des rochers énormes volent de tous côtés ; la foudre éclate et tombe ; une mer de feu s’avançant avec rapidité inonde les campagnes ; à son approche, les forêts s’embrasent, la terre n’offre plus que l’image d’un vaste incendie qu’entretiennent des amas énormes de matières enflammées… Où fuyez-vous, mortels infortunés…     (Lacépède, Poétique de la musique.)

1190. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

La musique en a bien fait d’autres, et ce n’est pas plus difficile que d’apprivoiser des lions ou de faire valser des ours.

1191. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Les rues étaient jonchées de verdure, les maisons pavoisées de drapeaux, les fenêtres, les balcons et les toits garnis d’innombrables spectateurs, hommes et femmes, nobles et bourgeois dans leurs plus belles parures ; les canons de la Tour, les cloches des églises, la musique des régiments, les acclamations de la foule, remplissaient l’air d’un bruit immense et joyeux.

1192. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Vingt vers y suffisent, et cent mille n’y peuvent rien : vingt vers, un souffle, une note, une mélodie qui passe, une goutte d’eau qui tremble un moment à la surface des prés, un chant d’oiseau qui murmure et se perd dans la feuillée assoupie, un parfum qui s’exhale, une (leur qui naît et qui meurt d’un soleil à l’autre, quelque chose de fugitif et d’éphémère comme le plaisir, comme le rêve, comme l’homme : les stances du Lac, les strophes du Donec gratus eram, la romance de Don Juan, l’Invitation à la valse, de Weber, voilà la poésie, voilà la musique, voilà l’art, dans leur acception la plus exquise et la plus vraie. […] L’hiver tousse, vieux phthisique, Et s’en va ; la brume fond ; Les vagues font la musique Des vers que les arbres font.

1193. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

C’est un grand délice que de ne point savoir où l’on en est en pareille chose, et le chatouillement que des raffinés plus vulgaires que nous éprouvent à ne pas dire tout de suite qu’ils aiment, nous le sentons, nous, à ne pas même le penser, et à ne pas trop le sentir. » Car ce sont de fins artistes en sensations suaves et légères, et il n’y eut jamais hommes aussi habiles qu’eux à manier leur cœur comme un instrument de musique très délicat, très susceptible et infiniment compliqué. […] Je ne fais pas l’énumération ; il faudrait aller de l’agronomie à la métaphysique en passant par la musique et l’algèbre, et remplir des pages.

1194. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

« Ils avaient remarqué que les sauvages de ces bords étaient fort sensibles à la musique.

1195. (1864) Le roman contemporain

Elle a elle-même expliqué par de vives paroles l’impression que produisit sur elle la lecture de Jean-Jacques Rousseau : « La langue de Jean-Jacques, dit-elle, et la forme de ses déductions, s’emparèrent de moi comme une musique superbe éclairée par un grand soleil. » Il y a des parentés intellectuelles comme des parentés physiques.

1196. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Nous en avons exclu les ressorts surnaturels, l’intervention des dieux, les dénouements incroyables, tous les moyens propres au poème épique, et qui, joints à la danse et à la musique, sont relégués dans la tragédie lyrique, vulgairement dite opéra. […] Les amateurs de la belle musique jouissent à entendre toujours répéter celle des grands maîtres.

1197. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Je me rappelle toujours ce mot de Louis-Philippe, au commencement de son règne, quand on lui demandait s’il fallait laisser jouer la Marseillaise aux musiques militaires : « Certes, toutes les fois qu’on la demandera… et même un peu plus souvent. […] Il quémanda, plus triste que jamais et inscrivant sur son journal ces sentences mélancoliques et amères : « La vie, chemin vers la tombe, dont le poète marque les étapes avec des strophes sanglantes, rouges comme le rubis. » — « Nos gémissements et nos plaintes sont peut-être la musique au son de laquelle dansent les anges. » Cependant ce qui lui coûtait tant lui rapporta quelque chose.

1198. (1876) Romanciers contemporains

L’un est une vivante description de Stockholm : Quel bonheur pour moi de te promener pas à pas dans les divers quartiers illustrés par d’héroïques ou de touchantes traditions, de te conduire au haut du Mossbacka, d’où l’on voit dans sa plus vaste étendue ce magnifique panorama ; ici le lac Mélar épanchant ses flots dans la Baltique ; là, le cœur de la royale métropole, la cité primitive avec ses vieilles maisons et ses monuments nationaux ; plus loin, la péninsule où se déroulent en de longs circuits les allées du parc, où, autour du Rosendal, le champêtre château du roi, s’élèvent de riantes villas, où la grande musique a son orchestre, l’art dramatique son théâtre, Polichinelle ses tréteaux, où toute la semaine, de côté et d’autre, paradent les élégants équipages, où le dimanche l’ouvrier s’en va chantant les chansons de Bellmann ; çà et là, au milieu des embranchements du Mélar ou de la mer Baltique, les îles parsemées d’arbres, couvertes de maisons et rejointes l’une à l’autre par des ponts !

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