/ 1897
527. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Je lui dois ce témoignage devant ses amis comme devant ses ennemis. […] Construite par les Vénètes sur une lagune de la mer d’Italie, elle avait résisté aux Gaulois, aux Ostrogoths, aux Lombards, aux Sarrasins, aux empereurs du Bas-Empire, aux Ottomans, aux Germains, aux Esclavons ; la république, pour s’y conserver contre tant d’ennemis, s’était concentrée dans son aristocratie à la fois tyrannique et populaire. […] Fieschi, ennemi des Doria, qui avaient écarté du pouvoir la turbulence populaire et la tyrannie oligarchique, conspirait dans Gênes contre les Doria. […] La révolution française la compte au premier rang de ses ennemis armés. […] « Cependant si, comme nous le craignons, vous êtes vaincu dans votre guerre d’agression contre l’Autriche ; si vous êtes refoulé en Piémont et menacé jusque dans Turin en expiation de votre témérité et de votre impatience, alors nous descendrons en Italie pour vous couvrir contre la conséquence extrême de votre agression, nous nous placerons non comme ennemis, mais comme médiateurs armés entre l’Autriche et vous ; nous ne permettrons pas aux armées de l’Allemagne de vous effacer du sol italien ; nous vous laisserons petite puissance gardienne des Alpes ; ce ne sera qu’une question de frontière pour nous.

528. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais je ne veux parler ici que des ennemis de Racine au xviie  siècle. […] On parle des ennemis de Molière, et c’est pour les traiter comme les pires coquins de lettres. […] Et quand les moindres ennemis de Racine lui contestaient ses meilleurs succès, quand ils lui marchandaient les plus maigres éloges, ce n’était pas seulement une basse envie qui leur dictait leur hostilité, c’est qu’ils sentaient et comprenaient, comme les ennemis de Molière et comme les ennemis de Boileau, qu’il y allait vraiment de tout ce qu’ils avaient jadis applaudi, aimé, glorifié. […] C’est pourquoi les ennemis de Racine furent aussi les ennemis de Molière et les ennemis de Boileau. […] Par malheur, on dirait que les ennemis de Racine ne sont pas tous morts avec lui.

529. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

» Hector, sans en entendre davantage, court aux portes Scées, par où l’on sort dans la plaine où les ennemis sont répandus ; Andromaque, qui l’aperçoit du haut de la tour, descend et se précipite vers son mari. […] Le reptile n’a point cessé de combattre, mais, se repliant en arrière, il mord et déchire le flanc de son ennemi, qui l’étouffe dans ses serres ; l’oiseau, vaincu par la douleur, le rejette loin de lui sur la terre. […] Moi-même, le dernier de toute ma race, demeuré seul sur le seuil de mon palais, les chiens se repaîtront de ma chair palpitante, lorsque, abattu par la lance ou le javelot, j’aurai rendu ma vie sous le fer d’un ennemi. […] Lorsque j’enfantai Hector, la Parque inflexible fila sa destinée pour qu’il fût un jour livré aux chiens dévorants par un féroce ennemi ! […] Bientôt elles seront entraînées captives sur les vaisseaux ennemis, et moi sans doute avec elles !

530. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

Mais Libri n’est pas éclectique ; c’est un philosophe du xviiie  siècle qui pousse sa pointe à travers ce débat et ne songe qu’à frapper son vieil ennemi.

531. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Linguet dans une note ; je ne l’ai jamais vu ; je n’ai jamais eu avec lui de liaison d’aucune espece, & n’en aurai jamais vraisemblablement ; mais javoue que, sur la dénonciation authentique qui a été faite à l’Europe de ses opinions & de son Livre, j’ai été long-temps, comme beaucoup de ses ennemis sans doute, à le croire, sans l’avoir lu, un homme & un Ecrivain détestable.

532. (1887) Essais sur l’école romantique

Des ennemis, des partisans de M.  […] Voyons ses ennemis. […] Ils savent par cœur ce que je choisirais. — Pour ses ennemis ? […] diront les ennemis de M.  […] Les trente voix auxquelles Mirabeau imposait silence, ce sont les ennemis littéraires de M. 

533. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nodier, Charles (1780-1844) »

Fort jeune, il savait diriger le quadrige de l’ode, déployer dans l’air libre les ailes brûlantes du dithyrambe ; les strophes du Poète malheureux sont animées d’un large souffle et la Napoléone vaudrait qu’on s’en souvînt, quand bien même Napoléon n’aurait pas voulu faire connaissance à Sainte-Hélène avec toutes les œuvres de son jeune ennemi.

534. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 157-161

Ennemi des Protestans, il écrivit contre eux avec cette vigueur & cette vivacité qui caractérisent autant le talent de la dispute, que le zele de la vérité.

535. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Tant qu'un Ecrivain pourra s'assurer de ne combattre qu'en faveur du bien public, il ne doit pas s'attendre aux suffrages de ceux qui en sont les plus mortels ennemis.

536. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ses ennemis ont beaucoup dit cela, et vraiment ce n’est pas si bête. […] L’Infâme, aujourd’hui, c’est l’Art, l’Art ennemi qui pourrait relever les cœurs. […] L’ESPRIT MILITAIRE, VOILÀ L’ENNEMI ! […] La vie et la mort d’un clown, les Mères ennemies, le Roi vierge, sont de véritables chefs-d’œuvre d’imitation. […] C’est le secret de tous les diables et l’on découvre que ces ennemis du genre humain l’ont très mal gardé.

537. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Aucun ne parle des bagages, ni ne montre l’ennemi posté sur un point culminant, et, de là, interceptant la route et rejetant les Francs dans la vallée. […] Roland en met en fuite les derniers débris, après avoir blessé — et non tué — leur chef, et meurt vainqueur, maître du champ, le visage tourné vers le pays ennemi. […] et son épée auprès de lui : l’imagination pouvait facilement tirer de là le beau récit qui le représente survivant le dernier, faisant, seul, fuir les ennemis, et mourant sans être vaincu. Peut-être même une entaille accidentelle dans un rocher voisin suggéra-t-elle dès lors l’idée qu’il avait voulu briser sa bonne épée, pour qu’elle ne tombât pas aux mains de l’ennemi, et n’avait réussi qu’à entamer la pierre. […] On aurait pu faire intervenir un chef navarrais, joignant ses troupes à celles de Charles, puis passant, au moment du combat, du côté de l’ennemi prévenu par lui.

538. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Nos précieuses n’ont jamais oublié quels adversaires elles avaient d’abord dû combattre, et qu’ils étaient les ennemis de toute discipline et de toute régularité. […] René Kerviler, Orléans, 1882 ; — l’abbé Fabre [évêque actuel de la Réunion], Les Ennemis de Chapelain, Paris, 1888. […] Corneille : Les Illustres Ennemis, 1654 ; — de Quinault : L’Amant indiscret, 1654 ; — de Scarron : Le Gardien de soi-même, 1655 ; — de Th.  […] Deltour, Les Ennemis de Racine au xviie  siècle, Paris, 1859 ; — P.  […] Deltour, Les Ennemis de Racine, et Amédée Renée, Les Nièces de Mazarin]. — Les deux Phèdre. — Si la hardiesse même des tragédies de Racine n’a pas été l’une des causes de l’acharnement de ses ennemis contre lui ?

539. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

» La fortune insolente de Beaumarchais lui fit beaucoup d’ennemis. […] Maître de tout, il fait grâce à son ennemi de la vie, consent même sur sa prière à lui laisser quelques billets de banque et s’éloigne pour regagner sa chaise de poste. […] Un jour, il emprisonne son redoutable ennemi à Saint-Lazare ; le lendemain, il l’invite au souper du petit Trianon et il lui fait voir, costumée en Rosine, l’enfant qu’il a épousée, la reine de France, la fille de l’impératrice Marie-Thérèse, qui aime ce bon M.  […] Si les peuples, même nos ennemis, n’ont pas la haine du poète, les souverains étrangers ou nationaux, l’ont tout entière et acharnée. […] Mais il avait sur la plupart d’entre eux cette supériorité, qu’il comprenait et respectait, chez ses ennemis, le courage, la foi, l’enthousiasme.

540. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Irréconciliable ennemi d’Antoine, il crut devoir élever contre lui le jeune Octave. […] Pison se plaint de succomber à la conspiration de ses ennemis. […] Mécène n’était pas moins corrupteur de l’éloquence par son style, qu’il en était ennemi par sa politique. […] … Voilà son bras menaçant, et son visage ennemi. […] C’est lui-même qu’il représente captif, pauvre, aveugle, et jouet de ses ennemis.

/ 1897