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481. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Elle nous montre ainsi, à plusieurs époques différentes, l’existence réelle de cette union de tous les arts sur un tronc commun, union que nous avons déjà préjugée par la théorie. […] Aussi chez elle les arts de la parole, réunis sous le nom de musique, ont-ils dès l’abord une existence distincte et séparée des arts plastiques, qui restent adhérents à l’architecture. […] L’existence des statues isolées sur les places publiques ou dans les maisons et les jardins est très postérieure à Phidias. […] Combien de génies n’ont eu que peu d’années, peu de jours dans une longue existence ! […] Où trouve-t-on dans la nature une loi exprimée sous des formules au lieu d’être manifestée par des existences ?

482. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Elle supporta la perte de cette splendide existence en héroïne, la perte de cette mère adorée en fille inconsolable. […] Elle ne sauve que le nécessaire le plus strict à une obscure existence. […] … » XXIII Presque entièrement ruinée par la ruine de son mari, ruine qu’elle avait voulu partager, elle pourvut à l’existence séparée de ce compagnon vieilli de sa jeunesse, et elle se retira, dans une modique aisance, à l’Abbaye-aux-Bois, dans la rue de Sèvres. […] XXIV De ce jour madame Récamier et M. de Chateaubriand semblèrent confondre leur existence.

483. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Elle se nomme Kundry, et a comme deux âmes, deux existences diverses qui alternent l’une avec l’autre. […] Ce que nous lui reprochons, c’est l’absolue solution de continuité entre ses deux modes d’existence et le manque de dessous quelconque pour appuyer le personnage, qui n’a ni existence légendaire ni existence historique.

484. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Le linguiste accepte à titre de faits l’existence de divers idiomes et dialectes, il les classe, en suit et en explique la filiation ; mais les questions d’origine lui semblent téméraires, au moins prématurées. […] C’est la condition absolue de leur existence comme sciences exactes et capables de progrès. […] Cousin fait à peu près tous les frais, conduit l’auteur à conclure : « que la prédominance de ces faits imaginaires dans les écrits métaphysiques (psychologiques), montre que l’humanité en est dans la philosophie mentale à cette période où, en physique, on parlait de transmutation des métaux, d’élixir de vie, d’influence des étoiles, d’existence d’une légèreté substantielle, d’une horreur de la nature pour le vide et autres choses semblables6. » VII La psychologie, entendue dans son sens ordinaire, est donc une étude plus occupée d’abstractions que de faits, fondée sur une méthode subjective et remplie de discussions métaphysiques. […] L’étude des instincts, passions et habitudes des divers animaux nous fournit des faits dont l’interprétation (souvent difficile) permet, par induction, déduction ou analogie, de reconstruire un mode d’existence psychologique.

485. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Elle retrace enfin avec des souvenirs bien personnels et vécus — l’expression est acceptée aujourd’hui — des sentiments qui ont le mérite de représenter rigoureusement, à la scène, les sentiments humains et contradictoires de deux hommes d’âge différent, confondus et mêlés dans une même existence. […] L’art théâtral, cet art malade, cet art fini, ne peut trouver un allongement de son existence que par la transfusion, dans son vieil organisme, d’éléments neufs, et j’ai beau chercher, je ne vois ces éléments que dans une langue littéraire parlée et dans le rendu d’après nature des sentiments, — toute l’extrême réalité, selon moi, dont on peut doter le théâtre. […] Et c’étaient presque aussitôt des tentatives nouvelles, des inventions et des compositions de pièces dont j’ai oublié le titre et dont je ne soupçonne plus guère l’existence que par la lettre de refus d’un directeur de théâtre. […] Mais le matin de la lecture, sur l’annonce des journaux, nous recevions la visite d’une personne qui nous apprenait l’existence d’une marquise de la Rochedragon, d’une vieille femme qui souffrait de l’idée de se voir affichée, imprimée.

486. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

XIV « Écoute la voix de nos anciens législateurs divins », poursuit magnifiquement mais inopportunément la femme outragée. « Rappelle-toi ce que, dans leurs chants immortels, ils ont dit de la femme, cette compagne modeste de l’homme : c’est elle qui, dans le fils qu’elle lui donne, prolonge son existence en le faisant revivre dans cet autre lui-même ; c’est à ce fils qu’il doit la délivrance des âmes de ses ancêtres. […] Sur toi repose le soin de mon existence ; de toi dépend la perpétuité de ma race : vis donc heureux, ô mon fils, l’espace de cent ans ! […] … De quelles fautes, grands dieux, me suis-je donc rendue coupable dans une de mes régénérations précédentes, pour avoir été traitée d’une manière aussi cruelle, d’abord par celle qui m’a donné l’existence, et aujourd’hui par toi ? […] Qu’est-ce que l’existence fugitive de ce frêle animal, comparée à la pointe acérée de tes traits ?

487. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Avec des goûts sérieux, il paraît s’être demandé de bonne heure comment il pourrait remplir de quelque occupation suivie cette existence toute d’étiquette ou de loisir, et il pensa qu’un journal dans le genre de celui de Dangeau, mais dressé et digéré avec plus de soin, pourrait avoir son utilité. […] Dussieux et Eudore Soulié ont eu l’idée de mettre au jour ces Mémoires du duc de Luynes, dont ils connaissaient l’existence, et ils ont été secondés dans leur désir par l’obligeance du duc actuel, qui a donné le dernier lustre à cette curiosité héréditaire dans sa famille par son amour éclairé des arts, par ses collections célèbres, et par le goût aussi bien que par la munificence qu’il y a portés.

488. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

Le comte de Clermont était un abus en personne, un abus vivant, et son énorme dot ecclésiastique, appliquée comme il le faisait, rendait dès lors cette existence amphibie plus bizarre que d’autres et d’un scandale plus criant. […] Quoi qu’il en soit, et de quelque manière qu’ils s’y amusassent (ce qui ne regardait qu’eux), on aurait peine à se figurer, si les faits notaient présents, que c’eût été après dix années d’une existence voluptueuse et casanière, ainsi menée au grand jour, que le ministère fût allé faire choix du comte de Clermont pour le créer général en chef d’une armée dispersée en pays ennemi et qui avait déjà usé deux maréchaux.

489. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

De là, durant le cours de cette existence dont la fleur fut si courte et si vite envolée, on voit combien les choses vinrent peu à point, et l’on comprend mieux dans ce ferme et charmant esprit, cet art d’ironie fine, ce ton d’enjouement sans gaieté qui naît de l’habitude du contre-temps. […] La correspondance de Mme de Staal avec Mme du Deffand trahit les misères du fond sous la forme toujours agréable ; on y suit l’habitude de l’esprit et l’ironique gaieté persistant à travers une existence sans plaisir et comblée d’ennui.

490. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Tous les hommes sensibles et généreux se sont sentis quelquefois prêts d’en être atteints ; et souvent peut-être des créatures excellentes que poursuivaient l’ingratitude et la calomnie, ont dû se demander si la vie, telle qu’elle est, pouvait être supportée par l’homme vertueux, si l’organisation entière de la société ne pesait pas sur les âmes vraies et tendres, et ne leur rendait pas l’existence impossible. […] Lorsque les passions agitent l’existence, le calme extérieur de la nature est un tourment de plus.

491. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

Plus l’esprit de parti est de bonne foi, moins il admet de conciliation ou de traité d’aucun genre ; et comme ce ne serait pas croire véritablement à l’existence efficace de sa religion, que de recourir à l’art pour l’établir, dans un parti, l’on se rend suspect en raisonnant, en reconnaissant même la force de ses ennemis, en faisant le moindre sacrifice pour assurer la plus grande victoire. […] Il y a un moment de jouissance dans toutes les passions tumultueuses, c’est le délire qui agite l’existence, et donne au moral l’espèce de plaisir que les enfants éprouvent dans les jeux qui les enivrent de mouvement et de fatigue : l’esprit de parti peut très bien suppléer à l’usage des liqueurs fortes ; et si le petit nombre se dérobe à la vie par l’élévation de la pensée, la foule lui échappe par tous les genres d’ivresse ; mais quand l’égarement a cessé, l’homme qui se réveille de l’esprit de parti, est le plus infortuné des êtres.

492. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Et, par la poursuite du plaisir sans relâche et sans règle, par la lassitude finale qui envahit les existences trop uniquement voluptueuses, un peu de sentiment, de la sincérité, de la mélancolie, enfin de la poésie, rentrent dans ces pièces légères. […] À la fin de sa longue existence, ce très profane abbé a ressenti dans ses sens et dans son âme une ombre des impressions qui font la douloureuse beauté de l’Ecclésiaste.

493. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

En métaphysique, Anselme se flattait d’avoir fait une découverte, d’avoir inventé un argument tout particulier pour démontrer l’existence de Dieu. […] Le poète Callimaque a fait une épigramme où il dit à peu près : « Ce lièvre que le chasseur poursuit par monts et par vaux avec toutes sortes de fatigues et par toutes les intempéries de l’air, donnez-le-lui tout tué, il n’en voudra pas. » Anselme, pour le résumer dans sa double carrière, reste mémorable à deux titres : historiquement, il a été l’un des patrons, des défenseurs, des militants et des patients pour la liberté de l’Église en face de l’État, scientifiquement, il est l’inventeur d’un argument métaphysique pour l’existence de Dieu, ce qui, joint à ses autres écrits, fait de lui l’un des rares successeurs de saint Augustin et de Platon, l’un des prédécesseurs de Descartes et de Malebranche.

494. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

C’est par une suite d’incidents et de tableaux de ce genre que M. de Goncourt depeint en leurs moments caractéristiques de larges périodes de l’existence de ses créatures, l’enfance de Chérie et l’enfance de celle qui sera la fille Elisa, la vie errante des frères Zemganno avant leurs débuts à Paris, et la vie amoureuse, traversée d’inconscients regrets, de la Faustin au bord du lac de Constance. […] Et c’étaient de douces pressions, un échange de sourires paresseux, une volupté de cœur toute tranquille, un muet bonheur… Et il arrive pourtant à ce décriveur des joliesses et des bonheurs, à ce réaliste qui sait parfois être gaminement gai, d’être attiré par le fantastique et le crépusculaire que montre parfois la vie parisienne, par l’existence excessive et mystérieuse de la Tomkins, l’afféterie voluptueusement macabre de Mme Malvezin.

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