On voit dans les Mémoires de Bassompierre, que le roi s’en faisait faire la lecture pendant un accès de goutte qui le retenait au lit.
Mémoires du comte de S…, t.
» — Et Prométhée leur répond : — « Les trois Parques et les Érynnies à la mémoire fidèle. » — Héraclite, cité par Plutarque, disait que « si le Soleil s’avisait de franchir les bornes qui lui sont proscrites, les Érynnies, agents de la Justice, sauraient bien lui faire rebrousser chemin. » — Dans l’Iliade, Xanthos, un des chevaux divins d’Achille, prend une voix humaine pour prédire sa mort au héros rentrant dans la guerre de Troie : mais les Érynnies, indignées de cette violation des lois naturelles, accourent aussitôt, et font taire impérieusement l’animal qui ose usurper la parole réservée aux hommes.
Son compatriote, & son admirateur Ségrais, fit exécuter, en pierre, sa statue plus grande que le naturel, & graver sous un marbre noir ces quatre vers : Malherbe, de la France éternel ornement, Pour rendre hommage à ta mémoire, Ségrais, enchanté de ta gloire, Te consacre ce monument.
Il redescendit alors dans la cour, monta à cheval… » (Mémoires du comte de La Valette, t. […] Faites sous forme de mémoires, elles présentent plus d’intérêt et prennent l’autorité d’un témoignage. […] De mémoire de malade, on n’avait vu personne s’en relever. […] On garde au Musée Carnavalet, dans la collection Ruggieri, les mémoires de cet entrepreneur. […] C’est sous cet aspect qu’il est fixé pour toujours dans la mémoire.
Le lecteur a peut-être remarqué l’analogie entre ces vues et celles de Matière et Mémoire. […] Pas d’âme de poète qui ne soit vide, et ce vide fait sa vie, fait le lit qui reçoit sa forme pure : poésie ne donne point possession, parce qu’il n’y a pas de chose poétique, — mais attente, espoir, désir, regret, mémoire, Nénuphar Blanc de Mallarmé. […] Le corps est ce qui existe dans le présent, l’âme ce qui n’existe pas dans le présent, ce qui comporte mémoire, espérance, attente, — absence. […] En droit, et si l’écrou était complètement enlevé, (on reconnaîtra des images que j’emprunte à Matière et Mémoire) n’importe quoi deviendrait l’image de n’importe quoi, tout pourrait servir d’image à tout. […] S’il eût été pourvu de cette technique, on admet fort bien un Valéry écrivant un « essai sur la relation du corps et de l’esprit » analogue à Matière et Mémoire dont son intuition retrouvait certains rythmes.
I Les voyages sont, après l’histoire ou les mémoires, la plus intéressante partie de la littérature, parce qu’ils sont la littérature en entier. […] Ils participent de la science, de la curiosité, de l’histoire, des mémoires et enfin de l’intérêt qui s’attache à la vie privée du voyageur. […] Leur mémoire est aisée et féconde. […] On mit sur le tapis les lettres qu’il avait présentées et le mémoire de ses demandes, et on lui demanda ce qu’il offrait en échange des exemptions de droits et des autres grâces qu’il prétendait. […] Le roi me dit de lui faire venir les pierreries mentionnées dans un mémoire que le nazir me donnerait, et que je serais content.
Il me parle d’une série d’hommes de la Bourse qu’il est en train de pourtraire, qu’il ne dessine pas d’après nature, mais qu’il emporte dans sa mémoire, de la Bourse, où il les étudie longtemps, les reprenant, les réétudiant dans leur immeuble, jusqu’au jour, où il est content de leur ressemblance, ainsi attrapée à vol d’oiseau. Et à ce sujet, il m’apprend qu’il est un élève de Lecoq de Boisbaudran, un original bonhomme, qui avait prêché le dessin de mémoire, disant que dans le dessin d’après nature, il y avait le danger d’être empoigné par le détail, et que l’on faisait moins synthétique, et allant jusqu’à soutenir, que lorsqu’on travaillait d’après l’être vivant, on faisait moins nature que de mémoire — bien entendu pour une mémoire exercée à ce genre de travail, — par la fatigue du modèle, produisant chez lui une espèce d’ankylose du mouvement. Je lui contais alors, qu’Eisen père avait développé le talent de son fils, le merveilleux vignettiste du xviiie siècle, en lui faisant faire chez lui, des copies de mémoire, des tableaux de musées, devant lesquels il allait passer des heures, deux ou trois jours de suite.
