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15. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

L’idée générale comme moyen du Bovarysme des collectivités. — III. […] Mais la notion, en tant qu’elle a pour mission d’agir sur la moralité, prend l’aspect de l’idée générale. […] Une idée générale est toujours une idée abstraite, et il n’existe pas d’idée abstraite qui ne soit abstraite d’une série d’expériences humaines. […] Toute idée générale a donc été à l’origine façonnée en vue d’un être déterminé. […] Que va-t-il donc se passer si ce groupe ancien adopte, sous couleur d’idée générale, les freins fabriqués par un groupe étranger ?

16. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Je vous le donne pour officier général très entendu et des meilleurs. […] Vous trouverez les qualités du plus grand général du monde dans un homme cruel, avare, perfide, impie. […] Il fit là, de l’aveu de ses ennemis et de Saint-Simon lui-même, une campagne digne des plus grands généraux. […] Il attendait l’arrivée du prince de Bade et du corps de troupes que ce général avait détaché de l’armée du Rhin. […] Villars en souffrait ; il n’était pas de ces généraux pour qui c’est assez d’être et de subsister.

17. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

J’ai été consolé de ma blessure en entendant mes chasseurs crier : Vive notre général ! […] Figurez-vous deux généraux, qui guerroient depuis un mois, qu’on vient prendre en carrosse et conduire dans la citadelle la plus renommée du Piémont, qui se trouvent au milieu de tout un état-major de généraux et officiers ennemis, qui faisaient entre eux plusieurs siècles, et qui brillaient comme des soleils. […] Nous dînâmes avec trois généraux, quatre colonels. […] Les généraux divisionnaires ont encore tout eu pour eux : Sic vos non vobis fertis aratra boves. […] Joubert est nommé général de division pour le remplacer (22 novembre 1796).

18. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Oserai-je me présenter dans l’intérieur avec la note infamante d’officier général réformé ? […] Joubert, qu’il nomme souvent dans sa relation de Loano, dut à sa belle conduite d’être nommé général de brigade. […] Et bientôt, quand il sera nommé par Bonaparte, à la veille de Rivoli, général de division, ce sera bien pis ! […] Ainsi, simple général de brigade quand il se définissait de la sorte la responsabilité, à peine sera-t-il général de division qu’il dira (22 novembre 1796) ; Avec mon avant-garde, j’étais joyeux ; avec une division, la tristesse me saisit, je crains les événements. […] Dans une république, on n’est général qu’un temps.

19. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre III. Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés » pp. 55-71

Des idées générales et de la substitution à plusieurs degrés Sommaire. […] Voilà un nom général ; nous serons tentés de le prononcer, comme dans le cas des jetons, après toute expérience répétée. […] La propriété abstraite et générale d’être deux, trois ou quatre, peut éveiller en nous une tendance et, par suite, un nom correspondant ; au contraire, la propriété générale et abstraite d’être trente-six ou tout autre nombre considérable ne le peut pas. — Devant cet obstacle, nous biaisons ; nous franchissons par un escalier le fossé trop large pour nos jambes. […] Ce que nous apercevons, c’est un caractère général du dividende et du reste. […] Nous croyons avoir, par-delà nos mots généraux, des idées générales ; nous distinguons l’idée du mot ; elle nous semble une action à part, dont le mot est seulement l’auxiliaire ; nous la comparons à l’image ; nous disons qu’elle fait le même office dans un autre domaine et nous rend présentes les choses générales, comme l’image nous rend présents les individus.

20. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils51. […] Le fond de ces volumes, et ce qui en fait le sujet principal, est donc l’histoire d’un régiment ; le général duc de Fezensac avait déjà fait avec succès pareille chose pour le sien. […] La confiance s’établit dès les premiers combats ; l’armée sent qu’elle a un chef comme elle n’en a jamais eu encore ; les plus braves généraux sentent qu’ils ont aussi le leur. […] La République cisalpine accorda une gratification aux officiers généraux et chefs de corps. […] un maréchal de France, deux généraux luttant avec 300 jeunes conscrits pour la défense de la capitale du grand Empire, voilà ce qu’on aurait pu voir dans les rues de Belleville le 30 mars 1814 !

21. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Le motif secret de cette préférence est l’impossibilité d’obtenir une image générale. […] Le son en général n’est pas un son, car il aurait un timbre général, une hauteur générale, une intensité générale : autant de non-sens ; en d’autres termes, il aurait un timbre indéterminé, un timbre quelconque ; il n’aurait donc aucun timbre particulier, c’est-à-dire aucun timbre ; de même, il n’aurait aucune hauteur, aucune intensité, il n’aurait rien de ce qui constitue un son. […] Avantages du signe arbitraire pour l’expression des idées générales. […] De telles idées, imparfaitement générales, trompent l’esprit qui s’en sert : les éléments généraux et particuliers rattachés à un même nom et simultanément conçus forment un tout, et ce tout est entendu par l’esprit comme une idée générale ; quoi d’étonnant alors si les images particulières deviennent pour lui les attributs constants du genre tout entier ? […] Un signe arbitraire est donc nécessaire pour maintenir la généralité d’une idée générale.

22. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

L’objet désigné par le son n’est pas encore un caractère général ; cependant je crois que le pas a été franchi (douze mois) ; voici un fait décisif à mes yeux. […] Nous n’entendons pas, par langue rationnelle, une langue possédant des termes aussi abstraits que blancheur, bonté, avoir, être, mais toute langue dans laquelle les mots les : plus concrets eux-mêmes sont fondés sur des concepts généraux, et dérivés de racines qui expriment concepts généraux. […] Leur son est vague et variable et leur sens spécial, tandis que dans les racines le son est défini et le sens général. […] Si l’on cherche la condition psychologique de cette supériorité, on la trouvera dans une plus grande aptitude aux idées générales. […] Nous avons expliqué (p. 44) pourquoi il n’y a pas de concept, ou idée générale, sans un signe.

23. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Toute œuvre littéraire vraiment belle doit avoir pour fond « certaines vérités générales exprimées dans un langage parfait ». […] Cette théorie générale du beau littéraire, dont je néglige tous les développements, me paraît aussi solide qu’ingénieuse. […] Cette réserve faite, le principe des vérités générales me paraît un excellent critérium pour distinguer le bon et le mauvais dans les ouvrages de l’esprit. […] Le principe des vérités générales cède la place à un nouveau principe : « la prépondérance de la discipline sur la liberté. »— « La liberté, dit M.  […] Les erreurs ont disparu, les vérités ont surnagé, et de ces vérités éparses, qui se rassemblent et se concilient comme elles peuvent, se forme peu à peu la raison générale, le sens commun.

24. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Si l’enfant est fort en retard, il dit : « Maman m’a retenu ; elle avait besoin de moi. » Il crée un conflit de devoirs : ici apparaît une question générale. […] On ne saurait trop s’attacher, en tout sujet, à discerner la question générale parmi les circonstances particulières. […] Les lettres de Mme de Sévigné, les Fables de la Fontaine abondent en questions générales légèrement discutées et délicatement résolues. […] Ce qui est analogie à l’égard du fait particulier est exemple relativement à la loi générale. […] La fable n’est autre chose qu’un raisonnement de ce genre, un fait particulier imaginé pour démontrer une vérité générale où il rentre, ou un autre fait particulier auquel il est, en somme, identique.

25. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Ce mouvement fatal, exécuté en un si fâcheux moment, avait été provoqué par une sorte de panique des généraux Souham et autres. […] Je n’ai pas à faire son histoire durant les deux Restaurations, et il me suffit de dessiner sa ligne générale de conduite et d’opinion. […] La Garde royale comptait quatre lieutenants généraux, et tous les quatre se trouvaient absents de Paris pour le moment. […] Les généraux et les troupes de la Garde (je ne parle pas des autres) exécutèrent prudemment et vaillamment ce qui leur était commandé. […] — Non, c’est vrai, répondirent les deux généraux.

26. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Louis XIV lui donna, en 1676, l’emploi de major général de l’infanterie dans son armée de Flandre. […] Catinat savait mieux que personne tout ce qu’exige de qualités cet emploi de major et, qui plus est, de major général d’une armée, et, interrogé un jour par le duc de Savoie sur le détail et les prérogatives de la charge, il répondait avec esprit : « Monseigneur, le major général est un distributeur d’ordres, le porte-voix du général, sans aucune autorité que celle qu’il emprunte de son estime ou de son amitié ; mais ces sentiments changent sa place. […] Si le major général est réduit à sa charge, et que l’estime, l’amitié, l’amour de la patrie et de la gloire ne l’unissent point avec le général, la machine ne se meut que lourdement, et la présence d’une seule personne étant impossible en tous lieux dans le même instant, on ne peut remédier aux accidents parce qu’on ignore l’intention du général. Les officiers généraux sont les supérieurs du major général ; mais il devient en effet leur supérieur lorsqu’il est l’ami du général. […] De gouverneur de Saint-Ghislain, Catinat redevint en 1678 major général dans l’armée du roi aux sièges de Gand et d’Ypres ; puis il fut nommé gouverneur de Dunkerque, mais pour peu de temps.

27. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Francis Lacombe De l’organisation générale du travail. […] Lacombe a signalé les changements profonds introduits par le Christianisme dans la vie générale des peuples et dans la condition humaine. […] On voit ici la raison qui a dicté à l’auteur le titre de son livre : Organisation générale du travail. Elle est générale, en effet, le but de l’auteur étant plutôt d’indiquer des principes et une tendance que d’édifier une systématisation complète : « Que tous les chefs d’industrie ou d’ateliers, que tous les ouvriers de chaque profession — dit-il — se réunissent et rédigent ce qu’on appelait autrefois des cahiers, où ils inscriront librement, également et fraternellement, en réunions particulières, les besoins généraux de leur industrie… Ces cahiers des ouvriers, ainsi que ceux des fabricants, devront servir de base à l’organisation du travail que l’Assemblée nationale va être appelée à édifier sur les ruines du monopole et de l’individualisme. […] Profondément catholique, préservé par une étude supérieure de l’abaissement général des esprits, l’auteur de l’Organisation générale du travail ne devait-il pas nettement repousser, au nom même de la transmission du sang humain, au nom de la famille et de la propriété, les théories de ces penseurs qui agitent le monde à cette heure avec leurs chimères, et qui croyaient le féconder ?

28. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il fut nommé général des troupes de la république, avec pension et toutes sortes d’honneurs. […] Arrivé à Coire, capitale des Grisons, le 4 décembre 1631, il y fut fort bien reçu et bientôt déclaré général des trois ligues. […] La guerre générale qui se déclara en 1635 permit enfin d’employer au grand jour ses talents. […] L’armée qu’on lui donnait présentement à conduire avec le titre de lieutenant général était plus considérable ; il n’en devait garder qu’une partie. […] La situation était celle-ci : en face, du coté du Milanais, Serbelloni, général des Espagnols, était sur la frontière avec une armée ; à dos, du côté du Tyrol, Fernamond, général des impériaux, se disposait à forcer les passages et à faire évacuer la Valteline en rejoignant Serbelloni.

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