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755. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il ne voudroit pas non plus qu’on amenât la mode de prêcher les sermons d’autrui, de faire reparoître en chaire ces grands hommes qui l’ont illustrée, comme on remet sur la scène les grands poëtes dramatiques ; qu’un prédicateur annonçât qu’il prêchera pendant tout le carême tantôt un sermon de Bourdaloue ; tantôt un autre de Chéminais ; un jour Fléchier, un autre jour Massillon .

756. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

En continuant de comparer la poësie dramatique avec la peinture, nous trouverons encore que la peinture a l’avantage de pouvoir mettre sous nos yeux ceux des incidens de l’action qu’elle traite, qui sont les plus propres à faire une grande impression sur nous.

757. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Les cent jours ont été la révolution même, ramenée en quelque sorte à l’unité dramatique.

758. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Enfin, dans ce livre de critique sur Sterne, Tristram Shandy voile trop, selon moi, s’il ne l’écrase pas, le Voyage sentimental, aussi vivant, aussi dramatique, aussi pénétrant, aussi piquant pour le moins que Tristram Shandy, et sans l’encadrure de plomb, sans ces pages de Tristram Shandy qui semblent des partis pris de bouffonnerie presque insolente, des mystifications au lecteur.

759. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

On me chargea du feuilleton dramatique de la Presse, que je fis d’abord avec Gérard et ensuite tout seul pendant plus de vingt ans. […] Comme un auteur dramatique, qui se préoccupe moins du style qu’un écrivain proprement dit, il dut, on le devine, retrancher beaucoup de choses charmantes mais qui eussent distrait ou fait longueur. […] Vers ce temps-là, à peu près, Victor Hugo mettait la dernière main à son Cromwell, dont la préface fut le manifeste de la jeune école dramatique. […] La Main droite et la Main gauche fut un des grands succès de l’Odéon et prouva, malgré l’opinion des charpentiers dramatiques, qu’un romancier pouvait faire une pièce. […] Au théâtre, nul depuis Victor Hugo n’a manié l’alexandrin dramatique d’une façon plus magistrale.

760. (1923) Paul Valéry

Mais pour Racine la poésie ne figure qu’un cas particulier, une réalisation secondaire d’une réalité antérieure, plus vaste et plus impérieuse, qui la commande, à savoir le mouvement dramatique, ou plutôt un certain mouvement dramatique, différent de celui de Corneille. […] C’est pourquoi, jusqu’au xixe  siècle, la plupart des grands poètes ont été des épiques, et surtout des dramatiques. […] Même si le poète emploie la forme dramatique, ou la forme épique, il le fait pour exprimer ses propres états.

761. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

. — Il a fait du théâtre, avec d’ailleurs la criminelle connivence des auteurs dramatiques, la turpitude qu’on sait. […] Mais cette logique satisferait mal et à la tradition classique dont Racine garde le culte tout littéral et à l’intérêt dramatique dont il pressent les lois sans les bien connaître. […] Je me trompe : il est limité encore par les bornes de son art, de cet art sans conscience, l’Art Dramatique qui fige la fiction centrale autour de quoi évolue captive la passion qui voudrait s’envoler. […] Mais qu’on l’oublie ou qu’on y pense, il n’en est pas moins banal et bourgeois, l’intérêt dramatique dont Scott se contente et qu’il nous offre. […] M. de Banville fait ici, lui-même, un peu comme ce critique dramatique qui voyait les pièces, non pas telles qu’elles étaient, mais telles qu’elles devaient et auraient pu être.

762. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

C’est surtout, comme on le voit déjà par le passage précédent, le poète dramatique que Platon poursuit de ce genre de sarcasmes et de démonstrations. Le poète dramatique surtout est un « faiseur de fantômes » qui ne connaît pas la réalité des objets, mais seulement leur apparence. […] La foule exige très nettement du genre dramatique qu’il ne soit pas immoral, et même qu’il soit moral dans une certaine mesure et excite aux sentiments nobles. […] Pourquoi cependant y songe-t-on quand il s’agit de poésie et particulièrement de poésie dramatique ? […] Cela vient, ce me semble, de ce que le poète, et particulièrement le poète dramatique, — nous verrons plus loin pourquoi ce particulièrement, — peint des âmes et non pas des fleurs.

