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28. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

De la morale dans les Fables de La Fontaine. […] La plus intime est sa morale. La Fontaine a-t-il donc une morale ? […] L’impartialité de cette morale lui ouvre toutes les consciences. […] Mais où ne réussit pas la morale qui abdique ?

29. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Grandes questions qui se présentent au seuil même de la morale, et dont toute la morale dépend. […] Morale facile, peut-on répondre d’abord. […] Nous ne faisons ici que de la morale. […] Quelle est donc la morale qui sort de telles fictions ? […] La fibre morale s’est aussi endurcie en nous.

30. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre IV. De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages » pp. 168-173

De la morale poétique, et de l’origine des vertus vulgaires qui résultèrent de l’institution de la religion et des mariages La métaphysique des philosophes commence par éclairer l’âme humaine, en y plaçant l’idée d’un Dieu, afin qu’ensuite la logique, la trouvant préparée à mieux distinguer ses idées, lui enseigne les méthodes de raisonnement, par le secours desquelles la morale purifie le cœur de l’homme. […] De cette logique conforme à leur nature sortit la morale poétique, qui d’abord les rendit pieux. […] Cette morale des nations superstitieuses et farouches du paganisme produisit chez elles l’usage de sacrifier aux dieux des victimes humaines. […] Nous venons de traiter de la morale du premier âge, ou morale divine ; nous traiterons plus tard de la morale héroïque.

31. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Plusieurs gens de goût blâment La Fontaine d’avoir mis la morale, ou à la fin, ou au commencement de chaque fable ; chaque fable, disent-ils, contient sa morale dans elle-même : sévérité qui nous aurait fait perdre bien des vers charmans. […] La Fontaine ne manque pas, du moins autant qu’il le peut, l’occasion de mettre la morale de son Apologue dans la bouche d’un de ses acteurs. […] Au surplus, ce récit ne peut pas s’appeler une fable ; c’est une petite histoire allégorique qui conduit à une vérité morale. […] L’auteur entre en matière sans prologue, sans morale. […] La morale est toute entière dans le récit du fait.

32. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Or, dans la nature morale, dès qu’il existe un terme, la route qui y conduit est promptement parcourue ; mais les pas sont toujours lents dans une carrière sans bornes. […] Le merveilleux se mêlait ainsi à la nature morale comme à la nature physique. […] Eschyle, Sophocle, Euripide, introduisirent successivement et progressivement la morale dans la poésie dramatique. […] L’amour, tel qu’ils le peignaient, est une maladie, un sort jeté par les dieux, un genre de délire, qui ne suppose aucune qualité morale dans l’objet aimé. […] J’aurai souvent l’occasion de faire remarquer les changements qui se sont opérés dans la littérature, à l’époque où les femmes ont commencé à faire partie de la vie morale de l’homme.

33. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La parole intérieure morale Mais il est une troisième variété qui mérite une place à part dans notre analyse : c’est la parole intérieure morale. […] Jeanne reçoit donc, en vue du but spécial qu’il lui a été ordonné de poursuivre, une direction morale complète, qui semble ne l’abandonner jamais. […] Sa nature intellectuelle et, par suite, morale, était, par elle-même, droite et active ; un veto intermittent, qui le garantissait de toute faute involontaire, suffisait à lui assurer la parfaite sagesse et constituait à lui seul une direction morale complète ; Socrate n’avait besoin ni de préceptes positifs ni d’encouragements. […] On peut signaler les rapports de la parole intérieure morale avec les deux autres variétés vives en disant que la passion morale implique l’imagination plus ou moins nette d’un conseiller, tout au moins d’une voix étrangère. […] I, livre III, p. 272 et passim) ; dans une doctrine déterministe et eudémonique, la prescience est le fondement de la morale.

34. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Et c’est parce qu’elle marche à la française. « Ma seconde maxime, (c’est une maxime de sa morale, mais ce que je prétends, c’est que sa méthode aussi est une morale, une morale de pensée ou une morale pour penser ; ou si l’on veut tout est morale chez lui. […] Sa morale provisoire est une morale provisoire pour la conduite de la conduite (ordinaire, personnelle et sociale). […] Sa résolution n’est pas moins mentale que morale. […] Dans la morale elle est censément provisoire. […] Et surtout qu’une morale raide soit plus une morale, et plus de la morale, qu’une morale souple.

35. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

Il est aussi difficile de circonscrire dans un corps vivant une émotion morale, esthétique ou autre, que d’y circonscrire de la chaleur ou de l’électricité ; les phénomènes intellectuels ou physiques sont essentiellement expansifs ou contagieux. […] Les sentiments sociaux se révéleront commedes phénomènes complexes produits en grande partie par l’attraction ou la répulsion des systèmes nerveux, et comparables aux phénomènes astronomiques : la sociologie, dans laquelle rentre une bonne part de la morale et de l’esthétique, deviendra une astronomie plus compliquée. […] Comme la morale, l’art a pour dernier résultat d’enlever l’individu à lui-même et de l’identifier avec tous. […] La conception d’un lien de société entre l’homme et des puissances supérieures, mais plus ou moins semblables à lui, où il voit l’explication de l’univers et dont il attend fine coopération matérielle ou morale, voilà ce qui, selon nous, fait l’unité de toutes les doctrines religieuses. […] Nous espérons mettre en lumière ce côté sociologique de l’art, qui en fait l’importance morale en même temps qu’il lui donne sa vraie valeur esthétique.

36. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

Le recueil de ses discours est la plus magnifique table de matières qu’on ait jamais tracée pour un traité de morale qu’il n’écrivit pas, mais dont il parla peut-être quelques chapitres, les jours où l’inspiration de la chaire, cette inspiration qui consume tout du génie d’un homme, le saisissait ! […] En face du grand ouvrier de la morale de Jésus-Christ, de ce sombre fouilleur du cœur humain, Nicole, avec ses petits traités de morale, ne fait plus l’effet que d’un de ces patients tourneurs en ivoire qui cisèlent des cathédrales à mettre sous le pouce dans un dé de verre, et encore la cathédrale a un détail de fines nervures et de ténuité délicate que n’avait pas Nicole. […] Les petits traités de morale publiés aujourd’hui sont intitulés : De la faiblesse de l’homme ; De la soumission à la volonté de Dieu ; Des diverses manières dont on tente Dieu ; Des moyens de conserver la paix avec les hommes ; De la civilité chrétienne. […] Quant à nous, nous avons parfaitement conscience de celle que nous venons d’éprouver en relisant ces petits traités d’une morale sans profondeur, sans tendresse et sans bonhomie. […] Petits traités de morale ; Lettres spirituelles (Pays, 12 février 1857).

37. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Nous irons chercher dans les ouvrages de Nicole la morale purement chrétienne. […] Pour la peine, elle n’est plus bornée, comme dans la morale philosophique, à la vie présente ; mais, en revanche, la morale chrétienne nous parle d’un pardon plus vaste que la peine, et nous promet une justice qui réformera bien des condamnations et cassera bien des absolutions de la justice humaine. […] C’est à lui, en effet, qu’il faut faire honneur d’avoir su le premier présenter la morale sous la forme d’un genre ou d’un art. […] La morale de La Bruyère blâme, mais elle ne flétrit pas ; elle conseille, mais elle ne prêche point. […] Elle consiste en seize divisions ou têtes de chapitres, qui comprennent à peu près toute la morale pratique dans une société monarchique et chrétienne.

38. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Bourget, l’histoire de sa propre formation intellectuelle et morale. […] Dumas fils, (chose un peu inattendue), la préoccupation tragique des questions de morale dans les drames de l’amour. […] Du moins, c’est un psychologue très tourmenté par les questions de morale, très ému, très anxieux, parfois effrayé. […] Paul Bourget appelle lui-même son dernier roman, André Cornélis, une « planche d’anatomie morale », et il n’a que trop raison. […] Mais cette anxiété, c’est déjà le commencement de la rédemption morale, c’est le signe que toute vertu n’est pas morte en nous.

39. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

. — Récits d’imagination pure : anecdotes, hallucinations individuelles, merveilleux simplement surnaturel, merveilleux macabre, contes de morale théorique et de morale pratique. — Fables. […] Sa morale idéale. Sa morale pratique. […] Contes à intentions didactiques, tant de morale pure que de morale pratique. […] Contes à intentions didactiques, tant de morale pure que de morale pratique.

40. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

La pratique du bien en serait la morale. […] Zola, moraliste d’instinct, a supprimé la morale. […] La conscience, fondement de la morale. […] Ce qui diminue la portée morale de l’œuvre de M.  […] Et voici s’élever d’un degré — d’un degré seulement — le niveau de la morale publique et de la morale privée.

41. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Ce qui prouve combien cette Foi est nécessaire, c’est le besoin que nous avons d’être fixés ; car notre esprit n’est pas destiné à se nourrir de doutes & d’incertitude ; c’est le besoin d’une Morale fixe & invariable, d’une Morale qui agisse sur l’esprit & sur le cœur. […] Est-il plus vrai que la Morale du Christianisme flétrisse & endurcisse le cœur ? […] Oser avancer que sa Morale flétrit & endurcit le cœur, n’est-ce pas le comble de l’effronterie & de la contradiction ? […] N’est-ce pas à la Morale chrétienne qu’ils en sont redevables ? […] Et l'on ose dire que cette Religion renferme une Morale nuisible & incompatible avec les devoirs de Citoyen !

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