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723. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Passons-lui donc d’avoir présenté la force comme la mesure de la grandeur des dieux ; laissons Jupiter démontrer, par la force avec laquelle il enlèverait la grande chaîne de la fable, qu’il est le roi des dieux et des hommes ; laissons Diomède, secondé par Minerve, blesser Vénus et Mars ; la chose n’a rien d’invraisemblable dans un pareil système ; laissons Minerve, dans le combat des dieux, dépouiller Vénus et frapper Mars d’un coup de pierre, ce qui peut faire juger si elle était la déesse de la philosophie dans la croyance vulgaire ; passons encore au poète de nous avoir rappelé fidèlement l’usage d’empoisonner les flèches 83, comme le fait le héros de l’Odyssée, qui va exprès à Éphyre pour y trouver des herbes vénéneuses ; l’usage enfin de ne point ensevelir les ennemis tués dans les combats, mais de les laisser pour être la pâture des chiens et des vautours.

724. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

À mesure que notre domaine intellectuel s’étend, il nous devient moins facile de le posséder et de le fertiliser. […] À mesure que l’on descend, la fumée, les brouillards, les vapeurs des lacs fétides et des fleuves de sang obscurcissent davantage l’air plus épais. […] Il se plaît à conjecturer que les tourments des hérésiarques s’aggravent de siècle en siècle, à mesure que leurs doctrines séduisent des âmes nouvelles. […] À mesure que l’on avançait dans le voyage dantesque, on se sentait plus porté au recueillement. […] Il paraîtrait, en effet, que les idées allemandes se propagent rapidement en Italie à mesure que les Allemands s’en vont.

725. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Cela prouve que l’on a marché, car en science le grand précepte est de modifier et de changer ses idées à mesure que la science avance. […] Les progrès de la méthode expérimentale consistent en ce que la somme des vérités augmente à mesure que la somme des erreurs diminue. […] À mesure que nous rassemblons les faits, nos principes deviennent de plus en plus généraux et plus assurés ; alors nous acquérons la certitude que nous déduisons. […] Mais, par une merveilleuse compensation, à mesure que la science rabaisse ainsi notre orgueil, elle augmente notre puissance. […] Les manifestations de la vie deviennent plus variées, plus délicates et plus actives à mesure que les êtres s’élèvent dans l’échelle de l’organisation.

726. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Car, à mesure que le temps passe, le sable fin des heures tend à niveler l’empreinte des objets enfuis. […] Ils sont, finalement, beaux et vivants, dans la mesure où chacun de ces épisodes exprime la vie ou donne l’impression de la beauté. […] Ces nuances de la diction se dérobent le plus souvent à qui ne comprend pas chacun des mots prononcés à mesure que le comédien les prononce. […] La valeur des œuvres ne se mesure point à la longueur des commentaires qu’elles inspirent. […] Silvestre a pu se complaire aux aventures de Cadet-Bitard et du commandant Laripète, il ne faut pas s’en étonner outre mesure.

727. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Ils n’en fournissent qu’indirectement, par l’éveil d’une activité de notre âme, au moyen de laquelle nous nous représentons nos sensations comme comprises dans un ensemble et douées de rapports mutuels. » Il y a là une œuvre ultérieure et surajoutée, l’adjonction d’une série d’images musculaires qui, par sa durée, mesure la distance, l’adjonction d’un groupe d’images tactiles et musculaires qui marquent la consistance, la figure, la grandeur de l’organe auquel la sensation est rapportée, l’adjonction d’un groupe d’images visuelles qui notent cet organe parmi les autres organes et les autres objets notés de la même façon. […] Je tourne les yeux, et, par ma rétine, j’ai la sensation d’une certaine tache brune un peu luisante ; grâce à l’accommodation du cristallin et à la contraction des muscles moteurs de l’œil, j’ai en même temps une certaine sensation musculaire, qui, par une correspondance acquise, éveille en moi l’image de trois pas accomplis sur la droite. — Mes yeux suivent le contour de la table, en d’autres termes ma rétine éprouve tour à tour une série continue d’impressions, à mesure que les rayons lumineux partis des bords de la table viennent frapper tour à tour son centre jaune ; or, pendant ce temps-là, l’accommodation et la contraction des muscles de l’œil me donnent une série parallèle et continue de sensations musculaires qui, par une correspondance acquise, réveillent en moi l’image des sensations tactiles et musculaires qu’éprouverait ma main en cheminant d’angle en angle le long du contour. — Remarquons le caractère de ces images réveillées. […] La seconde quantité croît ou décroît, selon une certaine loi, avec la première. — Cela posé, nous prenons un étalon de la seconde, tout à l’heure tel écartement du compas, par exemple l’écartement qui mesure le myriamètre, maintenant telle sensation musculaire de notre appareil optique, par exemple la sensation musculaire que l’œil doit éprouver pour avoir la sensation rétinienne d’un objet situé à trente centimètres. […] Dans mes centres optiques naît une certaine sensation de couleur brune ; dans d’autres centres naissent des sensations musculaires provoquées par l’accommodation de l’œil à la distance, par le degré de convergence des deux yeux, par la direction des deux yeux convergents ; celles-ci varient en même temps que la sensation de couleur brune, à mesure que l’œil, en se mouvant, suit le contour et les portions diversement éclairées du livre. […] Voir les mesures de Weber (Mueller, Manuel de physiologie, I, 652, deuxième édition).

728. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Par suite de la haute progression géométrique, selon laquelle tous les êtres organisés se multiplient, la population de toute région donnée se maintient toujours à peu près au complet ; et comme chaque région est toujours occupée par un assez grand nombre de formes diverses, il s’ensuit qu’à mesure qu’une forme élue ou favorisée s’augmente en nombre, généralement les formes les moins favorisées décroissent et deviennent de plus en plus rares. […] À mesure que ces différences devenaient plus frappantes, les sujets inférieurs, c’est-à-dire intermédiaires en caractères, ont dû être négligés et, par conséquent, ont dû disparaître. […] Au premier abord, on pourrait croire que l’importance des changements subis par les divers organes d’un être vivant, depuis le commencement de la vie fœtale jusqu’à l’âge adulte, sont une mesure de comparaison toujours exacte ; cependant il y a des cas où, comme chez certains crustacés parasites, divers organes deviennent moins parfaits pendant les dernières phases de leur développement, de sorte que l’animal adulte ne saurait être considéré comme plus élevé que sa larve. […] Mêmes doutes à l’égard des plantes, chez lesquelles on ne retrouve plus l’intelligence pour servir de mesure et de guide ; de sorte que certains botanistes donnent le rang supérieur aux plantes qui possèdent la série complète de leurs organes, c’est-à-dire des sépales, des pétales, des étamines et un pistil pleinement développés dans chaque fleur ; d’autres au contraire, avec plus de vérité probablement, considèrent comme plus élevées dans l’échelle organique les plantes chez lesquelles les organes sont le plus différenciés, le plus localisés pour des fonctions spéciales, et en général moins nombreux pour la même fonction. […] Pour ce qui concerne les conditions de vie purement inorganiques, il me semble qu’un nombre assez borné d’espèces suffirait à s’adapter à toutes les combinaisons possibles de chaleur, d’humidité, etc. ; mais j’admets pleinement que les relations réciproques des êtres organisés ont une beaucoup plus grande importance ; et qu’à mesure que le nombre des espèces en chaque contrée va s’accroissant, les conditions organiques de la vie doivent aussi devenir de plus en plus complexes.

729. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

L’antiquité latine, plus rapprochée de nous que la grecque, nous est dès longtemps plus familière ; c’est sur elle que tombent d’abord les regards, et qu’aussi, à mesure qu’on s’éloigne, on a plus de facilité pour se reporter. […] Non, les prêtresses légères ne portent pas à Cérès de l’eau de tout fleuve ; mais celle qui, pure et transparente, coule en petite veine de la source sacrée, celle-là lui est chère101. » — Le poëme des Argonautes ne roule pas cependant beaucoup de limon ; Quintilien l’a loué, tout au contraire, pour un certain courant égal, pour une certaine mesure qui ne s’abaisse jamais : æquali quadam mediocritate. […] Sa pensée, comme un songe léger, s’envolait sur ses traces, à mesure qu’il s’éloignait. […] Elle se ressouvint de tout ce qu’il y a d’agréable parmi les vivants ; elle se souvint de ses compagnes du même âge qui faisaient sa joie, comme une jeune fille qu’elle était ; et le soleil lui parut plus doux à regarder qu’auparavant, à mesure en effet qu’elle se reprenait en idée à chaque chose.

730. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Bien plus, beaucoup de nos corps chimiques, l’hydrogène, le fer, le sodium, d’autres encore, se rencontrent dans le soleil, à trente-cinq millions de lieues de notre terre, au-delà encore dans des étoiles si éloignées qu’il faut plusieurs années à leur lumière pour arriver jusqu’à nous, ou que leur distance échappe à toutes nos mesures. — À cette distance prodigieuse, les astres restent pesants comme notre terre ; on s’en est assuré par les mouvements des étoiles doubles. […] Si, de la matière organisée et vivante, nous arrivons à la matière minérale et brute, puis à la matière mécanique, nous voyons le groupe des caractères communs aux divers corps, d’une part, se réduire jusqu’à ne plus consister qu’en une ou deux qualités presque absolument simples, d’autre part, s’appliquer jusqu’à comprendre tous les corps imaginables et réels. — Ainsi les caractères généraux s’ordonnent par étages, les uns au-dessus des autres, et, à mesure qu’on trouve leur présence plus universelle, on trouve leur contenu moindre. […] À mesure qu’on tournait l’abat-jour et qu’une nouvelle figure apparaissait, il criait oua-oua d’un air de triomphe : c’était l’enthousiasme de la découverte ; tous les jours, il fallait recommencer. […] Nous les défaisons progressivement, celui des cailloux en retirant un premier caillou, et ainsi de suite, celui des doigts en baissant un premier doigt, et ainsi de suite. — Tels sont les substituts primitifs ; chaque doigt ou caillou visible remplace une unité abstraite ; les différents groupes de cailloux ou doigts visibles remplacent les différents groupes d’unités abstraites, et, à mesure qu’un doigt ou caillou visible s’ajoute au groupe des doigts ou cailloux visibles, une unité pure s’ajoute au groupe des pures unités.

731. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

car il ne faut à la philosophie qu’un petit nombre de juges, et c’est à dessein qu’elle fuit la multitude. » Son argumentation sur les moyens de vaincre la douleur et de la mépriser, si on la compare au devoir, est un modèle accompli de raisonnements philosophiques ; le style semble s’éclaircir dans Cicéron à mesure que la pensée devient plus profonde et plus métaphysique. […] « Or la raison ne vous dit-elle pas assez que tous ces objets qui existent dans votre âme, ou de fougueux désirs, ou de vains transports de joie, ne sont pas de vrais biens, et que ceux qui vous consternent ou qui vous épouvantent ne sont pas de vrais maux ; mais que les divers excès ou de tristesse ou de joie sont également l’effet des préjugés qui vous aveuglent, préjugés dont le temps a bien la force à lui seul d’arrêter l’impression : car, quoi qu’il arrive, nul changement réel dans l’objet ; cependant, à mesure que le temps l’éloigne, l’impression s’affaiblit dans les personnes les moins sensées, et par conséquent, à l’égard du sage, cette impression ne doit pas même commencer. » VIII Sa théorie des passions n’est pas moins sévère ; son rigorisme n’admet pas même la sainte colère qui possède en apparence l’orateur indigné dans ses accès d’éloquence. […] Il n’y garde aucune mesure avec les erreurs officielles ; il est déjà hors de la vie publique, il est âgé, il voit s’approcher pour lui la liberté de la mort à côté de la servitude de son pays ; il veut laisser sa profession de foi à la terre avant de la quitter ; il se retire seul dans sa petite maison de Pouzzoles, entre les bois et les flots de Naples, et il écrit ce livre de la Divination. […] Les esprits despotiques et soldatesques lui reprochent son amour pour la liberté ; les esprits fanatiques lui reprochent sa mesure avec les événements et sa résignation désintéressée, et douloureuse cependant, avec César ; les esprits courts lui reprochent son étendue ; les esprits spéciaux lui reprochent son universalité ; les esprits stériles lui reprochent son abondance ; les esprits incultes lui reprochent sa perfection continue ; les impies lui reprochent sa piété ; les sceptiques, sa foi ; les excessifs, sa modération ; les pervers, sa vertu.

732. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Que de fois les conséquences d’une mesure se dérobent de la sorte aux prévisions de ceux qui la prennent ! […] Mais, d’autre part, elle subit la pression perpétuelle de la vie ambiante, et elle y cède bon gré mal gré ; puis, il faut bien qu’elle puise dans le milieu qui l’enveloppe pour combler les vides que la mort crée dans ses rangs ; aussi, à mesure que les nouveautés triomphent et cessent d’être nouvelles, s’ouvre-t-elle aux hommes qu’elle a repoussés, admet-elle un, à un les vocables qui l’ont choquée ; elle enregistre ainsi les réputations consacrées et les faits acquis ; elle se rallie sur le tard aux révolutions qui ont réussi. […] L’orthographe qu’elle consacre est à mi chemin entre le système phonétique et le système étymologique ; la langue écrite suit lentement, d’âge en âge, les changements qui se produisent dans la langue parlée ; et les règles, multipliées par des grammairiens subtils, se simplifient aussi à mesure qu’augmente le nombre des gens sachant lire et écrire. […] Mais le mouvement s’arrêterait sans ces démolitions et reconstructions partielles que les différentes générations opèrent à mesure de leur entrée dans le monde.

733. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Tantôt presque entièrement dialogués à la façon de scènes de comédies, tantôt contés mais avec toute l’ardeur de parti pris que Dickens met dans ses récits, tantôt encore esquissés en termes si vagues qu’on a peine à comprendre et que le mystère du sujet se double du mystère de la manière, les chapitres divers de l’œuvre du romancier ne contribuent guère au progrès du récit, s’y rattachent plutôt qu’ils ne le constituent, sont enfin outré et poussés à bout, développés sans mesure, et cependant vrais de la vérité particulière de la charge. […] Dans la description des lieux où ils se meuvent, l’écrivain ne tâche qu’à rendre aussi clairement que dans la délinéation de leur caractère, quelque impression sentimentale, une manière de voir, une suggestion morale ; dans les scènes où il les met en présence, il ne tend qu’à exagérer encore la saillie de leur tempérament, tout en accusant le sens et la tendance propres de l’épisode même, qui, grossi sans mesure, infléchit brusquement toute la marche du récit au gré du goût de l’auteur plus soucieux d’incidents intéressants que de l’équilibre et du progrès de l’œuvre. […] Aussi le style d’un littérateur affectif sera exubérant, grandiloque, tout de premier jet et d’inspiration, tourmenté, sans mesure, sans grâce ; cet auteur se lancera à propos de n’importe quel sujet en infinis développements, et comme c’est son sentiment qui le fait écrire et qu’au moment où il écrit, ce sentiment d’aversion, de bienveillance, de raillerie, constitue son moi tout entier, cet auteur parlera surtout de lui-même et de ce qui l’agite toutes les fois qu’aucune raison supérieure ne l’empêche. […] Doue il exagérera tout ce qu’il ressent ; il sera à la fois outré et redondant (Bain, Émotions et volonté, p. 21) et quand Dickens aura à poser un caractère ou à développer une scène, il le fera, avec la verve excessive, l’extrême partialité, le manque de mesure et de vérité qui sont l’un des principaux traits de son art.

734. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Durant la période barbare de l’histoire d’Angleterre, des animaux de choix ont été souvent importés, et des lois furent établies pour en empêcher l’exportation : on ordonna la destruction des Chevaux au-dessous d’une certaine taille, et l’on peut rapprocher une telle mesure du sarclage des plantes vogues par les horticulteurs. […] Des changements de cette nature, c’est-à-dire lents et insensibles, ne sauraient être constatés, à moins que des mesures exactes ou des dessins très corrects des races modifiées, pris longtemps auparavant, ne puissent servir de point de comparaison. […] Les jardiniers de l’époque gréco-latine, qui cultivèrent les meilleures poires qu’il leur fut possible de se procurer, n’ont jamais pensé quels superbes fruits nous mangerions un jour, bien que nous les devions, en quelque mesure, à ce qu’ils ont tout naturellement pris soin de choisir et de perpétuer les meilleures variétés qu’ils ont pu trouver. […] Mais un tel argument n’a rien d’absolu, on le conçoit, quand on voit, à l’état sauvage, tant d’autres oiseaux huppés et même pattus, et d’autres qui revêtent les caractères les plus étranges et les plus inexplicables, sauf peut-être par les caprices de la sélection sexuelle, caractères qui parfois semblent, en une certaine mesure, mal adaptés, sinon complétement incompatibles, avec les habitudes de ces espèces.

735. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Jugé digne de succéder à Buffon pour son fauteuil à l’Académie française, choisi pour son médecin par la reine Marie-Antoinette, Vicq d’Azyr embrasse dans sa courte et brillante carrière tout l’espace qui fut accordé à ce règne de Louis XVI depuis Turgot jusqu’au 21 janvier : après en avoir partagé et secondé dans sa mesure toutes les réformes et les espérances, il survit peu à cette ruine, à celle des académies dont il était membre, et de la société savante dont il était l’âme ; il périt comme une victime morale, sous une impression visible de deuil et de terreur. […] Vicq d’Azyr ne se départit pas un seul instant de cette mesure et de cette décence parfaite, à côté d’adversaires furieux60.

736. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Ce qui lui valait cet honneur posthume d’être ainsi classé à l’improviste, à son rang d’étoile, parmi les poètes de la France, était une magnifique et singulière composition, Le Centaure, où toutes les puissances naturelles primitives étaient senties, exprimées, personnifiées énergiquement, avec goût toutefois, avec mesure, et où se déclarait du premier coup un maître, « l’André Chénier du panthéisme », comme un ami l’avait déjà surnommé. […] Il ne faut rien exagérer : cette gentille Marie, dans son premier costume, n’était qu’une petite paysanne à l’usage et à la mesure de Paris.

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