L’histoire de la période la plus passionnante de l’humanité est là, écrite au jour le jour par l’humanité elle-même. […] Nous n’avions encore aperçu que l’homme ; nous entrevoyons l’humanité. […] C’est un moment solennel dans l’histoire de l’humanité. […] Mais elle ne serait pas l’humanité. L’humanité est une animalité anormale, une animalité excessive.
Son personnage, c’est lui-même, ou plutôt c’est l’humanité se personnifiant en lui dans ce qu’elle a de plus général, et par là même de plus profond. […] Mais l’humanité ne peut être sceptique et une nation, cette famille humaine, ne peut le demeurer longtemps. […] On ne peut se regarder sans apercevoir l’humanité ; on ne peut pré tendre juger toute l’humanité d’après soi. […] À l’en croire, l’ignorance serait la vraie science de l’humanité. […] C’est par un fait, un fait unique, mais nouveau, que Dieu a jugé à propos d’agir sur l’humanité.
De grands talens, & l’abus de ces talens porté aux derniers exès : des traits dignes d’admiration, une licence monstrueuse : des lumieres capables d’honorer son Siecle, des travers qui en sont la honte : des sentimens qui ennoblissent l’humanité, des foiblesses qui la degradent : tous les charmes de l’esprit, & toutes les petitesses des passions : l’imagination la plus brillante, le langage le plus cynique & le plus révoltant : de la philosophie, & de l’absurdité : la variété de l’érudition, & les bévues de l’ignorance : une poésie riche, & des plagiats manifestes : de beaux Ouvrages, & des Productions odieuses : de la hardiesse, & une basse adulation : des leçons de vertu, & l’apologie du vice : des anathêmes contre l’envie, & l’envie avec tous ses accès : des protestations de zele pour la vérité, & tous les artifices de la mauvaise foi : l’enthousiasme de la tolérance, & les emportemens de la persécution : des hommages à la Religion, & des blasphêmes : des marques publiques de repentir, & une mort scandaleuse ; telles sont les étonnantes contrariétés, qui, dans un Siecle moins conséquent que le nôtre, décideront du rang que cet Homme unique doit occuper dans l’ordre des talens & dans celui de la Société. […] Nous croyons devoir même ajouter, que du côté de la morale & d'un certain ton d'Humanité qui respire dans toutes ses Tragédies, l'Auteur de Zaïre l'emporte sur les autres Poëtes tragiques ; mais il falloit, pour conserver cet avantage, qu'il respectât les vrais principes, & se défiât de la manie de débiter à tout propos & hors de propos, des sentences & des maximes. […] Pour quelques traits de lumiere, quelques vûes bienfaisantes, des réflexions saines, des transports d’humanité, qui décelent plutôt une compassion orgueilleuse qu’une véritable sensibilité ; combien de contradictions, d’inconséquences, d’emportemens, d’absurdités, & de délires ! […] L’amour de l’indépendance qu’il prêche dans ses Ecrits, amour qui flatte naturellement tous les Hommes ; l’apologie qu’il fait souvent des foiblesses humaines ; la tolérance & l’humanité, qu’il ne cesse de recommander, & dont tout le monde a besoin, n’ont pas peu contribué à décider en sa faveur les Hommes de tous les états, de tous les âges, assez foibles pour croire sur parole, & trop peu réfléchis pour rien approfondir. […] Qu'on rapproche ce qu'il dit dans de certaines occasions, de ce qu'il débite dans d'autres ; qu'on rapproche ses sentimens d'humanité, du mépris qu'il témoigne pour l'humanité en général ; ses déclamations contre les vices, des peintures séduisantes qu'il en fait ; son enthousiasme pour les vertus, du ridicule qu'il leur donne ; ses élans affectueux pour la tolérance, de ses rigueurs impitoyables contre les abus : & on sera à portée de juger, que s'il a été quelquefois réellement pénétré des belles maximes qu'il énonce, il ne l'a pas moins été des maximes qui leur sont contraires, puisque celles-ci paroissent aussi senties, aussi vives, & qu'elles sont aussi fortement énoncées & plus souvent répétées que les autres.
