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1712. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Si notre artisan imitateur manque de sens, il emploïe hors de propos les traits et les expressions de son modele, et ses vers ne nous offrent que des reminiscences mal placées : il se conduit dans la production de ses ouvrages comme dans leur composition : il affronte le public rassemblé avec plus d’intrepidité, que Racine et Quinault n’en avoient dans de pareilles avantures.

1713. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Je vérifierai par comparaison en quoi j’ai manqué ; je comprendrai plus clairement et plus complètement cette méthode.

1714. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre premier. Sujet de ce livre » pp. 101-107

De cette triple source nous verrons sortir les principes de l’histoire de la nature humaine, principes identiques avec ceux de l’histoire universelle qui semblent manquer jusqu’ici.

1715. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Mais la leçon, s’il en est une à ces comédies du monde où ne manquent jamais ni les Aristes ni les Philintes, quelle était-elle donc ? […] Il avait même là-dessus une théorie : il considérait ce manque de la sixième pulsation comme un temps d’arrêt, un repos de nature, et il paraissait croire que ces pulsations en moins et qui lui étaient dues devaient se retrouver en fin de compte et s’ajouter à la somme totale de celles de toute sa vie : ce qui lui promettait de la longévité. […] Je ne suis pas en mesure de discuter ce point ; pour cela les termes de comparaison me manquent ; le doute d’ailleurs n’offre ici aucun inconvénient, cette lettre isolée n’ayant d’intérêt que comme échantillon et comme exemple de la manière familière et simple avec laquelle M. de Talleyrand traitait la politique dans l’intimité.

1716. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

J’avais eu dès longtemps l’idée que le plus gai, le plus franc, le plus copieux et le plus ample de nos chansonniers manquait en effet à une série déjà si longue de poëtes, et qu’après tous ces élégiaques, tous ces lyriques, tous ces sensibles et ces délicats, presque tous mélancoliques et plaintifs, il fallait, lui aussi, l’introduire, dût-il venir un peu tard, pour être le boute-en-train de la bande. […] Rien donc ne manqua, ni au collége, ni au logis, pour mettre en jeu des facultés naturelles si vives dès le premier jour. […] Dans un dîner du 2 fructidor an iv (1796), dix-sept gens d’esprit dont on a les noms, et parmi lesquels on distingue les deux Ségur, Deschamps, père des poëtes Deschamps d’aujourd’hui, Piis, Radet, Barré, Després, etc., posèrent entre eux les bases d’un projet de réunion mensuelle qu’ils rédigèrent le mois suivant en couplets ; c’était l’ère des constitutions nouvelles et des décrets de toutes sortes ; on ne manqua pas ici d’en parodier la formule : En joyeuse société, Quelques amis du Vaudeville, Considérant que la gaieté Sommeille un peu dans cette ville, Sous les auspices de Panard, Vadé, Piron, Collé, Favart, Ont regretté du bon vieux âge Le badinage Qui s’enfuit ; Et, pour en rétablir l’usage, Sont convenus de ce qui suit : et, après la rédaction rimée-de divers articles du règlement, la commission signait en bonne forme : Au nom de l’Assemblée entière, Paraphé, ne varietur.

1717. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Sa récolte manque souvent, et « toute récolte hasardeuse ruine l’homme qui n’a pas de capital ». En Bourgogne, en Berry, dans le Soissonnais, dans les Trois-Evêchés, en Champagne694, je trouve par tous les rapports qu’il manque de pain et qu’il est à l’aumône. […] … Nous sommes accablés d’impôts de toute sorte ; nous vous avons donné jusqu’à présent une partie de notre pain, et il va bientôt nous manquer si cela continue… Si vous voyiez les pauvres chaumières que nous habitons, la pauvre nourriture que nous prenons, vous en seriez touché ; cela vous dirait mieux que nos paroles que nous n’en pouvons plus et qu’il faut nous diminuer… Ce qui nous fait bien de la peine, c’est que ceux qui ont le plus de bien payent le moins.

1718. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« Afin que la susdite Congrégation de la Propagande commence dès ma mort à ressentir quelque effet de mon héritage, je veux qu’à partir de mon décès elle jouisse d’une somme annuelle de 600 écus, qui lui seront payés par mon héritier fiduciaire, administrateur de mon héritage, par échéance mensuelle ou tous les trois mois, si le manque de fonds ne lui permettait pas d’effectuer les payements mensuels aux serviteurs légataires et d’acquitter les 50 écus par mois, correspondant à la somme de 600 écus assignés plus haut à la Sacrée Congrégation. […] Si les premiers venaient à manquer avant la mort de mes serviteurs et autres légataires, et dans le cas où quelqu’un de ces administrateurs eût négligé ou eût manqué de faire la nomination de son successeur, prescrite plus haut, je prie le doyen du tribunal de la Rote, dont j’ai eu l’honneur d’être membre, de prendre lui-même cette administration, et d’accepter l’annuelle rétribution destinée à l’administrateur, et ainsi successivement jusqu’à l’époque indiquée plus haut.

