Cette autre noblesse aussi, l’Église, est diminuée ; elle fait grande figure encore, ce que le peuple ne déteste point ; mais l’on sent bien que la France ne sera plus gouvernée de longtemps par des cardinaux. […] Sauf deux ou trois figures de provinciaux burlesques, la province, où il vagabonda pendant douze ans, n’a rien laissé dans son œuvre. […] Elle demande seulement à Tartuffe, pour s’offrir le spectacle de sa figure, s’il ne craint pas qu’elle ne fasse confidence à son mari des désirs dont Monsieur Tartuffe veut bien l’honorer, et comme Tartuffe la supplie d’être assez bénigne pour n’en rien faire, elle l’assure qu’elle n’en fera rien en effet, à la condition qu’il renonce à son projet de mariage avec Mariane. […] Il est plaisant que cet homme de mauvaises mœurs, ce rouleur, ce cabotin, qui a vécu entouré des femmes que vous savez, ait eu l’esprit traversé par de si pures, en somme, et si gracieuses et si délicates figures de jeunes filles et de jeunes filles très vraies, car elles n’ont rien de conventionnel.
Je croirais plutôt le contraire, et que, comme les figures ont précédé les définitions et les catalogues des rhéteurs, ou comme le discours a précédé l’analyse de ses parties, ainsi, le symbole a précédé la comparaison ou l’allégorie, qui n’en sont, à vrai dire, que des démembrements. […] Sans sortir pour cela des bornes de l’observation, mais au contraire en s’y renfermant, le roman de l’avenir voudra faire servir son pouvoir à des fins plus générales et plus hautes que la reproduction de la figure passagère des choses. […] Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terre, Marchait et respirait dans un peuple de dieux… Dors-tu content, Voltaire, et ton hideux sourire Voltige-t-il encor sur tes os décharnés… Cloîtres silencieux, voûtes des monastères, C’est vous, sombres caveaux, vous qui savez aimer… Qui jamais a plus abusé que Musset de l’exclamation, et de l’apostrophe, et généralement de tout ce qu’il y a de « figures » cataloguées dans les traités des rhéteurs ? […] Telle est l’origine de leurs « figures » ; tel aussi l’objet de leurs « mouvements » ; telle est l’explication de leur puissance. […] Ce que les couleurs et les lignes sont en effet dans les arts plastiques, ou les sons encore en musique, les mots le sont dans une langue, et, à plus forte raison, les « figures », les tours, la disposition des parties de la phrase.
L’imagination, qui aime le dramatique dans l’histoire, se figure Tibère présidant au jugement de son complice, redoutant un aveu, dernière défense de l’accusé, le retardant quelques jours par de fausses promesses, et s’assurant à la fin le silence par un meurtre secret. […] Le roi d’Éthiopie, qui figure dans son ouvrage, ressemble tout à fait à ces rois de Perse ou d’Arménie, dont mademoiselle Scudéri faisait grand usage, et qui n’étaient d’aucun temps ni d’aucun pays. […] Photius, du reste assez rigoureux pour cet ouvrage, en loue beaucoup l’élégance et l’harmonie ; il observe que les périodes de l’auteur sont précises, claires, agréables à l’oreille, et qu’enfin il fait surtout un fréquent et habile usage d’une figure appelée l’épitrope. […] Ophélie, Catherine d’Aragon, Juliette, Miranda, Cordelia, Desdemone, Imogène, Porcia, Jessica, figures touchantes et variées, ont des grâces inimitables et une pureté naïve que l’on n’attendrait pas de la licence d’un siècle grossier et de la rudesse de ce mâle génie. […] Cette profonde vérité dans les caractères primitifs, et ces nuances de la nature et du sexe, si fortement saisies par le poète, justifient bien sans doute l’admiration des critiques anglais : mais faut-il en conclure avec eux que l’oubli des couleurs locales, si commun dans Shakspeare, soit une chose indifférente, et que ce grand poète, lorsqu’il confond le langage des diverses conditions62, lorsqu’il met un ivrogne sur le trône et un bouffon dans le sénat romain, n’ait fait que suivre la nature, en dédaignant les circonstances extérieures, comme le peintre qui, content de saisir les traits de la figure, ne soigne pas la draperie ?
