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1331. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

La butte juge cette grande époque d’après quelques faits exceptionnels et isolés, — comme si, dans trois cents ans, on jugeait le xixe  siècle d’après la Gazette des Tribunaux.

1332. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

Le Traité du Prince et L’Esprit des Lois, dépassés, jugés, presque méprisés, dans leur fond, à cette heure, grâce à notre éducation et à notre expérience politiques, sont encore vivants par leur forme, qui, si elle n’est pas immortelle, mettra du moins plus de temps à mourir… Et s’il en est ainsi pour les œuvres de Machiavel et de Montesquieu, qui eurent leur jour de nouveauté et de profondeur dans la pensée, à plus forte raison pour un livre inférieur à ceux-là, pour un recueil, écrit au jour le jour, d’observations piquantes, — je le veux bien ! 

1333. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

. — Nous, cœur d’honnête homme, nous croyions naïvement que si MM. les commissaires n’avaient pas associé le chef de l’école actuelle à cette fête artistique, c’est que ne comprenant pas la parenté mystérieuse qui l’unit à l’école révolutionnaire dont il sort, ils voulaient surtout de l’unité et un aspect uniforme dans leur œuvre ; et nous jugions cela, sinon louable, du moins excusable.

1334. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

Pour bien juger et des discours et de l’orateur, il est bon de se rappeler que Maximien, d’abord paysan, ensuite simple soldat, quand il fut prince voulut avoir un nom, et prit celui d’Hercule.

1335. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Ensuite il adresse une prière à l’auteur de l’univers, il le conjure de conserver Constantin pour tous les siècles, et l’on espère qu’il voudra bien accorder cette faveur au monde, parce qu’étant Dieu, il doit vouloir tout ce qui est juste ; et tout-puissant, il ne peut avoir aucune raison pour refuser ; ainsi et l’orateur et l’univers comptent sur l’éternité de Constantin : on peut juger à peu près de tous les panégyriques latins de ce prince, par celui-là.

1336. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Quelques partielles erreurs purent se faire douloureusement remarquer, mais elles trouvèrent leur excuse dans de difficiles circonstances : elles n’ôtent point à son administration, jugée dans son ensemble, ce caractère à la fois énergique et bienfaisant qui la distingue, et il est naturel, ce mouvement d’un peuple généreux qui aime à prolonger l’autorité qui l’a sauvé, et cherche pour le plus grand des services la plus haute des récompenses. […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] Un de mes amis que vous connaissez assez froid, du moins en apparence, m’a égalé dans mes impressions : il a jugé, il a senti de même ; je n’ai de plus que lui qu’une tendresse pour l’auteur qui sera désormais l’un des trésors de ma vie. Mon père a dit en parlant de cette traduction : « Elle met le traducteur sur la première ligne des écrivains. » Croyez-moi, c’est ainsi que tous les hommes dignes de vous vous jugeront. — À présent, parlons des moyens de faire connaître en Allemagne cette belle imitation de leur premier poète. […] Toutes les fois qu’un ouvrage n’est point dans l’un de ces deux cas, on doit le laisser passer. » On est confondu de voir, rien qu’à deux années de distance, une décision d’un si ferme et si large bon sens qui vient juger et condamner de tout son poids l’acte exorbitant de 1810.

1337. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Elle est bien « celle qui ne veut pas savoir », mais elle est surtout celle qui ne veut pas juger. […] Victorien Sardou : voilà, autant que j’en peux juger, le bilan de Gismonda. […] j’ai tué mon père… Jugez-moi ! […] Nous ne la jugions capable que de dépit et d’« embêtement », tout au plus. […] Non, en vérité, je ne puis le dire ; et je n’aurai donc pas l’indiscrétion de juger l’œuvre.

1338. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il semble que nous ayons le droit de juger Robespierre avec la même liberté que Bossuet jugeait Charles IX. […] On ne peut pas bien juger d’une chanson qu’on lit paisiblement à sa table de travail. […] Le procès était à la veille d’être jugé. […] On l’a jugé diversement. […] À juger par ces fragments, le prêtre de Gaza avait l’imagination sombre et forte.

