Il croit que la vie sous toutes ses formes, vie morale et intellectuelle comme vie physique, a ses lois ; et c’est la découverte, puis la mise en action de ces lois qu’il assigne comme mission à l’historien. […] Une de ses dernières paroles fut : « Soumettons-nous à ces lois de la nature dont nous sommes une des manifestations. […] L’histoire étudiera les faits, la philosophie les lois, l’histoire l’homme collectif, la philosophie l’homme individuel. […] « Pourquoi les frères supérieurs repousseraient-ils hors des lois ceux que le Père universel harmonise dans la loi du monde ? […] La Grâce représentait à ses yeux le libre arbitre en opposition à la loi qui était la fatalité.
C’est dans ce conflit perpétuel entre les vœux de notre cœur et les lois de la destinée que réside toute la grandeur de l’homme. […] Prétendriez-vous que je vive avant de connaître la loi et le but de la vie ? […] Les grandes lois de la passion y sont notées de façon fort exacte, et souvent avec beaucoup de finesse. […] Il n’existe pas même de loi pour l’interdire aux écrivains du troisième sexe. […] C’est que la personnalité, si elle n’est pas une illusion, se manifeste surtout dans la volonté, qui peut imposer au flot des phénomènes la loi de la durée.
Bref, la religion de Moïse, en sa sphère plus restreinte, religion conservatrice et non expansive, a sur celle du Christ l’avantage d’être une, et d’avoir produit une loi, une institution politique qui comprenait le fidèle tout entier, et l’enveloppait dans toutes les directions. […] Or, voilà pourquoi le christianisme est resté en chemin de son œuvre ; voilà pourquoi de Maistre, génie autant mosaïque qui catholique, ne conçoit pas que Dieu, auteur de la société des individus, n’ait pas poussé l’homme, sa créature chérie et perfectible, jusqu’à la société des nations ; voilà pourquoi les juifs s’obstinent à contempler avec un sentiment orgueilleux de supériorité leur loi, si complète en elle-même, que le christianisme a brisée avant d’avoir à rendre au monde l’unité définitive ; voilà pourquoi la religion de l’avenir, qui devra renfermer tous les caractères du judaïsme et du christianisme, renfermera aussi dans ses temples les juifs et les chrétiens, en les mettant d’accord, selon qu’il a été dit dans les anciennes et les nouvelles Écritures.
Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir.
le premier degré où doit viser la connaissance humaine, un échelon tout au plus au-dessus duquel il faut gravir pour vous conformer à ces lois éternelles entrevues par Platon, fixées par une théodicée plus sublime, et qui sollicitent l’essor de notre intelligence vers un idéal qui n’est pas de ce monde. […] Car le devoir en est la règle souveraine et l’héroïsme en quelque sorte la loi vivante.
On impose au poète les lois les plus sévères ; et pour comble de rigueur, on lui défend de laisser voir ce qu’il lui en a coûté pour s’y soumettre. […] Avec une oreille sensible et sonore, un choix heureux d’expressions, que le goût seul peut donner, et surtout des idées et de l’âme, on sera poète lyrique ; c’est bien assez de conditions, sans y ajouter encore la tyrannie de quelques lois arbitraires.
Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu, perdue par les hommes, au XVIe siècle ; car c’est presque une loi de l’histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les causes triomphantes et soient plus belles à raconter ! […] La Ligue même, qui n’eut de bon que ce fanatisme religieux méconnu si profondément par Forneron, la Ligue, qui, pour nous, fut à l’origine, l’explosion de la conscience révoltée d’un peuple, n’a pas échappé à cette loi des Démocraties.
ce n’est pas une loi de la nature et de notre misère qu’une grande gloire morte ait ses vers qu’elle engraisse de sa lumière comme les cadavres ont les leurs, et il est bien temps, pour l’honneur de l’esprit en France, que la critique enfin proteste contre toutes ces profanations ! […] Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons.
