/ 3159
397. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Rominagrobis et dit à ses confrères : « Entendez-vous le tintement métallique que produit la prose de M. un tel ?  […] les prudents du parti se bouchent les oreilles pour ne pas entendre le vilain bruit qu’on leur a dénoncé. […] Scudo, n’a pas fait entendre encore l’arrêt de Buloz-Apollon. […] … Quelle sotte chose que la louange ainsi entendue ! […] Ce thème étant donné, il y avait une bonne vérité à faire entendre, en prenant le théâtre d’un peu haut.

398. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Sans doute, quelques irréguliers ou, comme on les appelle encore, de nombreux « libertins », font entendre une voix discordante. […] « Qu’entendons-nous par le mot de Providence ? […] On ne doit pas l’oublier, si l’on veut bien entendre l’économie de son Discours. […] Tout lui est bon dès qu’il l’entend, et le malheur est qu’il entend tout. […] La nécessité d’entendre leurs propos n’était pas ce qui m’effrayait le moins.

399. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

ils entendent, dès le berceau, parler des grandes choses. […] N’est-ce pas ainsi qu’il faut entendre cette légende ? […] Et pourquoi, lui dit Posidonius, ne m’entendriez-vous pas ? […] S’entend-il bien lui-même ? […] — N’entendez-vous pas ses cris ?

400. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bachelier »

Je ne vous entends pas. — Le respect de la postérité. — Le respect de ce qui n’est pas, je ne vous entends pas davantage.

401. (1901) Figures et caractères

J’entends par là que les poètes sont plus propres à imaginer qu’à quoique ce soit d’autre. […] J’entends par là qu’il donna rarement à sa pensée sa forme définitive. […] On la touche et on l’entend. […] Flaubert s’irritait qu’on entendît le borner à Madame Bovary. […] car j’entends tinter à leurs mains des clefs fatidiques.

402. (1802) Études sur Molière pp. -355

Molière, qui n’entendait rien au jargon de la chasse, pria un chasseur de lui indiquer les termes qu’il devait employer. […] L’on ne joue plus cette pièce, et l’on a tort, très grand tort ; bien entendu qu’on nous la donnerait sans intermèdes, et avec le costume du temps où elle parut. […] c’était l’auteur d’une comédie en cinq actes ; il me prie d’entendre sa pièce, et de lui en dire franchement mon avis. […] du triomphe qu’elle remporte sur son incrédulité ; pour lui dire, vous l’entendez, votre homme débute par demander des faveurs. […] Il nous suffit, pour la décence, d’entendre Angélique dire que, « pour punir son mari de ne lui avoir pas demandé son aveu avant de l’épouser, elle veut borner sa vengeance au plaisir de voir le beau monde et de s’entendre dire des douceurs ».

403. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Et nos bons amis les Suisses, croyez-vous qu’ils soient bien amusés d’entendre les tambours des Français de l’autre côté du lac ? […] Il lui échappait de dire à des personnes, capables d’ailleurs de l’entendre, lorsqu’elles tenaient bon et avaient l’air de contester : « Je ne conçois pas qu’on n’entende pas cela quand on a une tête sur les épaules. » On a remarqué que dans la conversation, quand il ne discutait pas, ou même quand il discutait, il n’entendait guère les réponses ; il était, tour à tour et très-vite, ou très-animé ou très-endormi : très-animé quand il parlait, volontiers endormi quand on lui répondait : puis, sitôt qu’on se taisait, il rouvrait son œil le plus vif et reprenait de plus belle202. […] Il suffit qu’elles vivent avec honneur un certain laps d’années, et qu’elles procurent durant ce temps à un certain nombre de générations repos et bonheur, de la manière dont celles-ci l’entendent. […] M. de Maistre, lui, l’entendait un peu différemment ; mais peu importent ces variétés : la donnée providentielle est la même. […] Au reste, il est trop clair aujourd’hui qu’ils n’ont jamais dû s’entendre pleinement.

404. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Je parle, bien entendu, d’un amour qui absorbe et réchauffe l’âme entière. […] Entendons-nous d’abord sur le sens de la question. […] Un « démon » l’accompagne, qui fait entendre sa voix quand un avertissement est nécessaire. […] Il faudrait pourtant s’entendre sur ce point. […] C’est leur voix même que nous entendons quand une grande injustice a été commise et admise.

405. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

une fois encore nous entendons la promesse, et — nous espérons ! […] Dialogue à double entente, interprété par Prakriti pour une union en le sens de sa passion ; elle se précipite à terre effrayée et sanglottante, lorsqu’en fin elle entend qu’elle doit aussi porter le vœu de chasteté d’Ananda. […] Wagner se montre expérimentateur et j’eusse désiré justifier expérimentalement ce titre qu’il s’est maintes fois donné, mais le caractère de cette Revue ne me permettait pas de relever la magistrale empreinte qui caractérisera plus tard Wagner dans l’art fossile de notre temps, j’entends son socialisme naturaliste61. […] Nous applaudissons d’autant plus à cette initiative, que jusqu’ici nous n’avions que peu ou rien entendu du Maître aux nombreux concerts qui ont été donnés à l’Exposition. […] On a entendu et applaudi tour à tour des fragments du Tannhauser, de Lohengrin, des Maîtres chanteurs, de la Valkyrie, de la Tétralogie, voire du Parsifal, la dernière création Wagnérienne, dont le prélude a été joué d’une façon admirable.

406. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Voulez-vous que nous prenions un chiffre pour nous entendre ? […] J’eus beau m’excuser ; les gens de parti n’entendent point raison. […] Voltaire entend par ces mots « la soumission qui suit aveuglément les ordres d’un supérieur ». […] Enfin il entend le galop d’un cheval : situation et monologue saisissants. […] On vient d’entendre celle de Voltaire.

407. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

L’éclat en fut si public que Dangeau a forcé sa discrétion d’académicien jusqu’à raconter l’aventure ; il dit dans son journal, à la date du lundi 13 décembre 1694 : M. l’évêque de Noyon fut reçu à l’Académie : l’abbé de Caumartin répondit à sa harangue ; il (l’évêque) en fut content quand il l’entendit, et même il l’avait vue (cette réponse) et approuvée auparavant ; cependant on lui persuada depuis qu’il avait sujet de s’en plaindre, et il s’en plaignit au roi. […] La moitié de son succès était déjà dans le discours qu’on venait d’entendre. […] Nous sommes au plus fort de cette pluie d’épigrammes fines qui ne laisse pas de répit et qui ne cesse plus : La véritable éloquence, poursuivait sans pitié l’abbé de Caumartin, doit convenir à la personne de l’orateur : la vôtre ne laisse pas ignorer à ceux qui vous entendent ou qui vous lisent, d’où vous venez et ce que vous êtes. […] Mais il fallait tout ce commentaire pour bien entendre. […] Fénelon, au sortir de la séance, dit à l’abbé de Caumartin, et en y mettant toute l’intention et le fin sourire : « Monsieur, je vous ai entendu et entendu ! 

408. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Pendant qu’il lit saint Basile, le jour où il va l’achever, et quand il touche à la fin, un cri soudain se fait entendre ; il se lève et s’élance hors de son cabinet : c’est sa chère petite Élisabeth qui est tombée dans le feu. […] Il était bien entendu, d’ailleurs, qu’on n’y devait discuter en rien ni aborder le fond des doctrines : c’était de simples questions de faits à éclaircir, une expertise et une vérification solennelle des textes, par une espèce de jury composé d’hommes notables de l’une et de l’autre communion. […] Le ministre Du Moulin lui paraissait en bien des articles un novateur, un contempteur outré de l’ancienne Église : une fois, en sortant de l’entendre prêcher, Casaubon estima qu’il avait dit bien des choses nouvelles plutôt que vraies. […] lorsque Casaubon allait entendre à Saint-Paul ou ailleurs (car il se laissait mener volontiers aux églises catholiques) quelqu’un des prédicateurs du temps si détestables de goût, le célèbre Valladier, par exemple, faisant le panégyrique de la Vierge, célébrant les louanges de Marie, il se sentait redevenir très protestant, et il avait quantité de réponses toutes prêtes à opposer à du Perron ; au contraire, il y avait des jours où quand il sortait d’un prêche, d’un sermon protestant de Du Moulin, il se sentait rejeté vers les catholiques. […] Ce n’est, point à de simples particuliers, en effet, à expliquer l’Écriture ; et en ce qui est des docteurs du jour, ils ne nous enseignent point de voie certaine, mais ils nous conduisent comme au rond-point des chemins dans une forêt : quand on les a entendus, ils nous laissent plus incertains qu’auparavant.

409. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

On a souvent cité ce passage que je voudrais voir traduit plus exactement qu’on ne le fait d’habitude9 ; quelqu’un qui s’y connaît me fait remarquer que les vers de Cervantes ne sont pas aisés à traduire ni même toujours à entendre. […] Cervantes était allé, pour changer d’air, à la petite ville d’Esquivias, pays de sa femme ; mais il revint peu après à Madrid sans avoir trouvé de soulagement et en sentant son mal empiré ; ce mal dont on ne dit pas le principe et le siège se traduisait par un hydropisie : « Il advint, cher lecteur, nous dit Cervantes, que deux de mes amis et moi, sortant d’Esquivias (lieu fameux à tant de titres, pour ses grands hommes et ses vins), nous entendîmes derrière nous quelqu’un qui trottait de grande hâte, comme s’il voulait nous atteindre, ce qu’il prouva bientôt en nous criant de ne pas aller si vite. […] En vérité, je ne croyais pas que ma bête eût sa pareille pour voyager. » Sur quoi répondit un de mes amis : « La faute en est au roussin du seigneur Miguel Cervantes, qui allonge le pas. » À peine l’étudiant eut-il entendu mon nom, qu’il sauta brusquement à bas de sa monture, jetant d’un côté son coussinet, de l’autre son porte-manteau, car il voyageait avec tout cet appareil. […] » Moi qui en si peu de mots m’entendais louer si galamment, je crus qu’il y aurait peu de courtoisie à ne pas lui répondre sur le même ton. […] J’admire comme, dans la bouche du plus grand fou de la terre, Cervantes a trouvé le moyen de se faire connaître l’homme le plus entendu et le plus grand connaisseur qu’on se puisse imaginer… Quevedo paraît un auteur fort ingénieux ; mais je l’estime plus d’avoir voulu brûler tous ses livres quand il lisait Don Quichotte, que de les avoir su faire. » Racine et Boileau lisaient Don Quichotte pour se divertir ; ils en parlent dans leurs lettres comme d’un sujet qui leur est familier et qui est entré dans la conversation des honnêtes gens.

410. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

À la moindre découverte d’un papier, d’un document nouveau, on se récrie, on est transporté : il semble que jusqu’ici on n’y avait rien entendu et que c’est d’à présent que la lumière se fait. […] C’est de cette façon, du moins, et en ce sens que j’entends et je conçois la défense de la tradition en matière littéraire, — moyennant une vigilance de chaque jour et une réparation infatigable. […] Faire dans nos jugements des réformes continuelles, si besoin est, mais des réformes seulement et non des révolutions, voilà le plus sûr résultat de la critique littéraire, telle que je l’entends. […] S’ils faisaient défaut, quelque historien à imagination ardente et prompt à la réaction pourrait venir un jour, qui traiterait ces premiers débuts à la légère et les sacrifierait d’un trait de plume, ennuyé d’entendre appeler Aristide le Juste. […] Il fallait obtenir du duc cette nouvelle concession, cette aggravation non mentionnée au traité, et l’on comptait bien, en dépêchant un officier entendu à la petite Cour de Mantoue, avoir bon marché d’elle et la faire consentir à la raison du plus fort.

/ 3159