1339. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

On peut juger l’une et l’autre. […] On en va juger en examinant Les Proscrits (1802) et Le Peintre de Saltzbourg (1803). […] Je ne jugerai pas le Peintre de Saltzbourg. […] je ne règlerai pas aveuglément mes appréciations sur les siennes et je m’efforcerai de le juger avec impartialité. […] On peut maintenant juger Musset.

1340. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

. — On ne se trompera guère en assurant que Platon a détesté cordialement les Athéniens, et il faut s’en souvenir pour s’expliquer et pour juger avec discernement toute une partie de son œuvre. […] … Ne jugez-vous pas que toute espèce de chant sur la lyre et toute composition dithyrambique ont été inventées en vue du plaisir ? […] À en juger par ses objets ordinaires, il est incontestable que rien n’est plus faux. […] Du moins les hommes en ont jugé ainsi. […] Car le communisme a été jugé chimérique pour le corps tout entier de la nation.

1341. (1925) Proses datées

Leconte de Lisle jugeait ses contemporains sans indulgence et ses confrères de l’Académie sans faiblesse, mais il se détournait volontiers du présent vers le passé, et c’était un grand plaisir de l’entendre parler de ses amis de jadis, de Baudelaire, de Flaubert. […] Pol Masson eût pu passer la sienne à juger ses contemporains, mais il préféra l’employer à se divertir à leurs dépens, ce qui, après tout, est bien naturel et même fort sage. […] Si, pour des hommes comme Mistral, c’est presque un devoir d’écrire les mémoires de leur vie, pour beaucoup ce fut sûrement un plaisir à en juger par le nombre de récits autobiographiques qui nous sont parvenus. […] Je suis sûr qu’il eût préféré être cru dans ses rancunes à être admiré dans ses phrases et que, s’il revenait au monde, l’irritable duc trouverait à se plaindre de la postérité aussi bien qu’il jugeait avoir à ne pas se louer de ses contemporains. […] Son Crucifiement de la Scuola di San Rocco vous paraissait son chef-d’œuvre, ce qui n’est pas si mal juger.

1342. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Sans vouloir défendre précisément cette démocratie qui menace de tomber dans le socialisme, il faut dire que madame Marie Gjertz a le tort de vouloir juger les Français et les Françaises d’après leurs écrits, d’après les romans surtout. […] dans le passé, le présent et l’avenir ; voilà qui me paraît lestement jugé. […] * *    * « Il faut se juger à jeun, et juger les autres après dîner. […] Le philosophe et le grand écrivain y est jugé et par sa vie et par ses œuvres. […] Chercheur avide de la vérité, il la veut trouver à tout prix, serait-ce en lui sacrifiant l’espérance ; c’est ce qui l’a fait juger cruel par des âmes qu’il a blessées ; elles lui eussent pardonné si elles avaient su qu’il était le premier à reconnaître ses mécomptes et à en souffrir.

1343. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Paul Adam, jugèrent que le moment était venu de saisir le monde par la voix des quotidiens de la nouvelle bonne nouvelle littéraire. […] Le brillant conférencier était alors un aède jeune et enthousiaste, très intelligent et son petit bouquin, qui demeurera une pièce curieuse, eut été parfait, s’il n’avait jugé nécessaire de couronner le livre par une glose à lui spéciale du symbolisme qu’il désirait chrétien. […] Il se peut que cette certitude fasse sourire des chroniqueurs élégants et des penseurs mondains ; quoi soumettre au peuple, ces choses que tous jugèrent hermétiques ! […] Un sentiment qu’un personnage de drame trouvera grand et exaltant, le philosophe le jugera petit et humble, non à cause de son essence, mais par la forme brève et incomplète qu’il prend en lui-même, en face de l’idée qu’il se forme de l’essence même de ce sentiment. […] Rimbaud jugeait alors les poèmes en eux-mêmes dignes de mieux que le panier.

1344. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Il les a jugés favorablement. […] Je suis bien certain que le père au sac sous le bâton de Scapin, jugé si durement par Boileau avant M.  […] Victor Giraud d’avoir, dans son livre sur Taine, jugé « irrecevable » l’opinion de M.  […] Et qui jugera-t-elle ? […] Le professeur est jugé par le journaliste (ce fut toute l’affaire des manuels).

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