L’autre taillera dans la pierre ses plus puissantes figures, et, sculpteur de phrases avant d’être écrivain, il se fera inculper d’impassibilité et de froideur pour avoir trop complètement réussi dans sa tâche. […] En plusieurs occasions, soit en vers, soit en prose, il reparla de cette énigmatique figure androgyne qui le préoccupait manifestement, et où il voyait un type complet de la Beauté, non pas restreinte et spéciale à un individu et à un sexe, non pas contingente par conséquent comme celle de la Vénus ou celle de l’Apollon, mais affranchie de toute relativité, idéale, dans le sens platonicien du mot. […] ce cri qui serait naturel chez une vierge de notre époque, et que nous comprenons chez la victime de Calchas, semble peu conforme à ce que l’on se figure d’une fille des Brahmanes. […] Par une fin tragique, au moins fort rare à ne regarder que la constante vérité des choses, il efface en partie ce qu’ont de banal l’âme, les désirs et les adultères d’Emma ; il éclaire la morne figure de Charles d’une lueur presque grandiose par la mélancolie insondable de sa douleur et la tristesse solitaire de sa mort ; il jette sur sa froide étude de mœurs la pourpre de descriptions dont l’éclat et l’harmonie de style ont été peut-être égalés parfois, mais jamais surpassés.
Néron monta sur le trône à dix-huit ans ; on voit en cet endroit que le philosophe avait découvert la bête féroce sous la figure humaine. […] et ces maîtres dans l’art de découper les viandes, quelle figure font-ils autour d’un philosophe ? […] Le vrai, le bon et le beau forment à mes yeux un groupe de trois grandes figures, autour desquelles la méchanceté peut élever un tourbillon de poussière qui les dérobe un moment aux regards des gens de bien ; mais, le moment qui suit, le nuage disparaît, et elles se montrent aussi vénérables que jamais. […] Non ; vous auriez pu y lire335 : « Lorsque vous me demandez mes ouvrages, je ne m’en croirai pas plus éloquent que je ne me croirais d’une belle figure, si vous me demandiez mon portrait. » Dans Suétone ?
Ce qu’ils avoient de mieux dans la troupe étoit un acteur & une actrice qui, sans être des premiers d’Italie, ne laissoient pas de plaire ; l’un (Manelli) par le jeu de sa physionomie faite pour le comique, par la précision & l’intelligence de son art ; & l’autre (mademoiselle Tonelli) par sa jeunesse & par les agrémens de sa figure, par la légéreté, l’éclat & la justesse admirables de sa voix. […] On travailla d’après l’idée d’une jeune Grecque, qui, frappée de voir la figure de son amant tracée sur le mur par l’ombre que faisoit une lampe, en suivit exactement les contours. […] On reconnoît ce grand maître à la hardiesse de sa main, aux contours coulans de ses figures, à ce goût élégant & gracieux qu’il mettoit dans toutes ses productions(*).
On se figure difficilement ce que devait paraître cette féconde et forte époque aux yeux de ceux qui en sortaient, qui en héritaient, et pour qui elle était véritablement le dernier et grand siècle.
La Beaumelle, ce chroniqueur si peu sûr, a romancé selon son usage le chapitre où figure le chevalier ; il est temps qu’un noble et grave historien, M. le duc de Noailles, vienne remettre l’ordre et la justesse dans les choses de sa maison.
Oh Guilford, oh mon époux, vous dont la noble figure est sans cesse présente à mon cœur, vous retrouverai-je, tel que vous êtes, parmi les anges dont vous étiez l’image sur la terre ?
Les lignes de son visage sont grandes et bien marquées : front haut, figure assez large, mais bien proportionnée ; bouche sévère, yeux pénétrants, expression générale de réflexion et de force… Sa démarche est calme et lente comme son parler, mais, à quelques gestes rares et forts qui lui échappent, on sent que l’intérieur est plus animé que l’extérieur…” » 19.
Le peuple se plaît à voir ces figures contractées et furieuses, dont le spectacle le sort de sa vie régulière et monotone.
Ta figure de crapaud, les croassements de ta voix, ô si je pouvais, ébahie et muette, seuls les ouïr et voir !
La traduction littérale devra tout respecter ; quelque chose comme : par Grâce sage, le Pur et Fol … Et si l’on dit que là n’est pas un sens bien clair de prime-abord, se figure-t-on que, de prime-abord, le texte allemand soit aux Allemands mêmes très limpide ?
Martin, dans son excellent traité sur le Cheval, a donné la figure d’une Mule semblable.