763. (1888) Études sur le XIXe siècle

De même encore, Hegel et Wagner sont tous deux extrêmement préoccupés de l’action de l’art dramatique sur le public : le premier, dans le parallèle qu’il établit entre la poésie dramatique chez les anciens et chez les modernes, a marqué, dans le drame ancien « le caractère général élevé du but que poursuivent les personnages25 » en opposition avec la passion personnelle qui « fait l’objet principal » du drame moderne ; ailleurs, il assigne à l’art une mission nationale26. […] » D’ailleurs, les Mille avançaient de succès en succès : Calatafimi, Palerme, Milazzo, Garibaldi rappelle tous ces noms avec une dramatique émotion. […] Mais il suffit d’y regarder d’un peu près pour voir que ce n’est pas la faute avec ses péripéties plus ou moins dramatiques qui préoccupe l’auteur, que ce sont les causes de la faute et leurs rapports avec les conditions de la société. […] Leurs péripéties sont rarement dramatiques. […] « Les fins que poursuivent les personnages, dans l’action dramatique, doivent avoir pour base un intérêt général de la nature humaine ou au moins une passion qui, chez le peuple pour lequel travaille le poète, soit puissante et sérieuse. » Hegel : Esthétique, t. 

764. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Il faut y ajouter l’invention dramatique, qui le rend en prose égal et souvent supérieur à Molière. […] II Eugénie Grandet est la peinture d’un vice, d’un vice froid, personnel, implacable, qui, sans présenter au dehors ces férocités dramatiques dont le scélérat passionne ses actes, lui fait commettre dans son intérieur ces cruautés lentes et silencieuses qui lui méritent à bon droit le titre de scélérat.

765. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

La situation complexe de la cour de Naples, les conseils secrets où nous fûmes appelés et les négociations confidentielles avec les chefs de partis et avec les membres les plus influents du parlement, rendaient notre action très intéressante, quelquefois périlleuse et dramatique. […] Les Italiens, qui ne possédaient aucun poète dramatique, prétendirent en avoir trouvé un dans Alfieri, comme lui-même prétendit leur en donner un sans originalité et sans verve.

766. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Port-Royal fulminait contre les auteurs dramatiques qui, par la plume de Nicole, furent qualifiés d’empoisonneurs d’âmes ; et en même temps il faisait lire aux écoliers les tragédies de Sophocle et d’Euripide qui allaient éveiller le génie de Racine et le pousser du côté du théâtre. […] Larroumet, « un conservatoire de chefs-d’œuvre et le régulateur de l’art dramatique ».

767. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Comme le prouve les chefs-d’œuvre dramatiques, ce procédé est suffisant, s’il est employé par quelque grand artiste soucieux de ne l’appliquer qu’à faire connaître et deviner les natures fortement caractérisées qu’il préfère d’habitude décrire ; il permet de travailler en vigoureux reliefs et, entre les mains d’un poète comme Shakespeare, il va jusqu’à révéler des âmes aussi purement méditatives que celle d’Hamlet ou de Prospero. […] Ses personnages seront nécessairement puérils et laids, car on ne saurait satiriser ce qui est grand, et le beau ne fait guère rire ; aussi quand Daumier pénètre dans les bains publics pour dames, au lieu des gracieuses nageuses qu’il aurait pu y trouver, il y met contre toute vérité d’affreuses portières et de ballonnantes maritornes ; quant à l’apogée de son talent, dans ses merveilleux Croquis dramatiques dont le dessin vaut celui des maîtres, il aborde l’actrice, c’est encore pour la vieillir, l’enlaidir et la ridiculiser.

768. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Le moraliste Euripide est facile et clair, mais encore faut-il être en état de suivre la marche d’un ouvrage dramatique pour en profiter. […] Il traitera de l’invention, de l’élocution ou du style, du style historique, du style oratoire, du style didactique, du style épistolaire ; des différentes parties de l’oraison, l’exorde, l’exposition, la démonstration, la réfutation, la péroraison ; du récit, du pathétique, de l’action, ou des différentes parties de la déclamation, le geste et la voix ; de la poésie dramatique, du dialogue, de la tragédie, de la comédie, du poème lyrique et du poëme pastoral, de l’élégie, de l’ode, de l’idylle, de l’épître, de la satire, de la fable, du madrigal, de la chanson ou vaudeville et de l’épigramme.

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