Il a jeté comme un voile d’or la « poésie », qu’il tirait de son imagination et de son talent, sur la « vérité » qui n’était pas toujours belle. […] Cette main de fer dut frapper fortement l’imagination de Goethe, à qui elle apparut comme un symbole de force, de courage, de loyauté. […] Si c’était un jeu de mon imagination, je devrais le voir ici aussi. […] Quelle y fut la part de l’imagination et celle de la « littérature » ? […] Que demandons-nous, en dernière analyse, aux œuvres d’imagination que nous voulons sauver de l’universel désastre ?
Boileau n’eût pas compris que l’impersonnalité et l’objectivité eussent pour conséquences l’impassibilité ; et il est curieux que ce sévère pontife de la raison soit justement l’homme qui ait le plus fortement maintenu les droits de l’imagination et de la sensibilité au théâtre. […] Puis Boileau, qui n’avait pas du tout l’imagination dramatique, est tombé dans la même erreur que La Bruyère, qui oppose son Onuphre à Tartufe, sans s’apercevoir que la vérité théâtrale n’est pas celle du livre, et que la scène a ses conditions et comme son optique particulières, qui obligent à faire une copie inexacte de la nature pour en donner la sensation vraie. […] Nous demandons que l’artiste nous fasse apercevoir ces transitions, et comme ces amorces qui aident l’imagination à réintégrer l’objet isolé par convention dans le tout dont il est une pièce, et qu’il nous indique l’incessante transformation des choses et les aspects multiples de la vie, qui brode de si riches couleurs une si pauvre étoffe. […] Même qui veut tout dire, ne fait rien voir et ennuie : il faut savoir se borner, et laisser faire à l’imagination du lecteur, en la touchant vivement au point qu’il faut.
., ils valent infiniment moins sans doute aux yeux de la Critique qui, comme la Politique, ne voit que les faits accomplis ; mais les masses du travail de Sainte-Beuve sont si bien liées entre elles dans l’unité d’un même dessin que, quoiqu’elles ne soient pas toutes sorties, l’imagination de la Critique poursuit et discerne sans peine le contour de leur achèvement. […] D’abord l’imagination, qui garde longtemps, peut-être toujours, la fatigue ou la flétrissure de ce boulet des rhétoriques que nous avons traîné dans nos jeunesses, n’a plus de ferveur pour ces esprits avec lesquels elle a vécu dans des conditions souvent ineptes et douloureuses. […] « Virgile n’a voulu faire — nous dit-il — ni une Théséide, ni une Thébaïde, ni une Iliade purement grecque, en beau style latin ; il n’a pas voulu purement et simplement faire un poème à la Pharsale, tout latin, en l’honneur de César, où il célébrerait avec plus d’éloquence que de poésie la victoire d’Actium et ce qui a précédé chronologiquement et suivi ; il est trop poète par l’imagination pour revenir aux chroniques métriques d’Ennius et de Nævius, mais il a fait un poème qui est l’union et la fusion savante et vivante de l’une et de l’autre manière, une Odyssée pour les six premiers livres et une Iliade pour les six autres… une Iliade julienne et romaine… » Ainsi, on le voit, le critique revient sans cesse à cette idée de fusion qui calomnie Virgile et qu’il a eue déjà en voulant caractériser son génie, mais il nous est impossible, à nous, d’admettre un tel procédé dans le poète, il nous est impossible de croire à cette ingénieuse, trop ingénieuse fusion des deux poèmes d’Homère en un seul. […] Ces qualités, c’est la vivacité d’impression, l’imagination coloriante, la sensibilité nerveuse, la subtilité de l’analyse, la finesse déliée jusqu’à ce qu’elle arrive au rien, la science corrompue des décadences, que, d’ailleurs, même le critique le plus pur est obligé d’avoir dans les siècles de décadence, et enfin et surtout l’anecdote, l’amusette, la bagatelle de la porte, le cancan cher à mon joli siècle, voilà ce qui l’a fait proclamer si facilement et si universellement un grand critique par ceux qui ne se doutent pas de quelle pureté, de quelle fermeté et de quelle profondeur de marbre la notion de la critique est faite.
Ce n’est pas le talent qui lui manque, ni l’observation, ni l’imagination, ni même le style, mais c’est la force, le mordant, et la profondeur dans tout cela. […] Les imaginations qui lisent Octave Feuillet et qui sont plus fortes que la sienne — et elles ne sont pas rares, ces imaginations, — peuvent rêver sur ses livres et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas, en appuyant sur ce qui est inappuyé dans ces compositions, à moitié ou au quart venues, où l’auteur semble avoir eu pour visée, quoiqu’il n’ait probablement jamais pensé à cette précaution inutile, d’éviter cette chose qui dérange tant en France : l’abominable inconvénient d’une forte individualité ! […] Son livre des Amours de Philippe bercera doucement les imaginations, sans compromettre le cœur de personne ; et il ira rejoindre dans le succès momentané et dans l’oubli sa sœur Sybille, déjà oubliée par la raison qu’il n’y a que l’originalité qui cramponne les livres dans la mémoire des hommes.