Ils auraient laissé la plus grande force d’un parti républicain à la postérité, une mémoire pure, non-seulement de toute participation mais de toute indulgence aux crimes populaires. […] Je dois réparation à Cléry, et je l’offre à sa mémoire dans la note ci-jointe1. […] Les uns votèrent par une puissante conviction de la nécessité de supprimer le signe vivant de la royauté en abolissant la royauté elle-même ; les autres par un défi aux rois de l’Europe, qui ne les croiraient pas, selon eux, assez républicains tant qu’ils n’auraient pas supplicié un roi ; ceux-ci, pour donner aux peuples asservis un signal et un exemple qui leur communiquassent l’audace de secouer la superstition des rois ; ceux-là par une ferme persuasion des trahisons de Louis XVI, que la presse et la tribune des clubs leur dépeignaient, depuis le commencement de la Révolution, comme un conspirateur ; quelques-uns par impatience des dangers de la patrie, quelques autres, comme les Girondins, à regret et par rivalité d’ambition, à qui donnerait le gage le plus irrécusable à la république ; d’autres par cet entraînement qui emporte les faibles âmes dans le courant des assemblées publiques ; d’autres par cette lâcheté qui surprend tout à coup le cœur et qui fait abandonner la vie d’autrui comme on abandonne sa propre vie ; un grand nombre enfin votèrent la mort avec réflexion, par un fanatisme qui ne se faisait illusion ni sur l’insuffisance des crimes, ni sur l’irrégularité des formes, ni sur la cruauté de la peine, ni même sur le compte qu’en demanderait la postérité à leur mémoire, mais qui crurent la liberté assez sainte pour justifier par sa fondation ce qui manquait à la justice de leur vote, et assez implacable pour lui immoler leur propre pitié !
Or, la mémoire est une faculté calme qui ne fait pas trembler la main comme l’imagination. […] Quel profit Voltaire, eût-il eu tout le génie poétique qui lui manquait, pouvait-il attendre de sa Henriade alors que les mémoires sur la Ligue étaient déjà dans toutes les mains ? […] — Et tout aussitôt la chambre mystérieuse, avec son atmosphère malsaine, l’alcôve coquette où ruisselle un corps mutilé au milieu des meubles dorés, des divans soyeux, des bouquets qui se fanent dans les vases, apparaissent avec la puissance d’une peinture sinistre et dont la mémoire gardera la terreur.
On a vu des hommes qui, par une suite quelconque d’altérations dans les facultés intellectuelles, en sont venus à perdre absolument la mémoire du substantif ; je puis attester un exemple de ce singulier phénomène physiologique. […] Ne pourrait-on pas dire que les uns restreignirent leur langue aux onomatopées, les autres aux mots à inflexions, plus favorables à la mémoire, les autres aux mots sans inflexions ? […] La nécessité où nous nous sommes trouvés d’affermir notre croyance dans le témoignage de Moïse sur les commencements des différents peuples de la terre, sur les premiers faits du genre humain, nous a forcés à soulever le rideau des cosmogonies mensongères, à expliquer les harmonieuses énigmes des filles de Mémoire.
Ce n’est pas lui qui l’a inventée… L’auteur de L’Ancien Régime a bien moins d’initiative que de mémoire et d’érudition. […] Taine en citations prises à des Mémoires contemporains, mais choisies et isolées de la page à laquelle elles appartiennent, cette société ne devrait être que décrite, et à tout instant elle est jugée et sévèrement jugée. […] Taine a voulu rafraîchir la mémoire des hommes, si prompts à l’oubli, et il a refait cette histoire que des écrivains passionnés avaient écrite dans des intérêts de parti, avec plus ou moins d’illusion ou de rouerie.
Dans l’enfance, la mémoire est très forte ; aussi l’imagination est vive à l’excès ; car l’imagination n’est autre chose que la mémoire avec extension, ou composition. — Voilà pourquoi nous trouvons un caractère si frappant de vérité dans les images poétiques, que dut former le monde enfant. […] Mais Denis d’Halicarnasse, devait être mieux informé que Tite-Live des antiquités romaines, puisqu’il écrivait d’après les mémoires de Varron, le plus docte des Romains31.
Ce pesant Chapelain, qui avait du jugement dans les matières de prose, a dit de Mézeray en notant quelques-uns de ses défauts : « C’est néanmoins le meilleur de nos compilateurs français. » L’éloge est juste, si l’on entend le mot de compilateur sans aucune idée défavorable et en se contentant de le prendre par opposition aux écrivains de mémoires et de première main. […] [NdA] Ce curieux projet de privilège se trouve également aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale dans les papiers de Mézeray, au milieu du volume intitulé Dictionnaire historique, géographique, étymologique, particulièrement pour l’histoire de France et pour la langue française ; c’est le même ouvrage que Camusat a publié sous le titre de Mémoires historiques et critiques, etc., par Mézeray.