/ 1955
607. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Sans doute, il s’y souvient encore et du penchant au plaisir, et des libres idées de sa première patrie ; mais il y mêle un sentiment moral, que relève l’accent de la poésie, pt qu’on n’attendrait pas d’un prétendu devancier du matérialisme moderne. […] Loin donc de triompher, comme Lucrèce, de la faiblesse de l’homme, de ses souffrances physiques, de son déclin moral, de sa mort successive et complète, elle se plaît à montrer quelque chose au-delà de ces ruines qu’elle décrit : Des mains, dit-il, propres à l’action, sont adaptées au reste du corps ; mais surviennent de rudes accidents qui hébètent l’intelligence.

608. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

L’Auteur, à chaque Regne, indique, avec autant de méthode que de précision, les révolutions, les mœurs, les événemens les plus remarquables ; fait connoître les Savans, les Hommes de Lettres, les Artistes qui se sont le plus distingués, & caractérise, en peu de mots, le moral de chaque Souverain, tantôt par des réflexions, & tantôt par des anecdotes aussi piquantes, que bien présentées.

609. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ces mouvements d’agrégation des masses autour de l’homme qui sait se révéler leur maître ont lieu sans acception de frontière, brisent le moral des nations et suscitent souvent au héros d’une race des sectateurs d’une autre.

610. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

Nous avons vu entrer en campagne, au profit du salut public, toutes les forces morales, qu’elles prissent naissance ici ou là, dans une religion, dans une philosophie ou dans une éducation ; tout se révéla excellent pour nourrir les âmes, et cette armée remplie de nos contradictions furieuses s’est montrée, face aux Allemands, unie et tout éblouissante de beauté spirituelle.‌

611. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Cela commence — et cela se développe — à la façon d’un conte moral. […] Puis, ils ont volontiers ce laisser-aller moral, naturel aux voyageurs, aux gens qui sont loin de chez eux. […] S’il est moral, ce n’est que de la façon la moins expresse et la plus détournée. […] Mais la comédie de Marivaux, et celle de Musset, sont également fort loin de contenir tout l’univers moral. […] Bref, il est arrivé que les préoccupations morales de Geoffroy lui ont ouvert l’esprit et ont fait de lui presque un novateur.

612. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

C’est à peine si les sciences morales existent pour l’Encyclopédiste. […] Et enfin, de toutes les sciences morales, la morale elle-même est celle que le groupe encyclopédique a le plus négligée. […] Tout au contraire au point de vue biographique, au point de vue des études psychologiques et morales et de la connaissance des hommes et des grands hommes, cette correspondance, enfin complète, est d’un très vif intérêt. […] Telle qu’elle est, cette correspondance offre un intérêt, même philosophique, surtout psychologique et moral, qu’on ne peut nier. […] Brunetière la possédait dès ses débuts à ce point que souvent alors on disait de lui qu’il était plutôt un philosophe qu’un critique. — Ajoutez que, par suite de son culte pour les lettres, d’une part, et, d’un autre côté, par suite de l’extrême conscience morale et du scrupule qu’il apportait dans son office de critique, il avait la plus haute et la plus ferme idée du rôle moral et des obligations morales de la littérature.

613. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Son idéal moral, c’était la perfection intellectuelle. […] À force de chimères, « on avait réussi à obtenir du bon gorille un effort moral surprenant ». […] Une sorte d’assistance publique, d’ordre supérieur et moral, leur distribuerait des rêves, comme on distribue des bons de pain aux indigents. […] Il allègue Spinoza : sur ce point encore, nous sommes obligés de nous retrancher derrière l’autorité de nos confrères de l’Académie des sciences morales. […] — que l’œuvre d’Homère comptera un peu plus dans la somme des efforts moraux de l’humanité que celle de Blanqui.

614. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Leur autonomie est complète, seuls des buts moraux et une communauté de tendances les dirigent. […] Mais s’il en était autrement, si on s’intéressait à pareille poésie, notre état moral serait très grave, et le goût de notre époque dans un piteux état de perversion. […] Ils se préoccupent des objets les plus usuels, pour leur signification métaphysique, pour leur caractère moral, pour leur vertu domestique. […] Bérenger, c’est lorsqu’il entrevoit la possibilité du relèvement moral de l’armée grâce à des réformes fort ingénieuses, comme la création, par exemple, d’écoles normales de sous-officiers. […] La première, c’est qu’elle ne s’autorisait dans ses manifestes d’aucun principe moral, d’aucune idée nouvelle, d’aucune nécessité contemporaine.

615. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Mignet, l’éloquent organe des Sciences morales et politiques, lui a consacré un de ses cadres majestueux. […] Si, dans les sciences même les plus sévères, aucune vérité n’est éclose du génie des Archimède et des Newton sans une émotion poétique et je ne sais quel frémissement de la nature intelligente, comment, sans le bienfait de l’enthousiasme, les vérités morales saisiraient-elles le cœur des humains ? […] Les sciences morales et politiques se sont agrandies, en subissant le joug de l’analyse 125. […] Une piqûre assez irritante qu’il reçut au sein de l’Académie des sciences morales et politiques, lorsque celle-ci, à sa renaissance, osa lui préférer M. […] C’est cette disposition de son tempérament qui rend précisément si méritoires ses actes de courage moral dans le passé.

616. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

. —  Tous ces romans sont des fictions morales et des études de caractères. —  Liaison du roman et de l’essai. —  Deux idées principales en morale. —  Comment elles suscitent deux classes de romans. […] Quand il arrive à la fiction, c’est en presbytérien et en plébéien, avec des sujets bas et des intentions morales, pour étaler les aventures et réformer la conduite des voleurs et des filles, des ouvriers et des matelots. […] Il nous suggère à chaque pas des jugements moraux ; il veut que nous prenions parti ; il discute, excuse ou condamne. […] Il n’a pas un coin du feu pareil, ni autour de lui des visages si gais1090. » Voilà le bonheur moral. […] Je ne juge plus les caractères, je laisse là les règles morales.

617. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Jamais pareil amas de bourdes philosophiques, morales et romanesques, ne rencontra, de la part de nos concitoyens, semblable, ni aussi déférente audition. […] Ce qui mène l’homme, ce sont ses instincts ; et son excrément, moral et physique, a autant d’importance que lui. […] Elle est un signe, cette oscillation, de misère intellectuelle et de flottement moral. […] Il y a un air moral, comme un air physique, composé de besoin d’originalité et de besoin d’imitation, diversement dosés suivant les générations. […] J’ai pu saisir là, sur le fait, l’action incontestable du moral persuadant sur le physique.

618. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

À ces causes d’ordre technique s’en sont jointes de sociales et de morales. […] Il reste que Victor Hugo a été préoccupé des questions philosophiques, sociales et morales. […] Les indications morales de Mme de La Fayette se transforment en récits et en scènes qui font une étonnante illusion. […] Il a de l’intelligence, de l’instruction, des passions et pas de sens moral. […] Les religions, les morales, les codes et les catéchismes n’ont d’autre objet que d’augmenter chez nous la force de résistance à cette poussée d’en bas.

619. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Sainte-Beuve et y règne comme une veine continue, en même temps que les qualités morales et affectueuses du poëte y sont rendues avec relief, avec émotion.

620. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Madame de Genlis détestait tant ces derniers qu’elle ne voulait ni les voir, ni les lire ; Helvétius avait fait un livre infâme ; d’Alembert avait la figure ignoble ; Marmontel lui-même, malgré ses Contes moraux, La Harpe, malgré ses flatteuses épîtres, ne trouvaient point grâce auprès d’elle ; et, quant à Jean-Jacques, hors le Devin de village, elle n’en connaissait pas encore une seule ligne à trente ans.

/ 1955