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1330. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

J’avoue qu’elle est gênante, mais il n’y a rien de facile en art.

1331. (1887) La banqueroute du naturalisme

Nulle conscience et nulle observation, nulle vérité ; nulle exactitude, tous les effets faciles et violens, tous ceux du vaudeville et ceux du mélodrame ; des scènes inouïes de brutalité ; toutes les plaisanteries qui passent à Grenelle ou du côté de Clignancourt pour des formes de l’esprit ; des images de débauche, des odeurs de sang et de musc mêlées à celles du vin ou du fumier, voilà La Terre ; et voilà, va-t-on dire, le dernier mot du naturalisme !

1332. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

On ne peut comprendre, dit-il, pourquoi les éditeurs ont si mal copié et tant défiguré les lettres de la Rochefoucauld, bien faciles à lire pourtant avec leur longue et grande écriture à la Louis XIV.

1333. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Ce ne serait qu’une raison de plus pour protester énergiquement contre tant d’œuvres trop longtemps entourées d’une admiration facile ou d’une indulgence regrettable. […] Ce n’est pas chose facile. […] Morale facile, peut-on répondre d’abord. […] Appelez-vous vertu un calcul d’égoïsme si facile à faire, et dans lequel tout vous encourage et vous récompense ? […] Celle-là est sûre et facile ; tout le monde y passe… Ô mes rêves, mes nobles rêves de jeune homme !

1334. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Le fait suggestif était trouvé, l’assimilation devenait facile. […] Les tendances préexistantes sont, ici, assez faciles à distinguer ; ce sont simplement les habitudes et les qualités générales de l’esprit de M.  […] C’est le cas de quelques disciples indépendants qui, tout en acceptant des parties importantes d’une doctrine, en modifient d’autres et parfois en transforment l’esprit général ; c’est, à un degré moindre, le cas du vulgarisateur qui, en quelque sorte, organise l’imitation et la rend plus facile. […] Ayant toujours en vue l’originalité car il est traître envers lui-même, celui qui risque de se passer d’un moyen d’intérêt aussi évident et aussi facile, je me dis avant tout : parmi les innombrables effets ou impressions que le cœur, l’intelligence ou, pour parler plus généralement, l’âme est susceptible de recevoir, quel est l’unique effet que je dois choisir dans le cas présent ? […] Pourquoi cette mort sentimentale et romance, cette si facile amorce à l’attendrissement du lecteur ?

1335. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Or, sachez que les mimes d’Hérondas sont écrits en vers colïambes, c’est-à-dire en vers trimètres ïambiques scazons, autrement dit en vers ïambiques allongés d’une syllabe et, par conséquent, terminés par un spondée : vers très faciles à faire, d’un bon gros rythme rapide et peu complique, et assez pareils, en somme, à de la prose cadencée. […] Les métaphores et les images y sont un peu faciles. […] Maurice Mæterlinck abuse encore un peu de certains procédés trop faciles, comme de personnifier des abstractions dans des images toutes petites et précises à l’excès. […] Il nous a dit à peu près : — Je ne comprends guère la querelle qui divise les partisans du vaudeville et ses « tombeurs. » Il serait si facile de s’entendre ! […] Le drame, très touffu, n’est pas facile à résumer.

1336. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

C’est le divorce, si facile en Amérique, qui a fourni les éléments du plaidoyer ; plaidoyer présenté dans une langue précise et piqueté de mots de l’esprit le plus parisien. […] De ce nombre se trouvaient de jeunes professeurs, des licenciés qui avaient rédigé au jour le jour les faits qui se passaient sous leurs yeux ; presque tous leurs cahiers racontant à peu près les mêmes événements, le contrôle en devenait plus facile ; le livre de M.  […] Si le nom de Musset est venu sous ma plume, c’est que je venais de lire dans les Cauchemars une nouvelle intitulée : Immoralité, pleine de cette facile désinvolture, de cette élégance native qui sont le secret du charme de l’auteur des Deux Maîtresses. […] Comme on le voit, en ces vers élégants et faciles, M. de Bonnières a, sur beaucoup, l’avantage d’écrire dans la langue de notre siècle et dans celle de l’autre ; il aime La Fontaine comme il aime Musset, et j’ai idée que ces deux noms-là portent bonheur à une œuvre. […] Ces études littéraires sont suivies d’une très curieuse et très intéressante série des fameux Billets du matin qui obtinrent un si grand succès par leur accent de vérité, et l’élégance facile de leur forme.

1337. (1898) La cité antique

Mais le problème devient facile à résoudre, dès que l’on rapproche l’agnation de la religion domestique. […] Il est plus facile de mettre l’homme en servitude que de lui enlever un droit de propriété qui appartient à sa famille plus qu’à lui-même ; le débiteur est mis entre les mains de son créancier ; sa terre le suit en quelque sorte dans son esclavage. […] Il est d’ailleurs facile de serendre compte de la formation de lagens antique et de sa nature, si l’on se reporte aux vieilles croyances et aux vieilles institutions que nous avons observées plus haut. […] Le lien social n’est pas facile à établir entre ces êtres humains qui sont si divers, si libres, si inconstants. […] Il n’était même pas facile au pontife, à mesure qu’il en écrivait les lignes, d’y insérer sciemment des faits contraires à la vérité.

