Précipitée du monde au désert, elle est entrée soudaine, et avec tous ses feux, dans les glaces monastiques.
On conçoit que Voltaire n’ait vu dans les feux d’un enfer chrétien que des objets burlesques ; cependant ne vaut-il pas mieux pour le poète y trouver le comte Ugolin, et matière à des vers aussi beaux, à des épisodes aussi tragiques ?
Il n’est gueres de passion qui ne soit un petit feu dans son commencement, et qui ne s’éteignît bien-tôt, si une juste défiance de nous-mêmes nous faisoit fuir les objets capables de l’attiser.
Communauté de l’eau, du feu, des sépultures.
Que d’heures j’ai passées à façonner une bûche et à la creuser avec du feu à la façon des sauvages ! […] Au bout de quelques heures de travail, on eût dit le bouquet d’un feu d’artifice dessiné par un enfant. […] Quel feu ! […] Quels récits, quelles inventions, quels paradoxes, quelle verve, quel feu ! […] Que de vers n’a-t-il pas ainsi jetés au feu !
On peut dire à certains égards qu’il y a deux littératures, comme dans les antiques écoles il y avait deux doctrines : une littérature officielle, écrite, conventionnelle, professée, cicéronienne, admirative ; l’autre orale, en causeries du coin du feu, anecdotique, moqueuse, irrévérente, corrigeant et souvent défaisant la première, mourant quelquefois presque en entier avec les contemporains. […] Villemain, ajoutait avec sa vivacité pittoresque de critique : « Mais lorsqu’on est aguerri au feu, si j’ose ainsi parler, c’est alors qu’on est frappé de la fécondité, de la sagacité, de l’étendue et de la justesse des vues du professeur. » Benjamin Constant, dans un charmant portrait de femme, a parlé de ces traits d’esprit, qui sont comme des coups de fusil tirés sur les idées, et qui mettent la conversation en déroute. S’il fallait s’aguerrir au feu spirituel et éblouissant de M.
Le grincement des roues des charrues, qui fendent la glèbe fumante des champs au penchant des collines ; les mugissements des troupeaux sortant des étables ; le sifflet des bergers enfants, qui gazouille à l’orée des bois ; la clochette qui tinte au cou des chèvres sur les rochers ; les branles sonores de la cloche, qui appellent les femmes du hameau à l’église ; le roulis des sabots de bois des paysannes sur la roche vive des sentiers qui descendent des deux flancs de montagnes vers le cimetière ; la fumée du feu du matin, qui s’élève çà et là à travers les châtaigniers, comme autant de drapeaux bleuâtres arborés par les toits disséminés des chaumières ; les ombres et les éclats du jour, qui se combattent, se déplient et se replient alternativement, au gré des légers brouillards de rosée, depuis le faîte des sapins noyés dans l’aurore jusqu’au creux des prairies noyé dans la brume blanche du matin : voilà les bruits et les aspects qui tintent à l’oreille ou qui éclaboussent les yeux des hôtes, au réveil du château. […] Sa seule physionomie me l’aurait nommé ; il était jeune, grand, élancé, la tête chargée de modestie, un peu inclinée en avant, le regard bleu et nuancé de blanches visions comme une eau de golfe traversée par beaucoup de voiles, le front plein, les traits mâles, quoique avec une expression générale mélancolique, le teint pâli par la lampe, la physionomie pieuse, si l’on peut se servir de cette expression, c’est-à-dire la physionomie d’un jeune solitaire qui écoute des voix célestes entendues de lui seul, et dont la pensée, consumée du feu doux de l’encensoir, monte habituellement en haut plus qu’elle ne se répand sur les choses visibles d’ici-bas. […] Que Dieu lui conserve tous ces bonheurs : il les mérite par son caractère, de la même trempe que son génie ; car, au milieu de cette cohue de talents sceptiques, railleurs, ironiques, oiseaux siffleurs qui profanent depuis dix ans la poésie par des indécences ou des persiflages, et qui font descendre comme Heine le feu du ciel pour allumer leur cigare, Laprade, lui, conserve son honnêteté à la haute littérature.
