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379. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Cependant je pourrais citer de jeunes auteurs d’un goût tout différent, qui n’ont pas plus de vingt-cinq ans et qui tentent en France des poèmes de vie et de nature comme M.  […] Le code des dilettantes est tout différent. […] Nos âmes ont des aspirations différentes. […] C’est qu’elle m’émeut comme le choc symbolique de deux continents, comme la confrontation — sous des aspects humains — de deux civilisations différentes. […] Mais son genre d’allégorie est tout différent de ceux que nous avons analysés précédemment.

380. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Si nous parcourions les différents pays de l’Europe, nous trouverions partout le même phénomène du caprice des critiques. […] Il me présenta dans différentes maisons, particulièrement chez les ministres des autres puissances. […] Ce fut le 1er janvier 1768, un jour plus intéressant à cause des différentes cérémonies qui s’y pratiquent. […] Une sorte de ressemblance entre nos caractères, une même façon de penser et de sentir (bien plus rare, bien plus remarquable chez lui, dont la vie était si différente de la mienne), un besoin mutuel de soulager nos cœurs du poids des mêmes passions, que fallait-il de plus pour nous unir bientôt d’une vive amitié ? […] L’approche de cette quatrième et dernière fièvre de mon cœur s’annonçait heureusement pour moi par des symptômes bien différents de ceux qui avaient marqué l’accès des trois premières.

381. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Quel tableau, enfin, de l’esprit humain vaut celui que fournit l’étude comparée des procédés par lesquels les races diverses ont exprimé les nexes différents de la pensée ? […] À entendre certains rationalistes, on serait tenté de croire que les religions sont venues du ciel se poser en face de la raison pour le plaisir de la contrecarrer ; comme si la nature humaine n’avait pas tout fait par des faces différentes d’elle-même ! […] Car, si les circonstances sont seulement différentes et non absolument inconciliables, ils diront que l’un des textes a conservé certains détails omis par l’autre, et ils mettront bout à bout les circonstances diverses au risque d’en faire le récit le plus grotesque. […] C’est ainsi que les trois reniements de saint Pierre, étant racontés diversement par les quatre Évangiles, constituent aux yeux de ces critiques huit ou neuf reniements différents, tandis que Jésus avait prédit qu’il ne renierait que trois fois. […] Les lois sont analogues de ces différents côtés, mais non les mêmes, quoique toujours parfaitement rationnelles, à cause de l’élément individuel de chaque race qui modifie le résultat.

382. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

L’allure mentale est différente. […] C’est donc un caractère tout différent. Et c’est aussi à des objets tout différents que nous l’attribuerons. […] Ce ne sont même pas deux espèces de beauté différentes ; ce sont plutôt deux choses différentes auxquelles nous reconnaissons une même qualité esthétique. […] L’allure qu’elle donnera à ma pensée sera toute différente.

383. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il convient lui-même « qu’un de ses torts a été de se laisser un peu trop mondifier par les différentes circonstances commodes, agréables et flatteuses qu’il a rencontrées dans sa vie ». […] Après avoir parlé, puisqu’il le faut, de Condillac, de ce fameux Traité des sensations, de cette statue « où tous nos sens naissent l’un après l’autre, et qui semble être la dérision de la nature, laquelle les produit et les forme tous à la fois », il en vient à la lecture qu’il a faite également de Bacon : Quelle impression différente j’en ai reçue ! […] M. de Chateaubriand, par exemple, qu’il eut occasion de voir vers l’époque d’Atala et du Génie du christianisme, et à qui il adressa de belles observations critiques dans son Ministère de l’homme-esprit (observations que M. de Chateaubriand ne lut jamais), n’avait gardé de Saint-Martin qu’un souvenir inexact et infidèle ; il lui est arrivé de travestir étrangement, dans un passage des Mémoires, la rencontre qu’il eut avec lui ; et lorsqu’il eut été averti par moi-même que Saint-Martin avait parlé précisément de cette rencontre et en des termes bien différents, il ne répara qu’à demi une légèreté dont il ne s’apercevait pas au degré où elle saute aujourd’hui à tous les yeux. […] Ce spleen est un peu différent de celui des Anglais ; car celui des Anglais les rend noirs et tristes, et le mien me rend intérieurement et extérieurement tout couleur de rose.

384. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Poirson, soit dans les auteurs originaux qu’il indique) le récit des années qui précédèrent l’entrée de Henri IV dans Paris, on a bien le sentiment des différents temps de la crise et du degré de danger pour la conjuration duquel il fallut un prince aussi vaillant, aussi habile et aussi heureux. […] Poirson veut qu’on dise, dans les combats d’Arques ; car ce ne fut pas une seule journée ni une bataille, mais une suite d’actions et d’assauts « dirigés au moins sur six points différents depuis le 15 jusqu’au 27 septembre (1589), pendant douze jours36. » Henri, avec une armée trois fois moins nombreuse que celle de Mayenne, dut éviter une affaire générale, et réduisit habilement l’adversaire à une guerre de postes. […] La société française aurait eu chance de se fixer, de se consolider sur des fondements assez différents de ceux qu’elle essaya ensuite, et qui toujours lui manquèrent. Sous Henri IV, l’élément prédominant ou qui tendait à le devenir était le gentilhomme de campagne, bon économe bon ménager de son bien ; Henri IV l’aimait et le favorisait de cette sorte, se piquant de n’être lui-même que le premier gentilhomme de son royaume ; bien différent en cela de Louis XIV, qui attirait tout à sa Cour et n’aimait les grands et les nobles qu’à l’état de courtisans.

385. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Je n’ai certes pas la prétention d’embrasser et de dénombrer les différentes formes sous lesquelles peut se présenter le génie guerrier, la vertu guerrière. […] Dans les différents régimes qu’il a traversés et sous lesquels il a servi la France, n’étant pas de ceux qui se croient appelés à gouverner ou à corriger l’État, Pelleport s’est constamment appuyé à la partie honnête et sensée de chaque régime. […] Un jour, après le départ de Bonaparte et la mort de Kléber, et quand Menou était général en chef, celui-ci, qui recherchait toutes les occasions de s’entretenir avec les officiers des différents corps, et qui voulait trancher du Machiavel et du grand politique sans en avoir l’étoffe, se promenait avec le capitaine Pelleport sur l’une des places du Caire. […] C’est ce sentiment-là, répandu dans ces pages et inspirant toute une vie, qui est fait pour toucher et pour donner à des générations bien différentes l’idée de toute une race d’hommes, laquelle, il faut l’espérer, n’est point perdue.

386. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’autre (les Maximes  ), qui est la production d’un esprit instruit par le commerce du monde, et dont la délicatesse était égale à la pénétration, observant que l’amour-propre est dans l’homme la cause de tous ses faibles, l’attaque sans relâche, quelque part où il se trouve ; et cette unique pensée, comme multipliée en mille autres, a toujours, par le choix des mots et la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté. » La Bruyère se caractérise ensuite lui-même : « L’on ne suit aucune de ces routes dans l’ouvrage qui est joint à la traduction des Caractères (de Théophraste) ; il est tout différent des deux autres que je viens de toucher : moins sublime que le premier et moins délicat que le second, il ne tend qu’à rendre l’homme raisonnable, mais par des voies simples et communes. » Aucun auteur n’a mieux défini la nature ni marqué plus nettement le but de ses écrits. […] La première édition des Caractères, publiée en 1688, est fort différente de la neuvième, qui parut huit ans après103. […] « Ceci, dit-il, est moins un caractère particulier qu’un recueil de faits de distraction ; ils ne sauraient être en trop grand nombre s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Raison spécieuse, et qui n’est pas d’un maître de l’art. […] L’art ne consiste pas à contenter tous les goûts, en flattant les uns par ce qui choque les autres, mais à faire que les goûts les plus différents soient d’accord de la justesse d’une pensée, de la beauté d’une expression, de la vérité d’une peinture.

387. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Examinons ces contrariétés dans les différentes branches de l’économie : production, répartition, consommation de la richesse. […] Car Fourier n’oppose pas ici à la masse les individus en tant que tels, mais bien certaines catégories de producteurs ; les cordonniers par exemple ou les médecins, ou les magistrats dont l’intérêt, en tant que corporation, est différent de l’intérêt de la masse. […] Les différentes valeurs, instruction, science, richesse, culture artistique sont devenues des fins en soi, des entités sociales, objet d’un culte métaphysique et laïque. […] Mais si la règle de répartition change, deux phénomènes différents peuvent avoir lieu : 1° avec la nouvelle répartition chaque individu reçoit plus qu’il n’avait avant Ce cas est semblable au précédent, et tous les individus auront intérêt à ce que l’augmentation supposée de richesse se produise ; 2° les uns reçoivent plus ; les autres moins qu’ils n’avaient avant.

388. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

On n’attend pas que je rentre ici dans des discussions épuisées, et dans lesquelles chacun a eu tort et raison tour à tour et sur des points différents. […] Mais, dans tous les cas, ses démarches, avec un point de départ si différent, eussent été toutes différentes aussi. […] L’expression a du vrai ; à le lire, c’est comme le Junius anglais, quelque chose d’ardent et d’adroit dans la colère, plutôt violent que vif, plus vigoureux que coloré ; le nerf domine ; le fer, une fois entré dans la plaie, s’y tourne et retourne, et ne s’en retire plus ; mais ce qui donne un intérêt tout différent et bien français au belliqueux champion, c’est que ce n’est pas, comme en Angleterre, un inconnu mystérieux qui attaque sous le masque ; ici, Ajax combat la visière levée et en face du ciel ; il se dessine et se découvre à chaque instant ; il brave les coups, et cette élégance virile que sa plume ne rencontre pas toujours, il l’a toutes les fois que sa propre personne est en scène, et elle l’est souvent.

389. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Le fragment qui suit est d’un genre différent, par la mélancolie dont il est empreint : on dirait que André Chénier, en le composant, avait un pressentiment de sa destinée. […] IV, chap. 1] Nous ne voulons qu’éclaircir ce mot descriptif, afin qu’on ne l’interprète pas dans un sens différent de celui que nous lui donnons. […] Certainement les poètes de l’antiquité ont des morceaux descriptifs ; il serait absurde de le nier, surtout si l’on donne la plus grande extension à l’expression, et qu’on entende par là des descriptions de vêtements, de repas, d’armées, de cérémonies, etc. etc. ; mais ce genre de description est totalement différent du nôtre ; en général, les anciens ont peint les mœurs, nous peignons les choses : Virgile décrit la maison rustique, Théocrite les bergers, et Thomson les bois et les déserts. […] Au dedans du temple, des fleurs de toutes couleurs, des instruments de différents arts, et d’autres figures grotesques et emblématiques y sont dépeintes.

390. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Le vrai bénéfice de l’expérience devrait être de savoir distinguer, dans des cas qui sembleront toujours différents, ce qu’il y a au fond de semblable, et de démêler la bonne voie dans un pays neuf. Si l’on a péché par une opposition opiniâtre et continue, par une coalition à tout prix et qu’on regrette d’avoir faite, si l’on a péché ou péri par là, pourquoi, dirai-je, venir la refaire contre d’autres, sous prétexte que le cas actuel est tout différent ?

391. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

Jusques à ce qu’il eût rencontré le méchant, l’homme bon n’a pas dû croire à la possibilité d’une manière d’être différente de la sienne propre. […] Si vous rencontrez Almont, quand votre âme est découragée, sa vive attention à vos discours vous persuade que vous êtes dans une situation qui captive l’intérêt, tandis que, fatigué de votre peine, vous étiez convaincu, avant de le voir, de l’ennui qu’elle devait causer aux autres ; vous ne l’écouterez jamais sans que son attendrissement pour vos chagrins, ne vous rende l’émotion dont votre âme desséchée était devenue incapable ; enfin, vous ne causerez point avec lui, sans qu’il ne vous offre un motif de courage, et qu’ôtant à votre douleur ce qu’elle a de fixe, il n’occupe votre imagination par un différent point de vue, par une nouvelle manière de considérer votre destinée ; on peut agir sur soi par la raison, mais c’est d’un autre que vient l’espérance.

392. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Cette objection est très-forte contre le système du docteur Briggs, qui supposait que les fibres cérébrales, semblables aux cordes d’un instrument, ont des vibrations différentes selon la longueur et le degré de tension ; mais si l’on suppose les fibres cérébrales divisées en parties infiniment petites, plongées dans un milieu élastique très-subtil, tel que l’éther, on peut concevoir que des vibrations propagées par l’éther se communiquent à chacune de ces parties infinitésimales de la fibre cérébrale. […] Je ne puis retrouver dans ces phénomènes ces oscillations, ces alternatives, ces va-et-vient, ces deux sens différents, dont l’auteur nous parle et qui ramèneraient le mécanisme de la mémoire aux lois de l’élasticité.

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