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1376. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ce principe, qui féconde tout et met tout en mouvement dans la nature, donne aux hommes venus sous son influence particulière un cachet que rien ne peut effacer. […] « Comme ma ferveur, dit-il, contrastait avec le dégoût du jour, on me donna des lettres de service. […] À Raguse, il y avait une danse à laquelle on avait donné son nom. […] Marmont parvint pourtant, à force de soins, à donner à son armée consistance, confiance et ensemble. […] Cependant le roi Joseph donne de Montmartre l’autorisation aux maréchaux d’entrer en pourparlers avec le prince de Schwarzenberg et l’empereur de Russie.

1377. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

La première partie, adressée à son fils, fut écrite pendant son séjour en Angleterre, en 1774 ; il y donne son histoire détaillée et intime jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans. […] Les deux parties des Mémoires qu’on possède sont, d’ailleurs, bien suffisantes pour nous donner tout l’homme, et pour faire une des lectures les plus originales et les plus fructueuses qui se puissent procurer dans ce genre familier et tout moderne. […] Il n’est pas obligé de comprendre la chevalerie par exemple, et il ne se donne non plus aucune peine pour cela. […] Je ne faisais jamais de parties de pêche ni de chasse : il est bien vrai qu’un livre me débauchait quelquefois de mon travail, mais c’était rarement, c’était au logis et sans donner de scandale. […] Après avoir donné quelques articles dans le journal déjà existant à Philadelphie, il ne tarda pas à avoir lui-même sa gazette, dont il était l’imprimeur, et à disposer ainsi des principaux moyens d’influence et de civilisation dans la ville et dans la province.

1378. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Le plus beau, le meilleur de ce repas a été dévoré, mais à ces reliefs on peut juger encore de la magnificence de ce prodigue qui, sans avoir un sou, donna aux riches de son temps des fêtes merveilleuses avec son esprit seul, et y mangea sa gloire en y dépensant son génie. […] Voluptueux intellectuel, il se contenta de s’enivrer du plaisir qu’il donnait aux autres, et il le donnait sur place, à l’instant même, — avec l’idée, avec l’image, avec la parole, le geste, le regard, la voix, jouissant de son esprit comme les femmes jouissent de leur beauté ! […] C’est l’éloquence donnée à pur don comme la beauté, existant comme la beauté, et qu’il avait comme la beauté, cet homme à qui Dieu avait tout donné et qui n’ajouta rien aux dons de Dieu, fascinant mais lâche génie ! […] … L’histoire de ce « Tacite de la Révolution », pour lui conserver le nom de Tacite que Burke lui a donné, n’est pas très longue, mais quelle plénitude dans sa brièveté ! […] Mais, c’est par ces simplicités toutes puissantes qu’il a toujours quand il pense ou parle en histoire, qu’il mérite le nom glorieux que Burke, critique ce jour-là, lui avait donné.

1379. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Seule la différence de structure mentale pourra nous donner la solution d’une énigme qui n’est qu’apparente. […] La Femme se donne, l’Homme prend. » Nietzsche restreignait son jugement à la femme amoureuse. […] En fait, c’est tout qu’il faudrait souligner, car c’est l’ensemble qui donne la vraie note de cette poésie. […] Mais lorsqu’elles en donnent, ils ne ressemblent à nul autre. […] Il est si tentant de donner une image de soi-même différente de celle qu’on attendait.

1380. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Pour se donner la peine d’inventer, on pourrait vraiment inventer mieux. […] ni haine, qui leur donne la colère, la transe ou le plaisir ? […] — quel résultat leur donnera-t-elle ? […] Je les donne telles quelles. […] Ils ont donné ce qu’ils pouvaient donner.

1381. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 269

Il a donné de nouvelles éditions de plusieurs bons Auteurs modernes, auxquelles il a joint des notes & des réflexions. […] On croit leur donner de la parure & de l’embonpoint ; on ne leur rend que de vieux vêtemens réformés ; on ne leur donne qu’une enflure hydropique, qui les défigure.

1382. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

la jurisprudence donne des richesses, des charges, des dignités ; la poésie, pauvre et mendiante, donne tout au plus une couronne de lauriers. […] Jacques Colonna donna Pétrarque à son oncle le cardinal. […] Les princes de la maison de Corrége lui firent donner la place lucrative d’archidiacre de Parme. […] On a vu que le pape avait donné une autorité imposante à ce jeune Romain dans sa capitale. […] « “Je suis celle qui te donna tant d’angoisses ici-bas, celle qui remplit sa journée avant le soir.

1383. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre III. De la survivance des images. La mémoire et l’esprit »

Sensations et mouvements se localisant en des points déterminés de cette étendue, il ne peut y avoir, à un moment donné, qu’un seul système de mouvements et de sensations. […] Le point I, intersection des deux lignes, est le seul qui soit donné actuellement à notre conscience. […] En d’autres termes, c’est du présent que part l’appel auquel le souvenir répond, et c’est aux éléments sensori-moteurs de l’action présente que le souvenir emprunte la chaleur qui donne la vie. […] Étant donnée une perception présente qui forme tour à tour, avec des souvenirs divers, plusieurs associations successives, il y a deux manières, disions-nous, de concevoir le mécanisme de cette association. […] Notre corps, avec les sensations qu’il reçoit d’un côté et les mouvements qu’il est capable d’exécuter de l’autre, est donc bien ce qui fixe notre esprit, ce qui lui donne le lest et l’équilibre.