D’immenses énumérations et considérations sur les volcans du globe, sortes d’embouchures de ses veines de feu, remplissent ce quatrième volume. […] La main de feu qui écrivait le Mane Thecel Phares sur son œuvre a disparu. […] X Quant à moi, — si j’avais, non pas le génie des découvertes que M. de Humboldt n’avait évidemment pas reçu du ciel, mais l’aptitude patiente et infatigable aux études physiques que cet homme, remarquable par sa volonté, a manifestée pendant quatre-vingt-douze ans d’existence ; Et si je possédais, comme lui, la notion exacte et complète de tous les phénomènes dont l’univers est composé, de manière à me faire à moi-même et à reproduire pour les autres le tableau de l’universelle création, je commencerais par une humble invocation à genoux à l’auteur caché de ce Cosmos à travers lequel il me permet, sinon de l’entrevoir, du moins de le conclure ; et une belle nuit d’été, soit sur les vagues illuminées de l’Océan qui me porte aux extrémités de l’univers, soit sur un sommet neigeux du Chimboraço, soit sur un rocher culminant des Alpes, je tomberais à ses pieds ; je laisserais sa grandeur, sa puissance, sa bonté, me pénétrer, m’échauffer, m’embraser, comme le charbon de feu qui ouvrit les lèvres du prophète, et je lui dirais en face de ses soleils, de ses étoiles, de ses nébuleuses et de ses comètes : « Toi qui es !
C’est le don généreux, et que peu apercevront, d’une âme « pleine de feu, de douceur et de barbarie ». […] Il sent, en une terreur d’enfer, sa raison « s’enfuir trébuchante comme une femme malade qui voit son lit en feu ». […] Sa folie fut d’abord un grand feu, mouvement et couleur qui montent.
La Fontaine ayant écrit : Disant qu’il ferait que sage De garder le coin du feu Faguet se met à braire : « Il ne peut faire que sage. » Philaminte, irritée de cette absurde négation, chasserait Faguet de son écurie. […] Pierre Brun dispute à feu Gidel la gloire d’avoir découvert Pierre Bertrand de Mérigon, professeur de grec sous Louis XIII. […] Signalerai-je plus longuement la banalité de ce louangeur à gages qui commence volontiers par des formules telles : « On a beaucoup parlé du Feu » ; « On a beaucoup parlé des Tenailles » ?
Bernard de Palissy jetant ses meubles au feu pour cuire ses faïences peut nous attendrir : mais le moyeu de s’apitoyer sur les tribulations d’un pédagogue à projets qui invente une méthode d’après laquelle les enfants apprendront à lire en huit jours ? […] Que de scènes enlevées au feu de l’esprit ! […] Toutes ses manœuvres s’éventent, toutes ses tentations font long feu ; il n’a ni l’aplomb de sa position, ni la tenue de son caractère.
Elle ne pleure pas, elle ne récrimine pas, elle n’essaye pas, comme une femme vulgaire, de recommencer des grimaces et des simagrées inutiles ; mais elle s’enveloppe, du menton aux talons, dans les plis d’un châle magnifique, essuie, sans sourciller, le feu des railleries qui la visent, et bat en retraite d’un pas résolu. […] Pour le seul plaisir de faire pièce à M. de Jalin, en prouvant, devant lui, et malgré son dire, à M. de Nanjac, qu’une femme honnête peut venir la voir, elle s’expose à un éclat scandaleux, elle jette de l’huile sur le feu d’irritation secrète qui couve déjà entre ces deux hommes, elle les met aux prises, dans le moment extrême ou son mariage est en jeu, et où son intérêt le plus vif serait de les éloigner l’un de l’autre ! […] Nous discutons de loin, avec sang-froid, mais de près, on est sous le charme ; on ne voit que le feu d’une causerie brillante qui vous mitraille d’étincelles.
; Gerdès, dont l’imprimerie avait été occupée par la troupe, hanté par l’idée qu’on pouvait prendre certaines phrases d’un chapitre politique du livre pour des allusions à l’événement du jour, et au fond tout plein de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et dans lequel il craignait qu’on ne vît un rappel dissimulé du 18 brumaire ; Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu. […] Ils sont jeunes, ils sont hardis, ils ont le feu sacré ; ils trouvent parfois des mots, des phrases, des sons, des accents ! […] que de prédispositions et de motifs et de raisons, elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche, en tombant ivre-morte sur le parquet.
Mercredi 31 janvier C’est beau ce Paris, la nuit, vu du haut du Trocadéro, c’est beau, cette obscurité solide, sillonnée de feux. […] Il se voyait dans une chambre entouré de petites filles ; et de la cheminée sortait une vieille femme, une vieille fée, qui avait un piment, tout rouge dans sa bouche, sans doute pour faire croire à du feu, à de la flamme, et la vieille qui était une fillette, travestie, se faisait amener le petit poltron, et lui mettait des bonbons dans la main. […] Lundi 19 février Excelsior à l’Eden, un ballet, qu’on pourrait appeler le ballet de la danse de Saint-Guy, huit cents jambes perpétuellement en l’air, dans des flamboiements et des paillons de verre de kiosques chinois, dans des feux de Bengale canailles : — une frénésie de mouvement, vous donnant une courbature, parmi de la lumière faisant mal aux yeux, comme si, on avait, trois heures, l’œil à un kaléidoscope, vigoureusement secoué.