C’étaient toujours des cas très rares, des curiosités morales qui attiraient l’attention de nos deux auteurs. […] très moral — d’un tas de petites choses féminines, sentimentales, romanesques, et parfois assez risquées. […] » Il répond : « C’est beau, si c’est moral. » Devant les mêmes objets on demande à Renan : « Est-ce moral ? […] Elle est telle qu’il se trouve des gens qui ont un sens moral très vif et qui sont méchants. Je m’empresse d’ajouter qu’il y en a aussi qui n’ont aucun sens moral et qui sont pleins de méchanceté.
Ce sont des espèces de fiefs moraux dont la tenure oblige. » En d’autres termes, Balzac veut qu’une noblesse soit vraiment une aristocratie. […] C’est là une constatation d’un appauvrissement tout matériel que pourrait compenser un enrichissement moral. […] Ils s’étaient fait l’un à l’autre tout le mal que peuvent se faire deux créatures morales d’essence différente, qui ne sauraient se rencontrer sans se combattre. […] Ce roman ne doit-il pas, pour avoir sa pleine valeur de démonstration, épuiser les termes divers de tout problème moral et social qu’il aura soulevé ? […] C’est là un phénomène moral qui semble très nouveau.
— Voir dans les Débats d’aujourd’hui (mercredi 24) l’allocution de Cousin à l’Académie des sciences morales, à propos du Spinoza de Saisset (ami de Jules Simon et la phrase sur la divine Providence (avec force inclinaisons de tète).
Grâce aux sentiments qu’elles m’ont inspirés, j’ai traversé de tristes jours sans maudire personne, plein de confiance dans la rectitude naturelle de l’esprit humain et dans sa tendance nécessaire à un état plus éclairé, plus moral et par là plus heureux.
Les fins morales viennent par cet anneau se rattacher à cette métaphysique, qui n’est alors qu’un chemin plus sublime pour arriver à la vertu.
Cette philosophie peut se résumer en ces mots : L’intelligence humaine n’est que le reflet de l’intelligence divine ; nos idées ont leur source et leur type en Dieu, idée et type suprême de tout ce qui est dans l’ordre moral comme dans l’ordre matériel. […] Platon dégage de cette théorie toutes les applications morales ou politiques qui en découlent. […] VI Ce fut la tentation de beaucoup de grands esprits, depuis qu’il y a des penseurs dans le monde, de se révolter, au moins en imagination, contre la nature des choses ; de s’imaginer qu’ils étaient dieux, de critiquer avec mépris l’œuvre du Créateur ; de reprendre l’univers moral en sous-œuvre, de renverser toutes les institutions plus ou moins parfaites de l’humanité, et de reconstruire idéalement une société sur le plan radical de leur imagination, en faisant abstraction des instincts, des traditions, des habitudes, cette seconde nature, des nécessités, des expériences, des nationalités et des faits historiques, qui ont produit, fait par fait et siècle par siècle, les institutions fondamentales et universelles sur lesquelles repose l’espèce humaine. […] Et d’abord, il s’occupe de leur éducation sur les genoux des nourrices ; il en exclut les fables qui défigurent les dieux dans l’imagination de ce premier âge ; il prescrit pour cela des règles aux poètes, pour qu’ils n’attribuent aux dieux, dans leurs œuvres, que le bien et jamais le mal ; il leur défend de faire craindre la mort à ces hommes par la déception des enfers ; il n’autorise le mensonge que dans les magistrats, pour l’utilité du peuple, maxime honteuse qui honore dans l’État le crime contre la vérité puni dans le citoyen, sophisme qui rappelle les deux morales de Machiavel, de Mirabeau, de tous les faux politiques, une morale pour la vie privée, une pour la vie publique ; absolution philosophique des crimes d’État.
C’est cet humble frère qu’il s’agissait à tout instant de relever, de réconforter, de secourir aussi par de rares envois d’argent (20 francs par mois, quand on le pouvait) ; mais, en lui servant sa minime obole, cette âme de sœur trouvait moyen de diversifier à l’infini le baume moral qu’elle répandait sur ses blessures. […] Te relever, te grandir jour par jour ; — faire rougir ou du moins attendrir ceux qui nous ont dédaignés, les rendre même fiers d’être nos alliés ou nos anciens amis, il y a encore là de quoi bénir la vie. » Aucune des piétés, des fraîcheurs morales les plus délicates ne s’est ni fanée ni ternie un seul instant durant cette vie errante. — Et ceci encore : « Je t’aime bien et te remercie de planter ton nom, comme tu fais, dans l’estime de ce qui t’entoure. — Grain à grain, c’est une moisson qui ne trompe pas. […] Par là ce portrait me paraît plus touchant et plus édifiant encore que les plus belles figures de Port-Royal… Ceux qui aiment par-dessus tout ces révélations intimes, ce spectacle des plus humbles destinées individuelles où la poésie et l’idéal sortent de la réalité la plus positive, — ceux-là vous doivent une reconnaissance d’autant plus vive… Tant de gens ne s’inquiètent que de ce qui brille, de ce qui fait du bruit ou du tapage… » — « Une seule chose m’étonne, écrit quelqu’un (une main de femme, qu’une grande amitié a liée à Mme Valmore), c’est qu’on puisse faire un choix dans ces lettres si ravissantes de bonté, de sensibilité, d’ignorance de sa propre valeur qui donne tant de prix à ces richesses morales.
