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865. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Cette idée s’est-elle souvent présentée à son esprit ? […] Guizot ait gardé les habitudes purement littéraires de son esprit. […] C’est l’éternelle histoire de tous les esprits paresseux. […] Si ce jugement paraît sévère aux esprits inattentifs, j’ai la ferme confiance qu’il paraîtra juste aux esprits sérieux. […] Pour les esprits impartiaux, le but que s’est proposé M. 

866. (1887) George Sand

Les origines et la formation de son esprit. […] Bien peu d’esprits gardaient la mesure à son égard. […] L’élément fantastique lui semblait être une des forces de l’esprit populaire. […] Un nouveau changement se fit à cette époque dans son esprit. […] L’art fatigue à la longue l’esprit.

867. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Sa logique nourrissait sa morale, et la rectitude de son esprit achevait la droiture de son cœur. […] En même temps que la religion et l’État, l’esprit atteint son équilibre. […] Les hautes et fines parties de l’esprit lui manquent. […] Ce mélange et ce décousu peignent bien l’esprit ordinaire qui reste au niveau de son auditoire, et l’esprit pratique qui sait maîtriser son auditoire. […] Consentez à comprendre ce genre d’esprit, il finira par vous plaire.

868. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Il est prudent d’examiner : la construction d’un instrument, âme ou esprit, avant d’admettre ce qu’il enregistre. »‌ Quand M.  […] Seulement, comme il n’est point un dessinateur, ni un poète, ni un romancier, mais qu’il est un philosophe sociologue, le personnage qu’il nous présente diffère de Joseph Prudhomme, du « philistin » des romantiques, et de Homais ; il nous fait voir le fonctionnaire français, ou l’administré français, tout domestiqué par « l’esprit fonctionnaire », mais à des traits certains nous reconnaissons dans le type qu’il nous détaille un frère des grandes caricatures romantiques.‌ […] Seulement, voici qui est particulier et par où le philosophe se distingue du pur artiste : si Taine considère que tous ces gens qu’il croise dans ses tournées sont asservis à une telle conception de la vie qu’il ne peut collaborer avec eux, il ne peut pourtant pas en prendre son parti et, comme un Gautier, un Flaubert, un Leconte de Lisle, déclarer : « Je ne connais pas ces bourgeois ; je me désintéresse de tout ce qui les préoccupe » ; en tant que sociologue, il faut bien qu’il envisage les destinées de son pays, et dans cet esprit doué si merveilleusement d’imagination philosophique et historique, cette horreur du « bourgeois », du « philistin », aboutira à cette déclaration que le type du fonctionnaire français, que l’esprit fonctionnaire (qui ne se trouve pas seulement dans les administrations, mais qui a peu à peu pénétré même les professions libres) doit déterminer la mort de l’énergie française et, par conséquent, la décadence de notre patrie.‌ ∾ Ce qui me préoccupe dans cet article, — je le souligne avec insistance, — c’est de montrer comment, dans un même moment, tous les esprits placés dans des conditions analogues passent par des conceptions analogues. […] Mais ce qu’on peut constater dès maintenant, et la constatation contredit d’une façon piquante le préjugé où nous vivons sur l’audace des esprits élevés, c’est que depuis le grand mouvement industriel et commercial qui transforme l’Europe, il y a presque constamment en France une protestation de l’élite intellectuelle (au moins du monde littéraire accrédité) contre les directions du siècle.

869. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 328-331

Un esprit éclairé, une raison droite, une littérature étendue, une théologie lumineuse, un style pur, facile, & souvent élégant, sont les principaux traits qui dominent dans ses Ouvrages, dont la plupart ont pour objet la défense de la Religion contre les attaques des Incrédules. […] Il sera toujours aisé à un esprit raisonnable de sentir une extrême différence entre l’Homme qui raisonne sur des principes solides, & le Dissertateur captieux, dont les idées ne marchent qu’au hasard & sans aucune liaison. […] Il est vrai qu’ils amusent par-là le peuple & les esprits légers ; mais les esprits éclairés n’en reconnoissent que mieux leur foiblesse, & bientôt les sots mêmes seront forcés d’ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaissent. […] On doit encore à ce Prélat, dont les mœurs n’ont jamais démenti les Ecrits, l’Avertissement adressé, par l’Assemblée générale du Clergé de France, tenue en 1775, aux Fideles de ce Royaume, « sur les avantages de la Religion & les effets pernicieux de l’Incrédulité » ; Ouvrage plein d’éloquence, & de cette raison qui éclaire & persuade les esprits les moins disposés à goûter la vérité.

870. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VI. Des Esprits de ténèbres. »

Des Esprits de ténèbres. […] Il nous a révélé des esprits de ténèbres, machinant sans cesse la perte du genre humain, et des esprits de lumière, uniquement occupés des moyens de le sauver. […] Il a même alors la véritable allégorie, sans avoir la sécheresse qui l’accompagne, ces esprits pervers étant en effet des êtres réels, et tels que la religion nous permet de les croire. […] Il faut qu’avec un goût exquis, le poète sache faire distinguer le tonnerre du Très-Haut, du vain bruit que fait éclater un esprit perfide ; que le foudre ne s’allume que dans la main de Dieu ; qu’il ne brille jamais dans une tempête excitée par l’enfer ; que celle-ci soit toujours sombre et sinistre ; que les nuages n’en soient point rougis, par la colère, et poussés par le vent de la justice, mais que leurs teintes soient blafardes et livides, comme celles du désespoir, et qu’ils ne se meuvent qu’au souffle impur de la haine.

871. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Un Homme d’esprit étudie l’Art ; ses réflexions le préservent des fautes où peut conduire un instinct aveugle ; il est riche de son propre fond, &, avec le secours de l’imitation, maître des richesses d’autrui. […] Il est vrai que le génie s’éleve où l’esprit ne sauroit atteindre : mais l’esprit embrasse au delà de ce qui appartient au génie. […] Au contraire, l’esprit ne dépend pas si fort des momens ; il n’a presque ni haut ni bas, & quand il est dans un corps bien sain, plus il s’exerce, moins il s’use. […] Mais de tout ce que j’ai dit, il ne s’ensuit pas que Corneille manque d’esprit, ou Racine de génie : ce sont des qualités inséparables dans les grands Poëtes. […] Une observation qui a échappé aux Critiques, c’est que, dans tous les siecles littéraires, la marche de l’esprit humain a toujours été la même dans tous les genres.

872. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

La maturité de l’esprit engendre parfois une solidité impénétrable aux conseils de la Critique et à ses regrets. […] Je l’ai dit, et avec assez d’insistance, c’est un esprit très politique et très moderne, et l’histoire du temps de Philippe II n’est pas que politique ; elle est, avant tout, religieuse. […] Lui qui méprise les esprits vulgaires et les démocraties qui ne sont jamais que le gouvernement de la Vulgarité, il est tombé, par le fait plus que par des paroles expresses, il est vrai, dans ce plat sophisme des esprits vulgaires qui retourne l’infamie du prêtre contre la sainteté de l’autel. […] Il m’a regardé et il a passé… Il a suivi imperturbablement la voie de son esprit, qui est robuste et logique. […] Tête de gouvernement, esprit historique, il a, à plus d’une place, exprimé le plus hautain mépris pour elles.

873. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Mme de Rambouillet, cette personne de tant d’autorité, et qui aurait eu le droit de faire des mots et d’imposer des noms (si quelqu’un avait ce droit), fit un jour le mot Débrutaliser, pour dire Oter la brutalité, faire qu’un homme brutal ne le soit plus ; elle s’y connaissait et s’entendait à la chose ; elle savait civiliser son monde et changer les esprits durs et sauvages en des esprits plus doux. […] C’est le premier éclat simple (nitor), la lumière même de la pensée dans la parole, et que les grands esprits droits préfèrent à toute fausse couleur. […] Il était systématiquement sceptique, sauf dans les matières de foi qu’il réservait par prudence et pour la forme, refusant la certitude à l’esprit humain par toute autre voie. […] M. de La Mothe, en esprit solide, le sentait : « Ce n’est pas, disait-il, que je veuille établir ici l’opinion de quelques philosophes, qui se sont déclarés ennemis capitaux du beau langage. […] Il y a dans le cours des choses humaines, et des choses littéraires en particulier, de véritables instants décisifs, des crises : un bon conseil bien donné, bien frappé à ce moment, un coup de main de l’esprit fait merveille et peut faire événement.

874. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Rod implique une distinction d’esprit dont il a sûrement conscience et qui lui est donc, par elle-même, une consolation. D’ailleurs, l’ignorance où nous sommes de nos origines et de nos fins ne saurait être une souffrance positive, puisque cette ignorance est la condition même de l’activité de l’esprit, laquelle est nécessairement un plaisir. […] Édouard Rod en affectant un esprit grossier et superficiel. […] Ce mot de « dilettantisme », si vague et si commode, je pense que c’est Paul Bourget qui en a donné la meilleure définition : « C’est, dit-il, une disposition d’esprit très intelligente à la fois et très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la vie et nous conduit à nous prêter à toutes ces formes sans nous donner à aucune. » Eh bien, pourquoi cette disposition d’esprit serait-elle nécessairement funeste ? […] Rod à plus de charité et d’humilité d’esprit, et à une résignation déjà chrétienne.

875. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

— que ces esprits ardents que la difficulté attire doivent toujours être au-dessus d’elle… Il n’en est rien pourtant. […] Illusion d’esprits comme il en pousse encore, et qui ne doutent de rien, dans un siècle qui doute de tout. […] Mais on y cherche en vain la hure de saumon que le duc d’Albe préférait à des milliers de grenouilles, le document inattendu, nouveau, considérable, qui révèle tout à coup un esprit ou un caractère, inaperçu jusque-là, dans la société qu’on étudie. […] Comme la plupart des esprits troublés de notre temps, ils ont pris Paris pour la France, et, au lieu de nous donner l’histoire de la société française pendant la Révolution, ils nous ont donné l’histoire de la société parisienne. […] qui ont commencé de populariser cette idée, dont tant d’esprits sont férus encore, que Paris, au point de vue politique aussi bien qu’au point de vue de l’esprit, des mœurs, du langage, des manières, est toute la France !

876. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

L’auteur est un charmant et facile esprit, d’une plume limpide, qui a de la raison et de la distinction dans le langage, chose assez rare dans ce temps d’esprits hâves, incorrects, troublés. […] … On le voit, dès le premier mot du livre, ce qui lui manque, c’est le robuste et le net d’une doctrine, d’une doctrine qui empêcherait un esprit aussi distingué que Corne de glisser dans les logomachies bêtes de ce temps ; c’est l’efficacité d’un enseignement précis ; ce sont les principes supérieurs qui engendrent forcément une pratique de vie et maîtrisent l’homme. […] Quand madame d’Alonville, qui a de l’esprit et qui aime à faufiler de la tapisserie de caractères, nous a parlé de la bienveillance, de l’égoïsme, de l’orgueil, de la vanité, du devoir d’être de son temps, de la grâce d’être jeune, de l’avantage d’être timide (quand on a vingt ans), de la susceptibilité, du loisir contraire à l’ordre de la nature, de l’esprit de conversation, de la réprobation de l’épigramme, des horreurs du jeu, de la Bourse (enfin !) […] C’est un esprit qui a l’honorable désir de se montrer sérieux, lorsque tant d’autres, assez lourds pour l’être, sont affolés de se montrer frivoles. […] Mais il ne faut pas surtout, quand on est un esprit fait, de constitution normale, pour le vrai, comme Corne, prendre ces pipeaux enflés des troubadours contemporains pour la voix de la vérité.

877. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

Moland et d’Héricault le publient, nous paraît supérieur, non seulement à toutes les traductions que l’on a faites, depuis, de l’Imitation, mais, le croira-t-on et n’est-ce pas là une de ces choses qui vont paraître d’une singularité un peu forte à beaucoup d’esprits ? […] De plus, avec tout son esprit, Fontenelle disait deux bêtises dans son mot fameux, si ce n’est trois, ce pauvre Tyrcis ! […] L’opinion a fait de l’Imitation un livre essentiel, et sans nier ses mérites raffinés en piété pratique, cela est-il juste, cela est-il sage à une époque comme la nôtre, où tant d’esprits inclinent, hélas ! […] Il n’en a pris que l’esprit même et l’a vêtu comme un pauvre qu’on veut réchauffer. […] Il n’y a pas de mal, d’ailleurs, à ce qu’un peu de mystère et de l’esprit du Moyen Âge restent sur ces points en litige.

878. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Les hommes de lettres, c’est là tout un monde, — le monde de l’esprit, le plus difficile à manier et le plus dangereux. […] Ils forment un attelage littéraire où l’esprit de trait va du même pas que l’esprit de brancard, et qui verse avec beaucoup d’ensemble et d’harmonie dans l’exagération de tout, — un envasement prodigieux ! […] Oui, il y a de l’esprit qui brille parfois dans ce chaos, comme des cailloux dans des ornières. […] mais que la réminiscence a été involontaire, elle, en ces deux esprits sonores qui, sous la vibration de la lecture de Balzac, bruissent encore, mais comme une guimbarde qui ferait écho à un coup de gong ! […] Ils sont deux esprits exigeants sur elle, deux enragés de style qui veulent faire toujours feu des quatre pieds de leur monture, ce qui donne à trembler pour la pauvre diablesse.

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