1384. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Les parents ont, pour se faire aimer de leurs enfants dans leur jeunesse, beaucoup des avantages et des inconvénients des rois ; on attend d’eux beaucoup moins qu’on ne leur donne ; on est flatté du moindre effort, on juge tout ce qu’ils font pour vous d’une manière relative, et cette sorte de mesure comparative est bien plus aisément satisfaite ; ce n’est jamais d’après ce qu’on désire, mais d’après ce qu’on a coutume d’attendre, qu’on apprécie leur conduite avec vous ; et il est bien plus facile de causer une agréable surprise à l’habitude, qu’à l’imagination. […] Quel que soit le dévouement des enfants sensibles et respectueux, les nouveaux penchants, les nouveaux devoirs qui les attirent, donnent à leurs parents une humeur secrète qu’ils éprouveront toujours, parce qu’ils ne se l’avoueront jamais. […] Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir. […] L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé. […] La tendresse conjugale, lorsqu’elle existe, donne, ou les jouissances de l’amour ou celles de l’amitié, et je crois avoir déjà analysé les unes et les autres, il y a dans ce lien cependant quelque chose de particulier, en bien et en mal, qu’il faut examiner.

1385. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Il lui suffit qu’il y ait eu à un moment donné de la matière : quels changements relient à l’état actuel le plus ancien état où puissent remonter l’observation et l’hypothèse, voilà l’objet des recherches de Buffon. […] Il rendit deux grands services à la science et à la littérature : à la science, le service de la dégager des aventures irréligieuses, immorales, où les philosophes la compromettaient ; à la littérature, le service de lui donner l’histoire naturelle comme une nouvelle province. […] Il nous offre alors cette éloquence didactique, ordonnée, lumineuse, animée, dont il a donné la formule dans son discours de réception à l’Académie française. […] Mais Buffon seul a donné au sentiment de la nature toute sa profondeur ; il en a fait une émotion philosophique où l’impression des apparences s’accompagne d’une intuition de la force invisible, éternelle, qui s’y manifeste selon des lois immuables, où le spectacle de l’ordre actuel évoque par un mélancolique retour les vagues et troublantes images des époques lointaines dont le débris et la ruine ont été la condition de notre existence. […] Le châtelain de Montbard n’aimait pas la terre improductive, qui ne donne pas de revenu, ni la vie désordonnée, dont l’épanouissement n’est pas réglé par la géométrie de l’esprit humain : il avait, je l’ai dit, la passion de l’ordre.

1386. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Et tout de même, il faut remercier le présent éditeur et le poète qui l’autorisa et qui nous donna la joie d’une couverture fraîche portant son nom. […] Elles peuvent résumer leur but dans un des vers du maître : « Donner un sens plus pur aux mots de la tribu ». […] Paul Adam Quel courage plus magnifique fut que celui dont Stéphane Mallarmé donna l’exemple ! […] Il l’était de par sa nature élégante et hautaine, qui donnait tant de grâce fière au moindre de ses gestes, tant de finesse à son sourire, tant d’autorité à son beau regard lumineux. […] Mallarmé, par le spectacle prométhéen d’un immense génie foudroyé, nous a donné le goût de l’héroïsme et l’impérieux besoin de la victoire.

1387. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Clopinel donna différentes preuves de ses talens : mais il n’est resté de lui que la continuation du roman de la Rose. […] Je vous prie, dit-il, mesdames, puisque j’ai trouvé tant de grace envers vous de m’avoir entériné ma demande, que la plus grande p… de votre compagnie commence la première, & me donne le premier coup. […] « Si Jean de Meun, dit-il, demanda, par grace, que celle qui étoit la plus lubrique d’entre elles lui donnât le premier coup, elles pouvoient se moquer de sa prière, & le fouetter toutes ensemble, sans distinction. […] Mais le Parlement les contraignit de lui donner une sépulture honorable dans leur cloître. […] Il se retira tout furieux à Lyon, où il donna une nouvelle édition de son dictionnaire, dans un article duquel, pour se venger de messieurs de Grenoble, il remarqua méchamment que les Normands seroient les plus méchantes gens du monde, s’il n’y avoit pas des Dauphinois.

1388. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Dès la plus tendre enfance, Milton donna des marques de son talent décidé pour les vers. […] Les Anglois lui donnent le surnom de divin, & c’est principalement à cause de son Paradis perdu. […] Cet écrivain a donné différens ouvrages, dans lesquels il prétend démontrer que Milton a tout puisé dans je ne sçais quelles rapsodies Latines d’un professeur de rhétorique Allemand. […] Ils voulurent que cet écrivain fût compris dans l’amnistie que Charles II leur donna. […] La représentation de Rodogune, donnée à son profit le 10 mars 1760, est une action qui les met au rang des meilleurs citoyens.

1389. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

L’académie, établie uniquement dans la vue de donner à la langue toute la perfection dont elle est susceptible, ne s’oublia pas dans cette occasion. […] Ce sçavant & laborieux académicien, qui a donné la traduction de la Cyropédie, publia, en 1676, sa Défense de la langue Françoise, pour l’inscription de l’arc de triomphe. […] Charpentier fut si enchanté de la fortune de son livre, qu’il en donna promptement avis au comte de Bussy, dans une lettre où il lui disoit : « J’ai présentement d’illustres sectateurs, & je ne pouvois pas espérer un plus heureux succès de mon opinion, que d’avoir fait résoudre le roi d’effacer les inscriptions latines de tous les tableaux historiques de la grande gallerie de Versailles, & d’y en mettre de Françoises, comme il y en a présentement. » Il est certain que les idées de cet académicien, zélé pour notre langue, contribuèrent beaucoup à la faire employer pour les tableaux de la gallerie de Versailles ; mais il ne l’est pas moins aussi, que les inscriptions qu’il donna furent effacées. […] Elles lui donnent une hardiesse, une vigueur, une harmonie, à laquelle notre langue ne sçauroit atteindre.

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