1719. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

C’est que, par malheur, on ne comprend l’avantage de bien lire qu’à l’âge où il répugne d’apprendre, à l’âge où le temps manque pour l’étude, absorbé qu’il est par les affaires ou les plaisirs. […] Ce qui me rassure, c’est que vos lumières suppléeront à celles qui me manquent. […] Les écoles spéciales ne manquent point à Paris, pour former des hommes de science et de talent.

1720. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Le souffle manque à sa poitrine ; Brangome, sa suivante, écarte les tentures et l’on aperçoit le jeune capitaine, calme et superbe au gouvernail. […]   Non daté : « On voit très nettement que nous manquons de toute organisation. […] Mais pour l’acquisition du matériel il faut autant d’argent que de temps ; le manque d’argent retarde tout.

1721. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Oper und Drama avait fait scandale en Allemagne et il ne manquait pas de Fétis, de l’autre côté du Rhin, pour jeter la pierre à l’écrivain présomptueux, à l’iconoclaste ! […] Vachot, témoignait une confiance médiocre dans les qualités scéniques de l’œuvre nouvelle qui, à son avis, manquait de cette chose indispensable : un ballet ! […] Ce coup imprévu au lendemain d’une telle apothéose, ne pouvait manquer de susciter des sympathies parmi les admirateurs intimes du maître et les anciens hôtes de la Wahnfried.

1722. (1904) En méthode à l’œuvre

René Ghil ne manquent ni de grandeur ni de mystère. » C’est, d’une part, la complexe exposition du Rythme et du vers musical, l’Instrumentation verbale, qui, basée sur les valeurs harmoniques, rend à la langue ta double constitution originelle, idéographique et phonétique, et détermine une ordonnance harmonique du vers, du poème, du livre unifié. […]   Ainsi qu’antérieurement, en les uns et les autres, manquait l’aptitude à trouver et harmonieusement unir, de l’être du monde, les relations essentielles. Elle manquait ainsi qu’en toute notre Poésie, malgré ses émouvantes phrases humaines à travers le Moi du poète, qui ne put davantage de ses Inspirés tenir une œuvre-une pleine de la volonté pensante et pesante d’une vie.

1723. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Il ne manque qu’un caractère à cette grandeur, le sérieux. […] Malheureusement les ouvriers manquèrent à l’œuvre ; il y aurait fallu un atelier de Bacon, de Descartes, de Fénelon, de Voltaire, de Rousseau, de Montesquieu, de Franklin, de tous les hommes de littérature, de philosophie, d’arts, de sciences, de métiers réunis en un seul esprit, dont chaque membre eût été un maître de l’esprit humain. […] Une poésie qui inventait de tels accents en mourant ne pouvait manquer de revivre.

1724. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Lui manquait-il quelque dignité ? […] Combien n’ai-je pas entendu, par de ridicules propos, condamner vos plus belles actions, et vous traiter d’hommes qui avaient usurpé une réputation dans un siècle d’ignorance qui manquait de vrais appréciateurs du mérite ! […] « Accoutumez-vous à la disette des talents en tout genre, à l’esprit devenu commun, et au génie devenu rare, à une inondation de livres sur la guerre pour être battus, sur les finances pour n’avoir pas un sou, sur la population pour manquer de recrues et de cultivateurs, et sur tous les arts pour ne réussir dans aucun. » (Ibid.

1725. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Tandis que l’expérience de l’histoire animale démontre qu’il n’y a nul signe de moralité et de religiosité chez l’animal, même considéré dans ses espèces supérieures, l’expérience de l’histoire humaine établit que ces caractères ne manquent à aucune des variétés de notre espèce, pas même aux peuplades les plus voisines de l’animalité que les voyageurs ont pu observer dans le centre de l’Afrique et dans les îles les plus sauvages de l’Océanie. […] Enfin, en rapprochant les monuments religieux et poétiques des divers peuples de la race sémitique, et en les comparant avec les monuments religieux et poétiques du même genre chez les grands peuples de la race âryane, les Indous, les Perses et les Grecs, l’ethnographie a découvert que le génie symbolique manque absolument à la race des sémites, dont la répugnance invincible pour la doctrine des incarnations est aussi connue que le goût des peuples âryans pour les symboles de toute espèce, naturels ou anthropomorphiques. […] « Il importe bien de remarquer ici que, dans le point de vue de l’observateur de la nature extérieure, la cause qui produit ou amène une série de faits analogues, ne peut jamais être donnée a priori, ni conçue en elle-même, encore moins imaginée dans le comment de la production des phénomènes qui s’y rattachent ; aussi la langue des sciences naturelles manque-t-elle toujours du terme propre qui signifie précisément l’activité productive, l’énergie essentielle de toute cause efficiente, manifestée actuellement par les phénomènes sensibles qu’elle produit, mais non constituée par eux, puisqu’elle est connue comme étant nécessairement avant, pendant et après ces phénomènes26. » Ainsi, comme le remarque ici judicieusement un philosophe : « Dans ce que nous appelons, par exemple, force d’attraction, d’affinité, ou même d’impulsion, la seule chose connue (c’est-à-dire représentée à l’imagination et aux sens), c’est l’effet opéré, savoir, le rapprochement des deux corps attirés et attirant.

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