1338. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

De là aussi cet abaissement graduel, cette échelle descendante, qu’il me serait facile de traduire en noms propres si je ne m’étais imposé la loi d’en être aussi sobre que possible. […] Il est facile de comprendre quel genre de drame peut s’agiter autour du lit de mort du vieux Pons, entre cette grosse portière, cet immonde Fraisier, et cet affreux Auvergnat, qui, par amour pour la Cibot, fait avaler à son mari du vert-de-gris à petites doses. […] Il est facile de prédire ce qu’elles en feraient avec Balzac pour conseiller et pour précepteur. […] Le résultat de cette situation contradictoire est facile à deviner. […] Cousin nous fait comprendre comment, à cette époque, une jeune fille noble, au cœur généreux, attirée par instinct vers les opprimés, ne pouvait ni être du parti de Richelieu ni apprécier cette grande et nationale politique qu’il est facile aujourd’hui de remettre sous son vrai jour.

1339. (1802) Études sur Molière pp. -355

. — Facile, coulant, élégant même, laissant remarquer peu de négligences, encore faut-il les reprocher moins à l’auteur qu’au temps où il écrivait. […] bouteille, ma mie, Pourquoi vous videz-vous, voulut embarrasser Molière, en lui soutenant qu’il l’avait imité d’une chanson latine ; il eût, je pense, été facile à notre auteur de prouver le contraire, en avouant qu’il en avait pris l’idée dans une comédie de Larivey. […] L’infortune du général thébain n’est pas non plus facile à saisir et à peindre ; combien de comédiens ne savent pas la distinguer de celle qu’éprouve George Dandin ! […] L’exposition. — Elle n’a qu’un défaut, l’intrigante Nérine y est annoncée avec plus de prétention que Sbrigani, et les comédiens rendent ce vice dramatique plus sensible, puisqu’ils condamnent Nérine à l’inutilité ; il serait si facile de lui faire jouer l’une des femmes qui accusent de polygamie Monsieur de Pourceaugnac ! […] Il est dans cette pièce des rôles bien faciles à jouer, Oronte s’y rapproche de nos Cassandre, Éraste et Julie n’ont qu’à seconder Sbrigani, mais Pourceaugnac offre les plus grandes difficultés ; on n’est pas aisément bête pendant cinq actes, et l’acteur est perdu, si quelques naïvetés, son étonnement continuel et même sa lassitude, ne viennent au secours de sa balourdise, et ne lui prêtent du comique en la variant.

1340. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Et il achève tristement une vie qui pouvait être facile et douce. […] Rosny n’a fait aucune concession au succès facile : il ne s’est abaissé à employer aucun des moyens assurés qu’ont certains auteurs de ce temps pour faire vendre leurs livres. […] Parce qu’on a montré que cet orfèvre avait le poignard alerte et l’escopette facile, on n’a pas expliqué par là pourquoi il maniait le ciseau avec tant d’habileté. […] Nous lui en voulions aussi de s’appeler Maeterlinck quand il est si facile de s’appeler Dubois. Mais peut-être cela est-il moins facile en Belgique qu’en France.

1341. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Voilà donc ce qui me fait parler, et aussi une envie irrésistible de me moquer un peu de vos finasseries ; pourtant c’est un triomphe facile. […] On dit, et je n’y crois pas, que l’amour fait des miracles… La façon facile dont vous avez accepté cette absence m’a choquée… enfin. […] —Écoutez, repris-je, c’est facile à dire : se marier ; mais à faire, ça dépend… — De qui ? […] Mais ce ne sont pas là des objections sérieuses, et si ce n’était que cela… rien de plus facile que d’établir deux ateliers de trente à quarante personnes chacun ; les locaux ne manquent pas. […] Je me mets à votre place : Une inconnue se dessine à l’horizon ; si l’aventure est facile, elle me répugne ; si, il n’y a rien à faire, elle est inutile et m’ennuie.

1342. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Il y a dans toutes les langues une infinité de noms ou masculins ou féminins, dont les objets n’ont & ne peuvent avoir aucun sexe, tels que les noms des êtres inanimés & les noms abstraits qu’il est si facile & si ordinaire de multiplier : mais la religion, les moeurs, & le génie des différens peuples fondateurs des langues, peuvent leur avoir fait appercevoir dans ces objets des relations réelles ou feintes, prochaines ou éloignées, à l’un ou à l’autre des deux sexes ; & cela aura suffi pour en rapporter les noms à l’un des deux genres. […] La réponse est facile. […] Personne n’ignore que les meilleurs auteurs de la latinité sont pleins d’hellénismes : & si tous les littérateurs conviennent qu’il est plus facile de traduire du grec que du latin en françois, c’est que le génie de notre langue approche plus de celui de la langue greque que de celui de la langue latine, & que notre langage est presque un hellénisme continuel. […] Or la construction est facile : mori pro patriâ est dulce & decorum ; desipere in loco est dulce : les infinitifs mori & desipere y sont traités comme des noms, & l’on peut les considérer comme tels : j’en trouve une preuve encore plus forte dans Perse, Sat. 1. scire tuum nihil est ; l’adjectif tuum mis en concordance avec scire, désigne bien que scire est considéré comme nom. […] S’il est facile de ramener à un nombre fixe de chefs principaux les écarts qui déterminent les différens idiotismes, il n’en est pas de même de vues particulieres qui peuvent y influer : la variété de ces causes est trop grande, l’influence en est trop délicate, la complication en est quelquefois trop embarrassante pour pouvoir établir à ce sujet quelque chose de bien certain.

1343. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Henry Bordeaux n’écrit pas à la sueur de son front, que son travail est facile et paisible, lisse et sec. […] Le roman romanesque n’est d’ailleurs pas très facile à définir. […] Au premier abord, une histoire du roman français serait non seulement intéressante à écrire, mais facile. […] Et cette histoire qui nous paraissait naguère si facile nous présente maintenant une difficulté invraisemblable. […] Rien d’ailleurs de plus agréable et de plus facile.

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