Le sentiment âpre et triste de dégoût pour le monde, d’abnégation outrée, qui caractérise la perfection chrétienne, eut pour fondateur, non le fin et joyeux moraliste des premiers jours, mais le géant sombre qu’une sorte de pressentiment grandiose jetait de plus en plus hors de l’humanité. […] Pour obtenir moins de l’humanité, il faut lui demander plus. […] S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront 896. » Entraîné par cette effrayante progression d’enthousiasme, commandé par les nécessités d’une prédication de plus en plus exaltée, Jésus n’était plus libre ; il appartenait à son rôle et en un sens à l’humanité.
On assure que le même homme fit demander au pape, sous le nom du roi, un bref pour faire mourir qui il voudrait dans les prisons, sans charge de conscience et sans forme de procès ; comme s’il y avait une puissance qui pût affranchir des lois de la nature et de l’humanité ; comme si un bref pouvait autoriser des assassinats. […] Ces grandes vues d’un ministère qui s’occupe de projets d’humanité et du bonheur des nations, et qui veut tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, lui étaient entièrement inconnues : il ne paraît pas même qu’il en eût le talent. […] D’ailleurs je cite ici le cardinal de Richelieu au tribunal de la justice et de l’humanité : on les a trop oubliées quand il a fallu juger des hommes en place.
L’humanité. […] C’est dans un sens bien différent que nous tenons l’humanité pour la raison d’être de l’évolution. […] Une évolution autre eût pu conduire à une humanité ou plus intelligente encore, ou plus intuitive. […] En ce point est l’humanité ; là est notre situation privilégiée. […] Car, avec elle, nous ne nous sentons plus isolés dans l’humanité, l’humanité ne nous semble pas non plus isolée dans la nature qu’elle domine.
L’humanité moyenne n’y occupe pas une place proportionnée à son importance. […] Ziegler reproche aux socialistes de dire : Transformons le régime social et nous transformerons du même coup l’humanité. Et, renversant la proposition, il écrit à son tour : Transformez d’abord l’humanité et vous transformerez le régime social. […] Qui nous révélera l’avenir de l’humanité ? […] L’humanité à ses débuts n’en savait guère plus que vous.
Mais en y songeant mieux, revoyant sans fumée, D’une vue au matin plus fraîche et ranimée, Ce tableau d’un poëte harmonieux, assis Au sommet de ses ans, sous des cieux éclaircis, Calme, abondant toujours, le cœur plein, sans orage, Chantant Dieu, l’univers, les tristesses du sage, L’humanité lancée aux Océans nouveaux…, — Alors je me suis dit : Non, ton oracle est faux ; Non, tu n’as rien perdu ; non, jamais la louange, Un grand nom, — l’avenir qui s’entr’ouvre et se range, — Les générations qui murmurent : C’est lui ! […] Consolante perspective, digne du poëte religieux qui veut allier l’enchaînement et l’essor, la soumission et la conquête, et qui conserve en son cœur le Dieu individuel, le Dieu fait homme, le Dieu nommé et prié dès l’enfance, sans rejeter pour cela le Dieu universel et presque sourd qui régénère l’humanité en masse par les épreuves nécessaires ! […] Lamartine est plus heureux que ces hommes, qui pourtant sont eux-mêmes de ceux qui espèrent ; il est plus complétement religieux qu’eux ; il croit aussi fermement aux fins générales de l’humanité, il croit en outre aux fins personnelles de chaque âme. Il n’immole aux vastes pressentiments qu’il nourrit ni l’ordre continu de la tradition, ni la croyance morale des siècles, le rapport intime et permanent de la créature à Dieu, l’humilité, la grâce, la prière, ces antiques aliments dont le rationalisme veut enfin sevrer l’humanité adulte. […] Il ne conçoit les transformations de l’humanité, même la plus adulte, que sur le terrain de l’héritage du Christ, dans le champ sans limites, acheté et nommé de son sang, toujours en vue de la Croix, au pied de l’indéfectible mystère. — Tel nous apparaissait Lamartine, lorsqu’hier sa voile s’enflait vers l’Orient ; tel il nous reviendra bientôt, plus pénétré et plus affermi encore, après avoir touché le berceau sacré des grandes métamorphoses.