En lisant néanmoins ses Ouvrages, qui sont en très-grand nombre, on ne peut s’empêcher d’être étonné du feu, de l’imagination, & de la fécondité qu’il avoit reçues de la Nature.
Tout en lui nous intéressera, parce qu’il ne sera jamais indifférent à rien, et que l’imagination résulte de la seule sensibilité. […] Le monde entier alors fut l’immense carrière ouverte aux pas de l’imagination humaine. […] Ce fut par la multitude de ses connaissances et par l’énergie de son imagination, qu’il nous frappa de ses paroles. […] C’est à l’aspect varié des plus riants tableaux de la nature qu’il perfectionne son imagination et ses chants. […] On y retrouve la vivacité, l’étendue, les formes idéales, et le feu de l’imagination athénienne.
Les comparaisons qui parlent naturellement à l’imagination du poëte appartiennent à la plus jolie et à la plus fraîche nature ; on y voit des chevreuils, des faons timides, qui, les pieds dans le torrent, aspirent les derniers feux du soleil ou boivent la rosée matinale sous le fourré. […] Jusqu’à ce moment ses palettes incertaines se chargeaient de couleurs, ses imaginations se heurtaient sans prendre corps, sa muse ne trouvait pas jour ; il attendait.
J’aime à trouver, quand je vais me délasser au théâtre, une imagination folle qui me fasse rire comme un enfant. […] Un homme, dans la comédie ou dans la vie réelle, qui se fût avisé de suivre librement, et sans songer à rien, les élans d’une imagination folle, au lieu de faire rire la société de 1670, eût passé pour fou2.
La réalité que la science révèle supérieure à toutes les imaginations. […] Le monde de Cosmas et celui de Humboldt ; de même, le vrai système des choses se trouvera infiniment supérieur à nos pauvres imaginations.
Peut-être lut-il aussi les livres d’Hénoch, alors révérés à l’égal des livres saints 138, et les autres écrits du même genre, qui entretenaient un si grand mouvement dans l’imagination populaire. L’avénement du Messie avec ses gloires et ses terreurs, les nations s’écroulant les unes sur les autres, le cataclysme du ciel et de la terre furent l’aliment familier de son imagination, et comme ces révolutions étaient censées prochaines, qu’une foule de personnes cherchaient à en supputer les temps, l’ordre surnaturel où nous transportent de telles visions lui parut tout d’abord parfaitement naturel et simple.
Les personnes qui résident en Orient sont parfois surprises de se trouver, au bout de quelque temps, en possession d’une grande renommée de médecin, de sorcier, de découvreur de trésors, sans qu’elles puissent se rendre bien compte des faits qui ont donné lieu à ces bizarres imaginations. […] Son royaume à lui était dans le cercle d’enfants qu’une pareille jeunesse d’imagination et un même avant-goût du ciel avaient groupés et retenaient autour de lui.
« À qui furent-ils plus nécessaires et plus utiles qu’à Auguste, pour éloigner de son imagination les débauches de sa fille, la défaite de ses légions, la révolte des provinces, et pour apaiser et mettre en repos cette partie impatiente de son âme qui se tourmentait et veillait sans cesse ? […] n’était-elle pas de celles qui donnent à l’esprit le plus d’étendue et de lumières, qui s’allie ni le plus naturellement et le plus étroitement aux qualités morales, au perfectionnement de la raison, au sentiment du beau et du grand, à la délicatesse du goût, et se prêtent le mieux aux plaisirs d’une imagination sage et réglée ?
Il mettoit partout de l’esprit au lieu d’images, de l’analyse au lieu d’imagination, de la sécheresse & de la froideur au lieu d’embonpoint, de véhémence & d’un feu divin. […] Ils se joignirent à La Mothe, mirent des couronnes de laurier sur le front des poëtes prosateurs, appellèrent favori d’Apollon quiconque, sans employer la mesure, écrivoit avec beaucoup d’imagination ou d’énergie.
Carlyle est une espèce de Jean-Paul anglais, dont l’imagination, au lieu d’habiter dans les airs comme celle du Jean-Paul allemand, a les pieds sur le sol ferme de l’histoire. […] Taine, a prodigieusement inspiré l’imagination de l’écrivain !