nous ne lui aurions donc pas demandé, à lui, le dernier venu, si inférieur d’ailleurs à ses devanciers, ce que ces devanciers ignorent, c’est-à-dire la loi historique de ces faits tant de fois maudits et qu’il recommence de maudire, sans ajouter rien à la vulgarité de ces caduques malédictions. […] … Voit-il juste, même au sens le plus borné, quand, démocrate d’hier, talonné par son opinion jusque dans le fond du xe siècle, il s’étonne (ce ne peut pas être par ignorance) de ce que Richard II punit son frère d’avoir enfreint la loi fondamentale de la féodalité, et qu’il écrit, avec le point d’admiration et les italiques de la niaiserie : il avait refusé l’hommage !
Or, cette plaisanterie, qui n’est pas le fond du livre d’Henri Rochefort, mais sa forme, je me permettrai de la décrire et de l’examiner ; car la forme d’un livre quelconque, fût-ce L’Esprit des Lois ou le Traité du Prince, est plus importante que le fond, malgré tous les pédants qui le nient ou qui pourraient le nier. Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien !
Étrange dissolvant que portent avec eux l’abus des facultés de l’esprit, le goût de la révolte et du désordre, le mépris de toute foi et de toute loi ! […] Donc madame Cibot, décidée à tout pour avoir des rentes, va consulter un homme de loi, nommé Fraisier. […] Eugène Sue, mais, comme lui, s’adressant à un monde qu’il dépouillait de toute loi morale et de toute croyance, il a été absolutiste, comme M. […] On dédaigne, en religion, en politique, en littérature, toute autorité, toute foi, toute loi ; le dogme, la tradition, le culte, superstitions puériles ! […] La loi divine de l’Évangile ne sera jamais, quoi qu’on fasse, hostile à la liberté véritable.
L’objet de cette quatrième lettre est énoncé en tête : Idée des lois et du gouvernement de Sa Majesté le roi de Sardaigne, avec quelques réflexions sur la Savoie en particulier. […] On n’a point révoqué la loi qui les déporte ni celle qui confisque leurs biens, après une loi solennelle qui leur permettait de les administrer par procureur. […] L’auteur discute avec fermeté et éloquence pour réclamer le bénéfice de cette loi en faveur des prétendus émigrés savoisiens. […] Il nous met presque dans l’alternative ou de ne croire à aucune loi régulatrice, ou de croire avec lui. […] Sous ce dernier aspect, on peut le donner comme le plus conséquent des hommes, celui de tous chez qui la foi, l’idée acceptée et crue, était le plus devenue la substance et faisait le plus véritablement loi.
» Après avoir justifié l’exécution, il la sanctifia ; il la consacra par les décrets du ciel, après l’avoir autorisée par les lois de la terre ; de l’abri du Droit, il la porta sous l’abri de Dieu. […] Milton, pour prouver qu’on peut faire mourir un roi, cite Oreste, les lois de Publicola et la mort de Néron. […] Chacun se rappelait les bannissements, les confiscations, les supplices, la loi violée systématiquement et sans relâche, la liberté du sujet assiégée par un complot soutenu, l’idolâtrie épiscopale imposée aux consciences chrétiennes, les prédicateurs fidèles chassés dans les déserts de l’Amérique ou livrés au bourreau et au pilori457. […] De telles prohibitions ne lient point 516. » Ève sort d’Oxford, elle a appris la loi dans les auberges du Temple, et porte, aussi bien que son mari, le bonnet de docteur. […] Il s’agit d’une loi qui a de mauvais effets, et sur laquelle il veut justifier son gouvernement.
La même loi régit la république des lettres. […] La théorie de la concurrence vitale, généralisée d’une façon excessive, étendue des végétaux et des animaux aux hommes et à toute chose, devint une loi sociale et une loi du monde. […] n’est pas une déclamation vaine, c’est la constatation d’une loi. […] Il courtisa beaucoup l’abbé de Pure qui était une autorité dans ce monde-là et qui faisait la loi dans les ruelles. […] L’entente générale est la loi dominante.