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908. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Établissons bien la fin de l’art : elle est là précisément où est sa puissance. La fin de l’art est l’expression de la beauté morale à l’aide de la beauté physique. […] Dès que l’une d’elles s’écarte de sa fin, elle s’égare et se dégrade. […] Sa fin directe, celle qu’elle ne peut subordonner à aucune autre, c’est de convaincre, c’est de persuader. […] Une Danse au soleil couchant exprime la fin d’une belle journée.

909. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Je mis pied à terre chez le starosta, Poléka fin et rusé, de cette race de gens dont on dit en Russie qu’ils voient à plusieurs archines sous terre. […] Sur la mousse desséchée, sur les bruyères en fleurs, sur la fine poussière de la route, sur les sveltes tiges et les feuilles luisantes des jeunes bouleaux, tombait la douce et caressante lumière du soleil abaissé à l’horizon. […] C’était un homme fin, habile, insinuant ; elle le qualifiait de fine fleur de l’émigration, et finit, presque septuagénaire, par épouser cette fine fleur. […] Au nombre des servantes d’Anna Pavlowna, se trouvait une très jolie jeune fille, aux yeux doux et purs, aux traits fins ; on la nommait Malanïa ; elle était sage et modeste. […] « Et la fin ?

910. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

La Patrie en danger est lue par Hennique et Antoine, et saluée d’applaudissements à chaque fin d’acte. […] Mais le dramatique de l’acte prend à la fin des gens. […] Et la chasse était amusante, parce que dans l’éparpillement de la correspondance, il retrouvait dans une boutique la fin d’une lettre, dont il avait découvert le commencement dans la boutique d’à côté, et il éprouvait une vraie joie, un jour, de réempoigner chez un épicier éloigné, le milieu de la lettre que le savetier était en train de chiffonner. […] À la fin de la visite, la plus brave m’a demandé dans quel cimetière était enterré mon frère. […] » Et alors c’étaient des applaudissements jusqu’à la fin.

911. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Il en saura bien le fin mot, cet infatigable et terrible voisin, sa curiosité y mettra tout le temps nécessaire. […] Ses maisons sont des Babels, je ne vois pas la fin de la terrasse haute du palais Barca… M.  […] voilà peut-être le fin mot du silence des critiques ! […] Nous sommes en  VI de la République, nous touchons à la fin de la guerre civile. […] Mais Rocambole eut une fin.

912. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Vous rappelez-vous la fin ? […] Rends souple et fin le crin dur des balais. […] Sarcey, à la fin de son dernier feuilleton, annonçait que la pièce était pleine de mots. […] Tout en causant avec sa mère du sa fin prochaine, — fort tranquillement, car il est convenu, n’est-ce pas ? […] C’est une comédie fine et poignante.

913. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Lessing l’a mise en œuvre à la fin du siècle dernier dans son drame philosophique de Nathan le Sage. […] C’est pour le diable blanc manger et fin régal. […] Et au commencement et à la fin de toute science, le mystère. […] On ne pouvait pas non plus soupçonner des troubles graves dans sa fine et subtile intelligence. […] Ce sera du Mallarmé en prose, en prose fine et caressante.

914. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Le jeune Jérusalem, fils d’un théologien connu, et secrétaire de légation, qui se trouvait à Wetzlar en même temps que Goethe, jeune homme romanesque et lettré, épris d’une passion malheureuse pour la femme d’un de ses collègues, se tua d’un coup de pistolet à la fin d’octobre 1772. […] Il a sur la fête de Noël une lettre à Kestner pleine de joie, de cordialité, de sentiment pittoresque, et aussi de sentiment de famille : Hier (veille de Noël), mon cher Kestner, j’ai été avec plusieurs braves garçons à la campagne ; notre gaieté a été bruyante : des cris et des rires depuis le commencement jusqu’à la fin. […] La fin de Werther laissait en vue et livrait aux regards du public un faux Goethe au lieu du vrai, un fantôme creux et trompeur après lequel la foule allait courir, comme Turnus dans le combat s’acharne à poursuivre le fantôme d’Énée qui l’égare, tandis que le véritable héros est ailleurs et dans le lieu de l’action. Aujourd’hui, pour le jugement définitif du livre et le rang qui lui est dû dans l’ordre des œuvres de l’art, cette fin de Werther nuit aux parties principales, et quand on considère le caractère si opposé de l’auteur, et ses destinées en un sens si inverse, elle a peine à ne pas nous faire l’effet d’une mystification. […] Ajoutez, pour combler le désagrément, que l’aventure de Jérusalem se confondant dans le roman avec l’amour de Goethe, et Kestner ayant réellement prêté ses pistolets à Jérusalem, qui s’en était servi pour se tuer, on ne savait plus comment séparer à temps l’Albert de la fin du roman d’avec celui de la première moitié.

915. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Horace Vernet (suite et fin.) […] D’autres tableaux de lui, vers la fin, purent marquer un pas de plus en ce sens religieux. […] Un accident qui parut d’abord sans conséquence, une chute qu’il avait faite à Hyères, et dont le coup porta sur la poitrine, amena les suites déplorables qui ont hâté sa fin. […] Il désira jusqu’à la fin revoir le Midi, dût-il expirer en route ; c’était son idée fixe : « Du soleil ! […] À côté des actions, il avait des mots fins, spirituels.

916. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Suite et fin. […] C’est le repos sur un sentiment passé et non sur l’insensibilité, qui fait pour vous le charme de l’âge qui s’avance. » Mais ne nous attardons plus ; car, après bien des lenteurs, des dérangements et contre-temps dans ses projets, Sismondi enfin se met en route et arrive à ce Paris tant désiré ; il y est au commencement de janvier 1813, une date peu riante assurément ; il ne s’en aperçoit qu’à peine, et, dès le premier jour, il doit à l’amitié connue qui le lie à Mme de Staël d’être reçu et initié dans le meilleur monde, dans la plus fine société. […] Les revers de la fin de 1813 et la chute du premier Empire produisirent sur Sismondi une impression que plusieurs de ses amis n’avaient pas prévue, et qui était cependant assez naturelle chez un homme en qui le cœur jouait le principal rôle. […] Il avait un serrurier si mauvais et si maladroit, que tout le monde l’avait quitté ; il ne laissa pas de le garder jusqu’à la fin, malgré tous ses dégâts, pour ne pas lui faire perdre sa dernière pratique. […] Sa maison, grâce en partie à son aimable compagne, était l’une des plus agréables dans cette cité républicaine si bien policée, dont il eut la douleur, avant de mourir, de voir renverser tout l’édifice, et dont la chute hâta sa fin.

917. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Et pour porter un torse flamand, elle a gardé les jambes fines d’une Diane d’Allegrain, et le pied aux doigts longs d’une statue, et des genoux d’un modelage… Puis l’homme a besoin de dépenser, à certaines heures, des grossièretés de langue, et surtout l’homme de lettres, le brasseur de nuages, en qui la matière opprimée par le cerveau, se venge parfois. […] Le bassin d’Anne d’Autriche y est visité comme en d’autres oubliettes de Blaye, et l’anus du Roi-Soleil y est interrogé comme en un dispensaire de police… Fin des dieux, des religions, des superstitions, et l’arrière-faix de l’histoire exposé en public. […] Villemessant blaguant l’appétit de celui-ci, les fours de celui-là, criant à sa femme : « Bois du bordeaux, ça te fera vivre quinze jours de plus », appelant « Fouyou » sa fille, qu’il traite en vrai gamin, et nous disant : « On m’a demandé à Blois qui vous êtes, j’ai répondu que vous étiez les frères Lionnet, des chanteurs de chansonnettes, et que vous alliez chanter quelque chose aux fêtes. » Il y a parmi les convives un dur à cuire de 76 ans, qui en paraît 40, et qui est en pantalon blanc, en redingote de lasting, en chaussettes de soie dans fins escarpins. […] Une petite pluie fine, — il pleut toujours quand on pend, — le patient en paletot de caoutchouc et en bonnet de coton, un ministre anglican qui lui lit du Bonhomme Richard, pendant qu’on passe dans la foule des assiettes de petites dragées blanches. […] Ce Grec de la fin de la Grèce et du crépuscule de l’Olympe, est notre contemporain par l’âme et l’esprit.

918. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

C’est une fort bonne précaution que j’indique à tous les écrivains de feuilleton à venir ; pendant que vous écrivez lentement ces formules banales, vous avez le temps d’arranger dans votre tête la forme de votre chapitre ; vous voyez tout d’un coup le commencement, le milieu et la fin de cette œuvre qui, pour bien faire, doit être également traitée dans toutes ses parties. […] Cela est fatigant, plus que je ne saurais dire, de vous entendre crier sans fin et sans cesse, les uns et les autres : — « Molière ! […] Qu’a-t-elle fait de cette peau si blanche et si fine qu’on l’eût prise pour la feuille transparente de la rose-thé, la moins rose des roses ? […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux. […] Régnier, un de ses dignes enfants, que Molière est redevable de sa statue, entre la Comédie sérieuse et la Comédie au fin sourire : Prætextata !

919. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Hommes ou femmes, ils ont le droit de rêver, de regretter, de s’analyser eux-mêmes, d’écrire des lettres sans nombre, de tenir un journal sans fin de leurs pensées et de leurs sentiments. […] Si, de plus, il sait bien voir, s’il ne croit pas, de parti pris, la société uniquement composée de femmes infidèles, de maris à plaindre, de fats, d’escrocs et d’égoïstes, je demande s’il n’aurait pas quelque chance de rencontrer des exemples de haute et pure vaillance, de dévouement sans espoir, de richesse très simple ou de pauvreté très fière, dans un monde où certaines vertus sont d’une trempe plus fine ? […] Une plume si fine et si chaste, la faculté de comprendre et d’exprimer entièrement le sens de ces mots qui nous sont mal connus : le silence, le recueillement, le voile, l’oraison. […] Chez madame X., on doit forcément devenir dessinateur de goût, et le goût doit être discret, fin, tandis que chez nous l’œil le plus terne devra s’habituer et finir par aimer les couleurs vives, et le goût le plus timoré deviendra hardi et original. » On pourrait croire que ce ne sont là que de jolis mots, et que le souci de l’art qu’elles savent exprimer est de bien petite importance dans la vie de ces jeunes filles obligées de travailler pour vivre. […] La rencontre d’un ami peut achever un rôle incomplet ; une fin de chapitre sortir d’une course en fiacre ; l’audition d’un concert jeter dans une rêverie qui dictera, en la chantant, toute la poésie d’un livre.

920. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Il la formule en quelques lignes très simples à la dernière page : « En 1830 un climat politique, intellectuel et moral a pris fin. […] Mais cette vision trop sommaire de l’humanité répugnait à sa fine et haute culture. […] A la fin du quinzième siècle, Pandolfo Petruccio, appuyé maintenant sur le roi de France, est le maître. […] Nous tenons là l’explication de cette prose si fine et si nuancée. […] Et ce long malaise de l’Allemagne se résolvait par l’éclat que l’on sait, dans cette fin du mois de juillet 1914, dont M. 

921. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Le comte Xavier de Maistre, ce charmant et fin attique, y arrive en ce moment, pour la première fois de sa vie, à l’âge de soixante-seize ans. […] A la fin, le comte a dit : Si j’étais plus riche ! […] C’est là une véritable fin, la seule convenable. […] Près d’un esprit si fin, si ferme et si hardiment sceptique en mille points, le jeune Constant aiguisa encore le sien. […] Ame forte et fière, comme on l’a pu voir par un fragment de lettre cité au commencement, et qui se rapporte à sa fin, elle s’était faite aux nécessités diverses de la société ou de la nature.

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