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450. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Rien ne fut changé au petit pavillon de la reine ; on y ajouta de longues ailes et on retoucha légèrement les peintures. […] Tronson et M. de Noailles eurent de longues conférences sur le quiétisme et tombèrent d’accord sur les trente-quatre articles de la vie spirituelle, dits « articles d’Issy ». […] Je vois encore la Rose mystique, la Tour d’ivoire, la Porte d’or, devant lesquelles j’ai passé de longues matinées en un demi-sommeil. […] Je passais des heures sous ces longues allées de charmes, assis sur un banc de pierre et lisant. […] Je lui lus de la sorte les longues histoires du père Maimbourg, écrivain maintenant oublié, mais qui fut en son temps estimé de Voltaire ; diverses publications de M. 

451. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

« rythme le pas de Tristan » « et s’achève par une longue tenue. » (Les malheureux ne peuvent plus aller.) « Ça et là, les instruments sont pris de leur indicible hoquet. » « Il se fait à l’orchestre un bouillonnement de sonorités troublantes. […] C’est ainsi que, à la porte même du théâtre Wagner, deux restaurants sont installés, où les fidèles du maître peuvent se gaver d’épaisses boissons et de lourdes nourritures dans les longs entractes — la représentation commençant à quatre heures pour finir à dix, avec deux pauses d’environ cinq quarts d’heure. […] Parlant de sa campagne de France et de toute une longue année de son existence sottement gaspillée à cette occasion, M.  […] Il s’agit de nouveau d’un morceau lent, commencé pianissimo, s’élevant peu à peu jusqu’au fortissimo, et retombant à la nuance de son point de départ, sans autre thème qu’une sorte de gémissement chromatique, mais rempli d’accords dissonants, dont de longues appogiatures, remplaçant la note réelle de l’harmonie, augmentent encore la cruauté. […] « Ce n’est pas sans de longues méditations — a dit un admirateur instinctif de Richard Wagner — sans des études approfondies et une infatigable estimation des éléments qu’il emploie, que Wagner est arrivé à dompter radicalement les agents divers du drame lyrique.

452. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Poitrine taillée pour les plus longs souffles, et qui semble asthmatique dans l’alinéa-Girardin ! […] Mais que sont les plus longs monologues de ses drames en comparaison des dix et vingt pages que vomissent, les uns après les autres, tous les personnages de l’Homme qui rit, dans leurs plus simples conversations ? […] Mais quand, en Angleterre, au commencement du xviiie  siècle, ce temps que nous touchons presque avec la main, il n’y a pas dans le palais d’un pair tout-puissant un seul domestique qui vienne quand il sonne comme un enragé, quand il se perd à travers les labyrinthes des salles et des salons de son palais absolument vide et où tout le monde doit dormir sans doute encore plus fort que dans la Belle au bois dormant, et que cette longue course à travers ces salles, comme à travers une lande ou une forêt, est inventée seulement pour nous ménager la surprise, au bout, de la baignoire et de la nudité de la duchesse Josiane, voilà qui doit détruire tout intérêt — même le grossier qu’on voudrait faire naître ! […] Mais l’engoulevent n’est qu’une grive en comparaison du poète dramatique qui avale, lui, des choses bien plus difficiles à avaler que le vent, quand ces choses peuvent se réduire en drame, en effets à produire, en applaudissements… Or, la Lucrèce Borgia d’Hugo est une de ces choses-là… Lucrèce Borgia avait été, comme son père Alexandre VI, arrangée de longue main, pour le scandale et pour l’horreur, par des drôles, ennemis de la Papauté, qui trouvaient joli de faire la Renaissance des crimes de l’Antiquité en même temps que la Renaissance littéraire ; et l’engoulevent dramatique avala cette Lucrèce comme Gargantua avala ses six pèlerins en salade, et nous la rendit, cette Lucrèce, en cette chose qu’on joue pour apprendre au peuple la véritable histoire. […] On n’encage pas les aigles qui ont les ailes si longues.

453. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Louis Huart, long et mélancolique ; M.  […] Cette longue attente a fini par sembler extraordinaire à la cousine de l’Impératrice. […] Dès lors, commença ce long crépuscule où son génie s’éteignit lentement et tristement. […] Elles reviennent à nous par un long détour. […] Il en a vu les longs labeurs et les joies brèves.

454. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il possédait une réputation loyalement conquise par d’éclatants et de longs services. […] Et voilà notre homme remis au cachot pour de longs mois. […] Il se mit au travail, et brocha une longue étude dialoguée sur l’histoire de Cromwell. […] Il conte tout au long son histoire et trace les menus épisodes de sa jeunesse. […] Un soldat exténué dépose son sac le long d’une haie ; un autre jette son fusil, tous suivent le mauvais exemple.

455. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Ils s’éteignent, et le flambeau ne se rallume plus qu’à un long intervalle. […] La liste est longue, mais c’est ici l’exposition des conteurs. […] Il ne s’est pas écoulé un temps assez long pour que l’ancien idéal soit oublié et qu’on en ait trouvé un nouveau. […] Quelle conclusion tirer de ce long travail sur la poésie ? […] Ses actes sont longs ou courts sans qu’il y prenne garde.

456. (1925) Comment on devient écrivain

N’en eût-il que cent, un tel roman serait encore trop long. […] Rien n’est ennuyeux comme une longue description rustique. […] Un sonnet sans défaut vaut un long poème. Une nouvelle parfaite vaut un long roman. […] On le fait toujours trop long, parce qu’on n’a pas le temps de le faire plus court.

457. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

L’abbé Le Dieu, malgré les longues années qu’il resta auprès de Bossuet, n’entra donc jamais dans son intime confiance et ne reçut jamais de lui aucune confidence proprement dite ; il ne sut les choses importantes qu’au fur et à mesure, à force d’attention et après coup. […] Comme les saints Pères, il accommodait ses instructions ou ses répréhensions à des besoins présents ; c’est pourquoi le long d’un Avent ou d’un carême il ne pouvait se préparer que dans l’intervalle d’un sermon à l’autre. […] La vraie critique, à son égard, ramène à cette conclusion, à cette consécration, et, après plus d’un circuit et d’un long tour, elle aboutit au même point que l’admiration la moins méditée. — Je n’ai rendu aujourd’hui que l’impression générale que laisse la lecture des mémoires de l’abbé Le Dieu ; il me reste à parler de son journal, qui donne une impression moins nette, moins agréable, mais qui en définitive ne permet pas de tirer un jugement différent, C’est ce qu’il n’est pas inutile de montrer.

458. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

C’est, dans tous les cas, le chemin le plus long, et le jour où l’on rentre au logis, on court risque d’être si. fort fatigué, que le sommeil s’ensuive. […] Le Devin du village pourrait bien en savoir plus long sur l’amour que l’auteur de la Législation primitive. […] Ce sont deux ou trois belles élégies que celles où il essaye de décrire le calme retrouvé ; où il retrouve tout à coup à l’improviste la passion tumultueuse, et où il invoque enfin avec succès la bienheureuse Indifférence :   D’un long sommeil j’ai goûté la douceur, etc.

459. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Quand, après une longue absence, Je revenais au toit natal, J’épiais dans l’air, à distance, Les doux sons du pieux métal. […] A ces vains jeux de l’harmonie Disons ensemble un long adieu : Pour sécher les pleurs du génie, Que peut la lyre ? […] La plus longue pièce du volume est le poëme de Peau-d’Ane, et Peau-d’Ane, dans l’intention du poëte, tout en conservant bien des charmantes naïvetés premières, relevées dans un rhythme svelte et élégant, Peau-d’Ane est devenu un mythe.

460. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Du moins y faudrait-il, à défaut de génie, une longue méditation et plus de « vie intérieure » que n’en a le commun de nos dramaturges. […] Ils étaient comme des athlètes émérites, endurcis à tout… Le martyre apparaissait de plus en plus comme une espèce de gymnastique, ou d’école de gladiature, à laquelle il fallait une longue préparation et une sorte d’ascèse préliminaire. » Peu s’en faut que Renan ne dise : « Le martyre était un sport. » — Il est certain que, d’être regardé, c’est une grande force : cela donne le courage de souffrir beaucoup, même pour des causes chétives et frivoles. […] Elle ne serait point la belle fille à la robe blanche et aux longs cheveux soignés qu’on nous montrerait certainement si la pièce de M. 

461. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Cependant les Choéphores — « Porteuses de libations » — sortent du palais, en longue file, et se dirigent vers le tombeau. […] L’imagination évoque cette marche funèbre : elle voit défiler en deux rangs, sur le rythme d’un long chant plaintif, cette procession de femmes sépulcrales, drapées de robes noires en lambeaux, les joues meurtries par leurs ongles, tenant à deux mains les vases sur lesquels pleurent leurs cheveux défaits. […] Mais il est temps pour nos hôtes de se reposer après leur longue route.

462. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Seulement, ce génie aux longues et prévoyantes pensées rendit Mazarin avare et avide ; et, dans le fond de ces richesses de kalife qu’il fut sur le point d’entasser un jour à Vincennes, l’Histoire retrouve l’ancien pipeur au jeu, le parvenu, l’aventurier. […] Pendant de longues années il donna à la France, qui n’y comprenait rien, le spectacle d’un mariage à l’italienne. […] Ses étranges imaginations seraient longues à raconter.

463. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Les Italiennes qu’il a tant aimées, les Lombardes dont il était fou, ne regardent pas plus dans leur cœur, avec leurs longs regards indolents et amoureusement tranquilles, que lui ne regarde dans le sien. […] Voilà aussi le secret de sa longue impopularité, — ou, pour mieux dire, de sa longue obscurité comme écrivain.

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