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301. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Quelqu’un a appelé les gens de lettres estimables, les substituts de la Magistrature. […] Les travaux de l’Homme de Lettres ne peuvent plus être récompensés par l’argent ; & je le prouve par le fait. […] Heureux les Gens de Lettres qui ne connoissent point cette déplorable guerre ! […] Mais il n’avoit encore rempli que la moitié de la tâche d’un Homme de Lettres. […] Denys-le-tyran envoyoit aux carrières tout homme de Lettres, qui ne l’admiroit pas assez.

302. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Dumas fils ont trouvé tous les deux, ce livre du Retour du Christ admirable, et ils l’ont dit dans des lettres de beaucoup d’expression. […] Perfide comme l’onde de Shakespeare, et avide de succès comme la nasse l’est de poisson, elle a, sans se gêner, plaqué les deux lettres du père Didon et de M.  […] Alexandre Dumas fils, un homme de lettres et un homme du monde, qui devrait avoir assez de fierté et de hautaine indifférence pour endosser la responsabilité de ses opinions devant tous les genres de publics, a fait, nous dit-on, saisir tous les exemplaires où se trouvait sa lettre. […] C’est une femme de lettres, c’est-à-dire, religieusement, une poseuse. […] Dans sa lettre sur le Retour du Christ, on trouve une phrase d’une crudité scientifique, immonde et sacrilège, dont les fronts catholiques ne seront pas les seuls à rougir.

303. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

On a en tout, dans les anciennes éditions, sept volumes de ses lettres, publiées en trois recueils consécutifs. […] Ses premières lettres en français s’adressent à des confrères de province avec qui il correspond. […] Il devrait bien se trouver un autre Gui Patin qui en fasse une pour ses Lettres, qui en ont tant besoin. […] C’est un épisode de la vie de Gui Patin qui mériterait un éclaircissement dans une bonne édition de ses lettres ; j’en donnerai ici un aperçu. […] [NdA] Lettres de Gui Patin, précédées d’une notice biographique, par le docteur Réveillé-Parise (3 vol. in-8º, 1846).

304. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Une lettre qu’il écrivit en ce sens à M.  […] Dans la lettre de M. de Tocqueville perçait l’idée, poliment exprimée, qu’un homme qui se respecte doit être de l’opposition. […] Mon cher monsieur, je reçois de vous une lettre qui demande prompte et ample réponse. […] Le grand Frédéric n’avait pas de ces dédains et ne fait pas de ces mystères ; lisez ses lettres. […] Dans une lettre à M. 

305. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Que si cependant sa physionomie, son caractère personnel étaient restés un peu indécis et entourés de quelque vague, faute d’un développement historique suffisant, les lettres que M.  […] On voit par les lettres du fils que le père était exigeant avec lui, ne se contentait pas aisément et lui demandait de se distinguer, d’avancer toujours. […] Cette idée reviendra souvent jusque dans ses lettres les plus belliqueuses ; tout son feu n’exclura jamais la modération. […] Il raconte vivement, mais sans vanterie, sa conduite en ces deux journées, dans une lettre qui vient expliquer et confirmer les récits donnés par les historiens militaires. […] Il eut un moment d’hésitation avant d’accepter ; il le dit à son père dans une lettre datée de quelques jours après, et où il se montre bien à nous dans l’élan et la poursuite de la victoire : Sous Ceva, 30 novembre 1795.

306. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

C’est un recueil de pieuses réflexions sur les hymnes commençant par la lettre O et qui se chantent au temps de l’Avent. […] C’est ainsi que le vif succès des Lettres Persanes de Montesquieu détermina par dizaines des Lettres Anglaises par Voltaire, Chinoises, Portugaises, etc. […] Quant à Scribe, non moins fécond en drames et en comédies, il fit un jour la gageure de pouvoir mettre le titre d’une pièce au moins sous chaque lettre de l’alphabet. […] Chacun connaît les lettres bougrement patriotiques du Père Duchêne. […] Lorsque feu Pécaut écrivait des ouvrages pédagogiques, il ne les intitulait pas : Adèle ou Theodorr, ou Lettres sur l’Éducation (1782).

307. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 362-363

Cette Traduction, à laquelle il a, dit-on, la principale part, lui a attiré les anathêmes du Patriarche que les Lettres & la Philosophie viennent de perdre : M. de Voltaire, offensé de ce qu’on n’a pas parlé de ses Tragédies dans le Discours qui précede celles du Poëte Anglois, ne put retenir son ressentiment, comme il est aisé d’en juger par plusieurs de ses Lettres, & entre autres, par celle qui est imprimée dans la seconde édition du Bureau d’Esprit, où il traite M. […] Tachez , dit-il ensuite à la personne à qui cette honorable Lettre est adressée, tâchez, je vous prie, d’être aussi en colere que moi, sans quoi je me sens capable de faire un mauvais coup. Les réflexions se présentent ici en foule à notre esprit : nous nous contenterons de remarquer qu’il n’y a peut-être pas d’homme de Lettres plus honnête, ni qui ait des mœurs plus douces, que celui que M. de Voltaire traitoit, peu de jours avant sa mort, de maraud & de monstre.

308. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

* * * — Dans une lettre de Flaubert à Mme Sand, mon ami dit qu’il me voit uniquement préoccupé de coller, dans mes livres, un mot entendu dans la rue, et proclame qu’il n’y a absolument au monde parmi les hommes de lettres que lui, pour savourer « l’ombre nuptiale » de Ruth et Booz. […] Chez les peintres, l’envie est tempérée par une certaine gaminerie, par une enfance de toute la vie, qui rend cette envie moins amère, moins noire que chez l’homme de lettres. […] C’est drolatique, le souvenir que réveille chez moi, cette lettre bordée de noir. […] Mais voilà qu’au milieu de mon navrement m’arrive une lettre réconfortante. […] Ces vieilles lettres ont même rejeté ma pensée, je ne sais comment, à des années plus anciennes, que celles qu’elles racontaient.

309. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il avait obtenu cette faveur par le canal de Mme de Maintenon, à qui il écrivit des lettres fort pressantes à ce sujet, et qui avait pour lui de l’amitié. […] Les lettres de ce genre sont le plus souvent d’une lecture assez fade pour les indifférents : « Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble, a dit La Rochefoucauld, c’est qu’ils parlent toujours d’eux-mêmes. » La flamme seule et la rapidité de la passion a sauvé quelques lettres de la Religieuse portugaise du sort commun aux lettres d’amour, qui est d’ennuyer bientôt ceux qui n’y sont pas mêlés ; Mlle de Lespinasse, dans les siennes, est quelquefois importune au lecteur presque autant qu’à M. de Guibert ; elle a des longueurs. […] Mais je suis un fou de me flatter de cette espérance ; peut-être que vous êtes engagée ailleurs ; peut-être que cette lettre sera sacrifiée ; peut-être que je vous déplais, et jamais je ne peux être aimé comme je l’ai été. […] L’ambition pourtant eut moins de part à ce nouvel engagement que la passion, si l’on en juge par les nombreuses lettres que Lassay écrivait à Julie (c’était le nom de Mlle de Châteaubriant). […] À peine marié (1696), Lassay dut rompre toute intimité avec elle et lui rendre une entière liberté, comme on le voit par une lettre sévère et fort digne qu’il lui adresse.

310. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Les Dialogues sur l’Éloquence et la Lettre à l’Académie : la critique d’impression. […] Avec la Lettre à l’Académie, la relativité du goût devient secrètement le principe de la critique. Mais la Lettre à l’Académie resta à peu près sans influence. […] Ces lettres sont l’œuvre où il faut chercher Fénelon tout entier, comme on cherche Voltaire dans les siennes. […] C’est ici le triomphe de l’art de Fénelon : il plie ; tout en lui est modeste, résigné ; son attitude, ses lettres font voir au public la plus douce des victimes ; on commence à le plaindre, sans le justifier.

311. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Isolé par goût, sans autre ambition que celle des lettres, des « saintes lettres », comme il les appelle, n’aspirant à rien tant qu’à les voir se retremper aux grandes sources et se régénérer, ne désespérant point d’y aider pour sa part en un siècle dont il appréciait les germes de vie et aussi la corruption et la décadence, il n’entra jamais dans la politique qu’à la façon d’un particulier généreux qui vient remplir son devoir envers la cause commune, dire tout haut ce qu’il pense, applaudir ou s’indigner énergiquement. […] André Chénier entra décidément dans la polémique au Journal de Paris, par un article du 12 février 1792 contre la ridicule et indécente préface que Manuel avait mise en tête des Lettres de Mirabeau et de Sophie. […] Une lettre de lui, écrite à la date du 28 octobre 1792, nous le montre désormais « bien déterminé à se tenir toujours à l’écart, ne prenant aucune part active aux affaires publiques, et s’attachant plus que jamais, dans la retraite, à une étude approfondie des lettres et des langues antiques. » Sa santé s’était altérée ; il allait de temps en temps passer à Versailles des semaines vouées à la méditation, à la rêverie, à la poésie. […] Ce qui les frappe beaucoup, c’est qu’il dit n’avoir pas conservé des lettres relatives à des intérêts personnels. […] ne pas garder une lettre qui annonce l’arrivée des effets !

312. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

. — Une lettre de lui à Voltaire. — Maréchal général, envoyé en Italie. — Sa dernière parole. […] On en a la preuve assez piquante dans une lettre inédite du maréchal16. […] Mes nièces, au lieu de prière, Et mon janséniste de frère, Riraient à mon enterrement… C’est à cette pièce que Villars répond d’abord dans sa lettre, que je donnerai en entier. […] [NdA] On lit dans une lettre de M. de La Rivière à l’abbé Papillon, du 5 avril 1736 : « Feu M. le maréchal de Villars, que j’avais fort connu avant sa grande fortune, qui m’avait conservé de l’amitié, et qui me faisait l’honneur de venir quelquefois me voir, avait toujours Horace dans sa poche et s’en servait agréablement : il avait beaucoup de goût et autant d’esprit que de valeur. » (Lettres choisies de M. de La Rivière, gendre du comte de Bussi-Rabutin, 1751 ; tome ii.) — Cet Horace dans la poche de Villars est une particularité curieuse ; mais n’était-il pas homme à le prendre tout exprès et à le laisser voir à propos, quand il allait rendre visite à M. de La Rivière ? […] Alfred Arneth, et en consultant les documents militaires, les lettres et dépêches du grand capitaine.

313. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

L’abbé de Pons gagna son procès, mais résigna presque aussitôt son canonicat ; il s’était accoutumé, dans l’intervalle, à la vie de Paris et à la fréquentation des gens de lettres. […] Mais La Motte, que Duclos appelle le plus aimable des gens de lettres, ne s’éloignait guère, et pour cause, du café Gradot : Après avoir vécu dans les meilleures sociétés de Paris et de la Cour, devenu aveugle et perclus des jambes, il était réduit à se faire porter en chaise au café de Gradot, pour se distraire de ses maux dans la conversation de plusieurs savants ou gens de lettres qui s’y rendaient à certaines heures. J’y trouvai (c’est Duclos qui parle) Maupertuis, Saurin, Nicole, tous trois de l’Académie des sciences, Melon, auteur du premier traité sur le commerce, et beaucoup d’autres qui cultivaient ou aimaient les lettres. […] Nous le voyons en 1711 publier une Lettre critique sur la tragédie de Crébillon, Rhadamiste et Zénobie, qui était alors dans tout son succès. En juin 1715 il écrit une autre Lettre critique, qui fut insérée dans Le Mercure et qu’il adressait à Du Fresny sur sa comédie nouvelle, Le Lot supposé ou la coquette de village.

314. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait. […] mon amie, ne faisons point de mal ; aimons-nous pour nous rendre meilleurs ; soyons-nous, comme nous l’avons toujours été, censeurs fidèles l’un à l’autre. » « Je disais autrefois à une femme que j’aimais et en qui je découvrais des défauts (madame de Puisieux) : Madame, prenez-y garde ; vous vous défigurez dans mon cœur : il y a là une image à laquelle vous ne ressemblez plus. » Dans une lettre, Diderot raconte comment il est tout occupé de la philosophie des Arabes, des Sarrasins et des Étrusques ; puis il s’écrie avec un élan de tendresse incomparable : « J’ai vu toute la sagesse des nations, et j’ai pensé qu’elle ne valait pas la douce folie que m’inspire mon amie, j’ai entendu leurs discours sublimes, et j’ai pensé qu’une parole de la bouche de mon amie porterait dans mon âme une émotion qu’ils ne me donneraient pas. […] non pas seulement l’art théorique, l’art esthétique et raisonneur, mais l’art qui produit et qui excelle en créant ; l’art qui se complaît aux détails, qui réalise en idéalisant, qui cisèle et qui peint : nous pourrions en citer vingt exemples tirés de ces lettres dont nous parlons. […] Georges Leroy, lieutenant des chasses du parc de Versailles, naturaliste spirituel et attentif de l’école en tout (comme on vient de le voir) de La Fontaine, de Buffon et de quelques autres plus modernes, a laissé des Lettres sur les animaux très intéressantes : elles ont été réimprimées en 1862 par l’éditeur Poulet-Malassis, avec une belle et savante Introduction du docteur Robinet.  […] L’auteur, qui avait eu l’occasion de voir continuellement Louis XV dans ses chasses, parle de ce roi d’un ton de vérité plutôt bienveillante ; mais il insiste autant que personne sur sa timidité, sa défiance de lui-même, son impuissance totale de s’appliquer, et cette inertie, cette apathie incurable, qui ne fit que croître avec les années. » La Nouvelle lettre de Junius, publiée en 1872 chez Michel Lévy, fait penser (notamment page 10) à cet écrit posthume de Georges Leroy.

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