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1604. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Si Dickens était mort, on pourrait faire sa biographie. […] Il semble lire en chuchotant les épitaphes des morts. […] Le chagrin d’une enfant qui voudrait être aimée de son père et que son père n’aime point, l’amour désespéré et la mort lente d’un pauvre jeune homme à demi imbécile, toutes ces peintures de douleurs secrètes laissent une impression ineffaçable. […] Rachel, sa seule amie, est là, et son égarement, ses cris, le tourbillon de désespoir dans lequel Dickens enveloppe ses personnages ont préparé la douloureuse peinture de cette mort résignée. […] Il a devant lui son calomniateur ; il ne s’indigne pas, il n’accuse personne ; il charge seulement le père de démentir la calomnie tout à l’heure, quand il sera mort.

1605. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Je veux du moins citer une page capitale de la première préface des Libres Penseurs :     Mon père était mort à cinquante ans. […] La cité de Dieu dont il rêve, il ne la rejette pas tout entière par-delà la mort. […] Il n’aurait rien compris à ce raisonnement que j’ai souvent fait en songeant à la mort : — « Oui, c’est le noir, c’est l’inconnu. Mais s’il y a une destinée humaine par-delà la mort, quelle qu’elle doive être pour moi, je serais fou de redouter un sort qui me sera forcément commun avec des milliards d’individus de mon espèce. » Cela ne l’eût point rassuré. […] j’ai chancelé souvent ; Mais, grâce à Dieu, vainqueur du doute, Je suis mort ferme et pénitent.

1606. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

On peut croire qu’une certaine analogie avec la destinée du Christ, qui lui aussi n’a triomphé qu’après sa mort, n’a pas été sans influence sur ces dernières prédictions, en apparence décourageantes. […] Joyeuse s’élançait, sauvait le petit être tout près de la mort ; seulement le timon l’atteignait lui-même en pleine poitrine… On le mettait sur une civière, on le montait chez lui… ; il entendait le cri déchirant de ses filles… ; et ce cri désespéré l’atteignait si bien au cœur, il le percevait si distinctement : Papa, mon cher papa ! […] rappel : la prosopopée est une figure de rhétorique consistant à mettre en scène les absents, les morts, les êtres surnaturels ou même les êtres inanimés, et les faire agir, parler, répondre. […] La prosopopée des Lois est développée dans la dernière partie du Criton (50a-54d) dans le dialogue de Socrate avec les lois de la Cité qui achève son refus de la proposition que Criton lui faisait de s’évader pour échapper à une mort imminente ; le passage cité par Egger est l’épilogue (54d). […] Vivre sous ta puissance, / C’eût été démentir mon nom et ma naissance, / Et ne point écouter le sang de mes parents, / Qui ne crie en mon cœur que la mort des tyrans. » 31.

1607. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Supposez donc qu’il veuille tracer un tableau de la mort du pécheur66. […] C’est une surprise pour la plupart des hommes que l’approche de la mort, c’est une séparation, c’est un changement d’état. […] Est-ce à dire qu’il soit tout à fait indépendant, mort sans successeur et né sans ancêtres ? […] Il faut donc qu’on le rappelle, ou c’est un homme mort. […] Tout est étranger en ce monde, car tous s’en vont avec la mort.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

Denne-Baron, qui est mort le 5 juin dernier, a réveillé, en disparaissant, chez les hommes de lettres ou poètes ses confrères, des souvenirs qu’il serait injuste de ne point recueillir et fixer. […] Il y avait à côté de Millevoye d’autres Millevoye plus faibles et morts également avant l’âge.

1609. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Les anciens avaient une idée exaltée de l’amitié, qu’ils peignaient sous les traits de Thésée et de Pirithoüs, d’Oreste et de Pilade, de Castor et de Pollux ; mais, sans s’arrêter à ce qu’il y a de mythologique dans ces histoires, c’est à des compagnons d’armes que l’on supposait de tels sentiments, et les dangers que l’on affronte ensemble, en apprenant à braver la mort, rendent plus facile le dévouement de soi-même à un autre. L’enthousiasme de la guerre excite toutes les passions de l’âme, remplit les vides de la vie, et par la présence continuelle de la mort, fait taire la plupart des rivalités, pour leur substituer le besoin de s’appuyer l’un sur l’autre, de lutter, de triompher, ou de périr ensemble.

1610. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre I. Querelle des Anciens et des Modernes »

Le quatrième frère, Nicolas Perrault, théologien janséniste, était mort depuis 1661. […] Cf. aussi les Dialogues des morts (1683) : Socrate et Montaigne, Érasistrate et Hervé, Apicius et Galilée, etc.

1611. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Bien des génies littéraires morts ou vivants ont évoqué, dans leurs œuvres, leur âme ou leur imagination devant nos yeux pendant des nuits de pensive insomnie sur leurs livres ; nous avons ressenti, en les lisant, des voluptés inénarrables, bien des fêtes solitaires de l’imagination. Parmi ces grands esprits morts ou vivants, il y en a dont le génie est aussi élevé que la voûte du ciel, aussi profond que l’abîme du cœur humain, aussi étendu que la pensée humaine ; mais, nous l’avouons hautement, à l’exception d’

1612. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

On l’en contrerait, je crois, plus juste, en l’attribuant à l’esprit du moment, au dégoût généralement répandu pour l’incontinence, l’horreur des scandales, à la profonde appréhension (les conséquences que la vie et la mort de Henri IV avaient répandues dans les âmes délicates. […] Ce fut en 1607 que la marquise eut sa cinquième fille, Julie, devenue depuis si célèbre par la passion du duc de Montausier, et sa guirlande, par ses places à la cour, par sa mort, dont la cause est aussi honorable que le reste de sa vie.

1613. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Le 20 juin, naquit le comte de Vexin : ce fut un accroissement de peines pour la gouvernante que la mort de madame la duchesse venait de soulager. […] Madame de Genlis a rapporté cette anecdote à la mort du comte de Vexin, arrivée en 1683 seulement.

1614. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Que l’on juge de ce point de vue les diverses attitudes adoptées par les hommes et où ils témoignent de leur foi en une vérité objective, celles des anciens Grecs qui crurent à la nécessité de recevoir des aliments dans le tombeau pour vivre heureux après la mort, celle de l’ascète à qui la vérité commande de supprimer la volupté, celle du skoptzy à qui la vérité commande d’en supprimer les moyens. […] Ainsi cet élément de la durée, sans lequel aucune réalité ne peut se constituer, peut-il devenir aussi un obstacle au développement futur de la réalité qu’il a fait naître ; condition de vie, il est aussi une menace de mort.

1615. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

De plus, comme dans l’Écriture tout a un rapport final avec la nouvelle alliance, on pourrait croire que les élégies de Job se préparaient aussi pour les jours de deuil de l’Église de Jésus-Christ : Dieu faisait composer par ses prophètes des cantiques funèbres dignes des morts chrétiens, deux mille ans avant que ces morts sacrés eussent conquis la vie éternelle.

1616. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Après la mort de l’Abbé Desfontaines, M. […] Le cinquiéme est pour les spectacles & le sixiéme pour les nouvelles, naissances, mariages, morts, édits, déclarations, arrêts & avis.

1617. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Un grand intérêt fait éclore subitement un homme éloquent ; quoi qu’en dise Helvétius, on ne ferait pas dix bons vers, même sous peine de mort. […] Mille peintres sont morts sans avoir senti la chair ; mille autres mourront sans l’avoir sentie.

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