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49. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gustave Rousselot  »

fou enfin, si vous le voulez, mais poète, poète par l’enthousiasme, par la palpitation sacrée, par le battement d’un cœur qui ne battrait peut-être pas plus fort quand ce serait pour la vérité ! […] Malheureusement pour Gustave Rousselot, l’une écrase l’autre, de ces cariatides… La Niobé vieillie est plus forte que le jeune homme qui croit, comme… un jeune homme, que la force est dans la jeunesse. […] Poème humain, poétique humaine ; car elle est pleine d’une bonté pour la faiblesse humaine, poétique très étonnante de la part d’un jeune homme si fort ! […] Les règles prosodiques gênent tout le monde, les débiles et même les forts. Vous êtes faible ; je suis fort ; l’affaire peut s’arranger.

50. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Les Allemands et les Anglais, avec leur caractère complexe d’analyse et de poésie, s’entendent et se plaisent fort à ces excellents livres. […] Simple, candide, embarrassé et timide en paroles ; assez gauche, mais fort sincère et respectueux en amour, Corneille adore une femme auprès de laquelle il échoue, et qui, après lui avoir donné quelque espoir, en épouse un autre. […] Taschereau a réduites fort judicieusement à leur véritable valeur. […] Au milieu de cette confusion se seraient détachées çà et là de belles scènes, d’admirables groupes ; car Corneille entend fort bien le groupe, et, aux moments essentiels, pose fort dramatiquement ses personnages. […] Ils sont forts, puissants, gigantesques, peu touffus ; une sève abondante y monte : mais n’en attendez ni abri, ni ombrage, ni fleurs.

51. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Sa fille aînée semblait d’abord aussi peu disposée au mariage que la cadette, et si Port-Royal à cette date avait pu recevoir des novices, il est fort possible et même probable que sa vocation eut été de ce côté. […] Il l’agréa fort. […] Elle est toujours fort gaie et fort contente, et vous garde de très-bon chocolat dont elle me fit goûter. » C’est ce que nous lisons dans une lettre de Racine à son fils aîné, alors à Versailles (30 janvier 1699). — Cette sœur chez qui on va passer une après-dînée n’est pas du tout, comme l’a cru un ancien annotateur, la religieuse de Melun ; ce ne pouvait être que la nouvelle mariée, Mme de Riberpré. […] Il reprenait plus fort que jamais quelques semaines après, et il y avait crise. […] Le roi et Mme de Maintenon ont paru prendre un fort grand intérêt à sa maladie… »

52. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racan, et Marie de Jars de Gournai. » pp. 165-171

Il parla fort à mademoiselle de Gournai des ouvrages qu’elle avoit fait imprimer, & qu’il avoit étudiés exprès. Enfin, après un quart d’heure de conversation, il sortit, & laissa mademoiselle de Gournai fort satisfaite d’avoir vu M. de Racan. […] Le prétendu Racan fit fort le fâché de la pièce qu’on lui avoit jouée, & jura qu’il s’en vengeroit. […] Mademoiselle de Gournai le prit sur un ton fort haut, & lui demanda s’il venoit pour l’insulter. […] Il s’en trouveroit fort peu qui voudroient prendre cette peine ; &, pour ce qui est dit qu’elle a servi le public, ç’a été si particulièrement, qu’on n’en parle que par conjecture.

53. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Racine directeur fit un fort beau discours pour cette séance solennelle où furent reçus Thomas Corneille et M.  […] Thomas Corneille succédant à son frère à l’Académie avait dit, en parlant de la conquête de la Franche-Comté : « Louis le Grand a soumis une province entière en huit jours, dans la plus forte rigueur de l’hiver. […] Il a pris soixante places en une seule campagne… » Ici il ne s’agissait que de consciences, et ces autres places fortes cédaient au même ascendant de Louis le Grand. […] Elle y trouva d’abord des étoiles magnifiques, et puis un coffre nouveau dans lequel il y avait force rubans, et puis un autre coffre avec de fort belles cornettes, et enfin, après avoir trouvé sept ou huit coffres ou paniers différents, et tous plus jolis les uns que les autres, elle ouvrit le dernier qui était un coffre de pierreries fort joli, et dedans il y avait un bracelet de perles, et, dans un secret, au milieu du coffre, un coulant de diamants et une croix de diamants magnifique. […] Dans chaque lot, il y avait un secret, et, dans chaque secret, des pierreries qui augmentaient fort la valeur du lot.

54. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Celle qu’il avait achetée fort cher de De Vizé se trouvait anéantie entre ses mains. […] J’ai emprunté la plupart des détails qu’on vient de lire, et même des idées, à sa notice fort complète. […] De l’autre côté, sur la montagne la moins élevée, on voit une autre ville qui s’appelle Imitation, et qui paraîtrait aussi fort belle si elle n’était effacée par sa voisine que l’on reconnaît pour l’original, et à laquelle cette dernière ressemble beaucoup. Les deux montagnes ne sont séparées que par un vallon fort étroit dont l’ouverture est entièrement occupée par un grand fleuve qu’on appelle Imagination. […] Il y a deux contes de lui qui sont fort jolis, bien qu’un peu longs.

55. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

C’est un dessein dans lequel nous l’encourageons fort ; en attendant, nous dirons quelque chose de son livre et de ses idées. […] Il rencontre en chemin le maréchal de La Meilleraye, brave militaire, qui se fait fort d’être son second et d’appuyer son témoignage à la Cour. […] J’observai que le cardinal parut fort touché de la liberté d’un homme en qui il n’en avait jamais vu. […] Je l’entendis venir, au bruit que faisaient ses pantoufles, qu’il traînait comme un homme fort languissant et qui sort d’une grande maladie. […] M. de Laborde a réussi dans son apologie de Mazarin, en ce sens qu’après l’avoir lu on emporte de l’esprit du ministre, de ses qualités aimables et puissantes, une idée fort présente et fort vive, égale à tout ce qu’on en pouvait penser déjà.

56. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Cela a été fort convenable. […] Oui, c’est fort, tout le monde l’a dit : c’est très fort ; mon Dieu, que c’est donc fort ! […] Elle le repousse fort dignement. […] Cela arrange fort ses affaires. […] Enfin, il est fort troublé.

57. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

C’étoit d’ailleurs un fort honnête homme, de très-bonne compagnie, simple, sans rien de pédant et fort désintéressé. […] C’est un fort honnête homme à qui il ne manquerait rien, si la nature l’avoit fait aussi agréable qu’il a envie de l’être. […] Il est obligé d’alléguer son chapitre des Esprits forts et de supposer à l’ordre de ses matières un dessein religieux un peu subtil, pour mettre à couvert sa foi. […] Je me trompe fort, ou de tels souvenirs domestiques furent un fait capital dans l’expérience secrète et la maturité du penseur. […] Boyer n’a jamais offensé personne. » — Je m’étais mis, comme on voit, fort en frais de conjectures, lorsque Trublet, dans ses Mémoires sur Fontenelle, page 225, m’est venu donner la clef de l’énigme et le nom des masques.

58. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Si on les refusait, il fallait se battre : le plus fort gardait son butin. […] Il y a des poètes qu’on regarde comme fort tragiques, qui gagneraient sans doute beaucoup en devenant des Tite-Lives et des Tacites. […] Les vers de la comédie ont leur force ; les vers des chefs-d’œuvre de Molière sont aussi forts de comique que les vers de Pompée sont forts de tragique. […] Nicomède est sans doute une forte preuve du génie de Corneille, parce que c’est une grande création. […] les objets qui peuvent les troubler sont-ils toujours fort estimables ?

59. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Alamanni dit à ce sujet de fort belles choses ; M.  […] Cesano, qui était fort laid, me parla selon sa figure. […] Comme il était fort laid, que sa bouche, déjà fort grande, s’était élargie de la moitié, et qu’il parlait son baragouin milanais d’une manière fort ridicule, nous ne pouvions nous empêcher de rire, mais surtout lorsqu’il dit au chirurgien qui lui recousait sa bouche, de lui en laisser au moins pour passer sa cuiller. […] Il me demanda ce que je prétendais faire ; je lui montrai fort poliment mon plan. […] Il y a plusieurs exemples de ces guérisons subites, causées par la joie ou une passion forte.

60. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Le mémoire, conçu et commencé dans une intention toute particulière, mais bientôt, à mesure que l’auteur avançait et s’y développait, continué et composé réellement en vue du public, est fort utile et fort attachant. […] Il était en vraie conversation inutile avec deux dames, leur parlant fort négligemment et toujours la tête allant de côté et d’autre de la chambre, sans jamais finir. […] M. l’archevêque prit la peine de me servir, de sa main, de tout ce qu’il y avait de plus délicat sur sa table ; je le remerciais chaque fois en grand respect, le chapeau à la main, et chaque fois aussi il ne manqua jamais de m’ôter son chapeau, et il me fit l’honneur de boire à ma santé, tout cela fort sérieusement, mais d’une manière aisée et très polie. L’entretien fut aussi très aisé, doux et même gai : le prélat parlait à son tour, et laissait à chacun une honnête liberté ; je remarquai que ses aumôniers, secrétaires et son écuyer parlèrent comme les autres, fort librement, sans que personne osât ni railler ni épiloguer. […] Ma santé est aussi meilleure, mon rhume fort diminué, et il ne me reste qu’à prendre des forces : c’est pourquoi j’ai retenu ma place au carrosse de voiture pour aller à Paris, Dieu aidant, lundi 30 janvier 1708.

61. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Il mérite de nous arrêter un moment, car il offre un cas fort singulier et qui suffirait à le tirer de pair. […] Wolff écrit fort mal ? […] Et je conçois aisément quelque chose au-dessus du génie littéraire, à plus forte raison au-dessus du talent d’écrire congrûment. […] Ce procédé est fort simple. […] Il faut qu’il en sourie ; car, s’il n’était pas un homme très fort, je songe avec tristesse à ce qu’il serait.

62. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XI. Le royaume de Dieu conçu comme l’événement des pauvres. »

La mendicité pieuse, qui cause à nos sociétés industrielles et administratives de si fortes impatiences, fut, à son jour et sous le ciel qui lui convenait, pleine de charme. […] Avoir fait de la pauvreté un objet d’amour et de désir, avoir élevé le mendiant sur l’autel et sanctifié l’habit de l’homme du peuple, est un coup de maître dont l’économie politique peut n’être pas fort touchée, mais devant lequel le vrai moraliste ne peut rester indifférent. […] La troupe élue offrait en effet un caractère fort mêlé et dont les rigoristes devaient être très surpris. […] Chacun porte une lampe ; les lumières qui vont et viennent font un effet fort agréable. […] Mot conservé par une tradition fort ancienne et fort suivie.

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