En quelques coups de vent, ces amoncellements disparaissent ; en quelques années, ces systèmes… Demandez-vous quelle grande place tiennent, maintenant, dans le respect intellectuel des hommes, tous ces capucins de cartes philosophiques tombés les uns sur les autres : Kant, Fichte, Schelling, Hégel, qui étaient pourtant, comme on dit au whist, les honneurs du jeu.
Ils se sont fiés aux premiers signes de putréfaction, qui ne prouvent pas toujours la mort, disent les médecins, dans le jeu de casse-tête de leurs opinions ignorantes et contradictoires.
La misanthropie n’est pas comme l’ambition, l’avarice et le jeu, une passion scénique, agissante et pouvant devenir pivotale.
» On ne l’entend pas ici, mais on le lit… et ce n’est qu’à la réflexion et quand on a refermé ce livre, comme on referme une solfatare, que le sens critique revient au lecteur qui le juge pour ce qu’il vaut, c’est-à-dire comme un tour de force exécuté dans le faux par un talent qui pouvait s’y tuer et qui n’en meurt pas, — du moins de cette fois, car on ne jouerait pas longtemps impunément à ce jeu.
Théophile Gautier est peut-être le seul des écrivains actuels qui pouvait jouer sans déchet à ce jeu interrompu du Capitaine Fracasse, et l’achever aujourd’hui à peu près comme il aurait pu l’achever il y a trente ans.
Sans aucun doute, dans ce jeu bizarre où l’auteur devient de bonne foi, et, comme l’acteur, se fascine soi-même, il y a (et la Critique doit l’y voir) un naturel de poëte dramatique qui, tiré de toutes ces données, sujets habituels des contes d’Edgar Poe : le somnambulisme, le magnétisme, la métempsycose, — le déplacement et la transposition de la vie, — aurait pu être formidable.
En arrivant au travail ou en sortant de batelier, Étienne retrouvait ses connaissances et ses nouveaux amis dans les grands corridors sombres du Louvre, où l’on se donnait rendez-vous pour les parties de jeu que l’on faisait le soir. […] Nodier, on peut se faire une idée des colères burlesques dans lesquelles il entrait, lorsque Forbin, qu’il aimait d’ailleurs beaucoup, lui improvisait un couplet carré se terminant par une galanterie fade ou un jeu de mots. […] Vers le milieu de l’année 1790, l’Assemblée constituante lui donna l’ordre de faire, sous ses auspices, un tableau représentant le Serment du Jeu de Paume. […] j’oubliais que David m’a chargé d’une commission auprès de Topino Le Brun : allons à son atelier, il y sera sans doute encore. » Or cet atelier de Topino était l’église ruinée des Feuillants, où David avait laissé son tableau du Jeu de Paume inachevé. […] Topino Le Brun, à qui David son maître avait prêté l’atelier du Jeu de Paume, fut impliqué avec Demerville, Ceracchi et Aréna, dans une conspiration qui avait pour objet le meurtre du premier consul.
… personne ne demandait d’éclaircissements ; on trouvait l’invention admirable et plus amusante que tous les jeux. […] Elles avaient imaginé un jeu, dont la vue me terrifia. […] Elles m’entreprirent, alors, pour me faire promettre de ne rien dire, et jurèrent de ne plus jamais jouer à ce jeu. […] Quelques-unes m’invitèrent à des jeux, mais je faisais : « non » de la tête sans répondre. […] Je ne sais trop en quoi consistait le jeu, ni comment il se fit que j’avalai un bouton de cuivre, ce qui arrêta net le tintamarre.
Celle où Sganarelle écoute et entend sans être vu les propos de Dorimène à Lycaste et apprend avec une parfaite précision le sort qui lui est réservé dans son ménage par son honnête fiancée, prête à un jeu de scène aussi divertissant que possible. […] Il m’est venu des scrupules, Madame, et j’ai ouvert les Jeux de l’âme sur ce que je faisais. […] C’est pour cela qu’il se prête au jeu, c’est par certitude absolue de gagner la partie. […] Mais précisément c’est ce qui nous indique qu’être coureur de dot est son rôle et qu’être auteur est son caractère, et que le rôle que l’on se donne n’a pas la force de vaincre le caractère qu’on a, ni même de le combattre quand le caractère est en jeu et en mouvement sans une excitation un peu vive. « Mon sonnet mauvais ! […] Puisqu’on en est à jouer son jeu, elle a tout son sang-froid, toute sa présence d’esprit et tout son esprit ; mais elle a commencé presque maladroitement.
