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479. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

L’amour de Dieu, la charité, le pardon réciproque, voilà toute sa loi 638. […] A plus forte raison dédaignait-il une foule d’observances modernes, que la tradition avait ajoutées à la Loi, et qui, par cela même, étaient les plus chères aux dévots. […] Il les accusait d’enchérir sur la Loi, d’inventer des préceptes impossibles pour créer aux hommes des occasions de péché : « Aveugles, conducteurs d’aveugles, disait-il, prenez garde de tomber dans la fosse. » — « Race de vipères, ajoutait-il en secret, ils ne parlent que du bien, mais au dedans ils sont mauvais ; ils font mentir le proverbe : « La bouche ne verse que le trop-plein du cœur 645. » Il ne connaissait pas assez les gentils pour songer à fonder sur leur conversion quelque chose de solide.

480. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

Maurice Beaubourg Notre Courteline, comme dit Catulle Mendès… J’ai dit que, parmi un grand nombre d’autres nouvelles, toutes celles en général qui composent l’Ami des lois, puis Amitiés féminines, Ferme ta malle, le Constipé récalcitrant, la Mégère apprivoisée, etc., etc., Hortense, couche-toi, était celle qui m’avait le plus séduit. […] puis qui, la loi lui donnant neuf jours pour accoucher, se couche, tandis que le propriétaire, le cruel Saumâtre, est obligé de passer par toutes ses fantaisies et par celles de son amant.

481. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Montèze, Américains, qui fûtes mes victimes, Songez que ma clémence a surpassé mes crimes ; Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois. […] Un trait seul n’est pas chrétien dans ce morceau : Instruisez l’Amérique, apprenez à ses rois Que les chrétiens sont nés pour leur donner des lois.

482. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

. — Retour de l’âge divin D’après les rapports innombrables que nous avons indiqués dans cet ouvrage entre les temps barbares de l’antiquité et ceux du moyen âge, on a pu sans peine en remarquer la merveilleuse correspondance, et saisir les lois qui régissent les sociétés, lorsque sortant de leurs ruines elles recommencent une vie nouvelle. […] Partout avaient recommencé les violences, les rapines, les meurtres, et comme la religion est le seul moyen de contenir des hommes affranchis du joug des lois humaines (axiome 31), les hommes moins barbares qui craignaient l’oppression se réfugiaient chez les évêques, chez les abbés, et se mettaient sous leur protection, eux, leur famille et leurs biens ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs.

483. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Quand on ne peut expliquer un mécanisme, on affirme que ses mouvements s’opèrent en vertu d’une loi. […] Elle équivaut à dire que, pour être coupable, il faut avoir agi avec discernement, avec la conscience de violer une loi morale, une loi divine, une loi civile. […] Les lois ne sont que de grossiers moyens de police ; elles assurent la justice en cultivant l’iniquité. […] (La théorie anarchiste emporte à peu près les mêmes conséquences : en l’absence de toutes lois, l’ascendant des hommes supérieurs serait la seule loi et leur juste despotisme incontesté). […] Brochard, la vertu est l’habitude d’obéir à une loi nettement définie et d’origine suprasensible.

484. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

« Cherche dans l’Écriture, dit le traducteur, principalement et avant tout les traités et les contrats343 faits entre Dieu et nous, c’est-à-dire la loi et les commandements que Dieu nous fait, et ensuite, la grâce et le pardon qu’il promet à tous ceux qui se soumettent à sa loi. Car toutes les promesses, partout, dans toute l’Écriture, enferment un traité ; c’est-à-dire que Dieu s’engage à t’accorder cette grâce à cette condition seulement que tu t’efforceras toi-même de garder ses lois. » Quel mot ! […] Nous avons péché contre tes lois saintes. […] Le premier qui s’est mis à balayer est la Loi ; mais celle qui a apporté l’eau et qui a arrosé la chambre est l’Évangile. […] Il faut vous instruire des lois qui s’observent ensuite, lois sacrées et inviolables.

485. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Sans doute les lois sont souvent des coutumes consolidées ; mais une coutume ne se transforme en loi que lorsqu’elle présente un intérêt défini, reconnu et formulable ; elle tranche dès lors sur les autres. […] Thémis, déesse de la justice humaine, est la mère des Saisons (Hôrai) et de Dikè, qui représente aussi bien la loi physique que la loi morale. […] Les « lois » qu’on lui a trouvées ne nous disent rien de l’élan naturel d’où elle est sortie. […] Elle suppose d’abord, elle constate ensuite que l’univers est régi par des lois mathématiques. […] Inutile de chercher à cette marche un rythme ou une loi.

486. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

La littérature, comme la sociologie d’après Comte15, obéit donc à deux lois primordiales, loi de coexistence et loi de succession. […] Mais il leur faut subir l’immarcescible loi. […] Les anciens avaient le sentiment du fini et rythmaient leurs temples selon les lois de l’harmonie. […] Ne parle-t-on pas de lois rythmiques en morale et en histoire ? […] Or, il n’y a pas plus de hasard dans le vers libre que dans le plus rigide alexandrin : il ne tend qu’à substituer une loi organique interne à une loi extérieure mécanique ».

487. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

On excède la sévérité des lois, lorsqu’on pèse les actions sans égard pour ies circonstances. […] Il faut laisser subsister la loi parce qu’elle est sage. […] La loi serait absurde, sans l’existence présupposée d’un coupable, fût-ce d’un parricide, et d’un infracteur : j’ajoute et d’un infracteur, car il y a toujours deux délits commis à la fois : l’action proscrite par la loi, et l’infraction de la loi qui proscrit l’action. […] …* C’est la conformité habituelle des pensées et des actions aux lois de la nature. […] qu’est-ce que ses lois ?

488. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Je ne considère la loi que comme une simple présomption en faveur des origines lyriques. […] Les lois ne font que consacrer une étape dans l’évolution des mœurs ; jamais un arrêt du Parlement n’aurait mis fin aux mistères, si ceux-ci avaient encore répondu à un besoin de l’esprit général (on l’a bien vu au xviiie  siècle dans la guerre des théâtres) ; de fait, les mistères végéteront, malgré la loi, pendant une cinquantaine d’années, et s’ils meurent, c’est d’épuisement, de mort naturelle. […] Action, réaction, influences réciproques : toute la vie avec le désordre apparent de ses variations, dans l’ordre profond des lois générales ; et problèmes toujours nouveaux pour quiconque se débarrasse des idées toutes faites, des classifications en usage. […] La psychologie est expérimentale ; la philologie formule des lois phonétiques ; l’histoire fouille les archives, à la recherche des « faits » ; le droit pénal touche à la pathologie, qui envahit même l’histoire des religions. […] La loi, qui doit être universelle, ne se manifeste chez aucun autre peuple avec cette même constance, ni cette même clarté.

489. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « III »

Mais telle n’est pas la loi du siècle où nous vivons. […] Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n’avait qu’une loi et qu’un maître.

490. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Trop souvent il suit les traces de Pline: sa force est en lui-même ; il explique l’univers d’après les lois de sa physique, et les lois de la Providence lui restent inconnues. […] Osez proposer le Contrat social à une ville plus grande que Genève, et ces lois si savamment méditées ne produiront que d’effroyables révolutions. […] Je répondis à son agent que j’avais étudié les lois de la nature, mais que j’ignorais celles de la politique. […] que celui qui a arrangé le bonheur actuel des hommes par des lois que vous ne connaissez pas ne puisse en préparer un autre à Virginie par des lois qui vous sont également inconnues ? […] J’ai été trouvée fidèle aux lois de la nature, de l’amour et de la vertu.

491. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

La conscience, elle aussi, est régie par deux grandes lois : concours des forces mentales et conflit des forces mentales. […] Ces lois du cerveau et de la conscience s’appliquent non seulement au sommeil naturel, mais encore, nous allons le voir, au sommeil artificiel. […] Les excitations uniformes des sens émoussent la sensibilité ; c’est une loi générale : une sensation d’odeur uniforme et répétée finit par user l’odorat ; de même pour le goût. […] Nous avons vu plus haut l’application de ces lois au sommeil naturel ; Lehmann les applique également au sommeil artificiel. […] Il y a des lois de statique et de dynamique nerveuses encore plus subtiles que celle de l’hydrostatique sanguine.

492. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La loi morale a encore ceci de particulier qu’elle parle plus volontiers à la seconde personne qu’à la première : tu dois, au lieu de je dois ; dans le cas de reproche, elle emploie quelquefois le vous au lieu de tu, parce que le vous, dans nos usages modernes, est méprisant quand il n’est pas cérémonieux. Ces formes de langage indiquent qu’un certain degré d’imagination accompagne les jugements de la raison pratique : la loi morale nous parle comme un père à ses enfants ou comme un maître à ceux qui lui doivent obéissance26. […] La prosopopée des Lois dans le Criton 28 est un des plus célèbres exemples de cette figure aujourd’hui passée de mode ; elle est d’ailleurs entièrement fictive ; Socrate ne fait pas intervenir le signe divin ; par une feinte hautement avouée, il introduit les Lois dans son dialogue, à la façon des poètes tragiques qui font descendre du ciel les divinités pour les besoins de leurs dénouements ; les Lois, dont l’éloquence triomphera de la morale trop facile de Criton, ne sont, il le fait clairement entendre, que la voix de sa conscience individuelle ; mais il se plaît, en orateur habile, à l’incarner dans les institutions d’Athènes, et il prête à celles-ci tout un discours. […] C’est une loi du développement du langage qu’un même mot éveille successivement des idées différentes, alternativement simples et complexes. […] La prosopopée des Lois est développée dans la dernière partie du Criton (50a-54d) dans le dialogue de Socrate avec les lois de la Cité qui achève son refus de la proposition que Criton lui faisait de s’évader pour échapper à une mort imminente ; le passage cité par Egger est l’épilogue (54d).

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