Nature inculte, il avait eu des accès d’humanité comme il en avait eu de fureur. […] Vous avez assez d’histoires de la Révolution écrites par des apologistes de la terreur, laissez-lui-en une écrite par un apologiste de l’humanité ! […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition. […] Mais sur toutes il est écrit : Mort pour l’avenir et Ouvrier de l’humanité. […] Ôtons le crime de la cause du peuple comme une arme qui lui a percé la main et qui a changé la liberté en despotisme ; ne cherchons pas à justifier l’échafaud par la patrie, et les proscriptions par la liberté ; n’endurcissons pas l’âme du siècle par le sophisme de l’énergie révolutionnaire, laissons son cœur à l’humanité ; c’est le plus sûr et le plus infaillible de ses principes, et résignons-nous à la condition des choses humaines.
La foi servant à la politique, les actes égoïstes sortant d’une volonté de sacrifice, la cruauté et l’intérêt se faisant ministres de la justice et vengeurs du crime, on voit apparaître ici, quand on lit bien, quelques-uns des éternels sophismes, des incessantes contradictions de la faible humanité qui ne peut renoncer ni à rêver le bien ni à suivre son bien. […] Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ? […] Son humanité, aimable et faible, éclate à chaque page de son récit, comme lorsque, au départ, il n’ose se retourner vers son beau château de Joinville où il laisse ses deux enfants, de peur que le cœur ne lui fende. […] Avec plus de singulière perfection, en saint Louis, avec plus de commune humanité, chez Joinville, voilà l’esprit qui a créé le monde mystique du Graal, voilà, réalisée en des actes vraisemblables, accessibles, en pleine réalité historique et vivante, la chevalerie du Christ. […] Il semble que l’univers ait été créé pour lui, et que ce soit le premier regard de l’humanité sur le monde des formes, des couleurs et du mouvement.
Son objet est, non l’exposition seule, mais la prédication des vérités utiles à l’humanité. […] En faisant la guerre au profit de la raison et de l’humanité, il fit le pirate pour son compte. […] Anglais, Espagnols, Italiens, Suisses, Allemands, Russes, rois, impératrices, ministres, maréchaux, grands seigneurs, magistrats, poètes, mathématiciens, négociants, ministres protestants, prêtres catholiques, cardinaux, femmes du monde, comédiennes : quel est l’échantillon de l’humanité qui manque à la collection ? […] Amour du bruit, réclame de journaliste, je le veux bien : horreur physique du sang et de la souffrance, je le veux bien encore : mais il a aussi un vif sentiment de la justice, un réel instinct d’humanité, de bienfaisance, de générosité. […] Il méprisait les hommes en masse, le peuple, et il a eu des phrases révoltantes sur ce bétail humain que les propriétaires, les rois, doivent engraisser dans leur propre intérêt : il n’estimait pas l’humanité capable de faire elle-même son bien ; il ne croyait qu’aux réformes venues d’en haut, et le despote bienfaisant était son idéal.