Parmi les hommes qui se consacrent aux travaux de la pensée et dont les sciences morales et philosophiques sont le domaine, rien de plus difficile à rencontrer aujourd’hui qu’une volonté au sein d’une intelligence, une conviction, une foi. […] La meilleure façon de donner à connaître de telles activités morales, ce n’est pas en effet de les interpréter ni de les peindre, c’est surtout d’acquiescer à l’ensemble des vérités qu’elles restaurent, et de rendre témoignage au principe fondamental dont elles se déclarent les simples organes. […] Tout ce qui est de l’ordre purement théologique et moral y présente une texture de vérité absolue, une immuable consistance qui ne vieillira pas.
Si M ignet se produisait déjà si nettement dans son premier ouvrage par l’expression formelle de la pensée philosophique qu’il apportait dans l’histoire, il ne s’y donnait pas moins à connaître par le sentiment moral qui respire d’une manière bien vive et tout à fait éloquente dans les éloges donnés à saint Louis, à ce plus parfait des rois, du si petit nombre des politiques habiles qui surent unir le respect et l’amour des hommes à l’art de les conduire. J’insiste sur ce point parce que beaucoup de gens qui s’élèvent contre le système de la fatalité historique ont cru y voir la ruine de tout sentiment moral. […] Les deux volumes de Notices et Mémoires historiques (1843) qui contiennent le tribut payé par M.Mignet à titre de membre et d’organe de deux académies, et particulièrement de celle des Sciences morales et politiques, demanderaient plus d’espace pour l’examen que nous ne pouvons leur en donner ici.
Et d’abord, sans y songer, sans en faire une règle expresse, moins par une disposition particulière de son goût que par l’impossibilité de penser autrement en son temps, il ne semble pas supposer que le modèle imité par le poète puisse être autre chose que l’homme ; je veux dire l’homme intérieur et moral. […] Dieux, déesses et tout le merveilleux païen, ne sont que des symboles, où tout le monde aperçoit immédiatement les éternelles vérités de l’ordre moral. […] Il n’y pense même pas ; et l’épopée qu’il définit, ce roman mythologique, allégorique et moral, n’a rien de commun avec l’Iliade ni l’Énéide.
Le manque de divisions et de repos123 en rend la lecture difficile ; les raisons s’y traînent au lieu de s’enchaîner ; l’ingénieux y tire à l’énigme, outre je ne sais quelle incertitude qui se trahit dans toutes les opinions morales et littéraires d’un homme qui ne croyait au fond qu’à la géométrie124. […] L’école encyclopédique avait essayé de l’ôter à l’homme, soit en lui prouvant qu’il est sans prises pour le saisir, soit par une affectation de faux respect, en niant la Providence divine, sous prétexte de ne pas la commettre avec les désordres du monde physique et les misères du monde moral. […] Cependant, même au temps des prospérités de l’Encyclopédie, et quoiqu’elle eût intéressé la vanité de l’homme à cette diminution de son être moral, il y avait plus d’âmes ayant besoin de Dieu et de la nature que d’esprits persuadés qu’on peut s’en passer.
Rien ne cause plus de malentendus dans les sciences morales que l’usage absolu des noms par lesquels on désigne les systèmes. […] Rien n’est explicable dans le monde moral au point de vue de l’individu. […] La mort d’un Français est un événement dans le monde moral ; celle d’un Cosaque n’est guère qu’un fait physiologique : une machine fonctionnait qui ne fonctionne plus.
L'Auteur, qui s'y propose de combattre cette classe d'Ecrivains, qui, ayant secoué le joug de la Religion, se croient Philosophes pour avoir déclamé contre elle, y fait continuellement l'éloge de ces mêmes Philosophes ; il y vante leurs lumieres, leurs connoissances physiques & morales, leurs talens & leurs découvertes : il y expose avec prolixité, leurs principes, leurs dogmes, leurs systêmes les plus dangereux, & ne les réfute jamais d'une maniere satisfaisante ; c'est toujours avec une timidité, avec une nonchalance qui dépite & indigne les Lecteurs les moins zélés pour la cause dont il a entrepris la défense. […] Cet équilibre est le soutien de l’ordre, dans le moral, comme dans le physique : or, la Religion l’établit ce juste équilibre, & la raison qui le méconnoît & voudroit le rompre, n’est plus une raison, c’est une phrénésie. […] L'Homme Philosophe, s'il est conséquent, se fait le centre de tout, ne s’occupe des autres que par rapport à lui ; dans ce qu'il bâtit, au physique comme au moral, sa propre commodité est le premier & souvent même l’unique objet de ses soins : l’Homme religieux étend les siens sur tous les membres de la Société ; son zele se porre jusque sur les générations suivantes : de là ces Monumens de charité qui pourvoient à toutes les especes de miseres humaines.
Ces pièces, bien entendu, sont de celles qui n’ajoutent rien au scandale d’autrefois, qui peuvent se présenter à tous, et qui prêtent à des considérations littéraires ou morales ; c’est pour cela que l’honorable possesseur nous les a confiées et que nous nous en servons. […] Il fut énorme dès l’enfance : « Ce n’était suivant la définition de son père, qu’un mâle monstrueux au physique et au moral. » Défiguré, à l’âge de trois ans, par une petite vérole maligne et confluente, sur laquelle sa mère, pour l’achever, s’avisa d’appliquer je ne sais quel onguent, il acquit ce masque qu’on sait, mais où la physionomie, qui exprimait tout, triomphait de la laideur. […] Pourtant, quand on suit Sophie dans ses lettres manuscrites, on croit apercevoir qu’elle n’était guère au moral que ce que Mirabeau l’avait faite ; il l’avait élevée, il l’avait exaltée : lui s’éloignant, elle baisse, elle se rapetisse, elle tombe dans les misères et les mesquineries de ses alentours.