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1644. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Seulement, ce n’est pas la pitié qui l’y jette, mais c’est la justice qui l’y met.

1645. (1925) Proses datées

Nul, comme lui, n’a su rendre le charme grave, gracieux, mélancolique et superbe de ce Stamboul où il a vécu son plus ardent et son plus beau rêve de jeunesse et vers lequel le ramène, à l’heure du désastre, un noble et généreux souci de reconnaissance et de justice. […] Faguet, en effet, tout en rendant justice au génie de Balzac, ne la lui rend pas sans réserve et sans discussion, et cela suffira peut-être à lui valoir certains reproches dont je ne sens point, pour ma part, le bien fondé.

1646. (1887) George Sand

Geneviève, créature plus fraîche et plus pure que les fleurs au milieu desquelles s’écoulait ta vie, jusqu’au jour fatal où l’on te ravit ton bonheur en troublant ta pureté ; Consuelo, ravissante et fière image de la conscience dans l’art et de l’honneur dans l’amour, chaste fille religieusement fidèle à un souvenir à travers les aventures de votre vie errante ; Edmée, type envié des femmes, une des plus touchantes créations du roman moderne, douce héroïne qui avez si souvent visité les rêves des jeunes âmes enthousiastes, dans ce fantastique costume de chasse sous lequel vous vit pour la première fois votre sauvage amant, avec cet air de calme souriant, de franchise courageuse et d’inviolable honneur ; et vous aussi, vous Marie, l’héroïne de la Mare au Diable, qui n’aviez pour inspirer un grand amour que votre ingénuité et qui avez vaincu avec cette arme l’âme rude d’un paysan, qui avez fait par votre désintéressement l’éducation de cette générosité ignorée d’elle-même, qui avez fait éclore par votre honte sans art la justice et le dévouement, là où le calcul régnait en maître ; vous enfin, Caroline de Saint-Geneix, qui avez vaincu un ennemi plus fort que la rudesse du paysan, l’implacable orgueil d’un préjugé, et qui, à force de réserve, de pudeur, de grandeur d’âme, d’héroïsme simple et modeste, avez soumis toutes les résistances, amélioré toutes les âmes, transformé autour de vous toutes les fatalités d’éducation et de race ; vous toutes, vous avez su noblement et délicatement aimer, vous avez fait connaître un jour, une heure, la vraie grandeur dans l’amour vrai. […] De là tant de prophéties irritées et cette utopie du mariage idéal : « Je ne doute pas, s’écrie Jacques, que le mariage ne soit aboli, si l’espèce humaine fait quelque progrès vers la justice et la raison ; un lien plus humain et non moins sacré remplacera celui-là, et saura assurer l’existence des enfants qui naîtront d’un homme et d’une femme, sans enchaîner jamais la liberté de l’un et de l’autre.

1647. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Cet amour de l’amour où entrent le sentiment de la pitié, celui de la justice, celui même du devoir, est un de ceux qui font céder le plus perfidement une honnête femme. […] Le 28 octobre 1870, en pleine guerre franco-allemande, il écrit : « Je rends grâce à Dieu d’appartenir à un pays et d’avoir une situation qui me permettent de dépouiller mon âme de ces emportements et de ces préjugés vulgaires, et de ne chercher que la justice comme un homme calme. » Malheureusement, cette belle médaille a son revers, cette indépendance Amiel l’emploie surtout comme un prétexte à s’abstenir, et cette neutralité passive l’écœure quand il y voit une manière de ne pas être, une timidité devant l’existence positive et le parti franc, analogue à sa timidité devant l’amour.

1648. (1900) Molière pp. -283

Justice ! […] Si dans ses attaques les plus vives il ne se pare pas au moins d’un prétexte de justice et d’humanité offensée, si, en affichant le mépris des hommes, il ne laisse point voir que ce mépris lui vient de la haute idée qu’il se forme de leurs devoirs et de la noblesse primitive de leur nature, si le besoin de dénigrer et de haïr s’y étale à découvert, superbe, hautain ou bas, reconnaissez-vous l’esprit à ce portrait ?