La consommation doit être inégalement répartie et rendre possible pour les favorisés la mise en œuvre des qualités qui font l’homme supérieur et rendent l’humanité grande. — Renan, sorti des classes moyennes habituées à être moins exigeantes en matière de différences de rang, de jouissances de luxe, de dépenses d’apparat, de magnificence nobiliaire, Renan croit que la supériorité intellectuelle peut s’allier à l’égalité économique. […] On peut croire en tous cas que même dans les conditions les plus favorables, cet idéal d’humanité ne s’est jamais réalisé qu’en un assez petit nombre d’individualités privilégiées. — Quoi qu’il en soit, le portrait de l’homme moderne s’éloigne aussi loin que possible de cet idéal. […] Ce dernier individualisme est un appel au génie inventif des individus en vue d’une production accrue et intensifiée ; en vue de la domestication par l’humanité de toutes les forces de la nature, en vue de l’utilisation de toutes les ressources de la planète. […] Un idéal nouveau : celui de l’accroissement de la puissance collective de l’humanité sur la nature se substitue à l’idéal ancien de la volonté de puissance individuelle s’exerçant sur autrui et contre autrui. […] Le fait de travailler collectivement à l’accroissement des ressources de l’humanité ne supprimera pas forcément les conflits entre individus et entre groupes et, en conséquence de ces conflits, la tyrannie des groupes (oligarchies financières, syndicats, etc.) s’exerçant sur les individus ; il ne supprimera pas les inégalités dans la répartition des tâches et des produits, ni les servitudes économiques déprimantes pour l’individu ; celle par exemple de la division du travail.
Camille Desmoulins a laissé un nom qui, de loin, excite l’intérêt : le souvenir de son dernier acte, de ces feuilles du Vieux Cordelier où il osa, le premier sous la Terreur et jusque-là presque terroriste lui-même, prononcer le mot de clémence, les colères qui excita chez les tyrans, l’immolation sanglante qui s’ensuivit, l’ont consacré dans l’histoire comme une espèce de martyr de l’humanité, et on ne se le représente volontiers que dans ce dernier mouvement de cœur et dans cette suprême attitude. […] Et ne croyez pas qu’en les étalant il se révolte, et que cette humanité qui s’éveillera trop tard en lui donne ici le moindre signe, témoigne le moindre pressentiment. […] » Les sentiments d’humanité prirent enfin le dessus en lui, et, les trouvant d’accord avec ses intérêts de parti, il ressaisit sa plume de journaliste pour publier (décembre 93) les premiers numéros du Vieux Cordelier. […] J’ai dit que Camille, dans un endroit du Vieux Cordelier, a un mouvement d’élévation véritable ; c’est dans le numéro 5, quand il fait bon marché de sa vie et qu’il se montre prêt à la sacrifier pour la cause de l’humanité enfin et de la justice, c’est quand, s’adressant à ses collègues de la Convention, il s’écrie : Ô mes collègues, je vous dirai comme Brutus à Cicéron : Nous craignons trop la mort, et l’exil et la pauvreté. […] Cette place est réservée aux œuvres saines, à celles qui sont pures de ces amalgames étranges et de ces indignités de pensée comme de langage, à celles où le patriotisme et l’humanité ne souffrent aucune composition avec les hommes de sang, et ne se permettent point, comme passeport et comme jeu, de ces goguettes de Régence et de Directoire ; aux œuvres dans lesquelles la conscience morale plus encore que le goût littéraire n’a pas à s’offenser et à rougir de voir Loustalot et Marat, par exemple, grotesquement, impudemment cités entre Tacite et Machiavel d’une part, et Thrasybule et Brutus de l’autre.
Le mot d’humanité revient souvent sous sa plume : « L’humanité, dit-elle à son fils, souffre de l’extrême différence que la fortune a mise d’un homme à un autre. […] Vous ne devez qu’au hasard la différence qu’il y a de vous à eux. » Elle redit le même conseil à sa fille : « Accoutumez-vous à avoir de la bonté et de l’humanité pour vos domestiques. Un ancien dit qu’il faut les regarder comme des amis malheureux… Songez que l’humanité et le christianisme égalent tout. » Le temps, évidemment, approche où de toutes part on parlera humanité et égalité ; elle a été des premières à s’occuper de ces choses, à les pressentir et à les nommer avant que Louis XIV eût disparu.