Il a fait merveille à ce nouveau jeu. […] Les effets de ce jeu contenu ont été immenses. […] Il a vu clair dans le jeu de la coquine, mais il est son captif nonobstant. On peut très bien, à certains jeux, être battu par un adversaire dont on a abattu les cartes. […] s’écrie Paul Margès, et il envoie deux balles de revolver dans le corps de Jean qui tombe mort. — Mal réglé, le jeu de scène.
Ces jeux le divertissaient infiniment. […] Autour de lui s’agitaient maintes figures étrangement vivantes, des passions sournoises ou tragiques, tous les jeux mystérieux de l’amour et de la mort. […] Ce qui l’intéresse, c’est moins le jeu des lignes et des plans que telle particularité de la lumière ou de la couleur. […] Ses romans : Le Mariage de Don Quichotte ou La Jeune Fille verte, ses esquisses contées ou dialoguées : Les Tendres Ménages ou Mon Amie Nane, donnent la même impression d’un jeu de sentiment, d’observation ou de fantaisie mené avec la même dextérité hardie et prudente, avec le même doigté nerveux et sûr. […] Dans le silence qui l’entoure, il est tout à lui-même, aux jeux complexes de sa pensée toujours en éveil en sa merveilleuse activité.
L’on se fait un tel jeu de le violer, que des femmes à la mode, dès le lendemain même de leur union, ne s’en souviennent plus. […] On trouve des parieurs, l’argent se met sur jeu, & voici la dame en route. […] Si c’est chez une femme opulente, & qu’il y ait quelque galanterie sur le tapis, l’important n’en a que plus beau jeu. […] Mais aussi combien n’y en a-t-il pas qu’ils découragent, répondit avec aigreur notre auteur piqué au jeu… Il ne s’attendoit pas à notre réplique. […] Aujourd’hui c’est à qui élevera la voix ; & il y a tant de brouhaha dans les assemblées nombreuses, qu’un chansonnier n’y auroit pas beau jeu.
Tu leur procures seulement le moyen de se développer dans le sens de leur propre nature, d’arriver, par le seul jeu de leur volonté, à la conscience intégrale de l’univers, — selon notre espèce. […] Laisse là tes jeux de mots détestables. — Écoute-moi ! […] Tour à tour projetés du centre commun, puis ramenés à ce centre par le jeu des forces, les mondes se transforment sans cesse, mais ils ne commencent ni ne finissent jamais, n’étant, par essence, que des modes de ce mystère où se confondent le temps et l’espace : le mouvement. […] En ce moment, il se fait un jeu de nous inquiéter, — et il a tort. […] De sous la nuée, jaillies, Et d’un jeu des doigts, ralliées Aux paillettes des dents, des yeux en feu, des pierreries… Éclair.
Prenez, comme par jeu, une poésie de l’époque classique et considérez sa composition : vous y trouverez une vertu analytique, une volonté distributrice, une rigueur si marquées, qu’elles vous paraîtront à peine compatibles avec la notion de poésie. […] Le jeu de la sensibilité est ainsi facilité, multiplié par ce qui nous paraîtrait indécision et confusion. […] Dans la sauvage, dans la splendide baie de la Spezia, les vents et les vagues, qu’il aimait, devinrent ses compagnons de jeu. […] D’une part, en effet, il l’avait tirée non de quelque observation vraie, mais des jeux de sa fantaisie. […] La mythologie, à laquelle les faiseurs de vers se croient encore obligés d’avoir recours, ne fournit que la plus misérable des inspirations, pour peu qu’on la compare aux jeux innombrables des atomes.