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1742. (1888) Portraits de maîtres

Il se préoccupe beaucoup d’envoyer des vers aux Jeux Floraux. […] Ne fût-ce qu’un jeu de versification, il n’est donné qu’au génie de reproduire en se jouant de tels effets et de construire une œuvre avec des fragments détachés. […] Je ne me prosterne pas devant cette mémoire ; je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l’on veut depuis quelque temps substituer dans l’esprit de la nation à la religion sérieuse de la liberté. » « J’ai peur, je l’avoue, qu’on ne fasse trop dire ou penser au peuple Voyez au bout du compte, il n’y a de populaire que la gloire il n’y a de moralité que dans le succès soyez grand et faites tout ce que vous voudrez gagnez des batailles et faites-vous un jeu des institutions de votre pays. […] Les premiers jeux de cet être, plus tard si préoccupé de patriotisme, eurent pour camarades des dragons qui revenaient d’Austerlitz : Reptasti per scuta puer.

1743. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M.  […] Il y a autre chose en nous que ce remplacement de nos moi les uns par les autres, que ce jeu de bascule que Proust a décrit. […] D’ailleurs, ce goût elle l’apporte dans ses toilettes, dans son jeu.

1744. (1893) Alfred de Musset

Ils durent à leur mère une de ces enfances saines et heureuses dont il n’y a rien à dire, et où les événements mémorables, gravés à jamais dans la mémoire, ont été une partie de jeu, ou une condamnation au cabinet noir. […] Mais j’aime le vin, le jeu et les filles ; comprends-tu cela ? […] Il est servi par un art compliqué et savant, au prix duquel celui du Cénacle n’était que jeu d’enfant, et qui semble un peu byzantin, comparé au libre et puissant développement de la phrase romantique.

1745. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Cette petite vanité a produit les jeux de mots dans toutes les langues ; ce qui est la pire espece du faux bel-esprit. […] Fantaisie veut dire aujourd’hui un desir singulier, un goût passager : il a eu la fantaisie d’aller à la Chine : la fantaisie du jeu, du bal, lui a passé. […] ) ; & c’est pourquoi dans les états de la ligue on fit une estampe de l’ambassadeur d’Espagne, cherchant avec ses lunettes ses ciseaux qui étoient à terre, avec ce jeu de mots pour inscription, j’ai perdu mes forces.

1746. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

A la suite des chansons en prose, on lisait en un clin d’œil, dans le mince volume, les dix petites pièces intitulées Tableaux, simple jeu d’un crayon gracieux et encore léger, mais où déjà l’on pouvait voir une redite, la même image toujours reprise et caressée, une variante affaiblie d’une situation trop chère, dont l’imagination du poëte ne saura jamais se détacher.

1747. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

On sent que les accidents météorologiques qui se produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent, suivant la direction des vents, les jeux bizarres de la lumière, la formation de la grêle et du tonnerre, avaient été observés avant d’être décrits.

1748. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Il fut poète, comme plus tard orateur et homme d’État, par inspiration, par besoin du cœur : ce fut une fonction de sa vie morale, d’ennoblir par le vers ses émotions intimes ; jamais il ne voulut en faire un exercice professionnel, jamais même un pur jeu d’artiste.

1749. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

De l’esprit, MM. de Goncourt en ont tant qu’ils veulent, et parfois aussi tant qu’ils peuvent, du plus subtil, du plus tourmenté ; un esprit qui est souvent, à l’origine, un esprit de pénétration aiguë et rapide, un esprit d’analystes, mais qui est plus souvent encore un esprit de stylistes, une coquetterie de l’imagination en quête d’expressions rares, d’alliances de mots imprévues, d’enfilades de synonymes d’un relief croissant ; une coquetterie à qui la justesse ne suffit point, qui ne s’en tient pas au brillant, qui va d’elle-même au raffiné, au singulier, à l’extravagant, qui renchérit sans cesse sur ses trouvailles et qui s’excite à ce jeu.

1750. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Mythologie usée, à laquelle le poète ne croit pas, à laquelle personne ne saurait plus croire ; bonne dans les poèmes d’Homère ou dans ceux d’Ossian, ou dans les légendes des moines du Moyen-Âge ; aujourd’hui froides fictions, vain jeu de l’esprit, sorte de demi-rêve fantastique, qui n’a pas même l’illusion que le sommeil prête à nos rêves !

1751. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Aussi à la fois m’en pillon (pille-t-on) Aux dés, aux esbas et aux tables, Et aux aultres jus (jeux) delitables ; Mes pour chose que argent vaille, Non plus que ce fust une paille De bleid ne m’en change ne mue.

1752. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Mais j’ai compris depuis que l’histoire n’est pas un simple jeu d’abstractions, que les hommes y sont plus que les doctrines.

1753. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Je ne puis penser en termes visuels, par exemple, sans sentir un jeu flottant de pressions, de convergences, de divergences, dans mes globes oculaires. » — Toute cette description est exacte et ne peut pas ne pas l’être, car, pour faire attention, consentir, etc., il faut un objet quelconque, une sensation actuelle, forte ou faible, à laquelle s’applique l’attention, l’assentiment, le refus, l’effort, etc.

1754. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Mais notre méthode va plus loin encore, sans pour cela tomber dans les jeux de logique hégélienne.

1755. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ses lèvres articulaient à peine un léger et imperceptible mouvement ; mais ses yeux tour à tour baissés sur la page ou levés vers le ciel, la pâleur et la rougeur alternative de ses joues, ses mains qui se joignaient quelquefois en déposant pour un moment le livre sur ses genoux, l’émotion qui gonflait sa poitrine et qui se révélait à moi par une respiration plus forte qu’à l’ordinaire, tout me faisait conclure, dans mon intelligence enfantine, qu’elle disait à ce livre ou que ce livre lui disait des choses inentendues de moi, mais bien intéressantes, puisqu’elle, habituellement si indulgente à nos jeux et si gracieuse à nous répondre, me faisait signe de ne pas interrompre l’entretien silencieux !

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