1649. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il fut très lu, très goûté, et avec justice ; mais je crois que son influence sur son milieu et sur le mouvement artiste doit être considérée comme à peu près nulle. […] Aicard écrit ses livres ; elle s’en dégage parce que, si les choses ont leurs larmes, elles ont aussi leurs leçons, et c’est ce qui fait la grande, l’éternelle justice de ce monde. […] La rigoureuse justice des choses les a punies de n’avoir pas voulu aimer ceux qui les auraient comprises.

1650. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Reprocher aux exposants du Palais de l’Industrie qu’ils ne peignent point des œuvres d’art, sous prétexte qu’ils emploient des procédés (dessin, couleurs) pouvant servir à des œuvres d’art, n’est-ce pas être cruel sans justice, et inintelligent de la seule destination que peut avoir désormais le Salon de peinture ? […] Il ne connaît aucun de nos sentiments, ni la modération des désirs, ni le respect de la justice, ni, à défaut de charité, l’égard pour autrui. […] Encore moins peut-elle nous servir à juger, selon la justice, les hommes et leurs œuvres. » De l’histoire, si chère à M. 

1651. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Mais alors bientôt sur un roman qui prendra à partie la corporation des huissiers, l’auteur sera poursuivi sur la demande du ministre de la Justice ; sur un roman qui prendra à partie les attachés d’ambassade, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministère des Affaires Étrangères ; sur un roman qui prendra à partie les maîtres d’école, l’auteur sera poursuivi à la demande du ministre de l’Instruction publique, etc., et ce sera ainsi pour tout roman, mettant à nu les canailleries d’un corps, car tous les corps de l’État appartiennent à un ministère.

1652. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Mais si l’on préfère le point de vue historique, — et en somme c’est le seul où nous devions nous placer pour apprécier avec justice une œuvre qui n’est pas absolument de premier ordre, — nous ne pouvons éviter de remarquer que bon nombre des poétesses anglaises, qui ont précédé Mistress Browning, furent des femmes d’un talent peu ordinaire, et que si la plupart d’entre elles regardèrent la poésie comme un simple compartiment des belles-lettres, il en fut de même pour leurs contemporains dans le plus grand nombre des cas. […] La Justice m’a appelé dans des pays lointains, la froide reine parmi les morts, qui après la chaleur et la hâte enfin trouve le loisir pour sa voix forte et ferme qui puise du calme dans les grandes profondeurs de l’enfer.

1653. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Jamais la chasse aux papiers n’a été si fructueuse : certains lots sont sortis de cette étonnante loterie où la justice est l’enjeu et j’y ai trouvé tantôt la clef d’énigmes demeurées jusqu’ici insolubles, tantôt le droit d’affirmer ce que j’avais seulement soupçonné. » Toute l’histoire des Napoléonides, Joseph, Lucien, Louis, Jérôme, était, on peut dire, inconnue : M. 

1654. (1933) De mon temps…

Marcel Bouteron, dans ses belles études balzaciennes, a fait justice de ces racontars séniles de Jean Gigout qui font penser à ceux qu’Edmond de Goncourt, par amour de la vérité, accueillait avec une si honnête crédulité dans les pages de son Journal.

1655. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Daubigny cette justice que ses œuvres sont généralement poétiques, et je les préfère avec leurs défauts à beaucoup d’autres plus parfaites, mais privées de la qualité qui le distingue.

1656. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

On l’admettra facilement pour Becque ; et quanta Verlaine, je garantis que s’il eut maille à partir avec la justice, il ne lui en garda point rancune. […] Dans Humain trop humain, il fait un magnifique éloge du théâtre classique français, il remet Lessing à sa place, il rend à Voltaire la justice qui lui est due, il prend en pitié notre moderne barbarie et ses vaines expériences.

1657. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Le mépris est un déni de justice et il ne sert de rien de haïr. […] La question a son prix, je le reconnais ; et il serait intéressant de savoir en quel sens l’ont résolue les lecteurs de la Justice.

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